Allah est grand, les djihadistes sont tout petits

Blanche neige.jpgPar Liliane Messika

On a beau nous seriner, après chaque attentat, que l’islam est religion de paix et de tolérance, certains êtres primaires (dont l’auteur de ces lignes) ne peuvent s’empêcher de penser que les djihadistes eux-mêmes connaissent mieux les commandements d’Allah auxquels ils obéissent que les journalistes chrétiens bien intentionnés.

Pour autant, et pour ne pas risquer les persécutions endurées par l’irréprochable historien Georges Bensoussan, précisons ce qui allait sans dire : l’islam est une religion pour les uns, une idéologie pour les autres, ce n’est JAMAIS un groupe d’êtres humains. NOUS NE PARLONS PAS DES MUSULMANS QUAND NOUS PARLONS DE L’ISLAM. C’EST CLAIR ?

Recrutement au nom d’Allah et pour sa gloire sur Internet
Sur les réseaux sociaux où ils recrutent, les membres de l’État Islamique ne font pas mystère de la raison de leur engagement. L’un des plus prolixes, un jeune Belge, né au Maroc sous le nom de Tarik Jadaoun, a choisi comme pseudo Abou Hamza el-Belgiki (le Belge) pour pratiquer le prosélytisme facebookien.

Ainsi, déjà avant son départ au djihad le 21 mai 2014, haranguait-il ses compatriotes : « O mes frères, revenez à la religion. O musulmans revenez à Allah et à la sunna de notre prophète Mahomet. Par Allah battez-vous, laissez place à votre croyance. (…) Laissez les versets de notre Seigneur soulager votre foi et votre cœur. O jeunesse musulmane, o mes frères, (…) allez-y sans bagages et avec la religion. (…) Inshaallah. »

Abou Hamza Belgiki

Aller sans bagage, OK, mais où ?
Lui, c’est en Syrie qu’il a atterri, le 9 juin 2014 et si ce n’est pas l’islam qui l’inspirait, on se demande ce que signifie le message qu’il a aussitôt posté sur son compte Facebook :

« Comment vous dire… Al-hamdoulillah, Subhanallah, Allahu Akbar » (Louange et merci à Allah, Gloire à Allah, Allah est le plus grand).

Une foi aussi sincère lui vaudrait approbation admirative, si SON Islam était effectivement une religion de paix et de tolérance.

Cela ne semble pas acté par son message suivant, daté du même jour : « Nous avons quitté nos biens et nos familles pour la louange d’Allah, pour faire couler notre sang et celui de nos ennemis. Pour la louange d’Allah, il n’y a ni peur de la mort ni peur de la famine. Pour la louange d’Allah nous combattrons sur la terre des prophètes, de ses compagnons, pour la louange d’Allah ».

Il a dû passer un bel été, le Belgiki, mais pas nécessairement en méditations bouddhistes, car le 21 septembre 2014, il publiait cette romantique carte postale :

Abou Hamza 1ère victime
Carte postale…

On remarque en passant que c’est populaire, les cadavres sanglants : 39 de ses copains ont aimé sa publication…

Consécration médiatique
Celui que The Sun britannique appelle « ISIS Poster Boy » (le pin-up de l’État Islamique) était photogénique et enthousiaste.

C’est probablement ces deux qualités qui lui ont valu d’être qualifié de « nouvel Abaaoud » en référence à son compatriote qui avait organisé les attentats de Paris en novembre 2015. Ultime consécration pour devenir un vrai pipole, France 2 l’a interviewé dans son émission « Compléments d’enquête ».

Dans des vidéos assez terrifiantes, il explique calmement sa détermination de revenir en Belgique pour détruire ce pays : « Jamais vous ne serez en sécurité. Sachez juste que vous avez beau dormir, mais il y a des frères qui se cachent partout le monde. Ils attendent juste l’ordre et ils attaqueront. »

En charge du recrutement Europe et de la formation à la DRH de Daesh
Il ne se vantait pas : il était réellement chargé de superviser les cellules dormantes en Europe et de recruter des candidats au djihad sur ce continent. « J’ai tourné des clips vidéo à Mossoul appelant les moudjahidin d’Europe, particulièrement en France et en Belgique, à mener des attaques suicides. »

Sa fonction ne s’arrêtait pas là : dans le cadre de la propagation de sa religion de paix et de tolérance, Abou Hamza Belgiki endoctrinait les « Lionceaux du califat », une soixantaine d’enfants de 8 à 13 ans, qu’il formait au maniement des armes et à la gloire du Shahada : la mort en martyr pour Allah.

Abou Hamza guerrier
Le guerrier…

La seule chose qu’il n’avait pas prévue : la défaite
Dans ce CV impeccable où la haine de l’occident côtoie toujours l’exaltation religieuse, Tarik Jadaoun avait juste oublié de considérer une possibilité : la défaite.

C’est d’autant plus ballot que c’est justement ce qui s’est produit. Et au lieu de mourir glorieusement au combat sans « peur de la mort » comme il s’en vantait sur Facebook, il a été capturé par le contre-terrorisme irakien en juillet 2017.

Et là, surprise ! Le chevalier Bayard du califat s’est allongé sans qu’il soit même besoin de le menacer de torture. Il a tout raconté : les djihadistes européens, le dressage des lionceaux… Mais c’était pas lui, tout ça, croissant de bois croissant de fer ! Lui il s’occupait des infirmiers qui, eux, s’occupaient des blessés, c’est tout. Une super-Florence Nightingale maroco-belge, quoi. On l’a forcé à tourner les vidéos de recrutement mais j’l’ai pas fait exprès, ma parole, j’le jure sur le Coran !

La justice irakienne ne fournit pas 72 vierges aux djihadistes
Le procès de Tarik Jadaoun el-Belgiki vient d’avoir lieu. Le juge irakien n’a pas eu besoin de plus de dix minutes pour le condamner à la mort par pendaison.

Interviewé par la télévision belge dans sa cellule, le fier djihadiste a fait triste figure : « je crains le verdict du juge parce qu’ici, il y a la… comment on dit ? la peine de mort. Alors j’ai peur. » La juxtaposition de ses vidéos menaçantes et de sa couardise quand il est lui-même menacé vaut le coup d’œil.

Abou Hamza prisonnier
…apeuré

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a demandé aux autorités irakiennes de commuer la peine de mort en prison à perpétuité : « En Belgique comme dans toute l’Union européenne, nous sommes opposés à la peine de mort par principe », a justifié le ministre.

Victime du syssstème cherche victimes tout court
On signale à son collègue de l’Intérieur que Jadaoun avait menacé, dans ses vidéos, de détruire la Belgique et la France.

Au bout de combien de temps le terroriste pourra-t-il espérer sortir d’une prison belge pour mettre sa menace à exécution, si l’Irak accède à la demande de son ministre ?

Logo Liliane MessikaEt question pour Didier Reynders lui-même : En Belgique comme dans toute l’Union européenne, sommes-nous opposés, sur le principe, à mener une vie paisible sans risquer de se faire égorger dans la rue par un pacifique et tolérant djihadiste ? LM♦

26 mai 2018

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