De l’histoire avant tout « littéraire »
Les historiens travaillent souvent en vue d’une cause, d’une religion, d’une nation, pour offrir des exemples instructifs ou pour flatter les puissants du moment. De belles histoires sont alors racontées qui sélectionnant quelques faits, simplifient les réalités historiques, qui avec le temps peuvent finir par être difficile à imaginer pour le lecteur. Dans ce contexte, les données chiffrées permettent d’apprécier les conditions réelles des situations qui influencent les comportements. Ceci se retrouve entre autres dans les situations de guerre où les belligérants, quand ils ont le choix, ne s’engagent que quand les conditions sont favorables, suivant en cela le conseil de Sun Tzu dans son fameux livre « L’art de la Guerre ».
Cependant, l’histoire nous montre des exemples où les dirigeants ne suivent pas toujours cette ligne, et se lancent malgré des conditions défavorables. Cela a été le cas par exemple, lors de la Deuxième Guerre mondiale, pour les Japonais face aux États-Unis et même pour les Allemands face à la Grande-Bretagne et la France.
Des données chiffrées sur la Seconde Guerre mondiale
Si l’on considère la puissance économique, le PIB des pays alliés s’élevait à 136 % de celui des pays de l’Axe en 1938 et à 312 % en 1944. Ceci s’est traduit par exemple, par une capacité de production d’armes des alliés globalement très largement supérieure, le Royaume-Uni à lui seul faisant presque jeu égal avec les Allemands, même si ces derniers ont mis en service 67 % de chars en plus que les Britanniques, ils en ont produit 47 % de moins que les États-Unis et 56 % de moins que l’URSS ; au total les Alliés ont mis en service quatre fois plus de chars que les pays de l’Axe.
La puissance économique n’est pas tout, et la mobilisation des hommes et des femmes est un facteur très important. Dans ce domaine, les Alliés ont enrégimenté deux fois plus de soldats que les pays de l’Axe, même si les taux d’enrégimentement en pourcentage de la population ont été bien supérieurs pour les pays de l’Axe par rapport aux Alliés. D’un autre côté, la mobilisation civile des femmes pour produire a été largement supérieure chez les Alliés, atteignant les 69 % des femmes aux États-Unis et 82 % en URSS, contre au mieux 57 % en Allemagne et 53 % au Japon.
Quelles que soient les armes, terre, air mer, les armées de la Deuxième Guerre mondiale étaient dépendantes du pétrole, même si en 1939 seuls le Royaume-Uni et les États-Unis avaient totalement motorisé leur division d’infanterie. Dans ce domaine, les pays de l’Axe sont mal lotis, même si l’Allemagne arrive à couvrir au début 40 % de ses besoins avec de l’essence synthétique issue du charbon, et que les Japonais s’emparent rapidement des sites pétroliers des Indes-Néerlandaises, mais qui sont à 6000 km de chez eux. Finalement, les bombardements des Alliés sur les usines allemandes et les sous-marins américains coulant les tankers japonais auront largement contribué à la victoire.
Au-delà des données chiffrées
Ainsi à la vue des chiffres, les Alliés étaient a priori bien plus forts, mais au-delà des conditions matérielles, il y a en plus la volonté, le talent et la chance. Les pays de l’Axe ont dans un premier temps développé des stratégies gagnantes, démontré une grande efficacité sur le terrain : défaite de la France, conquêtes japonaises jusqu’en juin 1942. Mais les alliés ont su réagir, les Japonais ont été arrêtés au bout de six mois, et les Allemands se sont cassé les dents en URSS, où même s’ils ont été toujours très efficaces jusqu’en 1945 ne perdant encore qu’un char contre quatre chars russes détruits, Berlin a été conquise. Quant à la chance, chaque camp a probablement eu son lot, mais elle est par exemple, au-delà du décryptage du code secret japonais et de la dispersion de leur flotte, un des facteurs qui explique le résultat de la bataille de Midway.
L’histoire ne se résume pas à des données chiffrées, mais ces dernières permettent de fixer des dimensions, que le récit des faits parfois nous fait perdre, en particulier quand le temps mythifie l’événement. Pour rester dans la guerre, Pearl Harbor a fait moins de morts que le 11 septembre 2001 et bien moins que la bataille d’Essling (1809) avec ses plus de 35000 hommes mis hors de combat en 30 heures d’affrontement. Aujourd’hui avec les bases de données partagées il est possible de collecter un nombre très important de données, de mesurer de façon multidimensionnelle des événements et même pour certain de disposer d’une avalanche de chiffres.
De l’infographie pour présenter des masses de données chiffrées
Une avalanche de chiffres ne noiera jamais un chercheur qui, grâce à la technique de l’infographie, peut même facilement les communiquer. L’infographie permet de présenter des informations complexes rapidement et clairement, avec des éléments visuels (couleurs, graphiques, icônes, panneaux, cartes…), des éléments de contenu (texte, faits, statistiques, délais, références…), des faits et la conclusion pour transmettre le message ou l’histoire globale. À titre d’exemple je conseille « L’infographie de la seconde guerre mondiale » aux éditions Perrin, dont sont tirées les données citées dans les paragraphes ci-dessus. MB♦
Michel Bruley, MABATIM.INFO
Interressante analyse , mais les chiffres ne disent pas tout , si en 1940 les anglais s etaient couché et si au lieu d un Churchill , ils avaient eu un Chamberlain , ils auraient ete rapidement balayés … sans la base britannique , les americains n auraient pas pu reconquerir l europe ….on est donc passé tres pres de la catastrophe absolue car il ne faut pas oublier qu en 1940 , l amerique etait isolationniste et gangrenée par des mouvements pro allemands
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