La diaspora contre Israël ?

Par Yves Mamou,
[13 juillet 2025]

Israël mène sa deuxième guerre d’indépendance. Mais les vieilles élites juives se lamentent.

Au sommet d’une vague d’hostilité envers le monde juif, sans précédent depuis les années 1930, balayant l’Europe et le monde arabo-musulman – opinion, médias, et États confondus –, il s’est trouvé des voix juives pour accabler “ès qualité” les communautés juives et l’État d’Israël des stigmates les plus déshonorants », écrivait en 2003, le Pr Shmuel Trigano.

Ces mots vieux de 22 ans n’ont pas pris une ride. En 2025, alors qu’Israël mène une guerre difficile contre le Hamas, une organisation terroriste qui se terre dans 700 kilomètres de tunnels, la « vague d’hostilité envers le monde juif » est devenue planétaire. Et les mêmes « voix juives » qui accablaient l’État d’Israël il y a 22 ans refont surface.

En France, la « rabbine » Delphine Horvilleur a expliqué

– que l’État d’Israël ferait mieux d’aimer son prochain gazaoui comme lui-même,

– que « la démocratie est la seule fidélité au projet sioniste »,

– que la politique du gouvernement israélien était « suprémaciste et raciste »,

– et elle s’est inclinée sur « la souffrance terrible des enfants de Gaza ».

Elle a osé ajouter que

ce peuple juif vieux de 5 000 ans avait son destin irréductiblement lié à un « peuple palestinien » dont personne n’avait jamais entendu parler avant 1970.

Anne Sinclair, célèbre journaliste de télévision, a déclaré dans Le Point

« qu’il est temps qu’Israël mette un terme aux violences contre les populations civiles de Gaza »,

et le dessinateur Joann Sfar a lui aussi clamé son « humanité » sur de multiples plateaux de télévision.

L’Obs, de son côté, a donné la parole à Daniel Milo. En mars déjà, cet universitaire israélien résidant en France s’était mortifié en proclamant

« la honte (qu’il éprouvait) pour ce que fait mon pays, Israël ».

L’Obs a tellement aimé les cendres sur la tête de Milo qu’en juin, ils lui ont offert l’opportunité d’expliquer

« qu’il ne pardonnera pas à Israël ses crimes contre le peuple palestinien. Je ne les pardonnerai pas. Non, je ne me pardonnerai pas ».

Il suffit d’écouter le débat qu’a animé Antoine Mercier sur Mosaïque entre Alain Finkielkraut et Pierre Lurçat pour être frappé par la violence avec laquelle

Alain Finkielkrauta tenté de traquer le nazi chez le Juif qui a osé dire qu’il « n’existe pas de civils innocents à Gaza ».

« Faut-il en conclure que « les Palestiniens ne sont pas des hommes comme nous, ne font pas partie de l’humanité » a rugi Alain Finkielkraut ? « S’ils ne font pas partie de l’humanité, quel est le sens de cette guerre ? Une guerre contre Amalek ? Une guerre d’éradication. On les élimine, on les extermine ou on les chasse… »

Les pleureuses de gauche ne sont pas toutes françaises.

Fania Oz-Salzberger, professeur en Israël, a écrit au Wall Steet Journal pour dire sa peine que certains de ses étudiants arabes israéliens aient été tués par les bombes iraniennes. Elle a protesté chemin faisant contre la destitution d’Ayman Odeh, un député arabe israélien qui n’a jamais caché son désir de voir détruire Israël, le pays dont il est citoyen, et Mme Oz-Salzberger termine son article par cette profession de foi :

« Les Juifs sionistes modérés comme moi peuvent avoir des désaccords politiques avec les Arabes israéliens, mais je préférerais de loin les avoir comme voisins et concitoyens plutôt que ces Juifs israéliens ultranationalistes ».

La désolidarisation la plus manifeste des Juifs de gauche avec cet Israël en guerre contre le Hamas a eu lieu aux États-Unis.

À New York, première ville juive au monde, un New Yorkais juif de gauche sur cinq a voté pour un islamiste.

