Deux poids et démesure

deux-poids-deux-mesures.jpgPar Liliane Messika

Le 26 avril 2018, l’ambassadrice américaine à l’ONU, qui avait montré dès son entrée en fonction qu’elle ne mâcherait pas ses mots, déclarait au Conseil de sécurité : « Tous ceux qui se préoccupent sérieusement des enfants à Gaza devraient exiger du Hamas qu’il arrête de les utiliser comme chair à canon. (…) Il est difficile de faire plus lâche – même quand on est terroriste – que de se cacher derrière des civils innocents. »

You’re talking to me ? (A qui faisait-elle référence ? en VF)
Peut-être à la patrie des droits de l’homme, qui a fait des avances au dirigeant de l’Autorité palestinienne et lui a promis d’intervenir en sa faveur auprès du Président américain.

En effet, sur le site du ministère des affaires étrangères d’icelle on apprend que « Lors de sa visite d’État aux États Unis, qu’il entamera lundi, le président Macron abordera avec son homologue américain, Donald Trump, plusieurs questions d’actualité internationale dont le conflit israélo-palestinien. »

Guerre ou paix.jpgOn peut aussi y lire une déclaration du porte-parole adjoint du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères datée du 23 avril 2018, et mentionnant la conversation téléphonique échangée avec Mahmoud Abbas l’avant-veille.

Vocabulaire de la paix déclamé sur un ton guerrier
« Il est impératif de mettre un terme à la crise humanitaire que connaît la bande de Gaza, via la fin du blocus et la levée des mesures restrictives, ainsi que par des garanties de sécurité crédibles pour Israël.

La France réprouve une nouvelle fois les tirs indiscriminés de l’armée israélienne contre des manifestants à Gaza et déplore les cinq nouvelles victimes de ces derniers jours.

Nous réitérons notre demande de retenue de la part des autorités concernées et d’un usage de la force proportionné, conformément au droit international humanitaire. Nous rappelons le devoir de protection des civils, en particulier des mineurs, et le droit des Palestiniens à manifester pacifiquement. »

Il y aurait beaucoup à dire dans l’analyse de ce texte
Tout d’abord une remarque : Emmanuel Macron privilégie le recours à la langue de bois plutôt que le français. La francophonie serait-elle une langue morte ?

En effet, les seuls qui interdisent les manifestations pacifiques des Palestiniens sont leurs propres dirigeants. En revanche, les attaques armées, même par des adversaires plus faibles, ne trouvent pas grâce aux yeux de Tsahal. Alors, le ministère des affaires étrangères se trompe-t-il d’interlocuteur ou de vocabulaire ?

La France réprouve les tirs indiscriminés d’Israël et déplore les victimes palestiniennes.

Ne devrait-elle pas plutôt réprouver l’utilisation de boucliers humains et déplorer que le Hamas obtienne, malgré les tirs bien discriminés israéliens, des victimes qui sont militaires, même si elles ne portent pas d’uniforme ?

« Je connais mes droits ! » — Vous êtes sûr ?
Quel est ce droit international humanitaire dont se revendique le Président français ?

« Le droit international humanitaire (DIH) », indique la Croix Rouge internationale, « est un ensemble de règles qui, pour des raisons humanitaires, cherchent (sic) à limiter les effets des conflits armés. Il protège les personnes qui ne participent pas ou plus aux combats et restreint les moyens et méthodes de guerre. Le DIH est également appelé ‘droit de la guerre’ ou ‘droit des conflits armés’. »

Le ‘droit des conflits armés’ protège donc les civils qui n’y participent pas.

Malheureusement, les soldats du Hamas ne portent leur uniforme que pour parader les jours de défilés militaires, pas sur leur terrain d’opération.

Ce que nonobstant, chose promise, chose due : Macron allait convaincre Trump du contraire.

Volte-face face à Trump
De l’autre côté de l’Atlantique, changement de décor et de ton : lors de leurs rencontres, Macron et Trump ont offert aux médias un spectacle encore plus glamour que celui de la famille Grimaldi.

Mais entre deux câlins, on peine à trouver trace, dans leurs conversations, de la mention du Président élu-à-vie-pour-cinq-ans de l’Autorité palestinienne.

Ils ont évoqué la situation au Proche-Orient, mais se sont concentrés sur la Syrie et, si le Français a essayé d’obtenir un infléchissement de la position américaine, c’était sur les relations avec un autre régime islamofasciste que celui de la Cisjordanie sunnite : l’Iran chiite.

Prise de conscience ? Vérification des sources de la discorde ?
On aimerait croire que le Président français, avant de tenir sa promesse, a peut-être regretté de l’avoir prononcée hâtivement et envisagé de la traduire en Gascon.

