« On ment au Peuple d’Israël »

Par Avi Weiss, Chaîne TOV 
[7 septembre 2024]

Verbatim de l’interview de Avi Weiss, rédacteur en chef adjoint du site Internet The Com et ancien officier de police de Saint-Jean d’Acre

« Lors des tragiques événements du 7 octobre, si l’armée avait été présente, on aurait pu éviter des prises d’otages, des massacres et les kidnappings macabres des corps de ceux, qui malheureusement ont été assassinés. Cela fait des mois qu’on ment au Peuple d’Israël. Moi, en revanche, je n’expose que des faits et je pointe des indices, qui se trouvent sur les réseaux et documents officiels. »

Omri Meniv, journaliste de la chaîne de télévision israélienne 12, plutôt homme de gauche, rapporte que

– le nombre de terroristes n’était pas 500, comme l’avait annoncé l’armée au début, puis corrigé à 3000 (tout aussi mensonger), mais de 6 à 7 mille.

le nombre de points d’intrusion n’étaient pas 90 mais 119.

Meniv a, tout simplement, repris les chiffres d’une enquête officielle réalisée par les officiers-enquêteurs de la division basée le long de la frontière avec Gaza. De plus, hier le 5 septembre dernier, le commandant en second de la police de la région du Néguev (sud d’Israël, jouxtant Gaza) a avancé le chiffre proche de 10 000 (dix mille !) terroristes.

Après quoi posons-nous la question centrale :
« pourquoi l’ouverture de feu s’est-elle avérée si problématique ? »

Petit retour en arrière sur les règles d’ouverture du feu

Pour répondre à cette question, il faut revenir à l’année 2004, où le Procureur Général de l’Armée Avikhaï Mandelblit1 a rendu beaucoup plus complexes les règles d’ouverture de feu et en particulier «le protocole Hannibal » (règle qui permettait de tirer sur des preneurs d’otages, même au risque de toucher des otages). À partir de 2018, avec d’autres conseillers juridiques et sous la pression de certaines ONG, les règles d’ouverture de feu seront durcies davantage, tant et si bien qu’elles en deviennent draconiennes et applicables uniquement en temps de paix ou lors d’actions armées ponctuelles.

Les rédacteurs de ces règles se sont in fine complètement affranchis de la réalité israélienne, à savoir, l’état continuel de belligérance, dans lequel vit Israël depuis sa création.

Le matin du 7 octobre, le chef d’état-major Hertzi Halévi, a considéré (probablement par manque scandaleux d’informations, quant à la réelle dimension de l’attaque), que l’agression du Hamas était « un énième round», semblable aux autres attaques du Hamas, durant les deux dernières décennies. Par conséquent, pour l’état-major la réponse ne pouvait être qu’une opération limitée, qu’on a appelée « Glaives de fer ».

Le 7 octobre, à 8h du matin, Netanyahu arrive au « bor2 », la salle d’opérations de l’état-major, et exige qu’on déclare l’état de guerre, mais se voit opposer un refus catégorique, car… l’état de guerre ne peut être déclaré que par le cabinet gouvernemental de défense.

Finalement, après une journée, où on perd du temps en réunions, juridiques et politiques (pendant lesquelles des centaines d’Israéliens seront massacrés ou enlevés), l’état de guerre est proclamé autour de 20 h, par Netanyahu.

Ainsi, durant plus de 12 heures, quand elle arrive en contact avec terroristes l’armée a les « mains liées » par les règles d’ouverture de feu valables, que pour des opérations militaires limitées.

Et là, quelques centaines de civils, policiers et soldats, avec des moyens dérisoires s’opposent héroïquement aux terroristes.

Parmi les règles de conduite de combat, introduites par les conseillers juridiques, il y a une règle qui oblige à classer les cibles militaires en fonction de leur degré de dangerosité par rapports aux civils.

Qui fixe le degré de dangerosité ?

Eh bien, le quotidien « GLOBS », le 9 mars 2024, publie une interview de la conseillère juridique militaire Yfat Tamar Yerouchalmi, où elle déclare, que

c’est elle ou son représentant, alors qu’ils ne sont pas présents sur le champ de bataille qui décide du degré de dangerosité par rapport aux civils et par conséquent, qui donne l’autorisation ou non d’ouvrir de feu.

D’où la question :

« Comment se fait-il, que les représentants du Conseil Juridique Militaire se soient trouvés pratiquement dès le début de l’attaque auprès des officiers supérieurs de l’armée ? »

Réponse : une centaine de conseillers juridiques ont été dépêchés en urgence auprès des instances militaires. Quelle cruelle ironie.

Une autre règle limite l’action militaire. Sa définition peut prêter à confusion, et elle stipule : « pas de tirs sur des innocents », donc cela peut être un journaliste, un membre de UNRWA (ONU).

« Pas de tirs sur des innocents »
s’applique donc au Hamas, dont nombre de ses membres sont en même temps : journalistes, travailleur UNRWA et carrément employés de l’ONU.

Une autre règle interdit d’attaquer un objectif classé comme militaire, si dans son voisinage, même lointain, il y a un hôpital, une école un centre d’aide alimentaire ou autre, susceptible d’être impacté. Il est donc interdit d’ouvrir le feu.

De façon générale, et sans une autorisation explicite par une personne habilitée, il est interdit d’ouvrir le feu sur le territoire israélien. Or, dans le cas du 7 octobre toutes les actions militaires se déroulaient sur le territoire israélien.

