« La gestion de l’eau en Israël un apartheid ? » Quelques rappels factuels

Jordan-River-300x215[1]Ces dernières semaines, à l’occasion de la visite en Israël du président du Parlement européen, est revenu sur le devant de la scène un sujet qui fait toujours polémique : la question de l’eau. M. Martin Schultz avait en effet cru bon de reprendre sans vérification « les paroles d’un jeune palestinien qui l’avaient choqué (sic) ». On se souvient qu’en 2012, une délégation de députés français, conduite par l’ancien ministre Jean Glavany, avait dénoncé « un nouvel apartheid » dans la gestion de l’eau en Israël (Le Monde). Un document récent publié par le professeur Gvitzman, hydrologue de l’Université Hébraïque de Jérusalem, donne à la question les bases factuelles qui manquent cruellement aux hommes politiques qui s’emparent du sujet. Merci à www.nuitdorient.com pour sa traduction en français. DF♦.

Par le Prof. Haïm Gvirtzman*,

Source: BEGIN –SADAT Center for Stratgic Studies (BESA) – N° 238, 24 Février 2014

Introduction 

Les pénuries d’eau dans les territoires sous administration palestinienne sont le résultat de la politique palestinienne qui dilapide délibérément l’eau et détruit l’environnement.

Les Palestiniens refusent de développer leurs ressources souterraines d’eau, de construire des stations de dessalement d’eau de mer, de réparer les fuites massives d’eau de leurs tuyauteries, d’irriguer avec de l’eau usée traitée ou avec des techniques modernes d’irrigation, et même de facturer leurs consommateurs, ce qui est source de pertes importantes.

Dans le même temps, ils puisent de façon illégale dans les sources d’eau israéliennes, et déversent leurs eaux usées dans les vallées du Centre d’Israël.

En bref, les Palestiniens utilisent l’eau comme une arme contre l’Etat d’Israël. Ils ne sont pas intéressés par des solutions pratiques pour résoudre leurs pénuries d’eau, au contraire ils perpétuent leurs pénuries afin d’accuser Israël.

Un débat important a surgi suite aux allégations du Président du Parlement Israélien, Mr Martin Schulz, selon lesquelles, la quantité d’eau disponible pour l’Israélien est très largement supérieure à celle disponible pour un Palestinien.

Le vrai problème qui doit être débattu et qui ne l’a pas été est le suivant.

Quelles sont les causes des problèmes d’eau chez les Palestiniens ?

Le débat doit tenir compte des faits importants suivants :

1°) Les accords d’Oslo donnent droit aux Palestiniens à puiser 70 Millions de m3 d’eau de l’aquifère Montagneux Est (nappe phréatique). De fait cette ressource n’est pas suffisamment exploitée par les Palestiniens, laissant l’eau se déverser vers la Mer Morte.

Selon les accords israélo-palestiniens, près de 40 puits ont été identifiés dans l’aquifère à l’Est des collines de Hébron, et des permis ont été attribués aux Palestiniens par le Comité Conjoint Israélo- Palestinien. Néanmoins, au cours des 20 dernières années, les Palestiniens n’ont puisé que le tiers de ces puits, malgré les financements octroyés par la Communauté Internationale.

Si les Palestiniens avaient développé et puisé dans ces sources, ils auraient résolu totalement les problèmes de pénurie d’eau dans la région de Hébron.

Mais les Palestiniens ont préféré puiser dans le bassin de l’aquifère montagneux Ouest qui fournit l’eau à l’Etat d’Israël. Au lieu de résoudre leurs problèmes, ils ont choisi une solution illégale qui les met en conflit avec Israël.

2°) Les Palestiniens ne se préoccupent pas de réparer leurs fuites en eau des tuyauteries qui atteignent 33%. L’entretien des infrastructures d’eau a été complètement délaissé. En comparaison les fuites d’eau dans les conduites israéliennes ne dépassent pas 10%

3°) Les Palestiniens refusent de construire des installations de traitement d’eau malgré l’obligation signée lors des accords d’Oslo. Les eaux usées sont évacuées en dehors des villes et villages palestiniens, directement vers les nappes phréatiques polluant l’aquifère et provoquant des maladies. Malgré la volonté de pays donateurs de financer ces installations, les Palestiniens continuent d’éviter de remplir leurs obligations. C’est seulement au cours des toutes dernières années, sous la pression des Israéliens, que les Palestiniens ont commencé à se préoccuper de ce problème.

