Intersectionnalité des conneries, oups… des menstrues monstrueuses

Cachez ce nom de « femmes » que je ne saurais voir

« Les règles arrivent au moment de la puberté, généralement entre 10 et 16 ans, chez les personnes qui ont un utérus (Planning Familial) » expliquait, le 26 décembre dernier (2020) le Planning Familial, un organe qui se définit comme « Mouvement féministe et d’éducation populaire, qui milite pour le droit à l’éducation à la sexualité, à la contraception, à l’avortement et à l’égalité hommes-femmes. »

Le Planning a été créé en 1960, à une époque où les moins de 20 ans ignorent que les femmes étaient inégales en droit de disposer de leur corps, puisque l’égalité des conséquences de cette liberté a été gagnée de haute lutte dans la décennie suivante : le droit à la contraception n’a été légalisé qu’en décembre 1967 et celui à l’avortement, sept ans plus tard, en janvier 1975.

Aujourd’hui, devenu un acteur incontournable du quotidien féminin, il se concentre sur les infections sexuellement transmissibles et l’égalité des droits pour les LGBTQI+ à travers la lutte contre les violences LGBTphobes.

Marketing

Il est difficile d’imaginer une autre raison que purement marketing pour expliquer l’utilisation d’une métaphore alambiquée dans le but d’éviter le mot « femmes » : les dons et les cotisations proviendront de sympathisants qui n’ont pas à se soucier d’élever une famille, d’où l’intérêt de courtiser la branche LGBT, jamais à court d’une revendication pour ses multiples spécificités.

Afin que la différence entraîne une différence des droits, il est indispensable de passer par la case « victime. » C’est dans cette optique qu’a dû être choisi le thème de la « lutte antiviolences ».

Ces violences existent : il y en a eu 1874 en 2019 (Centre d’Observation de la Société) et elles frappent (dans tous les sens du terme, mais en majorité verbalement : 51,7 %) une population très minoritaire qui s’auto-estime à 170 000 personnes. C’est infime par rapport aux 50 % de femmes qui étaient concernées, en 1960, par l’égalité des droits.

Pour faire accéder les LGTB au statut d’espèce en danger, une des techniques consiste à ne parler des stigmatisations et des stigmatisés qu’en termes de pourcentages plutôt que de donner les chiffres réels. Ceux-ci qui attesteraient, en effet, que les 75 % d’hommes victimes de ces violences sont au nombre de 1405, que les 1,4 % victimes de viol ou d’agression sexuelles représentent 26 personnes, sur une population totale de 67 millions.

Nul ne conteste que les violences perpétrées en raison d’un choix sexuel doivent être punies avec sévérité, comme devraient l’être les 687 faits antisémites (sur une population d’un demi-million), les 1052 faits anti-chrétiens et les 154 faits antimusulmans (sur une population d’environ dix millions) qui se sont produits pendant l’année 2019 (Ministère Intérieur).

Gommer les femmes protégera-t-il les LGBTQI ?

Dans notre pays, la libération des femmes a eu lieu, sauf dans certains quartiers, mais ce sont justement ceux où les féministes ne mettent pas le bout de leur règle… à calcul.. Pourquoi, alors, lorsqu’on informe sur les règles, refuser de dire à qui l’on s’adresse ?

Les « personnes qui ont un utérus » sont des femmes, quelle que soit la façon dont on le formule, de la même façon qu’une ZSP, zone de sécurité prioritaire, est une « zone de non-droit ». La métaphore ne modifie pas l’objet qu’elle décrit, elle montre juste la pusillanimité de celui qui l’utilise.

L’adjectif « hystérique » tel qu’il était utilisé par Freud, étant issu du mot ’utérus’, ne pouvait qualifier qu’une femme. Le père de la psychanalyse l’avait fait exprès, refusant de voir que les symptômes qu’il décrivait pouvaient aussi toucher des hommes. Autres temps, mêmes mœurs, mais plus apparents.

La question du nom des femmes s’était déjà posée en anglais

La victime – réelle – d’une campagne de procès d’intention, en juin 2020, était J.K. Rowling, auteur d’Harry Potter :

« Déjà accusée de transphobie auparavant, J.K Rowling a estimé sur Twitter, ce dimanche, que seules les femmes peuvent avoir leurs règles, niant l’expérience de certains hommes trans menstrués (Marie-Claire). »

Interrogez votre gynéco, Mesdames, ou le gynéco de votre compagne, Messieurs, et la médecine (pas le féminin de « docteur », mais la science médicale) vous répondra que sans utérus en état de marche, aucune menstruation ne peut se produire. « Les menstruations sont le résultat de la préparation de la couche interne de l’utérus, laquelle s’épaissit et se remplit de vaisseaux sanguins en vue d’une grossesse éventuelle. Si la grossesse n’a pas lieu, la couche interne épaissie s’évacue avec des saignements (Gynécologues Canada). » Donc quand Madame Rowling faisait valoir qu’il existait un mot simple définissant avec précision le concept de « femme », elle ne se livrait pas à une insupportable violence anti-trans, elle faisait état d’un fait biologique.

