Israël : Sous l’anti-réforme, Quoi ? Qui ? (1/2)

Texte de la conférence « Raison Garder » donnée par Jean-Pierre Lledo dimanche 21 mai 2023. Pour visualiser la conférence rendez-vous ici : Raison Garder – YouTube

« On attribue des intentions au gouvernement
et on déchaîne contre lui l’opinion publique. ».
(Les Illusions Perdues, Balzac).

Depuis le début du mouvement anti-Réforme, ces deux questions – Quoi ? Qui ? – se sont vite imposées à moi. Et je m’apprêtais à y répondre nonobstant le fait que j’allais être catalogué de « complotiste », lorsque je les y trouvai dans un tract du 15 avril 2023, publié gracieusement par le Monde (l’Immonde)1. Questions ainsi formulées :

« Croit-on vraiment qu’ils ne se battent que pour déterminer la composition exacte de la commission en charge de désigner les juges à la Cour suprême ? Pense-t-on sérieusement que ce qui les pousse à manifester est d’augmenter le nombre de députés à réunir pour que la Knesset soit autorisée à annuler un arrêt de la Cour suprême ? ».

Ce tract était signé par 3 militants de JCall abrités derrière la signature tutélaire de Denis Charbit, et destiné à leurs « Camarades partisans d’un État palestinien ».

JCall est un réseau créé en 2010 qui se veut européen mais qui est essentiellement composé de Juifs de France. Il milite pour un État palestinien et considère que le seul obstacle à la Paix est Israël, ou plutôt la droite qui la gouverne de façon presque continue depuis 20092. Rappelons qu’il s’attira la réplique d’un contre-mouvement, Raison Garder3, qui recueillit plus de 12 000 signatures, soit le double de JCall. Notre groupe de travail qui s’est constitué pour réfléchir sur cette Réforme se revendique de l’esprit de Raison garder et a décidé d’inscrire son action dans le cadre de l’Université populaire de Jérusalem.

Quant à Denis Charbit, il s’agit d’un universitaire israélien qui ne manque pas une occasion de condamner les dirigeants israéliens de droite, surtout dans les médias français qui comme on le sait rivalisent dans l’anti-israélisme et l’antisionisme.

Donc si, comme les auteurs de ce tract l’assurent,

« Les Israéliens ne sont pas devenus soudain des constitutionnalistes passionnés de droit public. », la question est de savoir ce qui anime vraiment les manifestants, puisque, d’après les signataires, les manifestants « discernent très bien les objectifs qui surgissent par-delà cette réforme du régime. » ?

Si je leur accorde facilement que les leaders auto-proclamés de ce mouvement israélien anti-Réforme, et pour la majorité d’entre eux quasi-clandestins, ont des objectifs tout à fait clairs, je ne pense pas que ce soit le cas de la grande masse des manifestants. D’ailleurs, sans s’apercevoir de la contradiction, ce sont les signataires JCall eux-mêmes qui l’avouent :

« Or s’il est vrai que pour mobiliser des sympathisants de droite et des religieux, le mouvement social n’a pas fait de la lutte contre l’occupation un thème de rassemblement, qui doute que c’est aussi cette question qui apparaît en filigrane ? ».

Ainsi, nous apprenons qu’afin de mobiliser plus largement, les leaders du mouvement ont dissimulé l’un de leurs véritables objectifs : la dénonciation de « l’occupation », « Kibouch » en hébreu. Or dissimuler un objectif majeur n’est-ce pas l’une des méthodes principales de la manipulation des masses ?

Depuis le début de ce mouvement, j’ai eu très vite l’intuition que le refus de cette Réforme judiciaire avait une double fonction :

— Une fonction visible : motiver et assujettir par la peur des dizaines de milliers de manifestants en agitant l’épouvantail de « l’État théocratique ».

— Une seconde fonction qui au moins dans un premier temps devait rester invisible : masquer deux objectifs, la remise en cause de la définition d’Israël comme État juif contenue dans la Déclaration d’indépendance et la relance du Processus d’Oslo (je dirai plus loin ce que ce fut). Ces deux objectifs nécessitant pour être réalisés que tombe le gouvernement ou que son premier ministre en soit destitué, voire neutralisé d’une façon ou d’une autre…

Mon intuition qu’il y avait dissimulation provenait de certains indices. Jusque-là la « gauche » par la voix de son meilleur avocat, le quotidien Haaretz, proclamait que pour cesser d’être un État d’apartheid vis-à-vis des Arabes « palestiniens » de l’intérieur et de l’extérieur, Israël devait cesser de faire obstacle à la création d’un État palestinien et pour cela cesser d’être l’État-nation du peuple juif pour devenir « l’État de tous ses citoyens ». Or bizarrement, ce nouveau mouvement qui se revendique à gauche n’en pipait mot. Les quelques drapeaux palestiniens, brandis au début par des Juifs, furent assez rapidement proscrits et même de manière violente, si l’on en croit un manifestant psychanalyste4. Et à contrario, des dizaines de milliers de drapeaux israéliens furent vite commandés, fabriqués et distribués… « Couvrez ce sein que je ne saurais voir ».

