Par Liliane Messika
A Vancouver, un français nommé Guillaume Rey, a été licencié du restaurant où il travaillait. Il a porté plainte devant le « tribunal des droits de la personne » de Colombie britannique pour discrimination de sa culture française.
La courtoisie française, un motif de licenciement ?
La lecture de cette information devrait enflammer la fibre libertaire, égalitaire et fraternelle de nos concitoyens.
A priori, on aurait pu imaginer que c’est un beau pays que celui dans lequel on peut directement s’adresser au Dieu des Droits de la personne plutôt qu’à Saint Prudhomme.
Mais en même temps©, on ne peut que s’interroger sur les tares intrinsèques d’une civilisation capable d’engendrer un crime de lèse-majesté aussi patent !
Un pays où on vous licencie pour cause de Francitude, c’est du racisme, ou en tout cas, et c’est presque aussi grave, de la xénophobie.
Halte à l’Hexagonophobie !
Le CCIF, collectif contre l’islamophobie en France, toujours prompt à dégainer ses cohortes d’avocats pour un méchoui ou pour un NON, n’est malheureusement pas intervenu dans cette affaire.
Est-ce parce que le pauvre Guillaume n’est pas musulman, ou parce que le racisme anti-français ne concerne le CCIF que lorsqu’il occupe le banc de la défense ?
Toujours est-il que le serveur viré a dû se défendre par ses propres moyens.
Pourtant, à l’instar de certains accusés de viol parmi les clients des avocats du CCIF, Guillaume Rey ne comprend pas ce qui lui arrive. Ce qui motive le licenciement ?
« Malpoli, agressif et irrespectueux » envers ses collègues
D’abord, c’est le patron qui le dit, c’est donc sujet à caution.
Et puis, même ! Quel rapport ? Guillaume Rey est français. Il a compris qu’il est victime « de discrimination contre sa culture. »
Remarque en passant, dans notre pays où l’abus de périphrases ronflantes ne saoule que le troisième âge (!), « victime-de-discrimination » est en passe de devenir un synonyme usuel de « français ». Un seul challenger semble encore tenir la corde et menacer son hégémonie, c’est l’omniprésent « je-connais-mes-droits ».
La discrimination, une pandémie française
Guillaume ne doit pas avoir la chance d’être homo ou transgenre, ou même femme, aussi les boucliers de la discrimination contre une minorité visible et de la misogynie lui sont-ils inaccessibles.
Mais Français… Aaaah ! Français ! Et, circonstance aggravante, mâle hétérosexuel ! En France, cela vous donne 4 chances sur 5 de vous faire accuser d’oppression, de viol et 5 sur 5 de racisme, mais au Canada, on peut toujours essayer la discrimination nationale !
En France, « le client est roi » est juste une façon de parler !
Quiconque a eu la chance de prendre un verre sur les Champs Élysées a pu constater que le client en général, et le touriste en particulier, est l’ennemi contre lequel la lutte des classes impose de lever l’étendard de la mauvaise volonté, en chantant l’internationale des refus et récriminations.
C’est un mode de vie, une échelle de valeurs, pas un motif de licenciement !
C’est pourquoi, accusé d’avoir « contrevenu au code de bonne conduite et de respect dans l’entreprise », le Français a expliqué que « son attitude n’était pas due à un quelconque manque de politesse, mais à sa culture française ».
L’exception française : envoyer paître le client
Un code de bonne conduite ? Le respect ? Mais le respect, c’est au salarié, qu’on le doit ! Manquerait plus qu’on doive respecter les clients ou les collègues ! Où il a vu ça, le patron ? Il est ouf !
La chose n’est pas encore jugée, mais elle va l’être : le président du Tribunal des droits de la personne a refusé de se déclarer incompétent.
L’audience risque de faire apparaître un choc des civilisations : d’un côté le droit d’avoir tous les droits, de l’autre le devoir de faire son travail avec compétence, courtoisie et respect.
Les interprètes vont avoir du boulot ! LM♦
26 mars 2018