
Mars 2014
Par Roger Chemouni
Pologne 1962 : une jeune orpheline tente de joindre son unique parente avant de prononcer ses vœux. Celle-ci, Wanda est une ex-juge stalinienne, qui lui révèle qu’elle est juive et que ses parents ont été tués durant la Seconde Guerre Mondiale. Cette découverte qui va bouleverser son existence va l’emmener avec sa tante Wanda, à enquêter sur le sort de sa famille durant l’occupation nazie. Elle en ressortira meurtrie et sa rencontre avec un jeune saxophoniste ne calmera pas entièrement sa douleur.
Le choix de situer ce récit dans la Pologne d’hier n’est point innocent tout comme le traitement en noir et blanc ; tous deux soulignent la dureté d’un pays encore empreint d’antisémitisme et de secrets cachés. Le réalisateur ne cible point la religion chrétienne, mais un pays au comportement lâche dont certains habitants profitèrent du sort des juifs pour spolier leurs biens et participèrent de près comme de loin à leurs morts.
L’œuvre accusatrice est dense et complexe, pathétique et drôle par endroit, elle évite tout pathos même si elle inclut des moments dramatiques. Le film subjugue par ses silences, notamment ceux de l’héroïne dépassée par les événements, qui pourront remettre en question ses choix, et par une musique jazzique qui contredit l’aspect sectaire d’un pays communiste.
Ce film politique, au-delà d’un travail sur la mémoire, se veut une réflexion profonde sur l’identité, la famille, la foi, l’utopie politique et sur l’homme.