Les leaders de ce mouvement qui sans le dévoiler nous promettent un nouveau motif de mobilisation dans les semaines à venir, estimeraient-ils donc que le temps est venu de rendre visible cette deuxième fonction jusque-là dissimulée ? C’est ce que je commençais à subodorer lorsque j’entendis l’Israélien Élie Barnavi conclure une rencontre de militants JCall qui s’est tenue récemment au sein du Parlement européen5 :

« Après une telle secousse, on ne reviendra pas en arrière. On va demander des choses qu’on n’avait pas demandées avant. Une constitution. On va demander enfin de se remettre en tête le problème palestinien. Parce qu’il ne faut pas se tromper. Tout ce qui nous arrive, tous les monstres que nous avons enfantés, Smotrich, Ben Gvir, et tous les autres, ils sont tous issus de l’occupation. Ils n’auraient eu aucune chance s’il n’y avait pas eu l’occupation. ».

Émargeant au budget européen en tant que « conseiller scientifique auprès du Musée de l’Europe à Bruxelles », l’historien sonnait le tocsin en appelant à l’aide l’Europe… Et loin de nous l’idée d’y voir un conflit d’intérêt…

Mes soupçons se renforcèrent le 11 avril lorsque le site d’information internet israélien Ynet y alla franco6 :

« Ceux qui craignent que les messages anti-occupation ne dissuadent les gens de protester contre le coup d’État légal, sachez que le public est plus mûr pour ces messages que vous ne le pensez… Et dans la mer des manifestations, on voit de plus en plus de pancartes chaque semaine qui disent : « Démocratie pour tous » ou bien : « Il n’y a pas de démocratie sous occupation. » Le bloc anti-occupation se développe et ses centres s’ouvrent dans tout le pays… ».

Deux jours plus tard, le 13 avril, devant le quartier général de l’armée israélienne en plein centre de Tel-Aviv, des manifestants allumèrent 100 bougies… pour commémorer les Arabes… tués par les forces israéliennes depuis le début de l’année 2023.

Et deux jours plus tard, le 15 avril, comme pour donner raison à Ynet, plusieurs jeunes brûlèrent leur ordre d’incorporation à l’armée dénonçant :

« la suprématie juive et une annexion qui clame sans honte à des millions de Palestiniens qu’ils demeureront sans droits civils basiques. ».

Enfin, ce tract de JCall soutenu par Charbit, mettait les pieds dans le plat, comme nous l’avons vu. Remarquons qu’adressé aux : « Camarades partisans d’un État palestinien » il les prie d’être patients et compréhensifs vis-à-vis des leaders d’un mouvement qui ne peut pas dévoiler trop vite son véritable objectif. Car, et deuxième aveu spectaculaire chez ces militants aguerris de JCall :

« À côté de ces militants qui considèrent que l’occupation est une gangrène dont Israël porte la responsabilité exclusive, un grand nombre de manifestants, voire une majorité, considèrent que l’occupation est un “mal nécessaire”, maintenu pour des raisons de sécurité… et estiment, à tort ou à raison, que le leadership palestinien a sa part dans le blocage actuel. » !!!

Donc traduction rapide : la majorité des manifestants ne croient pas qu’Israël a une « responsabilité exclusive » dans le conflit qui l’oppose aux dirigeants palestiniens, et le leadership de ce mouvement en apparence anti-Réforme se doit d’être prudent pour ne pas le faire éclater.

On peut donc en déduire que l’introduction de la thématique arabe se fera par étapes… Ainsi le 7 mai dernier, n’a-t-on pas vu apparaître un nouveau slogan : la violence interarabe ? Comme si le gouvernement actuel en était le responsable !!! Times of Israël n’annonce-t-il pas que depuis l’arrivée de Ben Gvir, le nombre des victimes a doublé !

Enfin, ces derniers jours, le 11 mai, alors que vers 20 h l’alerte annonçait des missiles sur Tel Aviv, des manifestants juifs, drapeaux falestiniens déployés, condamnaient Israël et pleuraient les victimes à Gaza !

