Sorti en 2014.
Le film décrit avec émotion la vie pénible de deux octogénaires qui décident, pour clore leur existence, une ultime bataille désespérée mais salvatrice à leurs yeux.
Hayuta et Berl sont des militants fondateur de l’État d’Israël qui ne se reconnaissent plus dans celui-ci. Les combats, ils en ont mené plus d’un, les rêves et les espoirs itou. Les voilà à l’aube de la fin d’exister, confrontés à une administration aussi aberrante que drôle- la scène du contrôle médical est pénible -, qui les range dans la catégorie de citoyens marginaux pour ne pas dire fantômes. Pourtant ils gardent encore un esprit jeune, rêvant d’une société meilleure voire plus attractive. Mais leurs corps comme leur entourage ne veulent plus les seconder.
Retrouvez les articles de Roger Chemouni
Le film aborde deux domaines : l’État peu reconnaissant et la sénescence peu fraternelle. L’auteur dira : « Je voulais dire quelque chose sur mon pays mais je voulais surtout parler des personnes que le pays a oubliées ». Nous pouvons penser à la chanson de Jacques Brel : « les vieux » : « Même riches ils sont pauvres, ils n´ont plus d´illusions et n´ont qu´un cœur pour deux », donnant au synopsis un caractère universel
Ces pionniers, qui ont œuvré pour l’éclosion du socialisme et des kibboutzim, qui ont donné sang et sueur, sont désespérés pour cette terre nouvelle, pays d’accueil qui s’est mué en terre d’écueil pour eux
Le film au demeurant bien réalisé faisant ainsi mieux passer le message, contient des moments burlesques, tournant le dos au pathos démagogue voyant Berl lutter contre une porte électronique et un distributeur de serviettes concassées rencontrés dans les fast-foods israéliens, et une télévision irréparable comme si même ce modernisme était contre eux. Cet aspect narratif n’enlève rien à la peinture émouvante de ces deux êtres, las, déchantés, déçus. Ils n’en sont pas moins captivants car lui est toujours désireux de se battre pour l’aide sociale et solidaire, et elle lui reproche ses utopies. Ce sont deux grands acteurs- le titre israélien est « Hayuta et Berl »- de la vie sociétale qui quittent la scène. RC♦