Le sens des mots est interdit

L’inconscient étant structuré comme un langage, les élites occidentales succombent à une schizophrénie aiguë, accélérée par l’inversion du vocabulaire de la morale. Les victimes sont désormais des coupables et les coupables innocents, les effets sont jugés comme des causes et les causes balayées sous le tapis de l’inconscient.
Le cancer linguistique qui gangrène les valeurs fondamentales de la civilisation s’est illustré, en ce mois d’octobre 2021, par deux exemples intersectionnés : la sanctification d’un dictateur de gauche et la crucifixion d’un humoriste de droite.
Invertis sacrifiés sur l’autel de l’inversion des valeurs
À l’occasion du 54ᵉ anniversaire de la mort de Che Guevara, ses thuriféraires ont remis en Une la photo du photogénique dictateur, transformé post mortem en héros romantique et en symbole de liberté. Sa barbe et son béret suffisent à transfigurer n’importe quel T-shirt en produit de luxe pour bobos en sarouel de la gauche quinoa et militants du sexe genré arc-en-ciel.
Soyons clairs, El Comandante n’était pas un idéaliste passionné, mais une brute machiste et un assassin dictatorial.
Dans la première fake news de son histoire, il jouait un second rôle. Cela date de 1957, précisément du dimanche 24 février. Fidel Castro, petit révolutionnaire réfugié dans la sierra, avec quelques brutes (dont le Che) et autres dealers, apparut en Une du New York Times (Scribd) en démocrate fan de justice sociale et d’élections libres, crédité d’une armée puissante. Cette intox se révéla auto-prophétique. Guevara avait participé à la gestation de la dictature pour autrui en tant que parent n°2.
Le refrain que les trois ténors de la tyrannie (Fidel, Raùl et Ernesto) faisaient chanter aux Cubains est l’archétype même de l’inversion linguistique :
« Revolución Si, Elecciones No ! »
La révolution avait pour but de mettre les élections à la portée de tous les campesinos. Elle avait mué en grand remplacement d’un tyran de droite par des tyrans de gauche.
La participation du Che avait été fondamentale : il avait supprimé toutes les libertés et créé un système de surveillance systématique, semblable à celui du IIIᵉ Reich, puis de l’URSS (la Vie des Idées). Avec la même brutalité et la même absence de tout recours pour les victimes du régime.
Qu’importe le réel : les étudiantes occidentales continuent de le rêver en Robin des Bois.
Les LGBT qui défilent dans les Gay Prides en arborant le T-shirt au béret, font un contresens panurgique. À Cuba, les homosexuels sont, encore aujourd’hui, enfermés dans des goulags ad hoc (Inrocks). L’écrivain Reinaldo Arenas a raconté, dans son autobiographie, les décharges électriques qu’il a reçues pour le convaincre de revenir dans le droit chemin de l’hétérosexualité (Amazon).
Che Che Che ! Che Gue-va-ra !
Au lieu d’un appel à la vengeance, ce slogan est le cri de ralliement d’une jeunesse woke, qui se croit éveillée à l’injustice et s’imagine la combattre avec des méthodes aussi dictatoriales que celles de son héros. Le Che de chair et de sang (surtout celui des autres) a mis La Havane en coupe réglée grâce à la police secrète qu’il a copiée sur le KGB et aux tribunaux révolutionnaires qu’il a présidés et dont il a même exécuté personnellement les sentences de mort.
La liste de ses suppliciés comprend les classiques victimes de dictatures, de droite comme de gauche : d’abord les opposants (ennemis du peuple) et les traîtres, puis les ennemis de l’intérieur, les tièdes et enfin ceux qui auraient pu l’être ou qui sont dénoncés comme tels.
Staline, Franco, Mao, Castro, Guevara, Pinochet, Pol Pot : même combat de la force brute contre la liberté individuelle…
Le bourreau de légende et l’assassinat social d’un humoriste
« Commençons par écarter tous les faits, pour nous en tenir aux choses sérieuses, les légendes »,
a dit un jour Régis Debray, compagnon de route du Che. La dictature du prolétariat n’est pas une légende. Surtout la partie « dictature ». Les étudiants français détestent les USA et rêvent de révolution, mais leurs homologues cubains cherchent à fuir la révolution et à s’exiler aux États-Unis.
