Palestine: L’Union Européenne au secours de la « Solution à deux États »

Par Yves Mamou,
[18 avril 2025]

Les Eurocrates n’entendent pas se laisser dicter l’après Gaza par Donald Trump. Ce sera avec Mahmoud Abbas et un point c’est tout !

Heureux Palestiniens !

Leur tiroir-caisse va se remplir. La Commission européenne a annoncé le 14 avril 2025 un programme de 1,6 milliard d’euros pour le « redressement et la résilience » des Palestiniens :

  • 620 millions d’euros d’aide directe au budget de l’Autorité palestinienne (AP).
  • 576 millions d’euros pour « favoriser la reprise économique et la résilience en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza ».
  • Prêts de 400 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI), « en faveur du secteur privé palestinien ».

« Redressement et résilience »

« Redressement et résilience » sont deux mots qui apparaissent souvent ensemble dans la communication de l’Union européenne. C’est ainsi qu’ont été qualifiés l’aide post-Covid apportée à la Roumanie et le réaménagement des berges du Cher à Montluçon pour parer aux inondations.

Dans le cas de l’Autorité palestinienne, « redressement et résilience » ne peuvent signifier qu’une chose :

Le train a déraillé, mais il doit nécessairement être remis sur ses roues. Nécessairement, car rien ne peut ni ne doit se faire au Moyen-Orient sans la « cause palestinienne » et son seul représentant, l’Autorité palestinienne.

Si tel n’était pas le message de la diplomatie européenne, pourquoi injecter soudainement autant d’argent ?

Le communiqué de l’UE fait toutefois l’impasse sur quelques points importants :

Cette réaffirmation du rôle de l’AP ne va pas sans quelques omissions :

  • Pas un reproche n’est adressé à l’AP concernant la faiblesse de sa réaction face au pogrom mené par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. « Nous condamnons les meurtres et les violences infligées aux civils, de part et d’autre », a déclaré le président de l’Autorité palestinienne (AP), lors d’une rencontre avec le roi Abdallah de Jordanie à Amman. En Israël, personne n’a apprécié le « de part et d’autre ».
  • Pas un mot n’est dit concernant les 300 millions de dollars que l’Autorité palestinienne distribue annuellement aux terroristes – ou à leurs familles – pour les récompenser d’avoir foncé en voiture sur des foules israéliennes, posé des bombes dans les bus ou poignardé au hasard des civils israéliens dans la rue. Le 10 février, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a été acclamé par les médias pour un décret supprimant les salaires versés aux terroristes. Mais il s’agissait d’un subterfuge. Les paiements continueront, mais de manière détournée. Le Wall Street Journal s’est indigné, le 26 février dernier, des propos d’Abbas devant le Conseil révolutionnaire de son parti, le Fatah :

« Même s’il ne nous reste qu’un sou, il sera pour les prisonniers et les martyrs. Je n’accepterai pas, et vous n’accepterez pas, de réduire les sommes que nous leur devons. Ils doivent tout recevoir, comme par le passé, et ils sont plus précieux que nous tous ! »

  • Pas un reproche n’est adressé à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) pour ses compromissions avec le Hamas à Gaza. Au contraire ! L’UE annonce que pour renforcer la « résilience » des Palestiniens, elle allouera « 82 millions d’euros par an à l’UNRWA (pour lui permettre) de continuer à jouer son rôle crucial d’acteur humanitaire et de développement. »
  • Pas un mot n’est dit sur la corruption qui sévit au sein de l’Autorité palestinienne. L’UE donne de l’argent, ne dit rien sur les voleurs, mais tente de les bloquer par la mise en place de « garde-fous » :

« L’UE versera son aide financière directe via le mécanisme PEGASE afin de garantir les contrôles nécessaires et les garanties existantes concernant les bénéficiaires finaux de son soutien », peut-on lire dans le communiqué.

