« Adar, mois de tragédie »

Par Samuel Sandler

Discours prononcé à Versailles lors du Shabbat jeunes du 5 Mars, qui correspondait au 25 Adar, Jahrzeit de Jonathan, Arie et Gabriel…

Sandler inauguration« Chers amis. Dans la tradition ashkénaze, on célèbre le Jahrzeit qui tombe en adar en adar 1 et adar 2. Nous sommes aujourd’hui le 25 adar 1. C’était le 19 Février 2012, j’étais à Orly. J’attendais l’arrivée du vol AF 6141 en provenance de Toulouse. A bord, mon épouse Myriam et mon petit fils Arié. Imaginez ma joie à la vue d’Arié, tenant la main de sa grand-mère dans l’escalier roulant qui les conduisait dans le hall d’arrivée où je les attendais.

Eva et Jonathan nous avaient confié leur fils Arié, pour une semaine de vacances à Jérusalem. Je n’ai pas de mots pour exprimer le bonheur que ce voyage fut pour nous. Je n’oublierai jamais Arié, tous les soirs après la prière de Amalar Hagoel, demander à D. de protéger tous ceux qu’il aime.

Ce voyage se déroulait à la veille de Pourim. Nous avions rapporté de Gueoula, des déguisements. La photo de Gabriel en Cohen Gadol est certainement la dernière que nous avons de lui. Gabriel, mon monsieur Coca, premier des Sandler né à Jérusalem, après 2000 ans d’exil.

Rappelant la mémoire d’Arie et Gabriel, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour leur petite sœur Liora qu’ils aimaient tant, et qui n’embrassera jamais plus ses frères ni son père

La dernière fois, que j’ai vu Jonathan, Arié et Gabriel ensemble, c’était le 29 Janvier 2012 au soir. J’étais à Toulouse pour raison professionnelle. Le soir, sortant de la station de métro La Roseraie, pour me rendre chez mes enfants, j’aperçus alors, Jonathan allant à ma rencontre, tenant par la main, d’un côté Arié, de l’autre Gabriel.

Ce 19 Mars, 25 Adar, certainement Jonathan devait tenir par la main ses deux fils, malheureusement, il ne savait pas que c’est vers la mort qu’ils se dirigeaient. Dans la guemara de Taanit , 29 a , il est écrit : Michinirnass Adar Meravine be simh’a, l’entrée du mois de Adar doit être marquée par la multiplication de joie.

Pourtant dans notre famille, Adar est le mois de la tragédie :

  • 25 Adar assassinat de Jonathan, Arié, Gabriel à Toulouse
  • 13 Adar assassinat par les nazis à Sobibor de ma Grand-Mère maternelle Pauline, dont Liora porte également le prénom.
  • 23 Veadar, assassinat à Sobibor par les nazis de mon oncle André, ma tante Mina et mon cousin Jean Salomon

Mes parents sont nés en Allemagne, dans la vallée rhénane. Mon père y était industriel. Ils fuirent l’Allemagne nazie avec ma sœur Léa pour la France, ils s’installèrent successivement au Havre, à Angers et enfin à Limoges. C’est dans cette dernière ville qu’à l’initiative du Grand rabbin Deutsch, ils y ouvrirent un restaurant. Très vite le 6 rue Gaignolle, «  Chez les Sandler » devint une adresse où on allait se nourrir , s’entre aider, on y venait de tout le Limousin et du Périgord voisin. Après la guerre, c’est rue de Médicis dans le Quartier Latin, au foyer israélite, plus connu sous l’appellation « chez les Sandler »  que des centaines d’étudiants des années 50-60, se sont retrouvés et restaurés.

Samuel Sandler
Samuel Sandler

Alors si « chez les Sandler »  on s’y rendait pour nourrir son corps, aujourd’hui à Jérusalem, grâce à ma belle-fille Eva on se rend au « Beth Sandler» non plus pour nourrir son corps, mais pour nourrir son âme . Shabbat shalom ». ♦

 

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