Grâce aux voix juives, Zohran Mamdani, partisan du Hamas, partisan de BDS1, partisan de la « mondialisation de l’Intifada2 » et un ennemi déclaré de l’aide militaire américaine à Israël… a gagné les primaires du Parti démocrate pour les élections municipales. En novembre 2025, cet islamiste pourrait bien remporter la mairie de New York… grâce à ses voix juives.

Christopher Rufo, écrivain et essayiste de la droite conservatrice américaine, a expliqué que c’est la victimisation qui a fait de Zohran Mamdani un objet d’adoration.

Mamdaniest un escroc politique, explique-t-il, qui « se présente comme un Noir parce qu’il est né en Ouganda, alors qu’en réalité, il est d’origine indienne ».

Mamdani a « usurpé l’image d’un opprimé […] », et dans le contexte woke qui ravage les sociétés occidentales, se présenter comme une « victime » est un gage de succès politique.

Un narcissisme qui rend aveugle

Alain Finkielkraut, Delphine Horvilleur, Daniel Milo et consorts sont comme les Juifs new-yorkais qui votent Mamdani :

La bonne image qu’ils ont d’eux-mêmes ne supporte pas d’être effleurée par l’accusation (calomnieuse) de « génocide » qui est aujourd’hui portée contre Israël.

Leur narcissisme affolé les empêche d’expliquer encore et encore que le monde se porterait mieux sans le Hamas.

Alors, bêtement, ils cèdent le flambeau de l’intelligence à des tiers inattendus.

L’écrivain noir américain Coleman Hughes – non juif – a ainsi expliqué au micro de Joe Rogan, podcasteur célèbre aux États-Unis, qu’Israël menait une guerre juste :

« Le Hamas a mis en place un système de combat presque parfait consistant à s’insérer et à se fondre totalement dans la population civile au point qu’il est impossible d’atteindre ses miliciens sans faire de morts au sein de la population civile… Aucune armée terroriste avant le Hamas n’a construit 700 kilomètres de tunnels de combat reliés à des mosquées, des écoles, des immeubles civils, des jardins d’enfants et des hôpitaux. Ces tunnels ne servent pas à la population, mais à cacher les terroristes et leurs arsenaux… Atteindre le Hamas oblige à faire de nombreux morts. »

Israël pouvait-il refuser le combat au prétexte qu’il était trop coûteux en vies humaines ? Coleman Hughes frémit à l’idée que le modèle Hamas – sortir du tunnel, frapper, retourner dans le tunnel – s’impose comme un modèle victorieux aux générations futures de terroristes.

« Je ne crois pas que nous puissions vivre dans un monde où cette stratégie serait admise et acceptable », dit-il simplement.

Victoire totale

Ces vestales juives ne faillissent pas seulement à leur mission d’expliquer la guerre. Elles ratent également l’avènement d’un nouvel Israël, ce que le journaliste et essayiste Richard Darmon a appelé, dans un livre récemment paru, « La seconde guerre d’indépendance d’Israël ».

/… YM

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1 Boycott Désinvestissement Sanction, une association qui se propose de faire d’Israël un État-paria

2 Expression qui signifie qu’il faut « généraliser la violence contre les Israéliens, les juifs et les institutions qui soutiennent Israël »


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3 commentaires

  1. le 7/10 le peuple juif a subi un choc enorme , s ensuivit un bouleversement historique avec une guerre sans fin et un retour violent de la haine chretienne. il s agit d un evenement comme notre peuple en a vecu deja qui modifie certaines regles etablies et change beaucoup de certitudes en incertitudes .seuls les juifs solidement ancrés dans leurs convictions comprendront l essence du message porté par ces deux années terribles .
    il est evident que les parties les plus assimilées et fragiles vont se detacher du corps central du judaisme .
    les adeptes des horvilleur , finkielkraut , et autres contempteurs juifs d Israel voguent desormais vers d autres horizons qui les couperont definitivement d un sionisme renouvelé et decomplexė , bien eloigné , desormais de l esprit galoutique

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