« L’enquête sur le 7 octobre », par le général de brigade Oren Solomon

Par Oren Solomon,
[30 octobre 2025]

Oren Solomon est le chef des enquêtes internes de Tsahal et en particulier, l’enquête concernant la division Gaza. Nommé à ce poste par le commandant de la région sud Avi Rosenfeld, dont dépend Gaza et validée par le chef de l’état-major. Il a centralisé toutes les enquêtes spécifiques concernant les événements dans des kibboutz, le festival Nova et autres combats du pourtour de Gaza.

VERBATIM de l’interview de Oren Solomon par le journaliste Yaacov Berdugo (Chaîne 14)

CHAPITRE 1 – LA DÉBÂCLE

Nous sommes 2 ans après les évènements du 7 octobre. Cela fait un an que je demande, par écrit et à plusieurs reprises, au chef d’état-major d’alors Hertzi Halevi et actuel Eyal Zamir, de pouvoir leur présenter mon enquête, mais jusqu’à aujourd’hui mes requêtes restent sans réponse.

Par conséquent, j’ai décidé de rendre publics les faits dévoilés par mon enquête, ainsi que mes conclusions.

À mon grand regret Eyal Zamir et les officiers supérieurs s’entêtent à m’interdire de faire connaître mon enquête.

Cette enquête a été demandée et initiée par l’armée et cette même armée, pour des raisons, que j’ignore refuse les conclusions et les enseignements mis en évidence par mes investigations.

Le 7 octobre 2023 à 6h29 je me trouve à mon domicile, dans une localité qui jouxte Gaza à 3,5 km. Je suis réveillé par les premières salves des roquettes, d’une intensité sans précédent. Je comprends immédiatement, du fait de la violence d’attaques de roquettes, car de par mon expérience militaire, un tel barrage de projectiles ne peut que préparer le terrain à une action terrestre d’envergure. Je fais rentrer ma famille, sauf mon fils aîné officier du Renseignement, dans le mamad (espace protégé d’un appartement), dont dispose chaque habitation du pourtour de Gaza.

Mon fils et moi munis de quatre pistolets et quelques chargeurs, empêchons un temps les terroristes d’avancer, ce qui permet aux habitants de quelques habitations autour de nous de pouvoir s’échapper. Ensuite, mon fils et moi nous engouffrons dans notre voiture et après un parcours sous le feu des terroristes se trouvant sur notre route, nous arrivons sur le terrain du festival Nova et nous nous abritons derrière un char israélien abandonné.

Durant plusieurs heures, mon fils et moi plus deux policiers qui nous avaient rejoints avec leurs armes et la mitrailleuse MAG récupérée sur le char, menons un combat acharné.

Durant ce combat, je joins à l’aide de mon smartphone, le commandement de la division Gaza et je demande des renforts.

On me répond que toutes les forces sont engagées et qu’il n’y a aucune réserve, pour nous venir en aide.

Et alors de façon lancinante, une question me hante :
OÙ EST TSAHAL ???

Certains me demandent aujourd’hui pourquoi je rends mon enquête et mes conclusions publiques ?

Je réponds : Mon obligation en tant qu’officier et citoyen est, d’abord de comprendre ce qui s’est passé, en tirer les leçons et le plus important, contribuer à corriger les terribles erreurs, afin qu’une telle chose ne puisse plus jamais se répéter. Pour moi, C’est un sacerdoce.

D’après mes constatations, le chef d’état-major Hertzi Halevi et le commandant de la direction opérationnelle de Tsahal, le général Yaron Pinkelman sont directement responsables de l’inefficacité de la chaîne de commandement, ainsi que de l’impéritie du déploiement des forces du pourtour de Gaza.

L’aréopage de généraux d’état-major et son chef Hertzi Halevi, déclarent aujourd’hui, qu’ils n’ont pas su évaluer la réelle situation sur le terrain.

