
Par Yves Mamou
[27 mars 2025]
L’Europe veut s’offrir une défense autonome et prend ses distances avec Washington
Le SignalGate– ainsi appelle-t-on l’affaire déclenchée par ce journaliste de « The Atlantic » introduit par inadvertance dans un groupe de messagerie réservé aux plus hauts représentants de l’administration américaine – a fait jaser. Notamment en Europe.
Les ricaneurs ont moqué l’« amateurisme » de l’administration Trump (« une bourde » écrit France24). Et nombre d’autres se sont ébahis des propos peu amènes du ministre de la Défense, Pete Hegseth et du Vice-Président JD Vance, envers les Européens. Libération a évoqué la « haine de l’Europe » ; La Libre Belgique parle de « l’aversion des hauts dirigeants américains à l’égard de l’Europe » ; la RadioTélévision Suisse (RTS), s’est étonné d’un climat de « guerre idéologique » ; The Independant a affirmé qu’Hegseth était « ivre » au moment où il textait sur Signal…
Cette indignation des Européens est bien entendu surjouée. Comment refuser une revanche offerte à si bon compte ?
– Personne en Europe n’a oublié qu’Elon Musk a violemment accusé Keir Starmer, Premier ministre britannique, d’avoir étouffé l’affaire des réseaux de violeurs pakistanais en Grande-Bretagne.
– Personne en Allemagne n’a digéré que ce même Elon Musk ait dédiabolisé l’AfD, le parti nationaliste anti-européen et anti-immigration qui monte en Allemagne.
– Et la suffocation provoquée par le discours qu’a tenu JD Vance à Munich, lors de la conférence sur la sécurité, n’en finit pas de faire des vagues en Europe. Le VP des États-Unis a en effet expliqué aux Européens que l’immigration incontrôlée représentait un danger militaire plus important que la Russie ou la Chine.
On l’aura compris, le fossé s’est creusé de part et d’autre de l’Atlantique.
DE QUOI EST FAITE L’ANIMOSITÉ TRANSATLANTIQUE ?
- Les Européens ne pardonnent pas à Donald Trump son « nationalisme ».
L’Union européenne a été conçue sur la base d’un rejet radical du nationalisme. Les promoteurs de l’idée européenne, Jean Monnet ou Robert Schuman, pensaient que le nazisme avait été le résultat d’un nationalisme exacerbé. Pour éviter le retour des guerres « nationalistes » en Europe, mieux valait réduire la souveraineté des États et diluer les identités nationales des populations.
Jean-Marie Guéhénno, Directeur du programme Kent sur la résolution des conflits à l’Université Columbia, résume parfaitement la situation quand il explique que
« le différend entre les États-Unis et l’Europe […] révèle une opposition fondamentale sur les valeurs qui nous rassemblent.
– D’un côté, une vision du monde qui célèbre le nationalisme, la force et l’autorité du chef, ignore les valeurs de justice, de solidarité et d’humanité, bouscule les institutions, et rejoint les mouvements fascistes des années 1930.
– Et de l’autre, une vision du monde qui rejette le nationalisme destructeur qui a conduit à deux guerres mondiales et valorise le droit et les institutions pour gérer les conflits ».
Comme en écho, Timothy Garton Ash, Professeur d’études européennes à l’Université d’Oxford, affirme sur la revue en ligne Le Grand Continent, que la relation fusionnelle Europe-États-Unis est terminée.
« La période post-Mur, de la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 au début de la guerre totale en Ukraine le 24 février 2022, est clairement terminée. Une nouvelle période a commencé, dont le caractère dépendra de ce que nous, Européens, ferons maintenant ».
- Les Européens définissent le nationalisme comme Adolf Hitler le définissait.
Les Européens ont-ils raison de se défier du « nationalisme » en général et du « nationalisme » américain en particulier ?
Yoram Hazony, philosophe et penseur politique israélien, affirme dans son livre « The Virtue of Nationalism » (2018) que les modèles de gouvernance universalistes (Union européenne principalement) ont été construits sur la base erronée de l’idée de nation.
« Après 1945, beaucoup d’intellectuels libéraux et marxistes,Orwell en tête, ont assimilé le mot (nationalisme) à l’usage qu’en faisait Hitler », explique Yoram Hazony.. La confusion était possible dans la mesure où Adolf Hitlera défini son « impérialisme raciste » comme un « nationalisme ».
