Par Liliane Messika et Serge Skrobacki
Ce n’est pas un hasard si la psychanalyse a été découverte par un Juif.
Freud était juif. On dit aussi « fils d’Israël ».
Petit rappel : si l’État juif a pris ce nom, c’est par référence à Jacob, que l’ange avec qui il s’est battu a ainsi rebaptisé (!), car ce nom signifie « qui lutte contre Dieu ».
Par extension, Israël est celui qui lutte tout court.
Israël lutte pour sa survie après que le peuple juif a frôlé la disparition finale, et les Juifs luttent contre les idées noires, contre les antisémites et souvent contre eux-mêmes.
Les antisémites ont besoin des Juifs, pas l’inverse
Si les antisémites parvenaient à leurs fins, ils se suicideraient (trop tard, hélas !), car leur raison d’être est cette haine irrationnelle et insatiable… mais pour l’instant encore socialement inavouable.
- C’est pourquoi ils se dissimulent habituellement derrière des périphrases ou des synonymes : « je ne suis pas antisémite, mais Israël scrogneugneu… »
- « Être antisioniste, c’est être humaniste, puisque c’est s’opposer à l’inhumanité de l’État juif… »
Il faut être juif, ou démocrate lucide pour oser soulever le lièvre, que dis-je, le kangourou de l’antisémitisme sous le voile tortu-eux de l’islam, de la palestinolâtrie ou de l’obsession onusienne contre Israël.
Les Juifs, c’est bien connu, sont hypersensibles, voire paranoïaques.
Leurs accusations d’antisémitisme n’ont donc pas à être prises en compte. Au contraire, elles peuvent, elles doivent, se retourner contre eux.
Ainsi l’ex-conseiller de Lionel Jospin, Pascal Boniface s’est-il reconverti dans la plainte « on me traite d’antisémite chaque fois que j’émets une critique circonstanciée contre Israël ».
Il s’était tout d’abord vu offrir le fromage de la direction de l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques) après avoir été exclu du Parti Socialiste.
Depuis la défaite de son conseillé[1], il engrange de surcroît les dividendes stratosphériques de ses conseils.
Quels conseils et quels dividendes ?, se demandent ceux qui sont trop vieux pour se souvenir, ou trop jeunes pour avoir eu l’occasion d’apprendre que Lionel Jospin fut un candidat éphémère à la présidence de la république en 2002.
Les conseils visaient à exploiter la disproportion démographique en France entre les musulmans (environ 6 millions) et les Juifs (environ 600 000), pour cibler les votes des premiers en ostracisant les seconds à travers des attaques contre Israël.
Les juifs se plaignaient des centaines d’attaques antisémites qu’ils subissaient ? Conseil : leur répondre que ces attaques étaient justifiées par l’attitude impitoyable de l’État juif contre les pauvres Palestiniens.
Et les dividendes ? Ce sont les honoraires exorbitants que lui procurent ses conférences régulières dans moult dictatures islamo-nazies sur les thèmes les plus variés de l’obsession antijuive qu’il partage avec son public.
Quant aux démocrates lucides, c’est une espèce en voie de disparition
Leur prédateur est omnipotent : il s’agit du Consensus-mou de Labienpensance, une espèce médiapare (avec un E comme ovipare, pas avec un T comme…), rumeurivore et complotophile, qui croît et se multiplie dans des nids faits de fibres optiques et d’ondes hertziennes.
Il existe des démocrates lucides en liberté, mais pas assez pour nourrir tous les prédateurs, aussi les Consensus-mous élèvent-ils des ersatz de démocrates dans des fermes hors sol. Leurs produits sont atones, amorphes, inodores et insipides. Afin de les rendre plus attractifs, les éleveurs les dopent aux adjectifs et à la posture.
Les démocrates d’élevage sont autorisés à s’exprimer dans un cadre étroit, celui des émissions de variétés, et dans un format encore plus réduit, celui des petites phrases, des tweets, voire des onomatopées.
C’est dans cet esprit qu’éructe Meuh-lenchon
- Espèce: Homo politicus
- Genre: Bipède bruyant
- Famille: Posturés agressifs, sous-famille des Prétendus Insoumis visant à soumettre les autres.
- Ordre: Noirs désirs, noirs desseins, sous-ordre conscience immaculée.
- Classe: Carnivore, préférence pour les truffes et les riches (pas lui, les autres, ceux qui gagnent au moins un tiers de ses revenus à lui).
- Transports: au sol, d’aise devant les attaques de synagogues, en l’air, en première ou en classe business.
- Habitat rêvé : Venezuela
- Habitat réel: Paris Xème
- Habitat virtuel: Circonscription de Marseille où il est élu.
Invité quasi permanent des talk-shows toutes chaines confondues, Jean-Luc Mélenchon a pu se donner en spectacle Jeudi 30 novembre sur France 2.
