Comment a crise politique nuit à la sécurité d’Israël

JISS Institut d’Etudes Stratégiques et Sécuritaires de Jérusalem,
prof. Efraïm Inbar
4 avril 2021

Menaces la sécurité d’Israël : non décision sur les questions de sécurité, le parti des Frères musulmans devenu « faiseur de roi », désunion du pays,…

Les résultats de la quatrième élection ont montré de nouveau, l’impossibilité d’une décision politique claire. Il existe une possibilité raisonnable d’une cinquième élection et cette situation dure bientôt depuis deux ans. Tout cela n’est pas seulement indicatif d’un problème interne israélien, mais montre l’érosion la sécurité d’Israël et de son statut international.

Le système politique en Israël empêche l’avènement de la stabilité politique, requise pour le bon fonctionnement de l’establishment de la défense. L’illustration de ce fait est le manque de décisions budgétaires à moyen et long terme. Lorsqu’il a pris ses fonctions, le chef d’état-major Aviv Kochavi a tenté de lancer un plan pluriannuel, appelé « Tnufa » (impulsion) pour les années 2020-2024, mais l’instabilité politique et la crise de la Covid, ont fait que le plan n’a pas reçu la validation de l’échelon politique. L’armée essaie, avec les ressources actuelles, de mettre tout de même en route, ce plan de financement, mais l’incertitude quant à l’avenir, décourage les bonnes volontés.

Il ne fait aucun doute que le processus décisionnel sur les questions de sécurité est actuellement inopérant. Les politiques israéliens sont occupés à gérer les crises politiciennes et à faire campagne. Heureusement que les fonctionnaires de l’establishment de la défense continuent de travailler et proposent des solutions de financement alternatives. De plus, la crise politique actuelle nuit à la dissuasion israélienne. Israël, champion du monde de la vaccination de sa population contre la Covid, est considéré par le monde entier comme une puissance High Tech, économique et militaire. Malheureusement, cette image est altérée en raison de l’incapacité, des politiques israéliens, à former un gouvernement stable et de relever les défis sécuritaires auxquels le pays est confronté.

La crise politique actuelle montre Israël comme pays divisé et qui risque de s’effondrer sous la pression des événements. Cet effondrement est espéré et souhaité par l’élite politique de Téhéran et autres ennemis d’Israël. La persistance de cette situation, donne espoir à ceux qui croient que l’État juif est un phénomène éphémère, renforce leur détermination pour poursuivre la lutte contre l’État juif. Quoi qu’il en soit, malgré le large consensus dans le pays sur la plupart des questions de sécurité, les campagnes électorales accentuent les différences sociales et politiques, qui rongent la cohésion sociale. La poursuite de la crise politique traduit la faiblesse de la société israélienne et incite à l’agression

La poursuite de la situation politique actuelle, invite également à l’implication de partis étrangers dans la politique israélienne. Dans le passé, les gouvernements américains n’ont pas résisté à la tentation d’influencer des élections israéliennes. L’Autorité palestinienne ne s’est pas non plus, abstenue d’influencer le public arabe dans le pays. La prolongation de la crise crée des opportunités supplémentaires pour attiser des antagonismes de la société israélienne.

Les récentes élections ont favorisé l’émergence d’un parti arabe (Ra’am, parti islamiste) qui est devenu « le faiseur des rois » et qui peut peser sur l’identité du Premier ministre. C’est, bien sûr, une opportunité d’améliorer l’intégration des Arabes israéliens dans le système politique et social d’Israël. C’est aussi l’occasion de répondre aux détracteurs à l’étranger, que la démocratie israélienne est imparfaite, parce qu’elle exclut les Arabes de la citoyenneté israélienne. Les débats publics pour savoir s’il est juste de compter sur le soutien de ce parti pour obtenir une coalition majoritaire, et en particulier les voix discordantes du parti extrême droite « Otzma Yehoudit », nuisent à l’image d’Israël, en tant qu’État éclairé.

Bien sûr, la question est plus complexe si l’on considère que les pays arabes avec lesquels nous entretenons des relations diplomatiques considèrent l’identité islamique du parti Ra’am comme très négative. L’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc se battent avec acharnement contre l’extrémisme religieux inspiré par les Frères musulmans. Le parti Ra’am est une version israélienne des Frères musulmans. Si un gouvernement est finalement formé en Israël, avec le soutien de Ra’am, Israël devra donner des explications aux pays arabes modérés. Les dirigeants israéliens doivent reprendre leurs esprits et trouver, de façon urgente, un accord de coalition, si non la sécurité d’Israël peut être gravement compromise. EG

Édouard Gris, MABATIM.INFO
Traduction et adaptation

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