
Par Yoni Ben Menahem, News1
19/11/2021
Le Hamas annonce qu’il a mis en place des unités spéciales pour faire face aux cyberattaques d’Israël contre les Palestiniens. Pour l’instant, l’armée israélienne rencontre des difficultés à pénétrer le système de communication spécial du Hamas, dans la bande de Gaza, mais la guerre du renseignement continue. Le Hamas reçoit une assistance technologique de l’Iran et la cyber-offensive aura une place importante dans la prochaine guerre.
À la suite d’une conférence de presse tenue par des organisations palestiniennes de défense des droits de l’Homme et d’une annonce du ministère palestinien des Affaires étrangères, selon laquelle Israël utilisait le logiciel espion « Pegasus » de l’entreprise israélienne NSO afin d’espionner les téléphones de hauts responsables palestiniens ainsi que des militants des droits de l’Homme, le Hamas a annoncé la mise en place d’unités spécialisées pour contrecarrer les cyberattaques d’Israël.
Des sources du Hamas ont déclaré au journal libanais Al-Akhbar, que le Hamas avait, ces dernières années, considérablement amélioré ses cyber-capacités et qu’il avait en mesure de détecter les logiciels espions israéliens et même de les « retourner » contre Israël. Il s’agit d’une guerre secrète du renseignement entre Israël et les organisations terroristes, qui dure depuis plus de 15 ans. Elle s’est intensifiée en raison de l’utilisation généralisée des smartphones et du développement des logiciels espions. Israël contrôle totalement les communications sur la rive Ouest (Cisjordanie) et à Jérusalem-Est.
Les autorités de l’organisation terroriste affirment avoir détecté l’intrusion logicielle de l’unité 8200 de Tsahal (unité de guerre électronique), dans les téléphones de hauts responsables du Hamas et avoir « retourné » certains de ces logiciels contre Israël. Le Hamas soutient qu’Israël a installé des équipements d’écoute du réseau téléphonique palestinien dans le passage Herez, entrée Nord depuis Israël vers Gaza. Grâce aux informations récoltées par ce système, le Shabak (services de sécurité intérieurs israélien), toujours selon Hamas, font chanter des Palestiniens, afin qu’ils collaborent avec Israël. Il y a environ six mois, lors de l’opération « Gardien des murailles », Tsahal, lors d’une élimination ciblée, avait supprimé Juma’a Tahla, qui était le chef du cyber-réseau du Hamas et bras droit de Muhammad Def, chef d’état-major du Hamas.
L’Iran subventionne et soutient le Hamas dans le domaine de la cyberguerre et dispose de diverses capacités d’action contre Israël. Son réseau informatique, bien développé, s’occupe d’opérations d’espionnage, de contre-terrorisme et même de cyberattaques contre des cibles israéliennes. Les spécialistes israéliens de sécurité électronique estiment, que lors de la prochaine confrontation armée avec le Hamas, celui-ci tentera de mener des cyberattaques contre des hôpitaux, des banques et des centres de production et de distribution d’énergie (électricité, gaz et carburants) israéliens.
« Le Hamas suit en permanence les cyberattaques attribuées à Israël et s’efforce de les imiter »,
a déclaré un haut responsable de la sécurité informatique de l’organisation.
Juma’a Tahla, éliminé par Israël, avait crée un groupe de cyberattaques appelé GAZA CYBERGANG arabophone, dont les buts étaient l’infiltration d’agents d’espionnage dans tout le Moyen-Orient. Le Hamas a utilisé des cybercriminels sur les réseaux sociaux. Il a créé de faux profils sur Facebook, afin de piéger des soldats de Tsahal, en vue de les obliger à introduire des logiciels du type « chevaux de Troie » dans les ordinateurs de l’armée. Le groupe GAZA CYBERGANG s’était efforcé d’espionner diverses institutions de l’Autorité palestinienne, des États-Unis et de l’Europe.
Opération « Pointe de l’Épée » du Hamas
Par ailleurs, le Hamas a marqué cette semaine le 3ᵉ anniversaire de l’opération « La pointe de l’épée » (Had a-Sif en arabe) dans la région de Khan Yunis au sud de Gaza, où une patrouille de « Les éclaireurs de l’État-major » (Sayeret matkal), unité d’élite israélienne qui avait pénétré de nuit dans Gaza et avait été découverte. Lors des échanges de tirs engagés avec les terroristes, le colonel « M » avait perdu la vie. Selon des sources du Hamas, Israël a tenté, depuis l’opération « Bordure protectrice » en 2014 d’infiltrer le système de communication de l’aile militaire du Hamas. Selon le Hamas l’entrée de l’unité Sayeret matkal était destinée à la mise en place, à l’intérieur de Gaza, d’équipements secrets d’écoute et d’espionnage des réseaux de communication du mouvement terroriste.
En mai 2018, l’unité spécialisée du Hamas a localisé un dispositif de piratage de leur réseau de communication dans la région de Zawida dans la bande de Gaza. Lorsque les ingénieurs du Hamas ont tenté de démonter cette installation, enfouie profondément dans le sol et qui était piégé, s’est produite une explosion qui a tué l’ingénieur Mahmoud al-Ostaz et cinq autres membres de la branche armée du Hamas. Les spécialistes du Hamas avaient examiné les restes du dispositif israélien et sont arrivés à la conclusion que les Israéliens ont pu intercepter un nombre important d’informations.
Mahmoud al-Mardawi, l’un des commentateurs affiliés au Hamas, a déclaré que la mise en place d’un système de communication spécial dédié à la branche militaire du Hamas, était un tournant stratégique dans ses activités. Depuis l’opération « Bordure protectrice »,
« Israël s’est fait surprendre par les actions de la branche militaire et ne peut ni voir ni entendre ce qui se passe ».
Abu Salman, l’un des officiers de liaison du Hamas, a déclaré que la branche militaire avait mis au point un système automatique de défense de son réseau de communication. Selon le Hamas, lors de l’opération « Bordure protectrice »de 2014, Israël a tenté de détruire le système de communication de la branche militaire du Hamas, afin de paralyser les actions de l’organisation, mais il a échoué. Toujours le même Mahmoud al-Mardawi a expliqué que le système de communication spécial transmet, en mode automatique, des ordres depuis le commandement militaire le plus élevé jusqu’au simple combattant, aussi bien lors des entraînements, que dans les actions réelles de combat. Il prétend, que grâce à ce système automatique de défense du Hamas, Israël a du mal à obtenir des renseignements et ce, quels que soient les moyens techniques ou humains d’écoute : les avions, les drones ou les collaborateurs d’Israël opérant dans la bande de Gaza. Il a déclaré que dans le passé, Israël avait utilisé l’écoute des systèmes de communication du Hamas pour éliminer les hauts responsables de l’organisation.
Lors du conflit « Gardien des Murailles », d’il y a six mois, Israël a prouvé qu’il dispose d’excellents systèmes d’écoute, fournissant des renseignements précis sur les mouvements des terroristes dans Gaza. Durant cette l’opération, Tsahal a éliminé cinq hauts responsables de la « branche militaire du Hamas ». Ils étaient des collaborateurs de haut rang du chef d’état-major Muhammad Daf et du chef du Hamas, dans la bande de Gaza, Yahya Sinwar. Dans le prochain conflit contre le Hamas, la cyberguerre jouera un rôle prépondérant et l’Unité 8200 est le fer de lance de Tsahal dans ce domaine. EG♦

Édouard Gris, MABATIM.INFO
Traduction et adaptation