Celui dont le programme prévoyait de faire sortir la France de l’Union européenne pour lui faire intégrer l’Union bolivarienne est maintenant exaspéré qu’on lui rappelle ses engagements et les conséquences qu’ils auraient pu avoir s’il avait pu les tenir.
Il avait préparé sa petite phrase©. Elle visait à ridiculiser la journaliste qui lui posait une question, il n’est pas sûr que ce soit elle qui passe à la postérité avec cet épisode :
« On va faire une boîte comme les vaches qui font meuh, et là ce sera Mélenchon et ça fera, Venezuela. »
Les vaches regardent passer les trains
Meuh-lenchon a regardé passer celui de la République en marche auquel il ne manquait que 600 000 wagons pour qu’il en soit le machiniste et il n’a toujours pas fini de ruminer sa défaite.
La journaliste de L’émission politique, qui cumulait la tare d’être inattaquable sur sa gauche par son père Régis Debray et irréprochable sur ses sources du fait que sa grand-mère vit au Venezuela, s’est vue agresser au motif qu’elle cherchait à briller aux dépens du paon insoumis, au lieu de s’ébaubir comme il eût fallu devant un « pays qui a essayé une politique pour défendre les pauvres ».
Le fait que ce pays, dont les réserves de pétrole brut sont les plus importantes au monde, connaisse maintenant la famine et la guerre civile ne semble pas peser beaucoup dans la balance.
En revanche, la solidarité de l’affameur de Caracas vis-à-vis des victimes d’Irma (le cyclone, pas la rousse), cela mérite d’être souligné.
« Au moment où Emmanuel Macron disait que le Venezuela était une dictature, le Venezuela envoyait 10 tonnes d’aide à Saint-Martin après le passage du cyclone Irma. »
Deux remarques de l’âne au coq
Primo, est-ce que cela veut dire que les dictatures ne peuvent pas envoyer des vivres à des victimes de cyclones ?
Il eût été plus pertinent de faire remarquer qu’au moment où les Vénézuéliens mouraient de faim dans la rue, dix tonnes de nourriture étaient envoyées à une île qui recevait déjà l’aide de toute la communauté internationale après une catastrophe naturelle.
Mais cela aurait risqué d’attirer l’attention sur le fait que la catastrophe humanitaire qui frappait le Venezuela n’était pas naturelle, mais politique.
Deuxio, au nombre des pays qui se sont portés au secours des victimes d’Irma, Israël a offert son expertise (acquise à corps défendant) en matière d’hôpitaux de campagne et de logistique des premiers secours.
Mais quand on trouve que ceux qui attaquaient les synagogues en juillet 2014 étaient « l’honneur et la dignité de la France », on évite de voir du beau, du bon ou Dubonnet dans l’État juif. Là, au moins, Meuh-lenchon est cohérent.
Et une troisième en direct de la synagogue
Le talmud explique que l’aumône donnée aux nécessiteux ne doit être ni ostensible ni disproportionnée…
Quid de celui qui ne nourrit pas ses enfants, mais qui aide, à grand renfort de publicité, les sinistrés sous les feux des projecteurs des médias ?
Tribun, polémiste, débatteur de génie, sont des qualificatifs qui, autrefois, s’attachaient à Le Pen (le père) et qui aujourd’hui, décrivent le lider maximo de la Fifi, la France insoumise soumise à Mélenchon.
« On est maître des paroles qu’on n’a pas prononcées, on est esclave de celles qu’on a dites » est une maxime attribuée à Confucius. On ne prête qu’aux riches. C’est certainement pour cela que Mélenchon n’en tient pas compte.
Emporté par son élan, il s’est donc pris les pieds dans le tapis de la défense de Danièle Obono, la députée Insoumise et indéfendable qui n’aime pas les Juifs, les blancs, les laïcs, les femmes libres…
Obono insoumise à Mélenchon, c’est contrariant
Elle aime les femmes voilées et dévoile sa haine des Juifs.
Mélenchon dit qu’il n’est pas d’accord avec elle, mais qu’elle est insoupçonnable, car elle a tous les « istes » qu’il faut. Sauf qu’il a dérapé :
« Danièle Obono est une militante antiraciste et antisémite », a déclaré Fifi’s boss.
Oups…
Comme disent les enfants de deux ans : « c’est pas ma faute, c’est pas moi et j’ai pas fait exprès ! »
Oh la vache, un lapsus, meuh alors un mahousse !
Tous les lapsus sont-ils révélateurs ? La réponse est oui.
Le lapsus, que la langue de bois médiatique semble confondre avec « méprise », possède une définition bien précise dont la principale dimension semble avoir été oubliée par nombre de commentateurs.
Un lapsus n’est pas une erreur mais une faute, en ce qu’il dévoile une intention inconsciente, consciemment réprimée parce que socialement ou moralement inacceptable.
Freud, qui a mis à jour et théorisé les lapsus, les considérait sur un pied d’égalité avec les rêves. Ces derniers dévoilent les désirs inconscients pendant le sommeil, les lapsus pendant la veille.