Merci donc JCall, Merci Charbit et merci Barnavi de nous avoir déniaisés ! Et ce surtout quand vous essayez d’expliquer :

« l’absence significative, et regrettable des Arabes israéliens dans les manifestations alors qu’ils seront les premiers concernés sinon les premières victimes de ce changement de régime ».

« Deux facteurs expliquent leur réticence à rejoindre les cortèges : les drapeaux israéliens qui ornent les rassemblements, et la mise en sourdine délibérée de l’occupation israélienne dans les slogans scandés par les manifestants. »

La « mise en sourdine » confirme bien que nous avons affaire à une stratégie de dissimulation. Quant au 2 facteur, il est tout aussi révélateur : les Arabes sont allergiques aux drapeaux israéliens. Merci de nous rappeler que les Arabes qui ne se disent plus « israéliens » mais « palestiniens » ne reconnaissent pas les symboles de la souveraineté de l’État-nation du peuple juif.

Merci aussi à JCall, Charbit et Barnavi, pour cet auto-portrait saisissant : pour vous, Israël porte « la responsabilité exclusive » du conflit avec les Arabes palestiniens, sous-entendant qu’il n’y aura de paix définitive avec eux que le jour où Israël se défera des symboles de la souveraineté juive à commencer par son nom, pour devenir « le pays de tous ses citoyens », c’est-à-dire la Palestine « du Jourdain jusqu’à la mer » selon l’expression en vogue dans les médias, les écoles et les universités palestiniennes.

J’aimerais donc à présent me tourner vers les manifestants, simples citoyens, et particulièrement la jeunesse, qui peut-être manifestent pour la 1ʳᵉ fois.

Car ne m’intéressent ni ce leadership qui pratique la dissimulation avec un brio mijoté sans aucun doute par des agences de communication spécialisées dans la gestion des mouvements de masse, ni tous ces militants du type « Shalom Ah’shav » qui depuis des années mènent un travail de sape visant à entretenir la réprobation d’Israël au sein de toutes les institutions internationales comme au sein de la diaspora juive.

Chers manifestants,j’aimerais interroger certains des mots-fétiches qui vous ont été proposés, vite devenus des clichés, et que vous brandissez comme des trophées. Car ils ont pour fonction principale de stigmatiser l’autre, et de ce fait d’empêcher le débat.

La « Dictature ».

Pensez-vous qu’une Cour Suprême dont les Juges s’autodésignent, qui s’octroient des droits dont aucune Cour suprême au monde ne dispose, et qui a un pouvoir supérieur au Parlement, caractériserait un régime démocratique ? Quinze individus inamovibles et surpayés (100 000 NIS pour la présidente Esther Hayout), n’ayant à répondre devant personne, seraient-ils plus légitimes que 120 députés qui, grâce à l’alternance, peuvent périodiquement être renvoyés par des élections ? Avant « la révolution constitutionnelle » d’Aaron Barak en 1992, Israël était-elle donc une dictature ? Pierre Lurçat avec son livre et sa conférence a déjà dit l’essentiel à ce sujet, il y a 2 semaines. Je n’insisterai pas.

Le « fascisme ».

Plusieurs d’entre vous m’ont dit être sortis dans la rue, par peur. Peur d’« un gouvernement fasciste, ultra-religieux, issu de l’extrême droite ». Israël allait devenir l’Iran !

Fasciser et nazifier son adversaire politique ne fait-il partie de la rhétorique la plus vulgaire ? À l’occasion de la commémoration de la Shoah, le président Herzog ne vient-il pas de vous mettre en garde face à cette honteuse dérive ? À vouloir comparer Israël à l’Allemagne nazie, ne comprenez-vous pas que vous pratiquez un négationnisme à votre insu ?

Mais vous qui vous dites par opposition « démocrates », auriez-vous, à ce point, renoncé à l’exercice de la libre-pensée qui permet notamment de distinguer la réalité de la propagande ?

Le mouvement que vous soutenez aujourd’hui a-t-il été empêché ? A-t-on interdit les manifestations ? A-t-on jeté ses dirigeants en prison ? Vous a-t-on mis dans des camps ? Vous a-t-on affamés ? Vous a-t-on tiré dessus ? Vous a-t-on fait disparaître en fumée ? L’ex-général Ehud Barak ne fait-il pas feu de tout bois pour expliquer, vidéo à l’appui, comment réussir un putsch7 ?

Bloquer la circulation, harceler ministres et députés dotés de l’immunité parlementaire, frapper un ministre, appeler à tuer le Premier ministre, séquestrer son épouse, appeler la police et l’armée à se rebeller, arracher portes et fenêtres d’une maison privée pour faire un feu sur l’autoroute, ne sont-ils pas des actes hors la loi passibles de privation de liberté ? Qui est donc violent ? Qui se comporte de façon irresponsable ?