4°) Les Palestiniens refusent d’irriguer leurs champs avec des eaux usées traitées à cet effet. En comparaison, plus de la moitié de la consommation en eau agricole israélienne provient d’eaux usées traitées. Il est clair que si les Palestiniens évitaient d’irriguer leurs champs avec de l’eau potable, ils auraient réduit considérablement leur pénurie en eau.

5°) Certains agriculteurs palestiniens continuent d’irriguer leurs champs en les inondant au lieu d’utiliser des techniques modernes disponibles. Le goutte à goutte pratiqué par les Israéliens amène l’eau jusqu’à la racine de la plante, ce qui réduit la consommation en eau de près de 50%.

6°) La Communauté Internationale a proposé de construire une usine de dessalement d’eau de mer à Gaza. Les Palestiniens ont refusé ce cadeau. Une telle station aurait résolu tout le problème de pénurie d’eau à Gaza. Ils refusent de construire cette usine car selon eux ils ont droit à puiser de l’eau dans les ressources de Judée Samarie, et ils préfèrent souffrir jusqu’à réaliser ce rêve.

L’eau disponible et l’eau récupérable

Ces faits indéniables sont graves, car ils ont des conséquences importantes.

Actuellement les Palestiniens consomment 200 Millions de m3 d’eau par an en Judée Samarie (CisJordanie). Ils pourraient sans difficultés augmenter cette quantité de 50%, sans aucune assistance ou allocation supplémentaire de la part d’Israël.

Ceci demanderait quelques actions très simples.

The Israeli-Palestinian Water Conflict2
Quantité d’eau fournie à l’Autorité palestinienne depuis l’accord intérimaire de 1995

– Si les Palestiniens commençaient à puiser l’eau dans l’aquifère oriental, dans les sites déjà approuvés par comité conjoint, ils pourraient disposer de 50 Millions de m3 d’eau supplémentaires.

– Si les Palestiniens entretenaient leurs conduites d’eau, réduisant les fuites de 33% à 20%, ils disposeraient de 10 Millions de m3 d’eau supplémentaires.

– Si les Palestiniens recyclaient leurs eaux usées au lieu de les renvoyer dans les nappes phréatiques, ils disposeraient de 30 Millions de m3 d’eau supplémentaires. Cela permettrait de retrouver 30 Millions de m3 d’eau potable pour la consommation domestique, et leur permettrait d’augmenter leur surface cultivée.

– Si les Palestiniens adoptaient le goutte à goutte, ils disposeraient de 10 Millions de m3 supplémentaires.

Dans la bande de Gaza, les Palestiniens pourraient aisément doubler la quantité d’eau disponible sans aucune assistance de la part d’Israël, en construisant une usine de dessalement d’eau de mer, entièrement financée par la Communauté Internationale. Ils augmenteraient ainsi leur quantité d’eau disponible de 60 à 100 Millions de m3. Si de plus ils réparaient leurs fuites ils pourraient doubler leurs disponibilités en eau.

Le problème de l’eau utilisé à des fins politiques

Malheureusement, l’Autorité Palestinienne –comme démontré dans les six points ci-dessus –  se sert du problème de l’eau à des fins politiques de guerre de l’eau. Il n’y a pas de réelle volonté de la part des Palestiniens de résoudre leur problème de l’eau. Ils préfèrent maintenir une situation de pénurie d’eau afin d’accuser Israël d’Apartheid, même si c’est au détriment de la population.

La stratégie de guerre de l’eau adoptée par l’Autorité Palestinienne explique d’autres réalités.

Sur le plan du puisage illégal de l’eau,

– En 2010, les Palestiniens ont puisé dans près de 250 puits illégaux dans les aquifères Ouest et Nord, en violation des accords d’Oslo. Depuis, le nombre de puits non autorisés et malgré tout exploités, est en constante augmentation. Ceci a réduit les quantités d’eau disponibles à Beith Shéan et dans les vallées de Harod, obligeant les fermiers israéliens à réduire leurs plantations. L’État d’Israël a donc été amené à réduire son pompage dans l’aquifère montagneux de 500 Millions en 1967 à 400 Millions aujourd’hui.

– Les Palestiniens piratent les tuyauteries d’eau appartenant à la Société des Eaux israélienne Mekorot, réduisant d’autant les capacités de fourniture et de facturation aux Israéliens. L’eau dérobée est utilisée essentiellement pour l’agriculture et non pour les besoins domestiques.

