Lettre ouverte à Alain Finkielkraut

.qui a « honte d’Israël » et soutient le projet chimérique et dangereux d’E. Macron

Par Pierre Lurçat,
[30 septembre 2025]

Je ne peux pas me contenter d’être en colère [contre le gouvernement israélien]… Je suis compromis, je suis sali, je suis souillé en tant que Juif ! »
A. Finkielkraut sur France Info, 21 septembre 2025

Cher Alain Finkielkraut,

Votre radotage incessant concernant la « solution à deux États » aura fini par porter ses fruits. Non certes, que M. Macron ait eu besoin de vous pour être convaincu qu’il fallait que la France se place en tête d’une nouvelle croisade anti-israélienne (et antisémite, disons le) !

Non, Macron n’écoute pas la voix des intellectuels et des conseillers juifs, qui lui servent tout au plus de dérisoire « feuille de vigne » médiatique, pour dissimuler le fait évident que sa politique est dictée par la rue arabe en France et par les bailleurs de fonds qataris

Mais vous devez tout de même être fier de savoir qu’un président français a octroyé – le jour même du Nouvel An juif – le plus beau cadeau que les ennemis d’Israël pouvaient espérer après le 7-Octobre : la reconnaissance d’un « État palestinien ».

C’est une belle « victoire » pour vous, qui affirmez sans cesse que

« le problème d’Israël n’est pas le Hamas mais Netanyahou »

… et qui répétez comme un mantra, depuis quatre décennies,

qu’il faut « mettre fin à l’occupation » en optant pour la « solution à deux États »

Peu importe de savoir si la « solution à deux États » ressemble beaucoup, dans l’esprit de ces Palestiniens que vous soutenez avec une telle constance, à la « solution finale » de la question juive à laquelle le père fondateur du nationalisme palestinien, Hadj Amin al-Husseini, a tant contribué…

Après tout, les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

Je fais partie de ceux qui déplorent depuis longtemps votre aveuglement concernant Israël et la dissonance cognitive qui vous permet de vous flatter d’appartenir depuis 40 ans au « camp de la paix » israélien (sinistre expression qui remonte à l’ex-Union soviétique, et qui aurait sans doute fait honte à votre ami Milan Kundera), et au camp anti-Bibi aujourd’hui, tout en adoptant en France des positions plus proches de la droite de la droite que de la gauche bien-pensante…

J’ai longtemps cru, comme d’autres, que cet entêtement (ce radotage pour employer vos propres termes1) tenait avant tout à un manque d’information.

Car l’État d’Israël que vous connaissez et que vous chérissez, celui d’Itshak Rabin et d’Amos Oz, ressemble aux belles photos noir et blanc des années 1980 de Didier Ben Loulou… Bien de l’eau a coulé sous les ponts du Jourdain depuis et l’image d’Epinal que vous cultivez d’Itshak Rabin, le « héros de la paix assassiné par un extrémiste juif », ne décrit pas la complexité d’Israël.

De manière générale, votre vision d’Israël est marquée par des simplifications extrêmes et par des oppositions binaires et manichéennes.

Mais voilà que votre cécité sur la réalité d’Israël et de ses ennemis vous conduit à vous faire l’avocat du pire président qu’a connu votre pays, la France, depuis les débuts de la Ve République.

  • Celui qui a transformé les Juifs (vous y compris) en parias dans leur propre pays,
  • celui qui a réinstauré en France un boycott d’Israël et un « Statut des Juifs », qu’on croyait aboli en 1945,
  • et celui qui prétend offrir un État aux terroristes du Hamas et du Fatah,

… devient dans votre bouche digne de respect et de soutien !

Preuve qu’on ne peut être aveugle concernant Israël et lucide concernant la France et sa politique.

Votre récent cri du cœur sur France Info, dans lequel

vous affirmez être « compromis, sali et souillé (sic) en tant que Juif » par la politique israélienne,

…montre à quel point votre détestation du camp national et religieux en Israël relève d’une véritable phobie, presque pathologique et largement irrationnelle.

