Par Liliane Messika*
Après la « bombe climatique » qui, fin 2017, a fait chuter les températures new-yorkaises à des degrés Fahrenheit négatifs inédits, c’est Washington qui gèle sa contribution à l’UNRWA, provoquant une tempête d’indignation chez les bien-pensants de la planète.
L’UNRWA kèkséksa ?
En version originale, l’acronyme de cette agence de l’ONU signifie benoîtement United Nations Relief and Works Agency, l’Agence de secours et de travaux des Nations unies, ce qui ne donne aucune indication sur sa vocation, laquelle n’est pas présente dans son titre. Vous avez dit bizarre ? Non, vous avez dit UNRWA.
Son titre complet en anglais est United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East. Pourquoi le « Pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient » est-il passé sous silence ? Excellente question, mon cher Watson.
Cela aurait-il à voir avec l’existence de l’UNHCR, le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies auprès duquel la ci-devant agence avouerait faire double emploi ?
A quoi sert l’UNRWA ?
Comme son nom ne l’indique pas, l’UNRWA, créée en décembre 1949, à la suite de l’attaque, par six pays arabes, de l’État s’Israël nouveau-né le 14 mai 1948, n’a en charge qu’une seule catégorie de réfugiés à l’exclusion de toute autre : les réfugiés de Palestine au Proche-Orient.
Qu’ont-ils de particulier ? Le conflit qui a fait d’eux des réfugiés est-il plus sanglant que tous les autres conflits planétaires réunis ? Ces réfugiés-là sont-ils affligés d’une maladie, d’un handicap, sont-ils plongés dans une situation particulièrement meurtrière ?
Qu’on en juge :
- En mai 1948, près d’un million de Juifs ont été expulsés de pays musulmans (Irak, Liban, Libye, Syrie, Yémen…) pour cause de judaïsme et tous leurs biens ont été confisqués. Deux tiers d’entre eux ont rallié l’État Juif, un tiers a émigré vers les États-Unis, la France et d’autres pays européens. Aucun d’entre eux, zéro, n’a été pris en charge par l’ONU.
- Au même moment, très exactement dans la nuit du 15 au 16 mai 1948, les armées de l’Égypte, de la Syrie, du Liban, de la Transjordanie, de l’Arabie Saoudite et de l’Irak attaquèrent Israël. Pour rassurer ceux qui auraient eu des doutes sur la finalité de cette offensive, Azzam Pacha, secrétaire général de la Ligue Arabe, déclara à la BBC :
« Ce sera une monumentale guerre d’extermination qui restera dans l’histoire comme les massacres des Mongols et les Croisades.»
Afin que rien n’entrave le combat victorieux des légions arabes contre les Juifs, le 16 mai 1948, le haut commandement des volontaires arabes pour la libération de la Palestine lançait un appel sur Radio Le Caire :
« Frères arabes de Palestine, nos armées libéreront en quelques jours le territoire sacré profané par les bandes criminelles athées. Afin que les Juifs, mille fois maudits par Allah, ne se vengent pas sur vous avant leur anéantissement total, nous vous invitons à être nos hôtes. Les Arabes vous ouvrent leurs foyers et leurs cœurs. Nous vaincrons les infidèles, nous écraserons les vipères. Votre patrie, purifiée par vos frères vous accueillera à nouveau dans la joie et l’allégresse. »
Entre 600 et 750 000 Arabes de Palestine suivirent ce conseil. Malgré les rodomontades des officiels arabes, les Juifs défendirent leur vie et leur patrie, si bien qu’une convention d’armistice fut signée par tous les adversaires, à l’exception de l’Irak, le 29 novembre 1948. Elle délimitait une « ligne d’armistice » et non des frontières, autour d’un territoire plus grand que celui qu’avaient refusé les parties arabes.
Quelle différence entre les réfugiés tout court et les réfugiés palestiniens ?
Pour le résumer, un réfugié tout court est quelqu’un qui a été directement victime d’une guerre et qui sera pris en charge, à condition de n’avoir pas commis de crime, jusqu’à ce qu’il retourne dans son pays ou acquière une nouvelle nationalité (durée moyenne du statut de réfugié du HCR : dix ans)[1].