Cet « aveu » ne tient pas la route. Dans le bunker sous le bâtiment d’état-major il y a des dizaines d’écrans, qui retransmettent en temps réel, tout ce qui se passe sur le terrain. Les gens devant les écrans voyaient tout, sans pour autant réaliser un tableau global de ce qui arrive.

Aussi incroyable que cela paraisse, personne ne « percute ».Pire, personne ne réveille le chef d’état-major, qui dort dans son bureau à côté !!!

En fait, ces gens croyaient que c’était juste une action ponctuelle et limitée du Hamas et que le commandement et les forces de la division Gaza, étaient en état de résoudre le problème « ponctuel ». En l’occurrence, personne ne réveille le chef d’état-major Hertzi Halevi.

Tout cet épisode démontre l’inefficacité de la chaîne de commandement,

…depuis l’officier coiffant les analystes face aux écrans jusqu’aux généraux qui sont censés de comprendre la globalité du problème et agir en conséquence.

Durant trois heures, à savoir, de 6h30 à 9h30, aucun haut gradé, ni le chef d’état-major, ni le chef de la direction opérationnelle, ni son adjoint Chlomi Binder, averti vers 8h30 (qui roule vers le bunker de l’état-major), ne dirige la défense du pourtour de Gaza.

Les maigres forces sur place, sont abandonnées à leur sort. Sans ordres, sans renseignements terrain, sans coordination opérationnelle, bref, sans moyens pour, non seulement, refouler les milliers de terroristes, mais sans capacités de défendre les civils des localités du pourtour de Gaza et du festival Nova.

CHAPITRE 2 – NÉGLIGENCE

L’une des principales conclusions de mon enquête, est :

Si le 7 octobre à 6h29, si le chef d’état-major et les haut gradés qui l’entouraient avaient émis des ordres cohérents, si la division Gaza n’avait pas été en mode « relâchement total à cause des fêtes », on aurait pu sauver plusieurs centaines de victimes, on aurait pu éviter la destruction des infrastructures et des habitations.

Ce n’est pas seulement le fait que tous ces gens n’étaient pas préparés à cette attaque, c’est l’évidence même, mais c’est surtout le fait qu’on ne leur a pas inculqué une claire et consciente définition de ce qu’ils sont tenus de faire, lors d’une attaque surprise.

De quelle manière auraient-ils dû être formés ?

Ils auraient dû être entraînés à réagir dans toutes sortes de scénarios. Mais dans les exercices menés par l’armée, tous les scénarios étaient coordonnés avec le chef d’état-major, jusqu’au moindre détail. Aucun scénario n’était établi par des « scénaristes indépendants » de façon que le chef d’état-major et ses officiers soient mis « en situation », afin de tester leurs réactions et la manière de gérer plusieurs types de scénarios surprise.

Aucun exercice de ce genre n’a été mené, ni au niveau des divisions du Nord, ni Centre ni Sud.

À ce niveau de responsabilités chaque officier doit savoir quel est son rôle dans la machine militaire, quels doivent être les ordres en fonction de sa « lecture du terrain », encore il faudrait être formé à la « lecture le terrain », il faut savoir quelles unités utiliser, fantassins, blindés, artillerie, forces spéciales, appui aériens, etc. afin d’obtenir le meilleur résultat tactique. Rien de tout cela n’avait été simulé avec les hauts gradés de l’état-major. Et à cause de cela, c’est eux qui ont failli en premier.

Examinons maintenant le déroulement des événements à partir de la première évaluation, quoique partielle de la situation, c’est-à-dire à partir de 7h15. On sait déjà, que dans plusieurs localités se trouvent plusieurs centaines de terroristes. Quels auraient dû être les ordres d’un véritable chef d’état-major à ce moment ?

