Les yeux de Chimène du monde pour l’Autorité palestinienne

[25 octobre 2023]

Le retour de l’actuelle Autorité palestinienne dans la bande de Gaza est une proposition qui s’affranchit de la réalité. C’est aussi, le plus grand danger de perpétuation du système qui existait à Gaza jusqu’au 7 octobre 2023.
par le Prof. Kobi Michael et le Dr. Uri Wertman*

Depuis sa création il y a trois décennies, l’Autorité palestinienne fonctionne comme une entité étatique corrompue et défaillante. Non seulement elle n’a pas réussi à réaliser son objectif national historique de l’indépendance palestinienne et l’établissement d’un État viable, mais au fil des ans, son échec politique et social est patent. Elle s’est avérée incapable de contrôler les territoires qui lui ont été accordés par les accords d’Oslo.

En fait, l’échec de l’Autorité palestinienne a commencé dès sa création :

Au lieu de combattre le terrorisme palestinien comme l’exigeaient les accords d’Oslo, Arafat a choisi de ne pas affronter le Hamas et les autres organisations terroristes palestiniennes.

Par conséquent, tant qu’elles ne menaçaient pas son régime, Arafat et l’Autorité palestinienne considéraient le Hamas et les autres organisations terroristes, comme un moyen de faire pression sur Israël pour qu’il fasse de nouvelles concessions dans les négociations. En dehors de l’incitation à la haine contre Israël et de l’enracinement du récit selon lequel la paix avec Israël est une hérésie, ce qui s’est reflété dans le discours d’Arafat à Johannesburg en mai 1994 où il a comparé les accords d’Oslo aux accords de Khoudayebiya1.

Arafat a préféré l’utilisation de la violence contre Israël, chaque fois que ce dernier n’acceptait pas ses exigences.

Cette violence a commencé en septembre 1996, pour s’opposer à la construction d’un tunnel près du Mur occidental (lamentations), puis elle s’est poursuivie avec les événements de la Nakba en mai 2000 et a culminé à la suite de l’échec de la conférence de Camp David en septembre 2000, avec le déclenchement de la deuxième Intifada. Dans l’Autorité palestinienne, avant la deuxième Intifada la situation économique était excellente et donc, l’Autorité avait quelque chose à perdre. Malgré cela, elle a quand même déclenché l’Intifada. La violence était toujours la réponse palestinienne, même après la fin de l’ère Arafat à la fin de 2004 où l’Autorité palestinienne n’a pas été en mesure de changer de cap, à l’exception des deux ou trois années de Salam Fayyad en tant que premier ministre. Jugé trop « mou », il sera démis de ses fonctions, pour n’avoir pas agi en accord avec l’idéologie anti israélienne du Fatah et du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Le successeur d’Arafat, Mahmoud Abbas, a compris que la lutte armée nuisait aux objectifs nationaux des Palestiniens, et s’est donc prononcé contre l’utilisation du terrorisme, mais en même temps, il a continué à inciter à la haine contre Israël. Il a refusé de retirer le contenu d’incitation à la haine des programmes scolaires et a continué à verser de l’argent aux terroristes dans les prisons israéliennes et à leurs familles.

Le principal échec de Mahmoud Abbas et de l’Autorité palestinienne a été double :

– Premièrement, le refus de Mahmoud Abbas de répondre aux propositions d’Olmert, premier ministre d’Israël en 2008 et à la feuille de route du secrétaire d’État John Kerry en 2014, pour parvenir à un accord. Ces dérobades ont clairement démontré que l’Autorité palestinienne ne peut ou ne veut, parvenir à un accord de paix avec Israël.

– Deuxièmement, la chute de la bande de Gaza aux mains du Hamas en juin 2007 et la perte progressive de la gouvernance en Cisjordanie ont prouvé que l’Autorité palestinienne est incapable de gouverner le peuple palestinien, d’où la montée du Hamas dans les territoires palestiniens.

En outre, l’Autorité palestinienne a perdu sa légitimité auprès de l’opinion publique palestinienne qui, ces dernières années, s’est radicalisée à l’égard d’Israël. Le public palestinien considère l’Autorité palestinienne comme une entité corrompue, qui est devenue un fardeau pour le peuple palestinien. Elle est incapable de faire avancer les objectifs nationaux palestiniens et elle est perçue comme un collaborateur d’Israël, cautionnant la réalité de l’occupation.