« Il (Hitler) a ainsi détourné un terme parfaitement respectable qu’on utilisait depuis longtemps et pour lequel il n’y a pas de substitut dans les langues européennes » poursuit Hazony.
L’idée que les nations devaient être indépendantes et capables de s’autodéterminer a donc été progressivement assimilée à une forme de racisme.
Considérer Donald Trump comme un nazi parce qu’il veut rendre l’Amérique Great Again ne peut relever que du malentendu.
Marco Rubio, Secrétaire d’État de Donald Trump, n’a pas dit autre chose aux membres de la la commission des affaires étrangères du Sénat :
« À la chute du Mur de Berlin, a-t-il dit, nous avons perdu la tête. Nous avons cru que “la fin de l’Histoire était arrivée, que toutes les nations du monde allaient désormais devenir membres de la communauté démocratique dirigée par l’Occident ; que toutes les politiques étrangères au service de l’intérêt national pouvaient désormais être remplacées par une politique au service de l’ordre mondial libéral ; et l’humanité tout entière était vouée à abandonner sa souveraineté et son identité nationales pour devenir une seule famille humaine et citoyenne du monde.” Ce n’était pas un simple fantasme. Nous savons aujourd’hui que c’était une dangereuse illusion. »
Si le rêve de l’ordre mondial s’est effondré outre-Atlantique, les braises de l’empire universaliste européen flambent encore.
D’où les tensions entre l’Europe et les États-Unis.
- L’Union européenne s’effraye du retour des nationalismes en Europe.
Les dirigeants progressistes européens (Emmanuel Macron, Keir Starmer, Ursula von der Leyen…) ne sont pas aveugles. Ils notent avec effroi le retour des « nationalismes » en Europe.
Italie, Autriche, Pologne, Hongrie… s’opposent aux politiques immigrationnistes que l’Union Européenne mène dans le but précis de diluer les identités nationales.
La montée du Rassemblement National en France, la percée croissante d’Alternative für Deutschland en Allemagne, le Brexit en Grande-Bretagne sont analysés par les progressistes comme un danger politique majeur.
Narendra Modi en Inde, Shinzo Abe au Japon, Benjamin Netanyahu en Israël et surtout Donald Trump aux États-Unis sont autant d’exemples de « nationalisme » qui menacent le modèle de gouvernance universaliste des Européens.
- Et puis la guerre en Ukraine est arrivée…

…/… YM♦
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Merci à Sylvain qui a commenté plus exhaustivement que moi ce post. On pourrait ajouter ces enterrements -avant 2014- de gentils messieurs ukrainiens, dont le cercueil est entouré du drapeau nazi
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« L’union Européenne s’effraye du retour du nationalisme »…C’est sans doute pour cela qu’elle soutient le régime ultra nationaliste et bandériste de Kiev ! De nombreux militaires des unités « d’élite » ukrainiennes portent des croix gammées.
L’union européenne, bâtie sur la réécriture de l’histoire, l’inversion des valeurs et la novlangue, a été vendue aux Européens comme la garante de la démocratie et de la paix ainsi qu’une barrière contre l’extrême-droite. Or aujourd’hui nous savons que l’UE (et l’UK, qui en a longtemps fait partie) c’est le totalitarisme, l’embrigadement de masse, le Nazisme islamiste (donc le racisme, l’antisémitisme et le sexisme qui en découlent), le militarisme et la guerre. L’union sacrée entre Mohammed Amin al-Husseini et Stepan Bandera ! Cette nazification de l’UE va de pair avec une propagande de plus en plus ubuesque et orwellienne. Vance et Musk (contrairement à Obama et Biden) ne sont nullement anti-européens. Ce sont au contraire nos dirigeants criminels (comme Keir Starmer) qui condamnent à mort l’Europe et sa population.
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Ces dirigeants européens sont la lie de l’Humanité, visant à instituer le dictature européenne et la guerre comme dans le meilleur des mondes. Rendons hommage à Musk, Vance, Trump qui nous désinfectent de ces vermines!
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pour la macrono socialo bobo societe : comment valider une these qui ne fonctionne pas ? En eliminant les oppositions et en gouvernant les veaux par la peur permanente .
la bourgeoisie possedante a reinventé le petainisme en voulant eliminer le nationalisme .
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