Il aurait du, tel un lion, taper du poing sur la table et annoncer « c’est la guerre, les terroristes sont dans nos localités », et partir de là :

  • bloquer et fixer l’ennemi afin qu’aucun nouveau terroriste ne puisse pénétrer en Israël
  • nettoyer les localités et les axes routiers, des terroristes
  • ensuite définir comment et avec quelles forces réaliser ces 2 objectifs, avec quelles priorités, quelles unités déployer, fantassins ici et les blindés là-bas, où diriger en priorité des secours et les moyens médicaux…
  • donner l’ordre à l’aviation d’attaquer la frontière de Gaza, afin d’empêcher les renforts de terroristes d’arriver en Israël, mais aussi, afin de bloquer les terroristes voulant retourner à Gaza avec les otages

Les premiers ordres du chef d’état-major auraient dû être comme énuméré ci-dessus, mais voici ce que j’ai mis en lumière, à partir de 7h15, dans mon enquête. :

Le chef d’état-major Hertzi Halevi donne la directive suivante :

« Infliger le maximum de dommages du « coté rouge » ».

La notion de « coté rouge » appartient à la situation de routine, (lorsqu’on tire des roquettes depuis Gaza ou du Liban, de façon malheureusement habituelle), qui veut dire détruire le plus possible de rampes de lancement. Évidemment cette notion routinière ne s’appliquait pas du tout à la situation à 7h15. Ensuite le chef d’état-major préconise l’appel de 100 000 réservistes.

Ici il faut mentionner un fait concernant la réaction de Benyamin Netanyahou lorsque il a connaissance, vers 10h, de la préconisation d’Hertzi Halevi. Le premier ministre exige d’appeler 400 000 réservistes, soit toutes les réserves du pays1.

Aucune autorité politique ne peut donner des ordres directs à l’armée, c’est le rôle exclusif du chef d’état-major, mais Netanyahu a dû sentir l’hésitation du chef d’état-major et son manque d’assurance à remplir la fonction pour laquelle il a été nommé.

C’est là qu’on voit, que Hertzi Halevi considère que la situation ressemble à une espèce de « routine plus », qui ne nécessite pas de moyens exceptionnels.

Alors que, sachant déjà les agglomérations du sud du pays étaient en situation d’urgence absolue, le chef d’état-major aurait dû ordonner le rappel de tout le monde et après donner les explications au premier ministre.

  • Ensuite le chef d’état-major donne l’ordre de procéder à des « liquidations ciblées », ce qui démontre sa complète incompréhension de la situation, qui pour lui s’apparente à une situation routinière un peu plus large.
  • – Puis, il donne l’ordre, après avoir évacué dans la mesure du possible les habitants des habitations attaquées, et alors que depuis une heure et quart s’y déroulent des massacres (on voit tout ça sur les écrans et des habitants depuis leurs portables supplient de l’aide), le chef d’état-major ordonne de bombarder ces habitations, pour en déloger les terroristes et les éliminer.

Vers 11h, l’état-major effectue une nouvelle évaluation écrite de la situation. Là, on commence à parler des affectations de commandants dans les points névralgiques de la bataille. Cette initiative était nécessaire, sauf que la discussion sur les affectations dure 5 heures. En parallèle, il fallait prendre des initiatives opérationnelles comme :

déterminer les urgences : Kfar Aza, Béeri, le bunker des observatrices de Nahal Oz (on sait ce qui s’y passe, mais personne ne vient à leur secours),

Nir Oz, où se passe le massacre le plus terrible

– et bien sur le festival Nova.

Dans mon enquête je pose la question : « que fait le commandement de la division Gaza, dont dépendent tous ces points ? »
MA RÉPONSE : RIEN.

D’ailleurs, l’état-major ne s’occupe pas du tout de ces points les plus chauds : aucune question, pas d’ordres et pas d’instructions spécifiques.

Parlons de l’armée de l’air dontl’une des missions est le verrouillage des frontières afin empêcher toute violation aérienne du territoire israélien.

