Le billet d’Eva Naccache : « Quand PICASSO aime… »

Picasso self-portrait-1907Par Eva Naccache

Un homme « odieux » et un immense génie. Imbu de lui-même et amoureux passionné.

Une anecdote confirme l’aspect dilaté de son ego : il est autorisé à vivre dans le musée d’Antibes pendant les aménagements de sa villa à Mougins. Quand enfin Picasso déménage, le conservateur s’aperçoit de la disparition de deux toiles de Nicolas de Staël ; après maintes recherches, il faut bien questionner le Maître en y mettant les formes…… Réponse : « une nuit, j’étais inspiré et je n’avais plus de toile, je les ai utilisées ». Voilà l’homme !

L’important, c’est l’œuvre ! Magistrale, exceptionnelle, novatrice… Tous les adjectifs conviennent. Le musée dit « salé » (parce que construit grâce à l’impôt sur le sel) présente tant de toiles qu’on s’affole.

**Retrouvez les billets d’Eva Naccache**

Prenons le thème des amours et de l’art, modestement choisissons quelques portraits ; le musée ayant une présentation chronologique, suivons le temps.

1896, il a seize ans, « sa mère et sa sœur brodant » nous font comprendre son admission à l’école des beaux arts. Toutes les règles traditionnelles sont acquises, on comprend qu’il doive rechercher « autre chose ».

La femme qui pleure
Picasso : La femme qui pleure

A chaque passion, un style qui dévoile et fait découvrir l’Aimée. Même si les passions se chevauchent quelques fois.

Passion pour la belle ballerine russe Olga Khokhlova. Elle ne succombe pas ; Pablo l’épouse en 1918, à l’église russe, avec pour témoins : Max Jacob, Apollinaire et Cocteau. « Olga dans un fauteuil » portrait figuratif ; elle est présentée en espagnole, chaque pli du vêtement, chaque fleur de la méridienne est à la fois parfaitement reproduite mais en même temps travaillée ; œuvre « photographique ». La gloire et la fortune arrivent, le couple s’installe rue de la Boétie, engage des domestiques ; ils ont un fils Paul ; l’amour s’émousse d‘autant plus qu’un autre minois est apparu. Divorcer c’est partager !!!!! Olga est peinte en pieuvre rose, ses tentacules étouffent la chaise sur laquelle elle est posée. On ne comprend ce tableau bizarre qu’en connaissant l’histoire.

En 1927, l’autre minois est Marie-Thérèse Walter, dix-sept ans, rencontrée près des Galeries Lafayette. Pablo a le coup de foudre, lui propose de la peindre, elle est méfiante mais…. « Io soy Picasso » déclare-t-il à la jeune fille qui ignore sa renommée ; ils auront neuf ans de bonheur et une fille Maya. C’est une passion calme, les portraits sont tout en courbes et en couleurs douces, elle est avec des fleurs en couronne ou l’entourant.

Mais arrive… Dora Maar, photographe de talent et peintre. Elle travaille avec Jean Renoir sur le tournage du « crime de monsieur Lange » ; Paul Eluard la présente à Picasso. Elle a une forte personnalité, souvent elle lui tient tête, amours orageuses. Elle est « la femme qui pleure » dans son portrait.

Eva NaccacheLes relations se chevauchent parfois !!! Dans « femmes couchées », on retrouve Dora et Marie Thérèse, peut être deux aspects de la même personne !!

D’autres femmes ont traversé sa vie ; Picasso a déclaré : « Pour mon malheur et pour ma joie, peut-être, je place les choses selon mes amours. »EN♦


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Un commentaire

  1. Désolée de vous contredire Eva mais pour moi Picasso a été surévalué. Certes, au départ il possède le métier, il aurait pu devenir un très grand artiste mais il dérive à partir « des demoiselles d’Avignon ». S’il y a rupture, ce n’est pas pour la beauté de l’art; il transgresse et c’est tout. Ses femmes distordues sont peut-être à l’image de celles qu’il a eues, fait souffrir et perdues. Et ce n’est pas par féminisme que je dis cela ! C’est un constat. Selon moi, il a gâché son immense talent et son métier. Sa transgression est celle d’un homme qui veut la gloire et l’argent. C’est un excellent graveur et dessinateur mais selon moi, encore une fois il a trahi son art et a influencé la peinture dans le mauvais sens. Il est beaucoup plus authentique dans ses dessins, par exemple ses scènes de tauromachie. Dans « L’art et sa destruction » réflexions sur la peinture, Maurice Mazo écrit : « Picasso est un peintre supérieur aux autres, cubistes ou abstraits, parce qu’il a une invention mais une invention dans le sens : »je n’ai pas peur de détruire », par conséquent, « je ne tombe pas dans la bêtise académique d’un André Lhote »…. Je fais du Picasso, c’est à dire parce que je suis Picasso, je suis un grand créateur, mais en ce qui concerne « la représentation » je m’en fous ». C’est sans doute pour cette raison que Picasso est exposé en France avec une fréquence injustifiée mais qui, selon moi, correspond bien à la destruction des valeurs de notre temps. Pendant qu’on nous impose Picasso, on ne nous montre pas de réels talents contemporains qui ne sont pas reconnus par la doxa du Ministère de la culture: je ne citerai que Jean-Baptiste Sécheret, ou Serguei Schepick (peintre russe naturalisé français et mort il y a quelques années)

    Picasso annonce, pour moi, la destruction d’un art véritable où la sensibilité doit être présente et son corolaire, la recherche du beau. Et pour ceux qui ne connaissent pas Zoran Music je vous invite à voir sa peinture sur le camps de Dachau qui, malgré l’épouvante suscitée par le sujet, en fait une véritable oeuvre d’art. Aujourd’hui il ne faut quasiment plus faire de peinture figurative ! Après l’abstraction, il y a les installations. Le néant gagne hélas tous les domaines de notre culture qui faisait pourtant notre gloire !

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