La Shoah ou l’armée du silence

Huile sur toile de feu le peintre Eitan Dvir – Khakshourian

Comme chaque année… aujourd’hui plus que jamais…

Chaque année, après les fêtes de la libération du peuple juif de l’esclavage, à quelques jours à peine des liesses glorifiant l’Éternel, Moïse, les Tables de la Loi et la Liberté, le jour de la commémoration de la Shoah nous précipite un peu trop rapidement à notre triste réalité : Nous sommes encore et toujours les prisonniers de l’absurde.

Les guerres, les haines, les fausses accusations nées d’un dégoût simple de l’autre, ou d’un fossé créé par l’incompréhension et la méchanceté panachée d’un manque de compassion, nous propulse vers ces vents trop familiers de l’agonie lente et pénible de l’Armée du Silence.

Il existe des soldats et des armées qui mènent fièrement leurs combats sous plusieurs drapeaux et emblèmes. Ceux de la Shoah n’avaient que ceux de la survie dans les conditions les plus inhumaines. C’était le réveil brutal à la violence, aux travaux forcés, à la faim, à la maladie, à l’humiliation douloureuse physique et morale, à la perte de conscience quand le bourreau n’en avait même pas un brin.

C’est à ces matins-là que je pense lorsque je regarde ce défilé décharné de spectres humains qui n’avaient plus rien d’humain. Cadavres ambulants qui luttaient pour conserver un tant soit peu de vie, de souffle, de force pour se lever et crier d’une voix éteinte « Je vis encore… ».

« Oui, je vis encore et je veux encore vivre… vous m’avez arraché tant de ligaments, mais vous ne réussirez jamais à éteindre en moi ma soif d’être, ma soif d’aimer la vie et celle de croire à un meilleur lendemain… ».

Car l’armée du silence est celle de la persévérance, de la foi, de la justice et elle ne s’éteindra jamais comme cette flamme qui nous anime avec le premier souffle de la vie.

Nous allumerons demain ces petites étoiles électriques sur nos toits pour hurler aux sourds que nous n’oublierons jamais l’affront qui fut infligé à ces âmes mortes dans le silence et le noir hideux de l’inhumanité. Que ces morts sur un champ de bataille bien insolite paraderont sous nos yeux pour nous rappeler que même la mort n’a pas réussi à les vaincre. Ils ont gagné leur éternité dans la douleur et dans l’accusation de leur meurtre.

L’Allemand criminel n’est plus… il a depuis longtemps été substitué par d’autres qui s’évertuent avec un sourire sarcastique au coin des lèvres, à ranimer les braises du mal que l’on croyait vacillantes ou éteintes.

Mais nous sommes tous l’armée du Silence… celle qui aura toujours le dernier mot dans le combat pour la vie. TZ-D