Là évidement, l’armée de l’air a échoué. Le Hamas a lancé des dizaines de drones et plusieurs paramoteurs. Ces faits sont complètement ignorés dans l’enquête de Tsahal de mi 2024.

L’absence de l’aviation, permet des allées et venues libres entre Israël et Gaza. Les prises d’otages et leur transport vers Gaza se déroulent librement sans s’arrêter, jusqu’à la fin de l’après-midi.

Les 7000 terroristes envahissent Israël en trois vagues :

  • La première de 6h30 à 7 h,
  • la deuxième de 7 h à 9h,
  • la troisième de 9h à 11h.

Là il faut que j’explique la mission de l’armée de l’air qui s’appelle « Épée de Damoclès » :

C’est le bombardement des centres de commandement, d’entrepôts d’armes et de rampes de lancement des roquettes à l’intérieur de Gaza.

Dans la matinée du 7 octobre L’armée de l’air reçoit l’ordre : exécuter « L’Épée de Damoclès » et donc, elle bombarde des objectifs à l’intérieur de Gaza.

De rares commandants qui combattent sur le terrain, supplient les responsables de l’Armée de l’Air d’attaquer la frontière Gaza/Israël, où des vagues de terroristes se regroupent pour pénétrer en Israël.

L’armée de l’air répond, « nous ne pouvons pas, car nous sommes en train d’exécuter « L’Épée de Damoclès ».

Il y a un autre problème que j’analyse dans mon enquête : les niveaux d’alertes précédant l’attaque. Pour appréhender ce problème mes équipes ont réalisé des enquêtes ciblées dans le Département Opérationnel de l’armée, dans la division Gaza :

  • on a vérifié des tonnes de documents,
  • on a interrogé des soldats et officiers de toutes les branches de l’armée présents sur le terrain,
  • on a croisé les renseignements des différentes sources.

Et qu’avons-nous découvert ? Les alertes et préparations au combat étaient au niveau de la négligence et de l’inconscience coupables.

Ce problème, dans l’enquête de Tsahal a été complètement « balayé sous le tapis ». C’est au Département Opérationnel de Tsahal, responsable d’analyser les infos venant du Renseignement, de définir le niveau d’alerte sur la base des informations reçues.

Un nombre incalculable d’informations, qui devaient « mettre les voyants au rouge » ont été non traitées et ignorées.

Qui sont les responsables de ces graves fautes et pourquoi un tel amateurisme ?

Le Département Opérationnel de Tsahal a réussi un tour de force : induire tout le peuple d’Israël en erreur, en ne faisant pas son job de piloter le niveau d’alerte, entre autres…

Les procédures de mise en alerte absentes, pas de définition de délais maximum, pour passer du niveau de routine au niveau d’alerte de combat. Pas de délais minimums pour la préparation d’avions, de chars et même d’unités de fantassins, de l’activité de routine à l’état d’opérationnel immédiat.

Tout le mécanisme de mise en œuvre opérationnelle, à savoir, délais, lieu de déploiement, missions à effectuer, etc. de différentes unités de l’armée, qui est l’une de mission principale du département opérationnel, le 7 octobre a implosé.

CHAPITRE 3 – DISSIMULATION

J’ai demandé à présenter mes investigations au chef d’état-major Hertzi Halevi et au commandement région Sud.

Bizarrement, toutes ces personnes n’ont pas trouvé le temps pour lire mon enquête et non pas trouvé, non plus, un créneau dans leur agenda, pour présenter l’enquête à leur staff.

Ils ont compris, que l’enquête pose des questions pertinentes, que ces mêmes personnes, durant un an et demi, se sont surtout efforcé de ne pas y répondre, concernant la gestion des forces disponibles sur le terrain, au niveau de la Division Gaza, puis du Commandement Sud et enfin au niveau de l’état-major.

Entre temps le chef d’état-major Hertzi Halevi a été remplacé par Eyal Zamir.