Mélenchon aurait donc un inconscient comme tout le monde ?
On le croyait surhumain, il ne l’est donc pas.
Son lapsus dévoile qu’il considère Obono comme une antisémite, ce en quoi il fait également la preuve qu’il n’est ni aussi sourd ni aussi aveugle qu’il affiche l’être.
Il n’est pas antisémite : on vient de le dire, c’est une pulsion qu’il convient de consciemment réprimer parce qu’elle moralement inacceptable (socialement, de moins en moins).
D’ailleurs, Mélenchon adore les juifs morts et trouve normal de leur rendre hommage. Il est juste antisioniste : il ne supporte pas les Juifs vivants, surtout quand ils sont dans leur pays d’origine et qu’ils y font ce qu’ils veulent (y compris refuser l’entrée à leurs ennemis), sans être soumis au Mélenchon-qui-rit.
Ouest France est-il lucide ou maladroit ?
Le H qui manque au patronyme de MÉLENCON, sur cette copie d’écran de Ouest France datant du 1er décembre 2017, s’appelle une coquille.
Savez-vous pourquoi ?
Parce qu’à l’époque (lointaine) où les textes étaient encore montés à la main, caractère par caractère, un typographe trop pressé d’écrire COQUILLE pour un titre en Une, oublia une lettre. Le Q.
Personne ne le remarqua avant que le journal fût imprimé. Imaginez le résultat…
Ouest France avait tout simplement raison avant tout le monde !
Suite à l’émission au cours de laquelle il prononça son lapsus historique, Mélenchon resta à célébrer le succès de sa prestation avec sa claque dans les coulisses du studio de France 2.
Il eût dû retomber sur terre le lendemain en se rendant compte de l’impression qu’il avait réellement produite sur le public, mais quand on a un ego de montgolfière, l’atterrissage n’est pas envisageable par grand vent. Aussi a-t-il choisi l’insulte et l’insinuation, comme le faisait … voyons, qui déjà ? Allez, faites un effort !
L’inconscient de Mélenchon ?
L’in & l’in, une technique mise au point par l’innommable
Jean-Marie Le Pen a habitué les téléspectateurs aux insultes contre ses adversaires politiques, parfois proférées ouvertement, parfois sous forme d’insinuations assez transparentes pour être comprises, mais pas assez pour qu’une sanction devant les tribunaux soit garantie.
Marine a repris le flambeau du parti, mais sa recherche de respectabilité l’a empêchée de recourir aux artifices dont son père était coutumier.
Jean-Luc Mélencon (© Ouest France) n’a pas ces pudeurs de vierge et ses ressemblances avec le père Le Pen ne se limitent pas là.
Comme son modèle (?), il donne l’impression d’être doué d’ubiquité, tant il est présent sur toutes les chaines, ondes, colonnes, réseaux sociaux, etc., tout en se clamant haut et fort victime de la méchanceté partiale des médias.
De là à lancer une pétition pour exiger la création d’un tribunal des médias qui sanctionnerait « symboliquement les menteurs, les tricheurs, les enfumeurs », il n’y a que la distance qui sépare le maître de l’élève qui l’a supplanté.
Le lapsus était à double détente
En effet, sur son blog[2], Mélenchon se plaint d’avoir été roulé dans la farine par Léa Salamé, qui ne lui aurait pas fourni la liste des questions qu’on allait lui poser.
Et les réponses ?
Il était de bonne foi, Jean-Luc : il n’a pas tenu compte des « liens familiaux, politiques et communautaires » de la journaliste, à qui il aurait pu river le caquet en lui parlant « de patrimoine et de famille ».
Léa (née Hala) Salamé, fille d’un ancien ministre libanais (catholique), est peut-être plus riche que le leader qui soumet ses troupes. Mais on s’en fiche : ce n’est pas elle qui se dédouane de la sienne en rappelant les origines modestes de ses parents. Ce n’est pas elle non plus qui fait profession de vouloir offrir aux pauvres la place et le patrimoine des riches !
Quant à ses liens « communautaires », euphémisme courant des antisémites pour parler de ces Juifs solidaires entre eux (crime impardonnable par opposition à « solidaires avec les camarrrrrades » qu’il convient d’admirer), cela désigne probablement le compagnon de la journaliste, techniquement juif et ouvertement antisioniste.
On suppose que Mélenchon lui a fait confiance pour sa (deuxième) qualité et qu’il regrette de ne pas s’être méfié du fait de son (premier) défaut.
« Danièle Obono est une militante antiraciste et antisémite ». La définition est peut-être vraie pour Mélenchon, mais « antiraciste » ne convient pas à la militante anti-blancs ! LM&SPS♦
[1] Oui, conseillé, car le conseiller, c’était lui !
[2] Copie d’écran Le Parisien
* Liliane Messika est écrivain (http://www.lili-ecritures.com/)
Serge Skrobacki est poète et voyageur