Sondage palestinien

Selon le dernier sondage réalisé par l’institut de sondage palestinien PCPSR, dirigé par le professeur Khalil Shikaki, à la fin du mois de septembre, 52 % de la population palestinienne soutient le démantèlement de l’Autorité palestinienne et 62 % la considère comme un fardeau pour le peuple palestinien. De plus, le sondage montre que 76 % de la population palestinienne est insatisfaite de la gouvernance de Mahmoud Abbas, et que si des élections avaient lieu, le candidat du Hamas Ismail Haniyeh aurait été élu (58 % contre 37 %).

L’Autorité palestinienne a réussi une chose : continuer à inciter à la haine d’Israël et façonner, au cours de trois décennies, la société palestinienne à la haine envers les Juifs, la promotion du terrorisme, et la glorification des terroristes.

Par ailleurs, l’Autorité fournit un soutien financier aux terroristes, dans les prisons israéliennes et à leurs familles. Sa raison d’être est la négation du droit des juifs à un État dans la région.

Malgré les échecs, il y a encore des voix, tant en Israël qu’aux États-Unis, qui recommandent qu’après l’effondrement du Hamas, l’administration de la bande de Gaza soit reprise par l’Autorité palestinienne. L’administration Biden exploite la réticence d’Israël à contrôler 2,2 millions de Palestiniens de la bande de Gaza, pour avancer la proposition de transmettre la responsabilité de la gestion de leur vie quotidienne, par l’Autorité palestinienne à Gaza. Avec le retour de Gaza sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, les partisans de cette solution espèrent un renouveau du processus politique avec Israël. Il semble que des éléments à Washington et à Jérusalem soient « accros » par aveuglement, à l’Autorité palestinienne.

Le retour de la bande de Gaza à l’Autorité palestinienne, qui contrôle à peine la région de Ramallah, n’est rien d’autre qu’une répétition de la folie du processus d’Oslo.

Il ne faudra pas attendre longtemps, avant que l’Autorité palestinienne ne perde à nouveau le pouvoir au profit du Hamas ou d’une autre organisation islamiste. Cette alternative sera le chaos, qui permettrait aux terroristes d’agir contre Israël.

En conclusion

La principale leçon que la société israélienne a tirée de la deuxième Intifada est que, malgré le désir de parvenir à la paix avec les Palestiniens, il n’y a aucune chance, dans un avenir prévisible, de combler les fossés entre les parties et de surmonter la profonde crise de confiance mutuelle. Dans ce contexte, il semble que la leçon centrale de la société israélienne à la suite du massacre meurtrier perpétré par le Hamas, est de ne pas permettre aux Palestiniens ou à toute autre entité extérieure, d’assumer la responsabilité d’un territoire proche de la frontière israélienne. Les horreurs du massacre meurtrier perpétré par le Hamas et la campagne de terreur menée en Cisjordanie depuis mars 2022 ont ôté, à la plupart des Israéliens, l’espoir de voir une entité palestinienne désireuse de normaliser ses rapports avec Israël.

Par conséquent, au lendemain de l’effondrement de Hamastan dans la bande de Gaza, Israël doit s’assurer qu’il sera le seul responsable de la sécurité sur le terrain. Il ne doit y avoir aucune illusion sur l’incapacité de l’Autorité palestinienne, d’apporter une solution dans la bande de Gaza. Il est vital de réfléchir à d’autres alternatives, pour l’avenir de cette bande côtière. En dehors d’une zone de sécurité dans laquelle il y aura un régime de mouvement particulièrement strict et une liberté d’action militaire totale dans la bande de Gaza, Israël doit achever, une fois pour toutes, le désengagement total de la bande de Gaza et assurer le verrouillage strict des frontières. L’avenir économique et civil de la bande de Gaza ne peut plus passer par Israël.

Peut-être qu’un jour et après que les conditions appropriées auront été réunies, l’Autorité palestinienne pourra retourner dans la bande de Gaza, mais ce ne sera pas celle que nous connaissons :

Celle-ci devra subir une profonde transformation politique, idéologique et même psychologique, en déracinant l’incitation à la haine envers Israël. La nouvelle Autorité palestinienne devra être contrôlée et supervisée par la communauté internationale.

Ce n’est qu’à ce moment-là, qu’il sera possible d’envisager son retour dans la bande de Gaza.

Les déclarations sur le retour de l’Autorité palestinienne telle qu’elle est aujourd’hui ne sont pas seulement un détachement de la réalité, mais un grand danger de rééditer le système qui existait dans la bande de Gaza jusqu’au 7 octobre 2023.

La communauté internationale doit se libérer de son « amour » pour l’Autorité palestinienne. Ce tropisme pro palestinien l’aveugle et l’empêche d’appréhender l’ampleur du problème et donc d’imaginer des solutions équilibrées. L’avenir de la bande de Gaza, doit s’inscrire dans une recomposition géostratégique régionale, basée sur le processus de normalisation entre Israël et le monde arabe sunnite pragmatique, dirigé par l’Arabie saoudite.