  • Autre signe de méfiance à peine dissimulée : les versements de l’UE seront « liés aux progrès de l’Autorité palestinienne dans la mise en œuvre de réformes clés en matière de viabilité budgétaire, de gouvernance démocratique, de développement du secteur privé et d’infrastructures et services publics, contribuant ainsi à la construction d’un État durable dans les territoires palestiniens ».
  • Bruxelles refuse également de prendre en considération le discrédit total de l’Autorité palestinienne au sein de la population arabe de Judée-Samarie.

« Dans un sondage réalisé en juin 2024 par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, 90 % des personnes interrogées en Cisjordanie et dans la bande de Gaza demandent la démission de Mahmoud Abbas, et 60 % se prononcent en faveur de la dissolution de l’Autorité palestinienne », écrit France Info.

« l’AP, née des accords d’Oslo signés en 1993, est devenue au fil des ans l’un des symboles de l’enterrement de la cause palestinienne sur la scène internationale ».

  • Pas une question sur le peu d’empressement de l’Autorité palestinienne à prendre une quelconque initiative en vue de faire aboutir la « solution à deux États ». Comme l’écrit l’historien israélien Gadi Taub :

« on ne peut prôner la solution à deux États et réclamer en même temps le droit au retour des Palestiniens et de leurs descendants en Israël. »

Une contradiction à laquelle l’Union européenne ne semble accorder aucune importance.

Le Moyen-Orient, nouvel enjeu du conflit entre progressistes et nationalistes en Occident ?

Cette injection de 1,6 milliard de dollars de fonds européens – qui s’ajoute aux deux milliards de dollars annuels reçus chaque année par l’AP depuis 2010 – doit, nous semble-t-il, être considérée comme un message politique. Un message qui pourrait s’adresser à Donald Trump.

Évincée du règlement de la guerre en Ukraine, évincée des négociations sur le nucléaire iranien, l’UE se rebiffe et a peut-être eu envie de faire savoir qu’elle ne se laisserait pas marginaliser au cours d’un quelconque « après Gaza ».

Surfinancer l’AP – comme le fait l’Union Européenne – ne peut avoir qu’une fonction : rappeler au monde que seule la « solution à deux États » a de l’avenir. « L’UE réitère son soutien indéfectible au peuple palestinien et son engagement en faveur d’une paix durable et viable fondée sur la solution à deux États », dit le communiqué.

Le même communiqué rappelle que l’Union « est le plus grand fournisseur d’aide extérieure aux Palestiniens, avec une allocation bilatérale s’élevant à titre indicatif à 1,36 milliard d’euros pour 2021-2024 ». Pas question que l’investissement « solution à deux États » soit passé par pertes et profits.

Emmanuel Macron, président de la République française, qui semble être le chef de file de l’opération, s’est entretenu au téléphone avec Mahmoud Abbas « pour réitérer la nécessité de bâtir un cadre pour l’après-guerre, en vue de la solution à deux États ».

« Il est essentiel de bâtir un cadre pour le jour d’après : désarmer et écarter le Hamas, définir une gouvernance crédible et réformer l’Autorité palestinienne », a écrit Emmanuel Macron sur X.

Que penser de cette scission au sein du monde occidental ?

/… YM

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2 commentaires

  1. J’avais la naïveté de croire que la crise économique européenne, en partie du fait de l’agressivité chinoise et américaine, nous épargnerait le soutien exorbitant à Abbas et quelques sbires fortunés.

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  2. Le fait que ce ramassis de baltringues soutiennent le vieux facho Abbas me rassure presque .

    on imagine que ces gens devaient couler l economie russe , battre les chinois sur le marché des voitures electriques et finalement detruire l armée russe en favorisant outrageusement l election de la merveilleuse kamala 🤡

    oufff , il en sera de meme avec l olp et son futur etat terroriste a notre porte , pourvu que nous ayons enfin des dirigeants israeliens dotés d une vraie vision d avenir .

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