Chers jeunes manifestants, allez-vous encore longtemps obéir aux directives de chefs que vous ne connaissez même pas, et que vous ne pouvez donc contrôler ?

N’auriez-vous pas plutôt intérêt à méditer par exemple avec Balzac dans Les Illusions Perdues : « On attribue des intentions au gouvernement et on déchaîne contre lui l’opinion publique. » ?

Les « Religieux ».

Ce sont les têtes de Turc de votre mouvement, volant même la vedette à Netanyahou. Stigmatisés et ridiculisés, ils incarneraient la nouvelle image du fascisme ! Mais ne voyez-vous pas que l’amalgame et la généralisation sont tout à la fois la marque conjuguée de l’ignorance du judaïsme vivant d’Israël et de la méconnaissance de ce milieu ?

Ignoreriez-vous, ou avez-vous oublié que l’étude juive consiste à interroger et à déconstruire des textes, et ce non pas dans une démarche solitaire mais en suscitant la contradiction ? C’est-à-dire à l’opposé de ce que vous faites : répéter des slogans haineux contre les orthodoxes. Et quand certains d’entre vous ont cru pouvoir les provoquer à Bneï Brak, n’ont-ils pas été accueillis avec des fleurs, des chants et des danses ? Et n’est-ce pas un des vôtres qui avec le plus grand mépris leur lança des billets de banque (faux naturellement), escomptant peut-être qu’ils se jetteraient dessus. Quelle honte ! Boucha, ken Boucha !

Loin de moi de vous en rendre tous responsables, mais je n’ai pas entendu vos chefs condamner un tel geste qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Ignoreriez-vous que les « laïcs » ou « athées » ont su et savent être aussi d’excellents inquisiteurs ?

Pourtant les harédim pas plus que les laïcs ne sont homogènes. Hormis le chapeau et la redingote, noirs, qu’y a-t-il de commun entre la secte des Netoureï Karta qui vont régulièrement prêter allégeance aux Ayatollahs de Téhéran, et par exemple Adin Steinzaltz dont le regard pétillait d’intelligence et d’humour, au savoir encyclopédique et auteur d’un commentaire populaire du Talmud de Babylone et ce entre cent autres œuvres ?

Vis-à-vis de ces héritiers d’une tradition d’étude qui remonte à l’origine même du peuple hébreu (cf la Conférence de G-E Sarfati du 7 Mai), n’aurions-nous pas une dette, immense, puisqu’elle a assurément permis la persistance du fait juif, malgré les persécutions, les déportations, et les assimilations… ? Ce que le poète allemand Heine appelait une « Patrie portative » et qui a permis in fine au sionisme d’organiser le retour précisément à Sion, puis d’y accommoder très facilement la démocratie

« Paradoxe » pour Charbit qui lors d’une conférence s’étonna que le sionisme se soit développé d’emblée dans une atmosphère démocratique alors que les Juifs provenaient pour l’essentiel d’Europe de l’Est, d’Amérique latine, d’Afrique, ou d’Asie, régions du monde plongées dans toutes sortes de totalitarismes. Je l’interpellai en lui demandant si la culture juive fondée sur le débat, et le rejet du diktat idéologique n’en pouvaient être la cause. Il me l’accorda.

Mon avis est donc qu’Israël devrait plutôt s’enorgueillir de consacrer une part de ses forces à l’étude du corpus tanakhique biblique, c’est-à-dire à la défense de son âme, encore faudrait-il, pour qu’il en soit ainsi, que soient remplies deux conditions :

  • a) que seuls soient exemptés du service national les vrais étudiants aptes à devenir de grands savants ;
  • b) qu’il y ait obligation de résultat, c’est-à-dire que la société soit en mesure de recevoir le fruit de cette étude, à tous les niveaux, du scolaire à l’université, et dans les médias, la faisant ressortir du ghetto dans lequel elle a été enfermée, et renouant ainsi avec ce qui eut lieu durant plusieurs décennies après 1948.

Ce milieu, très diversifié en vérité, est en cours d’évolution. De plus en plus de harédim rejoignent le circuit de l’apprentissage des nouvelles technologies, et ce, très brillamment. Mais ce que des siècles n’ont pu faire, les excités de la gauche (Meretz – Lapid) et de la droite antireligieuse (Liberman), seront bien en peine d’arriver à détruire ce monde, sauf à utiliser les procédés que vous savez.

