Une étincelle d’hébreu : « Ha-Bsora », la bonne nouvelle de la guerre à Gaza

Par Pierre Lurçat 
[13 septembre 2024]

« Ha-Bsora » : la « bonne nouvelle » : c’est – selon des sources étrangères se fondant sur un site d’information israélien d’extrême gauche – le nom d’un outil d’intelligence artificielle destiné à « accroître le nombre de frappes à Gaza ».

Mais avant de savoir s’il s’agit d’une bonne nouvelle, arrêtons-nous un instant sur le mot B’sora.

Dans son beau livre Jonas, que j’ai récemment trouvé dans une bibliothèque de rue à Jérusalem, l’éditeur Jérôme Lindon qui était hébraïsant, fait justement remarquer que

« Traduire de l’hébreu en français est une entreprise désespérée… »

Je m’en suis aperçu en lisant que l’outil d’IA utilisé par Tsahal aurait pour nom Ha-Bsora, qui signifierait L’Évangile !

Comme nous l’écrivions dans ces colonnes, le mot B’sora (בשורה) signifie un message ou une nouvelle, bonne ou mauvaise.

Dans la plupart des cas, il désigne en fait une bonne nouvelle, au point que l’expression biblique « Ich B’sora » (איש בשורה) signifie un « bon messager », c’est-à-dire le porteur d’une bonne nouvelle, comme dans le passage du livre de Shmuel, où Ahimaats court apporter au roi la bonne nouvelle que l’Éternel l’a vengé de ses ennemis (II Samuel 18).

L’information des médias français selon laquelle Israël utiliserait un outil d’IA dans la guerre à Gaza est donc erronée au moins sur un point : Ha-Bsora ne veut pas dire l’Évangile (cela aurait été une blague de mauvais goût envers nos amis chrétiens…). Son sens premier signifie la « bonne nouvelle », sens qui a été détourné par les chrétiens pour désigner l’Évangile.

Mais alors, quel rapport avec la guerre contre le Hamas ?

Pour répondre à cette question, je rappellerai le livre du regretté Mickaël Bar Zvi, Éloge de la guerre après la Shoah. Sa thèse, pour la résumer en une phrase, était que la guerre était une nécessité éthique et politique pour le peuple Juif. Cette vérité essentielle est tout aussi actuelle aujourd’hui qu’en 1940. Le peuple Juif, comme l’expliquait l’écrivain Yossef Haïm Brenner il y a cent ans, n’a pas encore atteint le stade du militarisme…

Depuis un siècle, nous avons certes accompli quelques progrès en ce domaine, mais le virus pacifiste demeure bien vivant en nous. C’est précisément là qu’intervient la « bonne nouvelle » de l’après 7 octobre :

Non seulement le peuple israélien n’a pas oublié le métier des armes, malgré trois décennies de lavage de cerveau post-sioniste, mais il est prêt à s’engager jusqu’au sacrifice suprême pour défendre sa terre et son peuple !

Voilà la grande et belle nouvelle, la « Bsora » qui nous a été dévoilée dans l’effroi et la stupeur de l’après 7 octobre :

Israël est fort et il est beau quand il combat et quand il triomphe de ses ennemis, sans pitié et sans aucune retenue !

Avec ou sans outil d’intelligence artificielle, Tsahal est en train d’écraser militairement le Hamas, avant de s’occuper du Hezbollah et du régime des mollahs. Réjouissons-nous de cette « bonne nouvelle » !

Am Israël Haï ! PL

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem


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6 commentaires

  1. Juste une remarque amicale concernant la phrase « Ha-bsora, = bonne nouvelle dont le sens a été DETOURNE par les chrétiens ».
    Je ne crois pas qu’on puisse y voir un détournement tactique de sens, car au 1er siècle, lorsque les membres juifs du mouvement de Jésus ont commencé à rédiger leur récit, ils ont naturellement utilisé le terme bassora tova pour dire « bonne nouvelle ». On ne peut donc pas appliquer à cette période première les tensions qui se manifesteront beaucoup plus tard, en particulier après l’excommunication rabbinique des « minîm » à Yavné en 90.
    Cordialement,
    Abbé Alain René Arbez, Genève
    (Jüdisch-römisch-katholische Gesprächskommission, Université de Lucerne)

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    • Cher Monsieur,
      J’ai employé l’expression de détournement de sens non pas pour désigner un détournement tactique ou idéologique, mais plus simplement un détournement sémantique.
      Cordialement

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  2. Pour éviter tout malentendu, je dirai que Tsahal est sans pitié et sans retenue contre son ennemi le Hamas mais prend plus de précautions que toutes les armées du monde, depuis que le monde existe, pour réduire le nombre de victimes civiles parmi les Gazaouis; ce qui explique malheureusement aussi le nombre élevé de soldats israéliens tués durant cette guerre.

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  3. comme la faiblesse conduit a la guerre , la force guide vers la paix . C est en frappant l ennemi au sens propre comme au sens figuré ( la sideration de la defaite totale) que le peuple juif etablira sa legitimitė sur sa terre .

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  4. Il est conseillé de lire le livre d’André Glucksman « Le 11° Commandement« .
    Ce livre écrit dans les années 70/80 décrit une histoire qui est similaire du pogrom du 7/10.
    De plus, je vous laisse le soin de lire le 11° commandement qui est écrit à la dernière page du livre.

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