Déstabilisant, surprenant, étonnant, inattendu …Ce sont les mots que nous prononçons en quittant le théâtre des Mathurins ! ….
Un vieux juif de 77 ans s’est installé dans le corps de la blonde et délicieuse Aurore Auteuil. Elle joue avec brio et justesse les personnages de cette pièce : elle a 20 ans, elle est le vieux juif, le psychiatre, les membres de sa famille tous dépassés par sa « folie » ; chacun révèle son inadaptation à la situation, son racisme déguisé toujours présent en un délicat filigrane. Sophie a besoin d’être reconnue et acceptée comme Joseph Rosenblath. Le beau texte jongle avec les mots comme les traits de l’actrice se transforment selon les personnages. Belle, convaincante, elle joue juste. Les transitions subtiles nous tiennent en haleine. Quand l’émotion est trop forte un bon mot nous rend le souffle :
« Vous avez Erasmus, nous avons eu Auschwitz……On nous a offert un voyage culturel en Pologne, il y fait froid, très froid, on est serré dans les trains, on a du mal à accéder à la fenêtre. »
Dans l’ambiance « cocooning » de la petite salle des Mathurins, nous vibrons, subjugués, nous sourions lors du repas de famille organisé le jour de Kippour ; Sophie-Joseph s’indigne contre les andouillettes même s’il ne mange pas, parce qu’il jeûne.
Décalage encore lorsque le vieux juif décrit sa chemise de nuit rose avec trois petits cochons jouant de la flûte. La tragédie sous-jacente reste discrète, à peine effleurée. Quelle douceur lorsque la jeune fille romantique avoue aimer le violon « surtout quand il joue du silence »
Mise en scène très dépouillée dite « sous le regard de Volker Schlöndorff » : une chaise, un vieux manteau, des lambeaux de papier noir sur le sol et…le violoncelliste… Il accompagne le texte avec discrétion, il souligne avec tact les situations, on finit par oublier sa présence mais en même temps il est indispensable…et il joue avec brio. Les échanges de regards sont comme les gestes qui nous permettent de lire les enchaînements d’un tableau.
Ce n’est pas « encore …la Shoah » ça l’est dans la subtilité, la délicatesse. Un moment de plaisir et de tristesse Tout se mêle, à la juive !!!!! EN♦
Eva Naccache, mabatim.info
« Le vieux juif Blonde », Théâtre des Mathurins
Merci pour cette invitation au voyage. On y court dès que possible !
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Vous revoilà Eva, vous nous avez manqué, et cet retour en scène, c’est bien le mot, me propulse dans la baignoire des Mathurins.
Merci aussi pour votre si fine écriture, et revenez !
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Comment dire…
Ce commentaire tout en finesse, plein de subtilité, il nous mets les sens en éveil, il nous donne envie de revoir la piece, et pourtant, je l ai deja vu il y a quelques années.Mais cette fois, ca a l air encore beaucoup mieux….Ou alors, il faut aller la voir avec Eva….
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