A l’inverse, un réfugié palestinien n’a pas d’autre obligation que d’avoir vécu pendant deux ans en Palestine mandataire. L’aide qu’il reçoit ne diminue pas s’il commet des crimes et c’est un STATUT HÉRÉDITAIRE SANS LIMITATION DE DURÉE[2].
Quand le nombre de réfugiés « normaux » augmente, cela veut dire que la situation empire. Curieusement, pour les réfugiés palestiniens, c’est le contraire : si leur nombre augmente, c’est qu’ils croissent et se multiplient. En 70 ans, leur nombre a été multiplié par plus de 7. Cela n’empêche pas les bien-pensants français, bien-pensants mais mal-calculants, de crier au génocide !
246 dollars pour un réfugié palestinien, 58 dollars pour un non palestinien
Dans son rapport financier pour l’année 2016, l’UNRWA déclare avoir dépensé en moyenne 246 dollars par assisté (l’agence en administre 5,3 millions), alors que le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés n’a dépensé qu’un quart de ce montant, soit 58 dollars par personne.
Le rapport annuel de l’UNRWA montre que l’agence emploie 30 000 salariés pour ses 5,3 millions de bénéficiaires, alors que le HCR ne dispose que de 10 000 personnes pour pourvoir aux besoins d’environ 20 millions de réfugiés dans 128 pays.
Les camps de réfugiés n’ont rien de « camps », mais le terme est idéologiquement correct
En effet, les « réfugiés palestiniens » habitent dans des camps.
Mais malgré ce qu’aimeraient faire croire les Palestinolâtres professionnels, ce sont, en réalité, des villages ou des quartiers, sans les guillemets que l’on met autour de ceux du 9-3.
Ils ne possèdent ni barbelés, ni miradors, ni gardes armés. Les résidents sont libres d’aller et de venir (mais pas d’aller se faire exploser en Israël, même si certains y parviennent).
Il y a des camps de réfugiés dans la bande de Gaza, en Judée-Samarie (alias Cisjordanie), au Liban, en Syrie et en Jordanie. Les Israéliens n’administrent aucun de ces camps, d’ailleurs Gaza est Judenrein depuis août 2005.

C’est l’UNRWA qui paie, mais ce sont les gouvernements des pays hôtes qui administrent.
Au Liban et en Jordanie, les Palestiniens subissent un apartheid de fait : interdiction de pratiquer certains métiers, interdiction d’acquérir la nationalité, restrictions à l’éducation.
En Syrie, les habitants des camps de réfugiés palestiniens ont été massacrés par les armées de Bachar el-Assad.
Que paie l’UNRWA ?
Le poste le plus important du budget de l’Autorité palestinienne est celui des salaires des prisonniers et ex-prisonniers palestiniens, qui sont aussi versés aux familles des « martyrs ». Dans le budget 2017, ce poste s’élevait à plus d’un milliard de shekels (1 239 528 424), c’est-à-dire à 49,6 % de l’aide étrangère que Ramallah a reçue en 2017.
« Les familles des martyrs » sont celles dont un ou des membres « ont été tués ou blessés dans le combat contre le sionisme », notamment en commettant des assassinats ou des attentats terroristes.
Lorsque le Président Trump s’est ému de cette utilisation faite de l’argent des contribuables américains, Mahmoud Abbas, le dirigeant palestinien élu légitimement à vie, lui a répondu qu’il s’agissait de prestations sociales versées à des gens incapables de subvenir aux besoins de leur famille.
Mais en réalité, ces salaires aux prisonniers et aux familles des terroristes sont bien plus élevés que ceux que le ministre du Développement social de l’Autorité Palestinienne verse aux familles palestiniennes dans le besoin. Ces familles perçoivent un maximum de 600 NIS par mois (moins de 170 $) alors que les prisonniers ou leurs familles touchent vingt fois plus : 12 000 NIS soit 3 340 $/mois. De surcroit, ces salaires (et non prestations sociales, comme en témoigne leur intitulé dans le budget de l’Autorité Palestinienne) peuvent être versés en sus d’autres revenus et en l’absence d’enfants à charge, car contrairement aux prestations sociales, ils ne dépendent d’aucun quotient familial.
