Gaza : « Accord ? Et après ? »

Interview du Docteur Michael Ben Ari, Chaîne israélienne TOV
[9 octobre 2025]

Michael Ben Ari : homme politique israélien et ancien député à la Knesset. Ben Ari était membre du parti de l’Union nationale (la droite nationaliste israélienne), jusqu’à sa dissolution à l’approche des élections pour la Knesset en 2013. Il est titulaire d’un doctorat en archéologie.

« Il y a à Gaza une image de victoire qui ne figure pas dans l’accord » (Michael Ben-Ari)

VERBATIM

Nous sommes après la signature de l’accord entre le Hamas et Israël.

Israël a mis en application le cessez-le-feu. Il y a deux façons de voir cet accord. Beaucoup d’Israéliens sont euphoriques, mais d’autres expriment une grande inquiétude, quant à la suite des événements.

Je suis très sceptique concernant la réalisation de cet accord et je ne vois pas de quelle façon seraient mis en œuvre les 21 points du plan de Donald Trump.

J’estime que nous nous tirons une balle dans le pied. Nous nous imaginons que notre lecture de la situation correspond, à peu de choses près, à la lecture que fait la partie adverse. Malheureusement une fois encore, nous nous abîmons dans des illusions.

Je dois reconnaître, à regret, que le fait qu’Israël a cessé le feu constitue un succès pour le Hamas. Comme à son habitude, le Hamas commence à prétexter, qu’à cause des « difficultés techniques », il ne pourra pas respecter le délai de 72 heures au retour des otages. Je suis toujours effaré de l’indécrottable naïveté de nos dirigeants, quant aux agissements de nos ennemis.

Je sais, par contre, que le Hamas va essayer de retarder au maximum, en sortant telle ou telle nouvelle condition ou prétextant qu’il a besoin de temps pour retrouver, sous les décombres, des corps des otages « tués par les bombardements israéliens ».

Je crains même, qu’au fil du temps, cet accord se dilue dans d’innombrables méandres, palabres, allers-retours entre les parrains extérieurs, le Hamas et Israël.

Dans notre naïveté nous oublions que le Qatar, l’Égypte et la Turquie c’est aussi le Hamas.

Le Hamas est convaincu, que c’est lui qui est le leader de l’islam,

« Car c’est lui qui a réussi l(action la plus brillante dans la guerre entre le sionisme et le monde islamique. Les combattants du Hamas sont les braves, qui ont détruit des bases de l’armée d’occupation, qui ont infligé d’énormes pertes aux juifs et qui depuis 2 ans imposent une guerre en passe d’être victorieuse, à l’ennemi sioniste ».

Les occidentaux et israéliens crédules croient que le Hamas « auréolé de tels faits d’armes », transmettra cette gloire au Qatar, l’Égypte ou la Turquie sur un plateau d’argent ? Cessons d’être candides et réveillons-nous aux réalités du monde arabe et islamique.

Sans enlever à Donald Trump le mérite d’avoir mis une pression sans précèdent sur les pays arabes, arrêtons de croire que c’est grâce à lui que le Hamas a assoupli sa position. Non. C’est aux citoyens héroïques et ensuite à l’armée d’Israël, auxquels revient le mérite d’avoir pratiquement anéantie la structure militaire du Hamas. C’est cela qui a été le « game changer » du Moyen-Orient.

Sans l’héroïsme des citoyens israéliens et des soldats de Tsahal, le plan Trump, n’aurait eu aucune chance d’être reçu par l’opinion internationale et les pays musulmans.

De plus, l’État d’Israël, cultivait le concept « calme contre calme » qui ne répondait pas aux provocations du Hezbollah, qui acceptait sans broncher les critiques d’Égypte, de Jordanie et des européens, d’un coup est devenu un État combatif, audacieux, déterminé et agressif dans le bon sens du terme.

On peut dire que par son action militaire Israël a effacé la tragique erreur du Premier Ministre Sharond’évacuer unilatéralement Gaza en 2005, ce qui a permis au Hamas de devenir suffisamment puissant pour oser d’attaquer Israël.

Nous devons nous souvenir toujours que le plus grand ami des États-Unis ce sont les États-Unis.

Ils ne fonctionnent que par intérêt, que ce soit Biden, Kamela Harris ou Trump. Sauf que Trump est partisan d’Israël, tant que cela ne nuit pas aux intérêts des États-Unis.

Lui et les autres dirigeants occidentaux ont un rêve :

Changer le monde arabe islamique afin qu’il devienne un partenaire économique à part entière, car les occidentaux sont persuadés, que c’est la seule façon de faire abandonner à l’islam le djihad qui les terrorise.

Sauf que, ce rêve démontre leur complète incompréhension, voire leur autisme, vis-à-vis de l’islam et du langage islamique.

Trump, Macron, Blair et une bonne part des dirigeants européens espèrent effacer 1 400 ans d’animosité de l’islam envers l’occident.

