Quelle jeune fille de douze ans ne rêve pas de porter une belle robe, de danser jusqu’à pas d’heure, de recevoir plein de cadeaux et d’être la reine d’une soirée ?
Quelle jeune fille de douze ans ne rêve pas de plus de responsabilités, de maturité et d’indépendance ?
Bon ok, à douze ans c’est peut-être un peu prématuré.
Malgré tout la Bat mitzva[1], tout comme la Bar mitzva[2], est un rite de passage formateur dans la vie d’une jeune fille juive.
Mettons de côté la soirée et les cadeaux et intéressons-nous à l’aspect religieux.
Il y a deux types de JFJ (Jeune fille Juive), celle qui choisit de faire sa Bat Mitzva pour célébrer son entrée dans l’âge adulte et l’autre… celle qui ne pense qu’à la soirée qui suivra son passage à la synagogue.
J’ai plutôt fait partie de la seconde catégorie. Parce que savoir qu’on sera le centre d’intérêt de TOUTE sa famille le temps d’une nuit c’est franchement magnifique… Mais avant de faire son entrée dans la salle de réception au doux son des L5[3] (ouais je suis née dans les années 90…), il faut passer par la case prières, et, soyons honnête, ça n’a pas été une partie de plaisir. Parce que les parents nous tannent et nous obligent à travailler nos lectures tous les jours, plus le grand jour approche, moins on a envie de bosser. Mais la douce odeur du buffet de nourriture palpite déjà tes narines, alors tu te forces, tu lis, travailles, répètes ces textes qui une fois prononcés le jour J, t’ouvriront les portes de la piste de danse.
Il est également important d’écrire un discours, pour remercier les gens de s’être déplacés d’aussi loin pour déglinguer le repas, mais aussi pour leur montrer que tu as compris la signification de cette cérémonie. Normalement, c’est à toi de l’écrire, mais à douze ans ton vocabulaire est assez limité et ton public n’est pas dupe, parce que lorsque tu sors des mots comme « solennel » ou « supercherie », il se rend bien compte que tes parents sont passés par là. Mais tant pis, c’est TON grand jour !
Il y a donc beaucoup d’étapes à passer avant de pouvoir se trémousser sur la piste et soyons honnête, apprendre toutes ses prières c’est un peu la tempête avant le calme.
Bref, les mois précédents la Bat Mitzva ne sont pas les plus sympas. On redoute LE grand jour où on devra présenter à sa famille le travail accompli durant ces derniers mois. On n’attend qu’une seule chose, finir son discours, se faire bénir par son père et enfin, la récompense, attaquer les sushis !!
Pourtant, le jour J il se passe quelque chose de magique, le stress se transforme en puissance et les mots sur lesquels tu buttais à chaque fois glissent dans ta bouche comme une cuillère de miel. Tu te sens forte et surtout tu te sens femme, une femme qui entre dans sa vie d’adulte. Tu prends un an à chaque minute qui passe. Tu mûris. Bref tu grandis… et pourtant tu voudrais arrêter le temps, savourer chaque seconde, observer chaque sourire sur les visages de tes proches, profiter à fond… Le buffet de sushis ne fait clairement pas le poids face aux larmes de ta mère. Et même ta tante, qui raconte sa journée au fond de la salle, sans prendre la peine de baisser le volume, ne te dérange pas le moins du monde, rien ne peut t’arrêter ! Les paroles du rabbin entrent par une oreille et ressortent par l’autre, tu te prépares déjà pour ta prochaine lecture…
Tu réalises alors que tous les buffets du monde ne rivaliseront jamais avec la fierté dans les yeux de tes parents, et la tu comprends. Tu comprends pourquoi ils t’ont forcée à ouvrir tes livres, à corriger ton discours, et travailler ton accent.
Tu comprends l’importance de la transmission de la foi. Pour que toi aussi, plus tard, tu puisses dire à tes enfants de faire leur Bat(r) Mitzva. C’est une cérémonie plus que nécessaire qui doit se faire à la synagogue. Même si les motivations premières ne sont pas forcément religieuses, une fois devant sa famille au cœur de ce lieu, tout prend son sens, on prend conscience de son identité juive et cela en grande partie grâce au fait de célébrer la Bat Mitzva à la synagogue. IG♦
[1] Majorité religieuse pour les filles (12 ans)
[2] Majorité religieuse pour les garçons (13 ans)
[3] Groupe de musique de cinq filles que les plus de vingt ans peuvent ne pas connaître (NDLR)
Les clins d’œil d’Irina
Retrouvez Irina sur son blog : uncaribouaparis.blogspot.fr/
Quel bel hommage Irina tu fais a tes parents !
Bravo jeune fille !
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