En effet, s’il avait vérifié en quoi consistaient les « manifestations pacifiques des Palestiniens » et, dans ce but, consulté les informations en provenance de la partie adverse, il aurait pu voir beaucoup de fumée destinée à cacher la mise à feu d’engins tout sauf pacifiques. Les images et leurs sous-titres sont disponibles sur Google.

Lors des émeutes d’hier auxquelles 10 000 Palestiniens ont participé, les organisations terroristes de la bande de Gaza, dirigées par le Hamas ont continué d’utiliser des civils dont des enfants pour mener des actes terroristes afin d’endommager les infrastructures de sécurité

19:36 – 21 avr. 2018

Cette photo représente l’une des méthodes utilisées pour mener des attaques terroristes et détruire des infrastructures sous couvert de fumée et d’émeutes

19:36 – 21 avr. 2018

Manifestants Gaza 1.jpg

Tweet Tsahal Gaza2.jpg

En Syrie, les Palestiniens sont beaucoup plus malheureux qu’à Gaza
L’UNWRA, l’agence de l’ONU dédiée aux seuls réfugiés palestiniens, gère plusieurs camps de réfugiés situés en Syrie. Si environ 100 000 de leurs habitants (20%) se sont révélés assez riches pour financer leur départ pour des pays limitrophes, 438 000 n’en avaient pas les moyens financiers et ils sont restés.

95% d’entre eux dépendent entièrement de l’aide humanitaire dans tous les domaines. Rien qu’à Yarmouk, qui en hébergeait 160 000 à la veille de la guerre civile (2011), il n’en reste que quelques centaines. Les autres sont morts de faim (environ 200), ou bien ont été gazés, fusillés, ou sont morts sous les bombardements (220 recensés)…

Le Groupe d’action pour les Palestiniens de Syrie a dénombré 3722 victimes palestiniennes de cette guerre, dont 465 femmes. Il y a aussi ceux qui ont été arrêtés par Damas (1675 personnes) et ceux qui ont « disparu » (310).

En un jour, le 24 avril, 24 roquettes et des dizaines de missiles ont été tirés sur Yarmouk et des avions de combat syriens et russes ont effectué 85 frappes sur le camp.

Mais que font les adeptes de feu Stéphane Hessel et du BDS ?
Ils sont occupés à scruter la « marche du retour » à Gaza et à exiger des sanctions contre Israël pour les 41 morts jusqu’à présent dénombrés. Ils n’ont pas le temps pour les Palestiniens de Syrie, chacun son boulot !

cerf volant 4Le leur, c’est d’offrir à chacun des assaillants palestiniens contre le territoire israélien leur sollicitude inébranlable : ceux qui envoient des cocktails Molotov enflammés sur des cerfs-volants en visant des granges israéliennes, (Photo à l’est de Jabalyia, page FB d’Al-Shimal online).

pneus 5Ceux qui font du feu avec beaucoup de fumée pour cacher aux Israéliens leurs tentatives de destruction de la barrière de sécurité afin de frayer un chemin aux terroristes jusqu’aux civils israéliens (photo du centre de la Bande de Gaza, compte Twitter Palinfo, 21 avril 2018).

Chacun son boulot et les vaches seront bien gardées
Les pacifistes de BDS défendent les peaux-de-vaches, Tsahal défend le territoire israélien et distribue des prospectus en arabe prévenant les manifestants que leurs violences seront contrées à balles réelles.

De l’autre côté, la page Facebook de la « grande marche du retour » signalait que les « activistes » avaient répliqué de la même manière, insistant en hébreu sur leur « droit au retour » et incitant les soldats de Tsahal à la désobéissance.

Des deux côtés, les prospectus ont obtenu le même résultat : zéro.

Liberté, inégalité, désolidarité
Habituellement, les Palestiniens de Cisjordanie se fendent de manifestations de solidarité avec les émeutiers de la bande de Gaza. Pour la « marche du retour », ils se sont abstenus. En revanche, ils ont essayé de faire entrer sur le territoire israélien un puissant engin piégé, caché dans un camion qui traversait un checkpoint à l’ouest de Jénine. Leur objectif était apparemment de le faire sauter pendant les célébrations de la fête de l’indépendance, le 19 avril, selon le calendrier juif.

Par ailleurs, une émission diffusée sur la chaîne palestinienne a révélé que des « djeunes » ont mis le feu à des forêts et à des positions de Tsahal grâce à des cerfs-volants armés qui sont partis d’emplacements abrités des tireurs d’élite de Tsahal. (Télévision Al-Aqsa, 18 avril 2018).
Dans les statistiques israéliennes ne figurent que les fusillades, les attaques à l’arme blanche, à la voiture bélier et la pose d’engins piégés, pas les jets de pierres et de cocktails Molotov.

Logo Liliane MessikaPendant la marche du retour, pour les palestinolâtres, les affaires continuent… LM♦

27 avril 2018

 

 

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