Sans blague ? Croient-ils vraiment pouvoir changer le rapport des musulmans au Coran ? Dans un futur prévisible, l’islam ne changera pas.

Dans l’islam les juifs sont maudits pour toujours et ils doivent être punis pour leur mépris et refus de Mohamed. C’est écrit dans le Coran, qui est saint et vrai, car c’est la parole d’Allah.

Comprenons bien : Israël est un poignard planté dans le cœur de l’islam, pas seulement de celui du Hamas, mais aussi celui de l’Égyptien Sissi, du Turc Erdogan, de la Jordanie, du Qatar, de l’Iran et de tous les autres musulmans.

Nous, Israël, nous avons conquis la terre sainte de l’islam et horreur, nous régnons sur les musulmans !!!

Un pays juif indépendant et souverain sur la terre d’islam c’est impensable, c’est un impensé, que le Coran puisse se tromper, ALLAH EST INFAILLIBLE !!! Le seul moment où un musulman puisse, ne serait ce, qu’entre percevoir une telle aberration, c’est lorsqu’il est faible. Donc par déduction, l’acceptation du juif souverain ne peut être que temporaire, en arabe : houdna.

À mon avis le Hamas n’acceptera jamais les 21 points du plan Trump et en premier celui qui exige son désarmement. Est-ce que le Hamas, voudra, de bonne foi, donner les clés de Gaza à un étranger, même musulman et s’exiler vers le Qatar ou la Turquie, sans ruminer une vengeance sur ces « maudits juifs ».

Cet accord donne finalement au Hamas la possibilité de perdurer et même de se renouveler.

À partir du moment où on libère de prisons 2000 terroristes, le Hamas se mettra en mode « reconstruction ».

« Auréolé de sa victoire », le Hamas va prétendre au leadership non seulement de Gaza, mais de la Cisjordanie et probablement des Arabes israéliens, du moins ceux qui sont contre l’État juif et puis d’autres musulmans.

Pour cela il s’appuiera sur l’idéologie des Frères musulmans, qui ont un modus operandi très efficace pour travailler les masses arabes et étendre l’influence djihadiste par un djihad dit « soft » :

C’est un djihad culturel par le boycott d’acteurs, chanteurs, musiciens juifs, djihad commercial par le boycott des produits israéliens et/ou d’entreprises dirigées par les juifs, djihad intellectuel par le boycott académique, écrivains et savants juifs, djihad contestataire par la mobilisation de tous les idiots utiles, qui crient « from de river to the sea », djihad par l’argent, que lui donnera l’Occident et un milliard et demi de musulmans et il utilisera cet argent pour recréer de nouveau des conditions à la destruction d’Israël.

Cette prétendue « victoire » du Hamas augmentera encore plus le danger, non seulement pour Israël, mais aussi pour les juifs de la diaspora.

Les musulmans sont champions de la propagande, par conséquent l’idée de la « victoire » du Hamas galvanisera les musulmans du monde entier et le peuple juif paiera un prix très lord de cette « victoire ».

Lors de cette guerre, pour détruire le sentiment de la « victoire du Hamas » il aurait fallu

occuper des territoires de Gaza,

– ne pas se retirer

– annoncer que ces terrains passent sous l’administration israélienne

– et y construire des implantations.

Il n’y a pas de prix plus lourd pour un musulman, que de perdre des territoires de Dar al Islam, à savoir le territoire « à jamais » islamique.

Notre supériorité militaire, qui a changé la face du Moyen-Orient a donné naissance à la vague d’antisémitisme, qui noie l’Europe.

L’Europe n’aime pas le juif victorieux, car elle l’adore le juif mort, mais les Européens sont si antisémites, qu’ils sont incapables de comprendre, qu’à Dieu ne plaise, qu’après les juifs, viendra leur tour de périr égorgés par le couteau du djihad, mais cette fois ci, ce ne sera pas le djihad soft. MB-A♦

Michael Ben Ari, TOV


Traduction et adaptation : Édouard Gris


En savoir plus sur MABATIM.INFO

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

2 commentaires

  1. Dond, les accords d’Abraham ne seraient qu’un leurre et, si moi Juif lambda, j’y vois la confirmation du piège ultime, pourquoi une grande partie de mon peuple continue de baisser sa garde en participant à la loterie de la paix pour la paix ?
    Est-ce que notre dépendance en armement marque définitivement la limite de nos horizons au point de toujours nous faire museler par une gamme de chantages à l »Americaine ?
    Suis-je raisonnablement ‘raisonnable’ en avançant que Bibi ne doit pas se réfugier dans un pragmatisme de façade et que, le vrai miracle est d’aller de l’avant pour ne pas faire perdre son temps au bon D.. ?
    TRUMP, Messie ? Cela se saurait…

    J’aime

Répondre à William Doukhan Annuler la réponse.