Sur le plan du développement durable, l’Autorité Palestinienne refuse exprès de pratiquer ce principe, en n’entretenant pas ses tuyauteries, en ne recyclant pas ses effluents, en utilisant l’eau potable à des fins agricoles, et ne facturant pas toute l’eau qu’elle fournit à ses utilisateurs. La conséquence immédiate de ce défaut de facturation, du fait qu’il n’y a pas à l’entrée de chaque usine ou résidence palestinienne de compteurs d’eau, est le gâchis, car quand on ne paie pas l’eau, on n’en prend pas soin.

Sur le plan de la dépendance d’Israël, les Palestiniens achètent près de 50 Millions de m3/an à Israël, mais ils ne paient pas directement cette eau à Mekorot. L’Etat d’Israël retient les montants correspondants sur les taxes et droits de douane, et règle Mekorot. Mais il faut noter que les Palestiniens ne paient ainsi que 80% des sommes dues ! Les négociations pour augmenter le prix de l’eau ont échoué au cours des 10 dernières années.

Du fait de cette opacité, c’est en fait  l’Israélien qui paie ce manque à gagner dans sa facture d’eau.

En somme, l’Autorité Palestinienne utilise l’eau comme une arme contre Israël, en réduisant les quantités disponibles, en polluant les nappes phréatiques, et en accusant Israël de pratiquer l’Apartheid de l’eau.

Et l’Occident est complice ou tombe dans le piège

Malheureusement les propos injustifiés du Président Martin Schulz à la Knesset, accusant Israël de pratiquer une politique déséquilibrée de l’eau, semblent montrer que les Palestiniens ont réussi à ternir l’image d’Israël auprès de l’Occident, alors qu’ils sont pratiquement les seuls de tous les pays arabes voisins à disposer d’eau potable en continu dans 96% des maisons.

– A Amman, l’eau est fournie aux maisons privées une fois toutes les deux semaines.

– En Syrie, comme en Irak les champs agricoles autour du Tigre et de l’Euphrate sont asséchés à cause du détournement en amont des eaux de ce fleuve par les turcs. Près de 3 Millions d’agriculteurs ont migré depuis le Printemps arabe vers d’autres régions mieux fournies.

– En Egypte, des millions de m3 d’eau sont perdus tous les ans à cause de l’irrigation par inondation. Le Nil peut fournir 30 fois plus d’eau que ne peut en disposer Israël, avec une population à peine 10 fois supérieure, et pourtant l’Egypte manque cruellement d’eau potable.

– En Afrique du Nord, il y a un manque crucial d’eau.

The Israeli-Palestinian Water Conflict
Carte des systèmes de fournitures d’eau en Judée Samarie

En revanche, l’État d’Israël crée des sources artificielles d’eau, par dessalement d’eau de mer ou par recyclage d’eaux usées, et a une gestion économe et effective, en conséquence de quoi il n’y a pas pénurie d’eau, et ce malgré plusieurs années de sécheresse.

De plus, Israël devient exportateur net d’eau ! Israël fournit 55 Millions de m3 d’eau par an à la Jordanie, et vend 50 Millions de m3 d’eau aux Palestiniens.

Dans l’avenir, quand la paix sera établie et une vraie coopération désirée par les Palestiniens – qu’ils ne recherchent pas vraiment- l’État d’Israël sera prêt et capable d’aider les voisins à résoudre leurs problèmes de pénurie d’eau.

Texte intégral (Anglais)
Traduction française : www.nuitdorient.com
Pour en savoir plus (Anglais)

* Haïm Gvirtzman est professeur en Hydrologie à l’Institut des Sciences de la Terre à l’Université Hébraïque, et est membre de l’Israël Authority Council. Il a longtemps été conseiller du Comité conjoint pour l’eau Israël – PA (Joint Water Committee). Il a dirigé l’Étude du BESA Center’s sur les problèmes israélo-palestiniens de l’eau.

Un commentaire

  1. Mettre en avant la consommation moyenne d’eau per capita, comme on le fait en affichant. qu’un israélien consomme deux fois plus d’eau qu’un palestinien, n’a aucun fondement : la consommation globale d’eau d’Israel est la somme entre l’eau consommée individuellement par ses citoyens et celle consommée par l’industrie, l’agriculture, la protection de l’environnement. On connaît le niveau des industries et de l’agriculture palestiniennes ; mais indépendamment de ceci, dans chaque produit alimentaire ou industriel israélien acheté par un palestinien de l’eau y est incorporée dont il en profite ! Il en est de même des infrastructures et autres moyens consommateurs d’eau : routes, parcs, hôpitaux, transports… On peut tout faire dire aux moyennes !

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