Si le chapô de Marie-Claire avait été autre chose que le copié-collé d’un tract, il n’aurait pas prétendu que l’accusée niait l’expérience de certains hommes trans menstrués, car les hommes trans ne peuvent pas être menstrués.

Une femme qui veut devenir un homme, mais dont le cycle hormonal n’est pas encore bloqué dans l’objectif d’une future opération, peut avoir des menstrues, mais elle est toujours une femme, même si elle a une allure de camionneuse. Un homme qui a déjà subi la transformation, n’a toujours pas d’utérus et n’aura donc jamais de règles. Dura lex, sed lex : la règle est dure mais c’est la règle !

Se plaindre pour exister

Les choix sexuels, comme les options religieuses, sont des affaires privées, qui n’ont pas plus à être critiquées (ou violentées) que rendues publiques. La tolérance, c’est l’indifférence. Dans notre pays, on ne stigmatise plus les homosexuels et on ne criminalise plus l’avortement.

Ceux qui, pour se sentir exister, ont besoin d’étaler sur la place publique de prétendues injustices à base d’accords grammaticaux, feraient bien d’aller voir du côté des Territoires palestiniens où l’on jette leurs homologues du haut des toits. Ils y gagneraient en sens de la mesure et de la perspective. Mais, justement, cela ne risque pas d’arriver, car ils font partie des troupes défilant à la Gay Pride aux cris de « Li-bé-rez-la-Pa-lestine ! » et « Du fleu-v’à-la-mer, Pa-lestine vain-cra ! »

À force d’intersectionnaliser les luttes, les gays et lesbiennes hexagonaux exigent que l’on jette à la mer ceux qui défendent leurs frère.sœur.s, afin de libérer de toute contrainte ceux qui les tuent et les persécutent…

Témoignage crétin, un mensuel

« Vous êtes-vous un jour retrouvé dans des toilettes publiques sans savoir où jeter votre tampon usagé ou une serviette hygiénique ? Moi, oui, presque chaque jour où j’ai mes règles. Pourquoi ? Parce que j’utilise les toilettes pour hommes.
Je suis un “menstruateur” trans non binaire, dont l’utérus saigne tous les mois mais qui s’identifie en dehors des catégories fixes homme-femme. Tous les mois, je suis confronté aux mêmes difficultés créées par un monde refusant de reconnaître que les femmes ne sont pas les seules à avoir leurs règles (Huffington). »

Ben si, les femmes sont les seules à avoir leurs règles. Vous avez beau vous sentir investi d’une singularité qui rend votre genre pluriel, cela ne vous empêche pas de placer votre tampon usagé dans l’emballage du nouveau et de le jeter dans la poubelle qui se trouve à droite du lavabo, à l’extérieur des toilettes. Sauf si vous êtes gaucher et que vous exigez qu’on change les poubelles de côté pour vous agréer…

« Il ne faut pas confondre dysphorie individuelle et problème de société » (Modeste Monmari)

Les « transgenres » souffrent de ce que l’on nomme « dysphorie du genre », c’est-à-dire qu’ils se sentent homme dans un corps de femme, ou l’inverse. C’est certainement, pour eux, une grande douleur psychologique, mais cela correspond à un malaise individuel, pas à un problème que la société doit résoudre en modifiant son système juridique ou grammatical.

Lorsque le Planning familial écrit un texte exigeant la gratuité pour « touStes », c’est-à-dire pour « tous celleux qui sont menstrués (Planning Familial) », cela ridiculise l’organisation et montre une préoccupation de fashion victim plus que de redresseur de torts. En témoigne ce choix de privilégier une centaine de militants en écrivant dans un sabir qu’ils sont les seuls à comprendre et d’empêcher le reste de la population de savoir de quoi il s’agit.