Car qu’est-ce qui peut objectivement justifier ce sentiment de « salissure » ? J’ai récemment tenté d’analyser la posture des Juifs qui se distancient d’Israël, et votre cas aurait mérité de longs développements. Cette « salissure » que vous dites ressentir à cause du gouvernement israélien relève visiblement de cette « haine de soi juive », magistralement analysée par Theodor Lessing il y a un siècle.

Charles Rozjman a raison d’évoquer (au sujet de Delphine Horvilleur) un « judaïsme qui rêve de pureté dans un monde qui ne lui a jamais accordé le droit d’exister ».

Mais ce rêve de pureté est illusoire et dangereux. Plusieurs penseurs sionistes ont relevé depuis longtemps le paradoxe d’un « judaïsme aux mains propres »… mais qui n’a pas de mains.

Aujourd’hui, Israël se défend et se bat pour sa survie !

J’ajoute que nous n’avons nullement à rougir, nous Juifs d’Israël, ni de la manière dont Tsahal nous défend, ni de la politique de notre gouvernement.
Non seulement Israël ne commet aucun « crime de guerre », mais il révèle au monde entier une nouvelle manière de faire la guerre, plus juste et plus humaine.

Cher Alain Finkielkraut, en cette veille de Yom Kippour, j’ai envie de vous dire :

« Cessez d’admonester notre gouvernement et notre État, que vous affirmez ‟aimerˮ.
Revenez vers notre peuple, vers votre peuple !
Oubliez votre « souillure », qui est en réalité celle de l’existence juive en Galout et de ses compromissions quotidiennes
– et venez vous tremper dans le mikvé de la terre d’Israël et de sa Torah que vous méconnaissez.
Venez rencontrer le peuple d’Israël, dans toute sa diversité et sa richesse humaine, au lieu de fréquenter uniquement ces universitaires kaplanistes qui vous abreuvent de leur fiel.
– Et venez aussi rencontrer les pionniers juifs de Judée-Samarie, au lieu de les calomnier dans les médias français !

Vous finirez peut-être par comprendre combien Israël est beau et pur, comme un tallith immaculé ! Gmar Hatima tova. PL♦

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem


NB : Mon nouveau livre, Jusqu’à la victoire ! La plus longue guerre d’Israël – Chroniques 2023-2025 paraîtra courant octobre.

1 « Je plaide depuis bientôt quarante ans pour la fin de l’occupation et la solution de deux États. Et je reviens inlassablement à la charge, je prends même le risque du radotage… » (A. Finkielkraut, à la première personne, p. 47).


En savoir plus sur MABATIM.INFO

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

5 commentaires

  1. Apparemment pour vous Pierre Lurçat on ne peut être qu’un vendu ou un mou du cerveau quand on ne partage pas votre messianisme belliciste. Je vous invite néanmoins à vous interroger sur le triangle pervers de Karpman : Sauveur-Victime- Persecuteur pour vous demander si le messianisme juif n’aurait pas quelque chose à voir avec une forme d’impasse : en effet quand on se targue d’être le sauveur de gens qui ne l’ont pas demandé on peut se trouver en butte au rejet et à une adversité maximale. Étant juive moi-même je ne le souhaite à aucun juif; toutefois je relève la formule de G.-W. Goldnadel : « Israël a perdu la guerre de la communication », guerre dont nous savons qu’elle est cruciale à remporter dans la guerre tout court. Je vous invite à moins de triomphalisme et à plus d’esprit auto-critique. Ne serait-ce que pour honorer l’universalisme de rayonnement et non belliciste d’Emmanuel Levinas qui a beaucoup réfléchi sur l’éthique du judaïsme.

    J’aime

  2. le paradoxe d’un « judaïsme aux mains propres »… mais qui n’a pas de mains.
    cette ironie m’évoque cette définition remarquable de l’antisémite dont j’ai malheureusement
    oublié l’auteur, qui reproche aux Juifs leur ghetto mais refusent de les en faire sortir

    J’aime

  3. finkielkraut illustre a merveille la limite que s imposent les juifs diasporiques etrangers a l aventure sioniste , mais surtout , refractaires a l appel du renouveau de notre vie nationale .
    il est français , et plus loin, juif

    J’aime

Laisser un commentaire. Il sera visible dès sa validation.