Mais aujourd’hui, ce n’est pas tant les harédim qui sont dans la mire des anti-Réformes, que les sionistes religieux. Ce rejet devrait pourtant intriguer. Fervents sionistes, et parfaitement intégrés dans la vie politique, sociale et militaire, incorporés pour la plupart dans des bataillons d’élite, ils échappent totalement aux griefs émis à l’encontre des Haredim. Ils pourraient même favoriser, voire préfigurer l’évolution de ces derniers.

Dit autrement,les sionistes religieux devraient être perçus par nous tous comme des ponts entre les diverses catégories de la population juive d’Israël et, pour cela, bénis. Cela devrait mais cela n’est pas. Ils représentent aujourd’hui le repoussoir absolu et sont devenus la première cible des anti-Réformes.

Barnavi les traite de « barbares qui haïssent la démocratie ».

Estampillés « messianiques » – l’injure suprême par les temps qui courent – ils sont pourtant, comme nous venons de le dire, tout sauf des illuminés. Alors pourquoi tant de rage ? Ne serait-ce pas précisément leur clairvoyance dans le conflit opposant les Juifs aux Arabes palestiniens (intra ou extra muros) qui écorcherait et dérangerait l’irénisme telavivien ?

Qui sont les illuminés ? Ceux qui depuis bien avant Oslo refusent de prendre en compte le rejet massif d’Israël par les Arabes, ou les sionistes religieux qui osent dire, quelquefois trop crûment pour de chastes oreilles, ce que disait déjà à sa manière le dirigeant sioniste ashkénaze Jabotinski, à savoir que tant que le monde arabe n’admettra pas que les Juifs sont légitimes dans cette contrée du monde, ils resteront « une entité » qu’il faut faire disparaître et Israël ne pourra préserver sa souveraineté que par la force.

Les « Barbares » ne seraient-ils pas plutôt ceux qui depuis le dernier siècle ont cent fois pogromisé les Juifs avant de tenter à trois reprises de les « jeter à la mer », et aujourd’hui ceux qui arment des enfants dès l’âge de 13 ans pour tirer sur les Juifs ?

Qui donc sont les « messianiques » ceux qui luttent pied à pied pour défendre le moindre centimètre carré du territoire actuel d’Israël, ou ceux qui attendent le Messie arabe, hier Arafat, aujourd’hui Abbas, tel Gantz l’invitant à son domicile, et demain qui, encore pire que les précédents ?

« Kibouch, l’occupation ».

… Selon Barnavi :

« Tout ce qui nous arrive, tous les monstres que nous avons enfantés, Smotrich, Ben Gvir, et tous les autres, sont tous issus de l’occupation. Ils n’auraient eu aucune chance s’il n’y avait pas eu l’occupation. S’il n’y avait pas eu ce cancer qui ronge le corps de la nation ».

Chers jeunes manifestants, pour ne pas vous effaroucher, vos leaders autoproclamés n’ont pas encore osé reprendre à haute voix le mantra de la gôche : « Haro sur l’occupation » ! Mais cela ne saurait tarder. Aussi est-il nécessaire que vous soyez un tant soit peu avertis et affranchis, tant ce mot même d’occupation masque un narratif historique mensonger qui postule que depuis 1967 « les territoires palestiniens occupés le sont par Israël ». Or en 1967, il n’y a strictement aucun territoire « palestinien » qui, par conséquent ne peuvent être « occupés »! J-PL

Jean-Pierre Lledo, MABATIM.INFO

(À suivre)…


1 Tribune Le Monde, 15 avril 2023 : « Camarades partisans d’un État palestinien : ne vous trompez pas de combat et d’époque ! »

2 Leur discours fondé sur une « rhétorique de la sollicitude » est plus subtil que celui du rejet d’Israël comme le souligne Georges Sarfati : « Autrement dit ce n’est pas au nom de la détestation, mais d’un lien affectif indéfectible que s’autorise une récrimination qui, naturellement, fait chorus avec le discours délétère de ceux qui veulent vraiment la destruction d’Israël. » (http://controverses.fr/pdf/n15/sarfati15.pdf)

3 Texte de l’Appel « Raison Garder »

4 Vidéo du Studio Lacan sur ce mouvement de contestation, avec 3 psys israéliens contre la Réforme dont un Arabe.

5 JCALL au Parlement européen. 27 mars 2023 : « Sauver la démocratie israélienne »

6 Éditorial du 11 avril 2023 « La dictature traverse la ligne verte »…

7 https://www.youtube.com/watch?v=V5KSOi5A3os : תכנית אהוד ברק לפרופסורים


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2 commentaires

  1. Donc Mabatim est maintenant truster par le couple Lledo/Lurçat c’est un peu lassant surtout pour les débats contradictoires !

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