Ce dernier non plus n’a pas accédé à ma requête.

Je me suis assigné une tache, qui à mon niveau, pourrait permettre à l’armée et au pays tout entier, de ne plus commettre les terribles erreurs, qui ont permis le 7 octobre.

Ce qui insupportable, ce que les enquêtes de l’armée menées jusqu’à aujourd’hui ne posent pas les questions essentielles.

  • Elles énumèrent des faits, mais n’examinent pas, ni les tenants, ni les aboutissants qui ont amené ces faits.
  • Les enquêtes de l’armée mentent, dissimulent, édulcorent et surtout diluent les responsabilités des officiers supérieurs dans la nuit du 6 au 7 octobre 2023.

Une chose encore :

Lorsque le chef d’état-major d’alors Hertzi Halevi comprend que mes investigations, à coup sûr, pointeront les manquements, les siens en particulier et de l’état-major en général, il donne l’ordre au chef des enquêtes de la police militaire, d’ouvrir une enquête contre moi,

  • Moi qui, avec mon fils, nous sommes portés, le matin du 7 octobre, au secours des citoyens face aux terroristes du Hamas ?
  • Moi, qui ait combattu, durant un an et demi en première ligne à Gaza ?

De quoi Hertzi Halevi m’accuse-t-il… ? On a confisqué mon téléphone et mon ordinateur et j’ai été interrogé de façon agressive, j’ai subi le détecteur de mensonges, mon domicile a été perquisitionné.

Finalement, la police militaire n’a rien trouvé et l’enquête a été close.

Le chef d’état-major Hertzi Halevi, la procureure générale de l’armée Tomer Yerouchalmi, le général David Tourgeman, le porte-parole de Tsahal Daniel Hagari et d’autres ont commis un acte méprisable et honteux, face à un officier de Tsahal, qui depuis 35 ans a participé dans tous les conflits d’Israël.

Finalement au mois d’août de cette année 2025, je me suis tourné vers le premier ministre Benyamin Netanyahu et je lui écris, entre autres :

«… dans leurs enquêtes, le haut commandement et les services de renseignement ont mis en œuvre un processus systématique de dissimulation, d’escamotage et de mensonges. Ces enquêtes couvrent et diluent des responsabilités, suscitent de fausses suspicions et dans certains cas, les rédacteurs de ces enquêtes ont eu recours à la tromperie et à la possible falsification de documents… »

« … le commandant de la région Sud, porte la responsabilité directe des conséquences de la catastrophe. Il n’a pas su faire l’usage des forces en présence. Il n’a pas rempli son devoir de commandant en chef à cause de sa négligence coupable… »

« … Je considère, que tous ces agissements avaient, entre autres buts de s’affranchir des responsabilités et les imputer, soit au niveau politique (cet aspect doit être traité séparément), soit au niveau tactique, à savoir les officiers et soldats du champ de bataille, qui eux, ont réellement sauvé, au prix de leur sacrifice le Peuple d’Israël… »

Je suis croyant. Je n’ai peur de rien… sauf du Créateur. J’ai toujours dit la vérité. À la lumière des, et je pèse mes mots, persécutions contre nombre d’officiers comme Ari Rosenfeld et Eli Feldstein, qui ont été faussement accusés dans le scandale des fuites de documents du bureau du Premier Ministre, je considère que tous les gradés qui ont failli sont capables de tout pour sauver leur peau.

J’ai dit à mes collaborateurs que si jamais je venais à disparaître, de transmettre l’enquête et tous les documents qui l’accompagnent au public israélien et aux familles endeuillées. OS

Oren Solomon, Aroutz 14


1 C’est ce qu’on entend à la 7ᵉ minute de la vidéo, où Benyamin Netanyahu rapporte cet épisode.

Propos recueillis par Yaacov Berdugo (Chaîne 14) ;
Traduction et adaptation : Édouard Gris.


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