Alors et seulement alors, le développement palestinien sera possible. La bande de Gaza s’intégrerait dans l’axe de la résistance contre l’impérialisme iranien. L’Autorité palestinienne d’aujourd’hui est profondément hostile, voire ennemie. Par conséquent, Israël doit rester lucide, afin d’éviter une nouvelle erreur tragique qu’était Oslo. KM&UW

Prof. Kobi Michael et Dr. Uri Wertman, JISS

*- Pr Kobi Michael est Chercheur principal à l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS)

– Dr Uri Wertman est Expert en politique et en sécurité nationale.


Traduction et adaptation pour MABATIM.INFO : Édouard Gris

1 Trêve signée entre Mohamed et les Mecquois au village Khoudayebiya. La durée de cette trêve devait être de 9 ans, 9 mois et 9 semaines. Les Mecquois, au bout de 2 ans, par négligence ont « baissé la garde ». Mohamed, attendait patiemment ce moment de faiblesse et, rompant la trêve, a attaqué La Mecque par surprise et a conquis la ville.

4 commentaires

  1. Décidément cette idée de vouloir à tout prix un état palestinien à côté d’Israël et vraiment l’idée la plus stupide jamais édictée. Que faut-il à tous ceux qui soutiennent encore cette idée ? De nouveaux massacres ? Des décénies de problèmes ont montré que ça ne marchera jamais. Est-ce si difficile à comprendre que ce n’est pas ce que les fakestiniens veulent et l’on dit et fait comprendre depuis 1948. Ils veulent la disparition pure et simple d’Israël. Alors pourquoi bon sang s’arcbouter sur une solution par avance vouée à l’échec. Un enfant de douze ans comprend ça.

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  2. Ok le Hamas sera exclu détruit. Ok l’autorité palestinienne n’est pas la solution pour Gaza, comme pour les territoires disputes de Judée et Samarie.
    Mais puisqu’on est à un tournant ou tout peut être remis sur la table, des propositions nouvelles et les plus folles peuvent être émises. Maintenant.
    Pourquoi pas englober les villes et régions à majorité arabes des territoires disputes à la Jordanie ? Pourquoi pas adjoindre Gaza à l’Egypte ,?
    Irréaliste ? Oui aujourd’hui. Mais de toute façon aucune autre solution n’est réaliste aujourd’hui.
    C’est le moment de lancer ou relancer cette idée et de la diffuser, la répéter pour des années.
    Avec le soutien logistique economique des pays arabes, et de la communauté internationale, ce sera possible.
    L’idée de le faire accepter ne serait pas plus longue que le changement a opérer dans les mentalités de l’autorité palestinienne et de la population palestinienne pour extirper la haine d’Israel et des juifs, tout comme à faire accepter l’existence même de l’état d’Israel.
    Il resterait à solutionner le noeud du problème qu’est la souveraineté de Jérusalem ou plutôt la souveraineté et la gestion du Mont du Temple ou Esplanade des mosquées.
    Et proposer une solution en même temps: Souveraineté internationale ? Ou autre ?
    Mais il faut proposer quelque chose d’acceptable pour les partis sinon il n’y aura jamais de solution pérenne.

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    • ….Pourquoi pas englober les villes et régions à majorité arabes des territoires disputes à la Jordanie ? Pourquoi pas adjoindre Gaza à l’Egypte ,? ….
      Tout à fait d’accord pour Gaza. Mais « englober les villes… » ferait de la Judée-Samarie un gruyère avec les mêmes problèmes de voisinages bien connus. Je pense qu’il faut une séparation claire et nette et déplacer toutes ces villes arabes en Jordanie qui est leur lieu naturel. Il y a déjà 20% d’arabes israéliens et y ajouter une volée de terroristes potentiels ne me semble pas une bonne idée.

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  3. Les américains et les européens ne démordront jamais de leur lubie de créer un Etat palestinien. C’est une répétition lamentable qui ne fonctionnera jamais. Il faut faire de Gaza un parc et reprendre la Judée et Samarie (SVP ne dites plus Cisjordanie) quant aux palestiniens, ils sont arabes – la Palestine n’a jamais existé- Il faut les déverser au sein de 57 pays arabes, leurs frères, la Ouma. Il n’y a aucune autre solution qui puisse convenir à la survie d’Israël. En outre la haine du juif chez les arabes est ancrée en eux depuis Mahomet.

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