
Après 20 ans de bons et loyaux services, Lambert Wilson s’est fait virer de la secte Greenpeace comme un malpropre. Oups, lapsus : officiellement il s’agit d’une ONG qui se consacre à l’environnement. Sauf que les thématiques qui atteignent ses têtes de gondole ont plus à voir avec la micro-différenciation individuelle qu’avec le sauvetage de la macro-diversité.
Quant à ses méthodes… elles sont fascistes, puisque fashionistement correctes. En 1997, un journaliste d’investigation s’était infiltré en son sein et il n’avait pas caché ce que personne ne voulait voir : « des incohérences et des documents on ne peut plus curieux, des témoignages et des documents accablants qui accus(ai)ent la multinationale verte (Amazon).
L’acteur a-t-il critiqué les choix environnementaux d’un mouvement qui préconise de faire comme nos voisins allemands ? La suppression du nucléaire les a contraints à remettre à l’ordre du jour le chauffage au charbon. Le fait est que viser l’empreinte carbone zéro en multipliant le recours carboné, ce serait critiquable.
Mais non, Lambert Wilson veut se sentir utile, il ne critique pas la ligne du parti et il se vante, même, d’avoir nuitamment déraciné du maïs transgénique, seule denrée susceptible de nourrir tous les affamés de la planète. Quand on est écolo de balcon, on ne se préoccupe pas de la faim dans le monde.
Alors qu’a-t-il fait pour mériter le licenciement ?
Il a trouvé abusive la façon dont s’étaient conduits les Polanski-ophobes lors de la cérémonie des César 2020 et il l’a dit à haute voix. Quel rapport avec l’environnement ? L’intersectionnalité, what else ? comme dirait Clooney, son collègue américain buveur de café.
« J’ai exprimé quelque chose qui semblait cautionner le cas Polanski, ce qui n’était pas le cas (sic) »,
a-t-il regretté. Regrets parce que la sanction est tombée 48 heures plus tard ou parce que cette sanction lui aurait paru justifiée s’il avait vraiment défendu le réalisateur ?
En tout cas, il a
« été viré deux jours après sans autre forme de procès… C’est ce qu’on appelle maintenant la fameuse cancel mentality… On m’a dit : ‘les souscripteurs de Greenpeace ne peuvent pas supporter quelqu’un qui soutient ces propos’ (le Point). »
Greenpeace a toujours fait des choix marketing
Défendre les bébés phoques s’est révélé plus rémunérateur en termes d’adhésions, et donc de cotisations, que de sauver des rivières françaises de la pollution. Aujourd’hui, le correctement rémunérateur, c’est de défendre le politiquement correct. Un livre paru en 2018 détaillait déjà
« comment Greenpeace déforme et oriente les faits contre le secteur pétrolier et le nucléaire afin de servir non pas l’écologie, mais un militantisme idéologique bien souvent opposé au souci de l’environnement.1 »
En 2020, c’est un des fondateurs de l’association qui a fait son coming out, dénonçant la politique suivie à partir de 1986 :
« du souci de préserver l’existence des êtres humains dans la nature, avec la nature, ils étaient passés au soupçon, voire à la mise en accusation permanente de l’Homme. Ils avaient choisi de mener un combat politique, idéologique en laissant la science de côté.2 »
Choisir ses combats est plus qu’un luxe : une nécessité
Toutes les ONG célèbres ont un service marketing : c’est ainsi qu’elles ont acquis leur notoriété et surtout, qu’elles la conservent. Greenpeace n’est donc pas une exception. Là où elle mérite une médaille, c’est dans l’hypocrisie. Les causes pour lesquelles elle se mobilise sont évaluées en fonction de leur potentiel médiatique (synonyme : financier), pas du danger couru par la planète. Considérer la femme comme une espèce en voie de disparition (51 % de la population mondiale) doit être plus rentable qu’éduquer le public sur la réalité du nucléaire : dans #DénonceTonCochon, tout est bon pour faire le buzz.
Lambert Wilson en a fait les frais en 2020 et il a eu l’occasion de revenir sur sa blessure narcissique le 21 décembre 2021, sur Canal+ dans l’émission En aparté (Dailymotion). C’était un remake : l’acteur avait déjà lancé un autre buzz en 2014, dans son rôle de maître de la cérémonie pour la remise des prix du Festival de Cannes. Cette fois-là, il n’était pas cancellé : il était cancelleur.
Au moment où il officiait sur scène, une autre scène se passait dans un stade de foot : l’hymne national était sifflé et la Garde des Sceaux de l’époque, qui n’avait pourtant pas la langue dans sa poche, n’avait pas pipé mot.
En 2014, l’arrosé était arroseur
Suivant la pente woke (alors débutante), Wilson s’en était pris à la victime, exonérant les coupables de toute responsabilité. Si la Marseillaise avait été sifflée, c’est que ses paroles étaient offensantes à l’aune de « tu aimeras ton prochain et tu te détesteras toi-même. »
Plutôt que de se renseigner sur le sens des mots hués, il avait pris la posture de l’indigné :
« les paroles de La Marseillaise sont sanguinaires, sont racistes, sont xénophobes (le Point) »,
avait-il décrété.
Contresens : elles sont au contraire progressistes, égalitaires et citoyennes. Car quand elles ont été écrites en 1792, pour cet hymne à la liberté, dans une patrie en danger, le sang impur n’était pas celui des étrangers (voire des migrants) que fantasme Wilson. C’était le sang des paysans, prêts à en arroser les sillons de leurs champs pour défendre la patrie abandonnée par le « sang bleu », « le sang pur », celui des nobles et des royalistes.
Au crédit de l’acteur, il est vraisemblable qu’il lit Libération et qu’il croie ce qu’il y lit.
Le missel de la sainte bien-pensance woke s’était livré, en 1998, à une psychanalyse anhistorique des paroles de l’hymne national, les qualifiant de
« guerre comme un sacrifice humain par lequel le sang ennemi servirait magiquement à fertiliser notre terre (Libération) »,
quand la réalité signifiait exactement le contraire.
Mais pour savoir qu’il s’agissait d’un contresens inventé par idéologie, il eût fallu admettre que les journalistes ne naissaient pas avec la science infuse et que d’avoir fait du passé table rase ne servait pas leur cause, uniquement celle de l’ignorance ! LM♦

Liliane Messika, MABATIM.INFO
1 Thibault Kerlirzin, Une ONG à double fond(s), (Amazon)
2 Patrick Moore, Confessions d’un repenti de Greenpeace
Merci Liliane
A propos de Greenpeace, une anecdote vécue:
quand Nétanyahou avait dénoncé la marée noire d’origine iranienne sur les côtes d’Israël, comme une forme de « terrorisme écologique », le directeur de Greenpeace-Israël, ancien militant sioniste devenu « écolo », avait préféré
dénoncer… Nétanyahou:
J’aimeJ’aime
Elémentaire ou plutôt alimentaire mon cher Wilson !
J’aimeJ’aime