L’interdiction du « protocole Hannibal » a été probablement la raison principale, qui a causé un si grand nombre d’otages.

Le 7 octobre à 11h20, le général commandant de la région sud, dont dépend Gaza, ordonne l’interdiction de mouvement de tout véhicule israélien depuis les localités du pourtour de Gaza vers la frontière de Gaza.

Ainsi, les véhicules de terroristes, remplis d’otages, qui partaient des kibboutzim vers Gaza, ont pu faire plusieurs allers-retours dans la journée du 7 et la nuit du 7 au 8, car aucun appareil de l’air, avion ou hélicoptère, qui voyait les véhicules avec les otages filant vers Gaza n’avait l’autorisation de tirer (l’interdiction de la règle Hannibal), pour essayer de stopper ces véhicules.

Cela pourrait, peut-être, constituer l’une des réponses à la question : « où était l’aviation le 7 et le 8 octobre ? ».

Parlons maintenant de l’affaire de fuite qui est d’une gravité sans précédent.

Aujourd’hui nous savons qu’une taupe était présente dans le « bor », le centre opérationnel de l’état-major. Cette taupe, qui est un officier haut gradé et dont l’identité est gardée toujours secrète, avait était découvert le jeudi suivant le samedi du 7 octobre. Avant d’être découvert il avait été désigné comme centralisateur d’actions spéciales.

Or, durant le début de la semaine qui a suivi le 7 octobre, cette taupe, du fait de sa fonction, était impliqué dans la préparation des plans de libération des otages qui ont été rassemblés dans le sous-sol de l’hôpital Chiffa, le plus grand de la ville de Gaza et qui servait de commandement général opérationnel du Hamas. À la suite de la découverte de cette taupe le jeudi, toutes les opérations spéciales de libérations des otages ont dû être annulées en urgence. On peut s’imaginer la catastrophe si cet espion n’avait pas été découvert à temps. De plus cet espion a pris part dans la planification de la manœuvre d’entrée de l’armée dans la bande de Gaza.

Par conséquent, ces plans ont dû être changés et c’était l’une des raisons, qui a retardé de 3 semaines la pénétration de l’armée dans Gaza.

J’espère que prochainement le parlementaire Almog Cohen, ainsi que l’avocat Efraïm Dimri, qui ont transmis le dossier à la Cour Suprême d’Israël auront l’autorisation de publier le nom de l’espion ainsi que ceux de ses contacts, auxquels il était sensé de transmettre les documents dérobés lors de son activité dans le « bor ». Il y a aussi une espionne appartenant Chabak (sécurité intérieure) qui fait partie des personnes impliquées dans ce dossier. Je suis en contact permanent avec ces deux personnes.

Comme si tout cela n’était pas suffisant, j’ai découvert que

la conseillère juridique du gouvernement Gali Baharav-Miara et la Conseillère juridique de l’armée ont décidé, de leur propre initiative de transférer les enquêtes contre les terroristes du 7 octobre, capturés par les forces de Tsahal, depuis les juridictions militaires vers la police, à l’unité LAV 433 (enquêtes pénales) d’Israël et aux juridictions civiles.

Par conséquent, aucun de ces terroristes de l’unité du Hamas « Noukhba », n’a encore été accusé de quoi que ce soit. Ils attendent la fin des enquêtes pour être présentés aux juridictions civiles. Dans des juridictions civiles, pour condamner quelqu’un, il faut des preuves irréfutables et si on ne peut pas établir la culpabilité, impossible de prononcer des peines.

Il pourrait ainsi arriver que certains de ces assassins, par manque de preuves, soient blanchis des atrocités qu’ils ont commises.

Lorsque j’ai informé le président de la Commission des Affaires Juridiques de la Knesset (parlement israélien), ainsi que le Ministre de la Justice, ils n’en croyaient pas leurs oreilles.

Ils m’ont dit que la décision de transmettre des dossiers du militaire vers le civil est absolument illégale et que à leur connaissance, cela n’est jamais arrivé en Israël.

Ces deux hauts personnages de l’État vont initier une commission d’enquête et si, en vertu de la loi dite « crime contre le peuple », la culpabilité des responsables de cette action illégale est établie, alors des peines d’emprisonnement pour les coupables seront prononcées.

Tout ce que je rapporte ici est basé sur des documents se trouvant dans le domaine public.

Il suffit de creuser et lire des articles, des parutions, regarder des vidéos d’interviews de politiciens et de témoins. Tout est disponible. Je n’invente rien.

Il serait intéressant de savoir pourquoi ni les journalistes « main stream », ni les politiciens, ni les juristes et autres acteurs de la société civile ne se hâtent pour rendre publics tous les événements qui ont amené tous ces malheurs sur le peuple d’Israël.

Je suppose que c’est par peur des conséquences catastrophiques non seulement pour le pays, mais surtout pour eux-mêmes.

La vérité éclatera de toutes façons un jour ou l’autre et le plus tôt sera le mieux. AW♦

Avi Weiss, Chaîne TOV


Traduit et adapté pour MABATIM.INFO par Édouard Gris

Voir également :
Israël matin du 7 octobre : « Pas d’ouverture de feu dans les agglomérations civiles ! »

1 Avikhai Mandelblit sera en 2016 Procureur Général de l’État et mettra le Premier Ministre Netanyahou en examen (procès toujours en cours) – NDLR

2 Mot à mot : le trou (NDLR)


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