
Tout homme se retrouve sur terre sans l’avoir voulu et suivant la période historique (préhistoire, monde ancien, actuel), le lieu (continent, pays), la classe sociale (élevée…) où il naît, sa vie est très différente. Quoi qu’il en soit, parmi les multiples questions qui se posent à lui, trois grandes ressortent :
Qu’est-ce que ce monde qui m’entoure,
quelle est son origine,
comment dois-je m’y comporter ?
De tout temps, les esprits les plus éminents se sont confrontés à ces questions et ont élaboré des réponses. On n’a pas d’éléments concernant les réponses trouvées par les hommes de la préhistoire, même si on a des traces de certains comportements, mais depuis l’invention de l’écriture on a les tentatives de réponse et les commentaires qu’elles ont suscités.
Qu’est-ce que ce monde ?
Quelle que soit l’époque, les hommes ont sans doute toujours été éblouis par le monde qui les entoure et ont cherché à l’appréhender, à le comprendre. Depuis les premiers hommes d’il y a ~2,8 millions d’années à aujourd’hui, le monde a été observé et de nombreuses expériences ont été conduites : observation directe du monde naturel, des phénomènes célestes, des saisons et des animaux. Les hommes de la préhistoire ont inventé leurs cultures par l’expérience et l’interaction avec leur environnement : le feu (– 400 000 ans), enterrer leur mort (– 100 000 ans), orner des grottes (– 57 000 ans), agriculture (– 8 500 ans), écriture (– 3 500 ans).
Les hommes préhistoriques étaient d’abord des cueilleurs de fruits et de racines, puis des chasseurs de petits animaux, peut-être même des charognards, eux-mêmes les proies des grands carnivores (comme les singes actuels le sont). Leurs outils rudimentaires servaient à dépecer les proies. Cependant, ils maîtrisaient leur monde mieux qu’on l’imagine couramment, par exemple ils savaient soigner leurs blessures probablement en utilisant des plantes médicinales. On retrouve en tout cas des signes de modifications osseuses sur certains fossiles retrouvés : la mâchoire soignée de l’homme de Tautavel, un ancêtre de Néandertal, ailleurs des fractures osseuses réduites… Des traumatismes souvent d’origine accidentelle et non guerrière.
Les hommes n’ont probablement pas attendu d’inventer l’écriture pour imaginer des mythes, des légendes et des récits pour expliquer les phénomènes qu’ils ne comprenaient pas. Le mythe le plus ancien que l’on a identifié retrace les aventures d’un roi mésopotamien, c’est l’Épopée de Gilgamesh, trois mille vers courant sur 12 tablettes datant de – 1800 à Sumer, au bord de l’Euphrate. Les histoires conservées impliquent souvent des divinités ou des forces surnaturelles pour donner un sens à des événements comme les changements météorologiques, les catastrophes naturelles ou les phénomènes astronomiques.
Avec le développement de la pensée rationnelle, les sociétés anciennes ont commencé à remettre en question les explications mythologiques du monde et cherché des explications logiques aux phénomènes observés. Les premières traces de ce que l’on considère aujourd’hui comme relevant d’une méthode scientifique remontent à l’Égypte ancienne (– 1600) et la philosophie commence, en Occident, dans le monde de l’Antiquité grecque (-700). La compréhension du monde a alors beaucoup progressé : Pythagore (tout est nombre), Parménide (dans tout changement tout persiste : matière, énergie), Aristote (fondateur de l’encyclopédisme)… Descartes (le doute méthodique)… Einstein…
Avec la compréhension scientifique croissante, les sociétés ont développé des technologies pour transformer et exploiter leur environnement, améliorant ainsi leur appréhension du monde et leur qualité de vie. Grâce aux avancées dans les communications, les transports et l’interconnexion mondiale, de nouvelles opportunités sont créées pour partager des connaissances, des idées et des perspectives. Cependant, on notera à titre d’exemple que les profondeurs océaniques sont encore inexplorées à 95 %, que les États-Unis viennent d’adopter le projet d’une agence chargée d’enquêter sur les ovnis, que de nombreuses personnes et certains pays s’opposent à la théorie de l’évolution de Darwin.
Quelle est l’origine de ce monde et de la vie ?
