Les différentes fêtes qui jalonnent ce grand mois, surnommé « mois des puissants » nous laissent entrevoir leur signification à travers les gestes qui sont propres à chacune d’elles. Faisons une promenade à travers ce mois particulier, en tâchant d’en capter les messages.
ROCH HACHANA
Ce sont deux jours de fête qui sont observés, en diaspora comme en Israël. Le jour de l’an y est commémoré par de longs offices, complétés par la sonnerie du chofar[1]. Cette corne de bélier est devenue le symbole de cette fête, « jour de sonnerie » lisons-nous dans la lecture de ce jour (Nombres 29-1). Cette corne qui rappelle le bélier qui a remplacé Isaac comme holocauste, appelle sur nous le mérite d’Abraham et de son fils qui étaient prêts à se sacrifier par fidélité à D-ieu. C’est aussi un signe de déférence devant la majesté de D-ieu, qui se révèle en ce jour comme Juge Suprême.
La coutume a également consacré l’usage de consommer des aliments qui portent de bons présages. C’est le seder du soir de Roch Hachana.
L’après-midi du premier jour, on se rend devant un cours d’eau pour réciter le passage tashlikh. Il évoque le souvenir d’Abraham qui, se rendant au mont Moriah pour sacrifier Isaac, a dû affronter une rivière en crue, sans rebrousser chemin.
LES DIX JOURS DE PÉNITENCE
La semaine qui sépare Kippour de Roch Hachana est une période intense pour les personnes pieuses. On s’y consacre plus que d’habitude aux prières, lecture de Psaumes, vérification de ses mezouzoth et tefilines. C’est aussi le moment de s’enquérir de l’acquisition des quatre espèces[2] de Soukkot. Aux offices, on rajoute des passages spécifiques à cette période dite de pénitence, dont le texte avinou malkénou (« Notre Père, Notre Roi »).
Certains jeûnent en ces jours pendant la journée, Chabbat étant excepté.
KIPPOUR
Il est le point culminant des dix jours de pénitence. La veille, on prend un repas de fête, on se lave et se purifie-de préférence- par l’immersion dans un bain rituel. On accueille la fête qui est également un jour de jeûne par l’office du soir et le traditionnel kol nidré(annulation des vœux). Le lendemain, l’office se prolonge toute la journée pour se conclure avec la sonnerie du Chofar, annonçant la fin du jeûne. Durant les offices de Kippour, on récite le vidouy[3], en tapant du poing sur le cœur, à chacun des offices. Le Pardon divin est en effet accordé en ce jour à ceux qui font acte de pénitence. Autre geste marquant de la journée et qui fait référence au Temple de Jérusalem : c’est la prosternation durant la répétition de la prière du Moussaf, l’après-midi. On rappelle en effet ce geste qui était accompli par le peuple présent au Temple au moment où le Grand-prêtre prononçait le tétragramme, l’unique fois de l’année. Ainsi dit le texte du Moussaf : « Les prêtres et le peuple se trouvant dans l’enceinte du Temple, en entendant le Nom Divin prononcé par le Grand-Prêtre avec pureté et sainteté, se courbaient et se prosternaient en disant : « Béni soit le Nom de Son règne glorieux à tout jamais ».
A l’issue de l’office du soir de sortie de Kippour, on rentre chez soi pour rompre le jeûne en récitant la havdala[4] sur une coupe de fin pour marquer la séparation entre le profane et le sacré. Les gens pieux s’affairent juste après le repas de la construction de la soukka[5], que l’on inaugurera quatre jours plus tard.
SOUKKOT
C’est une fête joyeuse aux multiples facettes qui va durer neuf jours en diaspora.
On résidera dans la cabane durant les huit premiers jours, les repas de fêtes y étant pris. On décore la soukka de belles draperies, ornements, fruits et légumes etc. On en fait sa demeure principale pendant cette fête, en y recevant les invités comme un chez soi.
Aux offices du matin, sauf celui du Chabbat, on balance le bouquet des quatre espèces (cédrat, palmier, myrtes et saules). Les offices comportant le chant du hallel, à l’instar de Pessah et Chavouot.
Le neuvième jour, on organise des réjouissances autour des rouleaux de la Torah, avec danses et chansons. C’est en effet en ce jour que l’on conclut le cycle annuel de lecture du Pentateuque, qui reprend aussitôt par la lecture de Béréchit, premier passage du Pentateuque. La dernière et la première lecture étant décernées à deux membres de la Communauté, ils se font une joie de convier les fidèles à un banquet à l’issue de l’office.
Ainsi, du son du Chofar aux danses de Simhat Torah[6], les gestes font vivre et perpétuer les solennités de Tichri, marquant ainsi durablement l’esprit des fidèles. AT♦
[1] Corne de bélier
[2] le saule, la myrte, la palme de dattier et le cédrat
[3] Confession
[4] Textuellement : « différenciation »
[5] Cabane
[6] Joie de la Torah