Thérèse Zrihen-Dvir, Blog de Thérèse

2 commentaires

  1. « Quelle sorte de créature unique est-elle celle que les dirigeants de toutes les nations ont disgraciée et broyée et expulsée et détruite, persécutée, brûlée et noyée, et qui en dépit de leur colère et de leur furie, continue de vivre et de prospérer ? Le Juif est le symbole de l’éternité… Il est celui qui détient depuis si longtemps le message prophétique et l’a transmis à l’humanité. »
    ( Léon Tolstoï, Qu’est-ce qu’un juif ?)
    Je ne sais pas si je peux mais voici l’élan de mon coeur.
    Je ne suis pas Juif, mais je me suis plongé dans les textes bibliques du judaïsme en tentant de critiquer la religion. Jusque là, j’étais athée. Toute ma vie a été changée par cette lecture.
    Quelle peuple au monde est allé à la rencontre d’un Dieu qui se donne une tautologie pour nom ; un Dieu qui cache même son nom ! C’est « ne cherchez pas à me définir, je suis tout autre que vos conceptions ». Quand les Romains ont fait irruption dans le saint des saints du Temple, lors de la destruction de Jérusalem, sur les degrés menants à l’entrée du Temple, les prêtres nettoient le sang de leurs prédécesseurs qui ont été égorgés sans guère prêter attention aux soldats qui vont agir de même avec eux. Pompée, qui en avait vu des dieux se questionnait sur ce Dieu qui produit un tel peuple avec une telle histoire, livide, il n’a rien trouvé dans le lieu très saint.
    Quel est le Dieu qui a fait un tel peuple et pourquoi un tel dévouement ?
    Le peuple, en présence de Moïse, entend les dix paroles (ou commandements) et celui-ci déclare : « Tout ce qu’a dit l’Eternel Dieu nous le ferons ». Mais qui peut-être à la hauteur des exigences du Dieu du Sinaï ? L’homme est toujours fautif face au Dieu mosaïque et à ses impératifs de perfection !
    Dieu promet une terre. Et dès son origine Israël entend cette parole par la bouche de Moïse : « Si… vous ne m’écoutez pas… si vous vous opposez à moi… Je vous disperserai parmi les nations… Votre pays sera désolé, et vos villes seront désertes… » (Lévitique 26:14-33).
    Le peuple d’Israël tient le Livre de son vécu avec ce Dieu. Livre lu et lu encore indéfiniment et commenté toujours. Livre qui annonce les prévisions de persécution, de dispersion, de martyre.
    Quel peuple, dans le monde, garde et se penche sur un texte qui le constitue et ne le valorise pas, impossible à réfuter, comme il en est depuis les hiéroglyphes, le cunéiforme et les grandes gloires militaires ou « les grandes valeurs » qui constituent partout nos bibliothèques ? Aucune autre communauté n’a, depuis le début, lu et relu sans cesse, appris par cœur et sans fin interprété les textes qui annoncent infailliblement toute sa destinée dans leur pré-diction. Aucune autre tradition, aucune autre culture n’a attribué une attention comparable à la conservation et à la transcription de ses textes.
    Et dans ses os, dans sa chair de supplicié le peuple d’Israël est aussi le garant des prophéties ;
    Quelques 700 ans avant notre ère, aprè s bien d’autres prophètes, Amos prévoit les souffrances indescriptibles de son peuple car Israël est redevable à son engagement envers Dieu. En finale de la prophétie, qui est loin d’être la seule, il annonce que les restes captifs, éparpillés aux quatre vents seront rapatriés dans la Terre promise, et ils rebâtiront les « cités dévastées pour y demeurer, ils planteront des vignes pour en boire le vin, ils cultiveront des jardins, pour en manger les fruits ».
    Le Dieu d’Israël fait aussi une promesse par l’intermédiaire d’Esaïe: « En ce jour (l’expression employée ici dans l’ hébreu se rapporte toujours au temps de la fin), le Seigneur étendra une seconde fois la main pour reprendre possession du reste de son peuple… Il rassemblera les bannis d’Israël et recueillera les dispersés de Juda des quatre coins de la terre » (Esaïe 11:11-12) Et encore : « Ainsi parle l’Eternel qui t’a créé Ô Jacob ! Celui qui t’a formé, Ô Israël ! Sois sans crainte car Je t’ai racheté… Je ramènerai de l’Orient ta descendance et Je te rassemblerai de l’Occident. » (Es. 43:1 et 5) – « Je rassemblerai le reste de mes brebis de tous les pays où Je les ai chassées…» (Jérémie 23:3) – « Je vous rassemblerai du milieu des peuples, je vous recueillerai des pays où vous êtes disséminés et Je vous donnerai le territoire d’Israël (Ezéchiel 11:17). Encore: « La Parole de l’Eternel me fut adressée en ces mots : Je les ai disséminés parmi les nations… Je vous retirerai d’entre les nations, Je vous rassemblerai de tous les pays et Je vous ramènerai sur votre territoire. » (Ez 36:19 et 24)… « Ces ossements, c’est toute la maison d’Israël. Voici qu’ils disent : nos os sont desséchés, notre espérance s’est évanouie, nous sommes perdus ! Eh bien, prophétise ! Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel : voici que j’ouvre vos tombes, Ô mon peuple, et je vous fais revenir sur le territo Les peintres, la photographie, la littérature… Nous ont laissé des témoignages concernant le pays dévasté. Jérusalem n’était qu’une bourgade abandonnée et pitoyable, elle n’était que ruines et désolation.
