
La guerre d’Ukraine est une période de grandes propagandes qui déforme largement l’appréciation des événements par les publics qu’elles ont touchés. D’un côté, la guerre est niée et ses conséquences totalement édulcorées, de l’autre c’est surtout le registre émotionnel qui a été exploité avec une emphase de vocabulaire souvent éhontée, comme avec l’utilisation du mot génocide.
Génocide, un crime dénommé récemment
Le mot génocide a été inventé, en 1943 par Raphael Lemkin (un juriste juif polonais, puis américain), en combinant le grec genos (race) et au latin cide, (tuer) pour désigner :
« l’extermination physique, intentionnelle, systématique et préméditée d’un groupe humain ou d’une partie d’un groupe en raison de ses origines ».
Une Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide a été établie en 1948 et aujourd’hui 152 pays l’ont signée (l’ONU compte 193 pays). Ces pay s’engagent à poursuivre pénalement les individus ayant commis des actes de génocide visant spécifiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
Le XXᵉ siècle a été la période la plus génocidaire de l’histoire de l’humanité, avec plus de 50 millions de personnes qui ont été systématiquement assassinées.
Liste des génocides majeurs sur une période de 100 ans.
Génocides | Où | Dates | Nombre de morts |
Le Génocide Herero | Namibie | 1904-05 | 60 000 (75 % des habitants.) |
Le génocide arménien | Empire ottoman | 1915-23 | 1,5 million |
La famine ukrainienne | URSS | 1932-1933 | 7 millions |
Le massacre de Nankin | Chine | 1937-1938 | 300 000 (50 % des habitants) |
L’Holocauste de la Seconde Guerre mondiale | Europe | 1942-45 | 6 millions de Juifs, et des millions d’autres, dont des Polonais, des Roms, des homosexuels, des handicapés physiques et mentaux, |
Le génocide cambodgien | Cambodge | 1975-79 | 2 millions |
Le génocide au Timor | Timor oriental | 1975-1999 | 120 000 (20 % des habitants) |
Le Génocide Maya | Guatemala | 1981-83 | Des dizaines de milliers |
Le génocide kurde | Irak | 1988 | 50-100 000 |
Le génocide bosniaque | Bosnie | 1991-1995 | 8 000 |
Le génocide rwandais | Rwanda | 1994 | 800 000 |
Le Génocide du Darfour | Soudan | 2003-présent | 100 000 à 500 000 ? |
Génocide, crime de guerre et crime contre l’humanité : des réalités juridiques différentes
Un génocide correspond à des critères précis et non à des considérations morales ou émotionnelles. Il y a du fait de la propagande un usage abusif du mot génocide appliqué à des crimes qui ne relèvent pas de sa définition. Les réseaux sociaux (méconnaissance ?), malheureusement des médias aussi (faute professionnelle ?), des politiques (manipulation ?) relayent les usages abusifs des propagandistes et exacerbent les émotions, exacerbations qui sont sources de débordements. Il est nécessaire de lutter contre ces dérives verbales.
Quant aux crimes de guerre qui engagent la responsabilité de ceux qui les ont commis, il faut les recenser, les dénoncer même si l’histoire montre que seuls les soldats du camp des perdants de la guerre se les voient pénalement reprocher, les soldats du camp des gagnants étant généralement épargnés ou, au mieux, des lampistes sont mis en cause sans grande conséquence la plupart du temps. Pour aller plus loin sur le sujet des crimes de guerre, cliquez ici.
Enfin, un crime contre l’humanité est une incrimination créée en 1945 dans le statut du tribunal militaire de Nuremberg, il s’agit d’actes commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre des populations civiles (meurtres, tortures, violences sexuelles, esclavage, persécutions, disparitions forcées…). Théoriquement, les crimes contre l’humanité engagent la responsabilité des États qui les ont organisés, mais concrètement seuls des individus ont été jugés et condamnés. Pour aller plus loin sur ce sujet, cliquez ici. Ce mot fait aussi l’objet d’abus d’utilisation et de jeux politiques malsains, comme lorsque le président Emmanuel Macron a déclaré que la France était responsable d’un crime contre l’humanité par sa colonisation de l’Algérie pendant 130 ans. MB♦

Michel Bruley, MABATIM.INFO
Words words words….William Shakespeare
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