Si la compréhension du monde qui nous entoure a phénoménalement progressé depuis la préhistoire, la connaissance de l’origine du monde et de la vie reste une question pour de nombreuses personnes qui se répartissent en deux grands groupes, les matérialistes qui cherchent des explications physiques, chimiques… rationnelles et les créationnistes, les adeptes de mythologies, de théories cosmologiques… qui supposent un être divin, une force surnaturelle, des événements cosmiques spécifiques…
Quoi qu’il en soit, les hommes ont été très imaginatifs et ont inventé de nombreuses mythologies et théories sur l’origine du monde, à titre d’exemples et de façon non exhaustive :
- Pour les Égyptiens, d’un océan infini, le Noun, émergea une terre originelle…
- Pour les Zoroastriens, la lumière et les ténèbres existaient séparément avant l’apparition de toute chose…
- Pour les Chinois, l’univers était contenu dans un œuf cosmique qui contenait Pangu le premier être…
- Pour les Hindous, Brahma a suscité l’univers par sa méditation…
- Pour les Grecs, Chaos la divinité du rien a enfanté Gaia…
- Pour les Juifs, les Chrétiens, les Musulmans, un dieu (Elohim, Dieu le père, Allah) a créé le monde en 6 jours…
- Pour les Mayas, au commencement seul existaient le ciel et la mer, sept dieux se réunirent en conseil…
- Pour les peuples du Nord de l’Europe, des mondes de feux et de glaces se sont formés et…
- …
- Pour les scientifiques d’aujourd’hui, l’univers serait né il y a environ 13,8 milliards d’années d’un Big Bang à partir d’une singularité dense et chaude et serait en expansion depuis…
- Pour certains scientifiques, il existerait un multivers, c’est-à-dire de nombreux univers parallèle aux lois physiques différentes qui expliquerait notre univers…
Quant à l’origine de la vie sur la Terre, elle est l’œuvre d’un ou plusieurs dieux pour les créationnistes (polythéisme, hénothéisme, monothéisme, théisme, déisme, panthéisme) et pour les autres une question non résolue qui fait l’objet de trois hypothèses principales :
- L’hypothèse la plus populaire parmi les scientifiques est celle de la soupe primordiale où la vie est née d’une soupe de molécules organiques dans l’océan primordial qui se seraient combinées pour former des structures complexes donnant naissance aux premières cellules vivantes,
- Une autre hypothèse propose la théorie des sources hydrothermales des fonds marins, zones chaudes et riches en minéraux qui ont pu fournir les conditions à la formation de la vie,
- Enfin il y a l’hypothèse que la vie n’est pas née sur Terre, mais a été apportée par des météorites ou comètes, des molécules organiques ont été en effet découvertes dans l’espace.
Il faut ici noter que pour les scientifiques le Big Bang, qui fait l’objet de deux preuves observationnelles décisives, explique l’origine de l’Univers et la formation des éléments chimiques, mais pas directement l’origine de la vie qui reste un sujet distinct qui fait l’objet de recherches en biologie et en biochimie.
Enfin, toujours pour les scientifiques, la nature de l’Univers avant le Big Bang n’est pas décrite dans la théorie et trois hypothèses s’affrontent qui ne peuvent ni être prouvées ou réfutées par les observations actuelles :
- Hypothèse de l’univers infini et sans début,
- Hypothèse que l’univers a commencé par un état singulier caractérisé par une densité et une température infinies,
- Hypothèse que la nature de l’univers avant le Big Bang était régie par des lois physiques différentes de celles de notre monde actuel.
Que faire ou ne pas faire dans ce monde ?
Avant quoi que ce soit, les premiers hommes ont d’abord eu l’exigence de vivre, c’est-à-dire de couvrir leurs besoins physiologiques, leur sécurité, ils ont vécu en groupe, développé des cultures, c’est-à-dire qu’ils se sont transmis des savoirs, etc. Il est difficile d’imaginer à partir de quand ils se sont posé les questions essentielles de la vie, sans ordre et de façon non exhaustive :
Qu’est-ce que ce monde ? Nos sens nous permettent-ils de l’appréhender ? D’où tout cela vient-il ? Y a-t-il un dieu ? Qu’est-ce que le temps, l’espace ? Sommes-nous libres ? Comment vivre ensemble ? Existe-t-il une façon de vivre correcte, de bien vivre, quid du bonheur ? Quelles relations à avoir avec les autres ? Quel sens donner à sa vie ? Etc.