Quand « la France » verse XXX et les États-Unis YYY, d’où sort l’argent ?
L’ancien président français croyait que « quand c’était l’État qui payait, cela ne coûtait rien aux Français ». C’est dire à quelle distance de la réalité il vivait ! Son successeur fait mine d’avoir la même conviction puisqu’il s’apprête, en abandonnant le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes, à signer des chèques substantiels de dédit aux entreprises avec lesquelles l’État français avait contracté la construction de cet ouvrage.
Donald Trump, lui, vient du monde du travail. Comme tous les « vrais gens », ce milliardaire sait que les caisses de l’État sont alimentées par les impôts des citoyens.
Le financement officiel du terrorisme n’est pas une raison suffisante pour que la France diminue son aide inconditionnelle. C’est ce qu’a promis Bruno Le Maire en septembre 2017. La France maintiendra son aide en 2018 au même niveau qu’en 2017, ce qui « représente (…) un énorme effort, dans une période où nous sommes obligés, en France, de couper dans les dépenses publiques[3]. » Un effort que le contribuable curieux n’arrive pas à évaluer car le chiffre de 2017 est introuvable.

En 2015, il s’élevait à 40 millions d’euros, une broutille par rapport aux 212 millions annuels versés par l’Union européenne. D’autant que la Cour des comptes européennes avait déjà noté, en 2013, que l’UE versait des salaires à des « fonctionnaires palestiniens qui ne travaillent pas et ce, depuis six ans pour certains[4] ».
Bah, quand on aime…
Trump dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Damned, on peut faire ça ?
Chez nous, les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Alors on tombe des nues en voyant le Président américain joindre le geste à la parole. Les bénéficiaires de ses largesses décident officiellement qu’ils continueront à les utiliser pour tuer des Juifs ? Il gèle les paiements.
On reproche souvent aux conseilleurs de ne pas être les payeurs, mais on s’indigne maintenant que les payeurs s’érigent le droit d’être des conseilleurs.
L’indignation du leadership palestinien devant ce qu’il qualifie de « claque du siècle » rappelle celle des dirigeants de Libération en 2012, quand ils ont illustré d’un « Casse-toi, riche con ! », une photo du P-DG Bernard Arnault et que celui-ci a retiré au quotidien le budget publicité de LVMH.
Quoi, ce sale con ne voulait plus payer pour se faire insulter ? Incroyable !
Trump ne veut plus payer pour faire assassiner des Juifs, américains ou pas. Ce n’est pas en France qu’on aurait une attitude aussi mesquine ! LM♦
* Liliane Messika est écrivain (http://www.lili-ecritures.com/)
[1] Selon l’ONU : Un réfugié est quelqu’un qui, en raison d’une crainte bien fondée d’être persécuté pour des raisons de race, de religion, de nationalité, d’appartenance à un groupe social particulier ou d’opinion politique, se trouve hors du pays de sa nationalité et ne peut, ou, du fait de cette crainte, n’est pas disposé à se prévaloir de la protection de ce pays.
Ne pourra bénéficier de ces dispositions une personne considérée comme ayant commis un crime ou tout autre acte contraire aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies.
La présente convention cessera de s’appliquer à tout réfugié qui :
- Aura acquis une nouvelle nationalité, ou
- Sera retourné dans le pays dont il a la nationalité ou, s’il n’a pas de nationalité, dans le pays où il avait auparavant sa résidence habituelle.
[2] Selon l’UNRWA, les « réfugiés palestiniens » sont :
Toutes les personnes dont la résidence normale était la Palestine entre le 1er juin 1946 et le 15 mai 1948 et qui ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance à la suite du conflit de 1948. Les descendants des réfugiés palestiniens mâles, y compris les enfants adoptés peuvent bénéficier de ces dispositions.
[3] http://www.europe1.fr/international/la-france-maintient-son-aide-aux-palestiniens-3427961
[4] https://www.lexpress.fr/actualite/monde/l-ue-paye-des-fonctionnaires-palestiniens-qui-ne-travaillent-pas_1306932.html
Ce document exceptionnel mérite la plus large des diffusions.
Il faut travailler dans ce sens.
JJ hadjadj
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