    Alphonse de Lamartine témoigne en 1832:  Mis à part à Jérusalem, il ne rencontra pas âme qui vive. Puis, William Thackeray en 1844. Il en est de même pour Alexandre Keith en 1844, le consul britannique en Terre d’Israël, James Pinn en 1857, le cartographe britannique Arthur Penrhyn Stanley en 1862. Mark Twain en 1867 : « Pas un seul village dans la Vallée de Jezréel, pas une seule habitation permanente. Déserts sans âme qui vive, collines vides, ruine mélancolique de Capharnaüm, stupide village de Tibériade, enterré sous six palmiers. Nous arrivâmes à Tabor sans rencontrer âme qui vive tout au long du chemin. Nazareth est désolée, Jéricho est en ruine, Bethléem et Béthanie, dans leur pauvreté et leur humiliation, ces endroits n’abritent pas une créature vivante. Un pays désolé… Une étendue silencieuse, triste… ».
    Et le Compte-rendu de la commission royale Britannique de 1913 : « La région est sous-peuplée et est restée économiquement stagnante jusqu’à l’arrivée des premiers pionniers sionistes vers la fin des années 1880, qui sont venus pour reconstruire la terre juive…
    Beaucoup de villages sont désertés par leurs habitants. »… De nombreux témoignages sont identiques à ces époques.
    Aussi le Dieu du Sinaï est un juge terrible envers ce peuple qui s’est engagé envers Lui.» (Ez 37:11-12). Mais une expression revient depuis le Sinaï : Le Dieu qui se présente à Israël est un Dieu jaloux. « Garde-toi bien d’oublier L’Éternel qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude… ». Voici Esaïe, dont un rouleau, daté de plus de 120 ans avant notre ère a été mis à jour dans les grottes de Qumram. Le texte est très proche de celui de notre Bible.
    « Éternel, ta main est levée, Ô Seigneur, ils ne l’ont pas aperçue. Ils verront le zèle (qin’ah) que Tu déploies pour ton peuple et seront couverts de confusion ».
    Depuis le chapitre 40, Dieu est fidèle à sa parole et à ses promesses. Il annonce qu’Il va délivrer son peuple et le ramener dans son pays. L’action jalouse de Dieu accomplit d’abord l’œuvre du salut et s’attaque ensuite à tout ce qui empêche son peuple d’y accéder. La jalousie du Dieu a fait sortir Israël de la maison de servitude veille sur son œuvre. « Éternel, ta main est levée, ils ne l’on pas aperçue (les nations). Ils verront le zèle que Tu déploies pour ton peuple ! » (Ésaïe 26,11-13).
    Chaque pogrome comme dans la Shoah, il y a eu la volonté de faire taire une fois pour toutes l’idéal que les Juifs ont acceptés avec Dieu au Sinaï ; « Tout ce que dit l’Eternel, nous le ferons ! » Et le monde souhaite supprimez le peuple Juif pour enlever un insupportable souvenir de son échec moral et social. Si Israël suit les mœurs des autres nations, il n’existe plus. Les juifs restent fidèles à leurs fondamentaux, à leur éthique biblique, au risque de disparaître s’ils se comportent comme les autres nations, et ils s’y obstinent depuis des millénaires car ils y trouvent, consciemment ou non, leur légitimité.
    Après 4000 ans d’existence et 2000 ans d’exil, le peuple Juif est revenu sur sa propre terre ! Jamais dans l’histoire des nations et des civilisations antiques cela ne s’est vu ! On ne verra jamais la civilisation de l’Égypte antique, et d’autres civilisations antiques refaire surface ! On n’a jamais vu et on ne reverra jamais les Hittites, les Assyriens, les Mèdes, les Phéniciens, les Scythes, les Sumériens, les Séleucides, etc., etc., refaire surface, se reconstituer et revenir sur leur propre terre, avec leur langue ancienne. Seul le peuple hébreu, a traversé les siècles et est de retour sur sa terre ancestrale et se reconstitue à partir des Juifs issus de plus de cent nations !
    Je vous cite Zacharie cette fois : « … En ce temps-là, Je ferai de Jérusalem un bloc de pierre impossible à soulever par les peuples. Ceux qui essaieront se blesseront… (12:3).
    Du buisson en feu Il est là, dans les dix paroles Il est là, parmi le peuple Juif Il est là, son peuple est sa création sur laquelle Il veille et Il sera présent, protégera et jugera avec jalousie ses témoins, ceux qu’Il s’est réservé au Sinaï.
    Le peuple Juif … » est celui qui détient depuis si longtemps le message prophétique et l’a transmis à l’humanité ».

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  2. Quand on a un âme, même petite, on ne peut retenir ses larmes à la lecture de ce texte et de ce qu’il rappelle. Malheureusement, comme le dit et redit l’auteur, « ils » n’ont pas d’âme, c’est à ça qu’on les reconnait, qu’ils se reconnaissent comme tels. Ils haïssent d’autant plus fort les Juifs, que ceux-ci portent dix paroles, témoignages de ce que devrait être l’Homme et qu’ils ne sont pas.

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