Loin du Buena Vista Social Club, les exilés à Miami peuvent regarder, sur le Net, le show d’un certain Dave Chappelle. Contrairement à ce que suggère doublement son nom, l’artiste n’est ni français ni prêtre, mais américain et humoriste.
(NDLT : De l’autre côté de l’Atlantique, les humoristes ne se contentent pas de faire la morale avec componction et de se moquer des curés : ils font rire.)
Le show de Chappelle est diffusé sur Netflix. Est ou était ? Zat is ze question, car des salariés de la plateforme ont décidé une grève pour le priver de diffusion. Son crime ? Ne pas révérer le transsexualisme en tant qu’alpha et oméga de la souffrance. Il a osé se moquer du sérieux papal des trans, comme s’ils étaient des gens normaux, dont on pouvait parler sans tourner sept fois sa langue dans… Oups ! TMI, comme disent les Américains : Too Much Information ! (En français « Chut ! Ça ne nous regarde pas ! »)
Sept milliards de petits hétéros, hélas hélas hélas !
La population mondiale compte près de sept milliards d’individus. La biologie distingue les mâles des femelles, la médecine les bien-portants des malades, l’économie les actifs des inactifs. Exception : les LGBTQQI2SAA, qui ont pris l’initiative de se ségréguer en une catégorie à part, constituée de micro-organismes, euh, micro-organisations.
Les particularités sexuelles listées dans ce sigle extensible ne devraient pas sortir des alcôves. Mais il ne faut pas le dire sous peine d’être discriminé en multi-O’phobe, voire en raciste tout court, encourant l’opprobre des bien-pensants.
Les médias savent apprécier la richesse que ces particularités ajoutent à leur applaudimètre. L’aura médiatique a le même effet sur les conversions à la dysphorie de genre que sur la vente des barils de Justice-pour-Adama : les adhésions à la secte se multiplient plus vite que les portées de lapins. Cette croissance démographique paradoxale est l’hommage du vide de l’esprit au génie de la pub.
David Chappelle, lui, ne vend pas de politique, juste du rire et du bon sens. Il affirme que « le genre est un fait » (sous-entendu : pas un choix fluctuant qui permet de squatter les médias) et il prétend que l’hyper-susceptibilité de la communauté trans n’a pas une origine divine qui interdirait de la contextualiser. Pour la première offense, il est passible du pal et de la roue. Pour la deuxième, rien de moins que la mort sociale.
Logique binaire des victimaires
Le boss de Netflix, Ted Sarandos, a réagi de façon rationnelle à la grève de ses salariés et il a prié pour son Chappelle :
« Son spectacle est populaire, il représente une expression importante de la liberté artistique et n’aura pas de répercussions dans le monde réel (Huffington /AFP). »
Il se trompe. Le monde « réel » a dépassé en effets spéciaux les séries de SF : les multiculturels du troisième type ont investi la 24ᵉ dimension et chaque particularité individuelle donne droit à un tantième de victimitude.
Le Rotary victimaire recrute à tout va : les indécis du sexe, les confondus du genre, les allergiques à la gaudriole seront bientôt rejoints par les gauchers, les myopes, les chauves, et pourquoi pas, les moches et les bêtes. Après la PMA et la GPA pour tous, bientôt la prise en charge par la Sécurité Sociale de la chirurgie esthétique et de la greffe de QI ?
En attendant, les « trans », portion infime de la mini-catégorie protéiforme des LGBT’ETCŒTERA, ont réussi à s’ériger en frontière morale entre le bien, alias transophiles, et le mal : transophobes + sans opinion.
Quand on pense que leur devise :
« Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous (le Devoir) »
est celle que George W. Bush a utilisée pour lancer la guerre en Irak, on hésite entre le chagrin et la pitié. CA♦

Cécile Attal, MABATIM.INFO
Bravo ma cousine c’est exactement ce que je pense ! Et en plus j’ai appris le mot dysphorie !
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Très bon article de Cecile Attal. Et quelle belle plume!!
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