La stigmatisation existe, mais les « trans menstrués » ne l’ont pas rencontrée

D’après l’ONU,

« De nombreux droits universellement reconnus sont mis en péril par la façon dont les femmes et les filles sont traitées durant leurs règles. (Nations Unies) »

Sont cités : le droit à la dignité humaine, à l’éducation, au travail, à un niveau correct de santé et de bien-être et enfin à la non-discrimination et à l’égalité des genres. L’ONU parle de pays où

« Les questions de santé spécifiques aux corps des filles et des femmes (pas seulement les règles mais aussi la grossesse, l’accouchement, les changements pendant la période post-partum ainsi que la ménopause) ont souvent été ignorés par les décideurs, les responsables politiques, le domaine de l’éducation et même le monde médical. »

Il s’agit là d’étapes spécifiques de la vie des femmes, qui ne concernent qu’elles, quels que soient leurs choix sexuels et/ou leur appréciation psychologique de la cohérence entre leur corps et leur identité.

Le délire du désir de persécution

Jonathan Van Ness est un visagiste britannique. Sa notoriété et, avec elle, son sens moral et sa légitimité pour agresser un écrivain, proviennent du fait qu’il co-anime une émission sur Netflix. Il s’est joint à la meute (un million de tweets !) qui a poursuivi J.K Rowling de sa violence, en des termes qui demandent à être explicités :

« Les femmes trans sont des femmes. Les personnes trans noires et les personnes trans non-noires sont discriminées tous les jours. Elles meurent. Nous nous battons en ce moment pour les personnes noires et les personnes trans, et vous écrivez ça ? (Marie-Claire) »

Exégèse :

  • « les femmes trans sont des femmes ». Justement, Rowling s’élevait contre le fait d’user d’une métaphore absurde pour parler des femmes. C’est cela, exactement qu’elle écrivait. Il lui donne donc raison ?
  • « Les personnes trans noires et les personnes trans non-noires sont discriminées tous les jours. Elles meurent. » Apparemment, si les trans noires et non noires meurent de la même façon, pourquoi noter noir sur blanc que la couleur n’y a aucune part ? Le racisme existe partout : les noirs sont souvent discriminés dans les pays à majorité blanche, les blancs dans les pays à majorité noire… et en France, où la haine de soi est développée comme un art de vivre et, surtout, de mourir. Quel rapport avec les menstruations, qui n’ont, elles, de rapport qu’avec un utérus ?

Un autre philosophe, Zeke Smith, un transgenre qui peut arguer du titre d’ex-candidat à la version US de Koh-Lanta, a tweeté : « Je suis un homme ! J’ai mes règles ! ». Non : ou bien il est un homme, ou bien il a ses règles, mais les deux sont physiologiquement antinomiques.

Sa conclusion est révélatrice de l’infantilisation de notre société : « J’en ai marre que le monde fasse comme si mon corps, ce que je vis, n’existait pas. »

S’il consultait un psychanalyste, ça lui coûterait plus cher que de bramer sur Twitter, mais ça lui rapporterait probablement une piste de réflexion sur son abyssal besoin de reconnaissance.

On peut avoir un utérus ET du bon sens

Fatiha Boudjahlat, prof d’histoire-géo à Toulouse, a déjà démontré brillamment son bon sens dans son livre Le Grand Détournement, sous-titré Féminisme, tolérance, racisme, culture, paru en 2017. Elle y détricote les discours indigéniste et identitaire pour ce qu’ils sont : du racisme.

À défaut d’entretenir la Cité de ses règles, elle note les accointances contre-nature entre les gay-prideurs et les salafistes sans mâcher ses mots :

« Seules les femmes ont des utérus. Seules les femmes ont leurs règles. Seules les femmes peuvent tomber enceintes. Je ne comprends pas ce grand écart : soutenir les délires misogynes de la déconstruction et ceux de l’orthodoxie islamique. Compliment pour la souplesse (la Dépêche) ».

Et à part la gym ?

Il serait bon de remplacer par un peu d’humanisme véritable les innombrables revendications de modifications juridiques exigées par chacun des individus à singularités nanométriques.

En 1935, Thomas Mann nous avertissait déjà du risque que nos excès nous faisaient courir :

« Ce qu’il faudrait aujourd’hui, c’est un humanisme militant… qui se convaincrait que le principe de liberté, de tolérance et de doute ne doit pas se laisser exploiter et renverser par un fanatisme dépourvu de vergogne et de scepticisme. Si l’humanisme européen n’est plus capable… de prendre conscience de sa propre âme, avec une vigueur, une force vitale fraîche et guerrière, alors il périra.1 »

Le pire n’est pas que c’est vrai, mais que ça l’est encore plus, 66 ans après ! CA♦

Cécile Attal, MABATIM.INFO

1 Avertissement à l’Europe, Thomas Mann, Gallimard, 1937, Préface d’André Gide.

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