Un homme « odieux » et un immense génie. Imbu de lui-même et amoureux passionné.
Une anecdote confirme l’aspect dilaté de son ego : il est autorisé à vivre dans le musée d’Antibes pendant les aménagements de sa villa à Mougins. Quand enfin Picasso déménage, le conservateur s’aperçoit de la disparition de deux toiles de Nicolas de Staël ; après maintes recherches, il faut bien questionner le Maître en y mettant les formes…… Réponse : « une nuit, j’étais inspiré et je n’avais plus de toile, je les ai utilisées ». Voilà l’homme !
L’important, c’est l’œuvre ! Magistrale, exceptionnelle, novatrice… Tous les adjectifs conviennent. Le musée dit « salé » (parce que construit grâce à l’impôt sur le sel) présente tant de toiles qu’on s’affole.
**Retrouvez les billets d’Eva Naccache**
Prenons le thème des amours et de l’art, modestement choisissons quelques portraits ; le musée ayant une présentation chronologique, suivons le temps.
1896, il a seize ans, « sa mère et sa sœur brodant » nous font comprendre son admission à l’école des beaux arts. Toutes les règles traditionnelles sont acquises, on comprend qu’il doive rechercher « autre chose ».

A chaque passion, un style qui dévoile et fait découvrir l’Aimée. Même si les passions se chevauchent quelques fois.
Passion pour la belle ballerine russe Olga Khokhlova. Elle ne succombe pas ; Pablo l’épouse en 1918, à l’église russe, avec pour témoins : Max Jacob, Apollinaire et Cocteau. « Olga dans un fauteuil » portrait figuratif ; elle est présentée en espagnole, chaque pli du vêtement, chaque fleur de la méridienne est à la fois parfaitement reproduite mais en même temps travaillée ; œuvre « photographique ». La gloire et la fortune arrivent, le couple s’installe rue de la Boétie, engage des domestiques ; ils ont un fils Paul ; l’amour s’émousse d‘autant plus qu’un autre minois est apparu. Divorcer c’est partager !!!!! Olga est peinte en pieuvre rose, ses tentacules étouffent la chaise sur laquelle elle est posée. On ne comprend ce tableau bizarre qu’en connaissant l’histoire.
En 1927, l’autre minois est Marie-Thérèse Walter, dix-sept ans, rencontrée près des Galeries Lafayette. Pablo a le coup de foudre, lui propose de la peindre, elle est méfiante mais…. « Io soy Picasso » déclare-t-il à la jeune fille qui ignore sa renommée ; ils auront neuf ans de bonheur et une fille Maya. C’est une passion calme, les portraits sont tout en courbes et en couleurs douces, elle est avec des fleurs en couronne ou l’entourant.
Mais arrive… Dora Maar, photographe de talent et peintre. Elle travaille avec Jean Renoir sur le tournage du « crime de monsieur Lange » ; Paul Eluard la présente à Picasso. Elle a une forte personnalité, souvent elle lui tient tête, amours orageuses. Elle est « la femme qui pleure » dans son portrait.
Les relations se chevauchent parfois !!! Dans « femmes couchées », on retrouve Dora et Marie Thérèse, peut être deux aspects de la même personne !!
D’autres femmes ont traversé sa vie ; Picasso a déclaré : « Pour mon malheur et pour ma joie, peut-être, je place les choses selon mes amours. »EN♦