Syrie : « Rififi dans la famille d’Assad »

Assad.jpgSource : News1
4 Mai 2020

Le conflit entre le couple Bashar et le cousin de Bashar, Rami Makhlof s’aggrave. Ce cousin milliardaire, soutenu par la Russie, serait à l’origine des fuites qui font état de faits de corruption, imputés au couple présidentiel syrien. Il n’est pas impossible que le cousin embarrassant fasse l’objet d’un règlement de comptes. On estime en Syrie, que le président syrien prendra à l’encontre de Rami Makhlof des mesures radicales, telles que la liquidation de ses affaires en Syrie et son bannissement du pays.

Rami Makhlof est un magnat, dont l’empire est estimé à 6 milliards de dollars. Il est réputé fuir les médias. Sa dernière apparition remonte à mai 2011, où dans une interview accordée au New York Times, il a livré un message à Israël : « Il n’y aura pas de sécurité en Israël s’il n’y a pas stabilité en Syrie ».

Ce conflit au sommet de la direction syrienne est devenu insoluble, car Bashar estime que son cousin a trahi non seulement sa personne, mais toute la Syrie en général, et la communauté alaouite en particulier.

Dans un geste des plus inhabituels, Rami Makhlof a publié la semaine dernière une longue vidéo sur sa page Facebook, montrant qu’il avait été lésé, car il aurait été imposé injustement par rapport à ses revenus réels. Par la suite, il avait demandé au président Bashar Assad de ne pas réclamer d’impôts injustes, sur les revenus de 100 millions de dollars de ses sociétés, SYRIE-TEL et MTN Group (opérateurs téléphoniques en Syrie).

Le régime syrien a vivement réagi à la vidéo, affirmant avec force : « Ce sont des fonds publics et la Syrie mettra tout en œuvre pour obtenir ces sommes de manière légale. Des responsables syriens disent que Rami Makhlof a agi de manière imprudente, car il aurait publié la vidéo sur les conseils du Kremlin. La publication de cette vidéo a rendu, pratiquement impossible une réconciliation entre Bachar et Makhlof, d’autant plus que c’est l’épouse de Bachar, Assma, qui est en première ligne de la lutte contre Rami Makhlof.

Selon les observateurs, le régime syrien devrait imposer à Rami Makhlof des sanctions telles qu’interdiction de quitter le pays, blocage de ses comptes bancaires, nationalisation de sociétés commerciales, arrestation et même exil à l’étranger. Bachar Al-Assad procéderait de la même façon que son père le président Hafez Alasad qui avait exilé son jeune frère Rafat Alasad en 1983 qui vit toujours à l’étranger. Dans une autre apparition filmée sur sa page Facebook, le 3 mai dernier, Rami Makhlof a annoncé que la sécurité syrienne avait commencé à arrêter des cadres et des responsables de ses sociétés commerciales.

Muhammad, le père de Rami Makhlof, vit en Russie avec son frère Hafez, où ils ont de nombreuses entreprises. Le père de la famille Makhlof a été surnommé « Monsieur 10 %, car il est connu pour prendre une commission de 10 %, sur chaque transaction qu’il réalise.

La source du conflit n’est pas vraiment la dette financière de Rami Makhlof envers l’État syrien. C’est sa contestation envers le régime qui irrite le plus Bachar Al-Assad. La Syrie doit à la Russie quelques 3 milliards de dollars. Cette dette n’a pas empêché Bachar Assad de faire un cadeau somptueux à sa femme, en achetant à Londres un tableau pour 30 millions de dollars. Rami Makhlof est perçu dans la communauté alaouite en Syrie comme une figure positive, qui œuvre contre la pauvreté, soutient des œuvres caritatives et qui réserve des emplois dans ses sociétés, en priorité aux membres de la communauté alaouite. Bashar Al-Assad, en revanche, est perçu en Syrie et plus largement dans le monde arabe, comme un corrompu.

Le rôle de l’épouse du président Bachar Al-Assad, dans le conflit

Asma Assad, l’épouse du président syrien, est mécontente du comportement de la famille Makhlof, car pleinement attachée au pouvoir et à l’influence de son mari. Elle s’efforce de privilégier ses proches (elle est de la famille al-Aghers) en les intégrant dans les sociétés d’investissement et commerciales syriennes, « discriminant » par là même la famille Makhlof. La rupture de Bashar Assad avec la famille Makhlof a créé un vide, qu’Asma Asad essaie de combler par les membres de sa famille, tels que son père Fawaz al-Aghers, le cousin, l’homme d’affaires Mohand Aldba’a ou son parent Tarif Al-Aghers.

Il semble que le conflit entre les familles Makhlof et al-Aghers soit sur le point d’entrer dans une phase dangereusement aiguë. En Syrie, on estime qu’Asma Al-Asad aurait ourdi la prise de contrôle des sociétés de Rami Makhlof SYRIA-Tel et MTN, car elle aurait décidé de se venger des fuites, orchestrés par la famille Makhlof contre elle et son mari

Et maintenant, quel avenir ?

La famille Makhlof, qui pendant de nombreuses années a été l’un des piliers du régime syrien et de ses symboles, telle la corruption, et notamment tout au long de la guerre civile de 2011, semble, sous influence russe, changer son fusil d’épaule. Il ne faut pas oublier que grâce à ses entrées au Kremlin, la famille Makhlof a mis en place des forces armées qui ont aidé Bachar Al-Assad à réprimer les opposants au régime. C’est pour cela que les administrations américaine et européenne ont imposé à la Syrie d’Assad des sanctions financières. Outre les problèmes financiers, des tensions politiques semblent avoir surgi entre le Kremlin et le président Bashar Al-Assad concernant l’avenir de la Syrie.

Selon les sources russes et syriennes, le président Poutine souhaiterait remplacer le président Bashar Al-Assad afin de faire un pas vers l’opposition syrienne et de cette façon essayer de stabiliser la situation intérieure en Syrie. Cette solution devrait également être acceptable pour la communauté internationale et la Turquie. À plus long terme, Poutine souhaite réduire la présence militaire iranienne en Syrie, car cette présence oblige Israël à des frappes militaires, ce qui empêche l’établissement d’un climat géostratégique apaisé, en vue d’amener le calme dans la région.

Le président Bashar Assad, par contre, est plus proche de l’Iran, ce qu’a confirmé la récente visite du ministre iranien des Affaires étrangères Jawad Zarif à Damas. L’Iran signale à Moscou que Bachar Al-Assad bénéficie d’un soutien iranien massif.

En Syrie, courent d’innombrables blagues sur le régime, l’une d’elles raille le conflit entre les familles Assad et Makhlof comme une « querelle de voleurs ». Personne en Syrie ne sait dire de quoi l’avenir sera fait. Espérons que les prochaines semaines nous apporteront une réponse à cette question. EG

Edouard GrisÉdouard Gris, MABATIM.INFO
Traduction et adaptation

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