Il est probable que très tôt ces questions se soient imposées, mais nous avons peu de traces des hommes préhistoriques : des outils en pierre, en os… des sépultures… des gravures, des peintures, des bijoux… des constructions d’habitation ou à la fonction inconnue… des récipients en terre cuite… Cependant, tous ces éléments et les sépultures en particulier, qui montrent des rituels complexes, nous amènent à nous poser beaucoup de questions (sans réponse sûre) sur les aspects sociaux, culturels et spirituels des civilisations anciennes : croyances, façons d’envisager la mort, existence d’une vie après la mort, pratiques sociales, structures communautaires, statuts sociaux…
Avec l’apparition de l’écriture, nous comprenons mieux les pensées de nos ancêtres et nos contemporains. Nous avons de nombreux écrits, à titre d’illustration, de façon non limitative :
- L’idée d’une survie après la mort est très ancienne (Égyptiens, Perses, Chinois…), la réincarnation de l’hindouisme, du bouddhisme aussi, Platon a même parlé de l’immortalité de l’âme, et les religions du livre enseignent l’existence d’une vie après la mort,
- La liberté de l’homme fait l’objet de deux visions, d’une part il y a les tenants de la liberté totale, l’homme a le droit de vivre comme il le souhaite et ceux qui le voient soumis aux dieux, qu’il doit être obéissant pour éviter d’être puni,
- Quant à la quête du bonheur, les hommes ont imaginé diverses recettes à travers les siècles avec deux visions, l’une cherchant la paix (accéder à Dieu, gouverner ses passions, se dépendre de soi, se préparer à mourir…), l’autre se fondant sur la liberté (profiter des petites choses, des choses qui dépendent de nous, des expériences possibles… jouir de la puissance de sa volonté…)
Mais l’homme vit en société et il y a donc aussi de nombreux écrits très anciens sur la façon d’être en relation avec les autres, par exemple à titre d’illustration et de façon non limitative :
- Au niveau de la société : cela va du Code d’Hammourabi (1 750 ans av. J.-C.) aux délires réglementaires d’aujourd’hui en passant par la doctrine sociale et politique de Confucius, la défense de la démocratie d’Aristote, l’État de droit de Locke, la séparation des pouvoirs de Montesquieu, le droit de dire de Voltaire, l’incompatibilité entre égalité et liberté de Tocqueville…
- Au niveau individuel : la raison est égale en tous de Zénon de Kition, l’homme est naturellement bon de Rousseau, la réciprocité pousse à agir moralement de Schopenhauer, le rapport moral à autrui est une affaire de sensibilité de Levinas, le mal est fait par des êtres banals d’Hannah Arendt, la durée n’est pas le temps de Bergson, on joue à être de Husserl, la société du spectacle de Debord, l’ironie mise sur l’intelligence de l’autre de Jankélévitch…
Si les manières de se comporter individuellement ou collectivement ont fait l’objet d’un nombre immense d’analyses, de réflexions et de recommandations, force est de constater que de très nombreuses personnes, organisations, communautés nationales ont des comportements déviants, condamnables comme le montre suffisamment les actualités quotidiennes : agressions individuelles (vols, viols… fusillades dans des lycées…), actions de groupuscules (violence, terrorisme…), guerre déclenchée par des pays…
Conclusion
Depuis la préhistoire, les hommes ont progressé (connaissance et maîtrise du monde : agriculture, industrie, technologie, éducation, art, communication…), au prix d’une exploitation accrue des ressources naturelles, d’une pollution… mais tout cela a contribué à améliorer considérablement la condition humaine. En matière de sécurité par exemple, l’homme a appris à maîtriser des défis importants tels que les prédateurs sauvages, le manque de nourriture, les conditions climatiques, les blessures, les maladies… et a su créer des structures sociales et juridiques qui protègent les individus.
Physiquement, les hommes de la préhistoire ont subi de nombreux changements (cf. homo erectus ou Neandertal par exemple), mais nous différons très peu aujourd’hui du premier homo sapiens, si ce n’est que nous avons capitalisé les expériences (technologie, développement politique et social, culture…) et que nous vivons dans un grand village global mondial.
Cependant, au fil du temps, les hommes sont-ils devenus plus sages ?
Si la sagesse est la capacité à faire preuve de discernement, de jugement et de prudence, alors la réponse est probablement oui. Si la sagesse est la capacité à vivre une vie moralement bonne et vertueuse, alors la réponse est plus nuancée. Aujourd’hui encore, nous voyons très régulièrement de grandes violences, des cruautés et des oppressions. Les hommes d’aujourd’hui, sont toujours capables de commettre des actes insensés et cruels, alors qu’ils disposent de la connaissance et du savoir nécessaires pour faire honneur à leur condition d’humain.
Pour finir plus légèrement, le dialogue entre deux soldats :
- Pourquoi t’es-tu engagé ?
- J’étais célibataire, sans famille et j’aime la guerre, et toi ?
- J’avais une femme, une belle-mère et j’aime la paix. MB♦

Michel Bruley, MABATIM.INFO
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Un siècle où les SS du Hamas reçoivent autant de soutien et où les barbares islamistes sont victimisés tandis que les Israéliens victimes des crimes contre l’humanité (massacre du 7 octobre) et d’innombrables actes territoristes sont diabolisés n’est certainement pas une époque où l’humanité progresse intellectuellement et moralement. Cette façon inhumaine d’inverser les rôles, de criminaliser les victimes et de victimiser les bourreaux est même devenue la norme politiquement correcte dans une grande partie du monde (en Occident autant qu’en Afrique et au Moyen-Orient). N’est-ce pas le signe d’une régression morale sans précédent (voire d’une déshumanisation) de l’humanité ?
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