De votre envoyée spéciale en Israël, Liliane Messika
L’apartheid en chiffres
En Israël vivent 8,7 millions de personnes qui se répartissent entre 6 484 000 juifs (74,7%), 1 808 000 Arabes (20,8%) et 388 000 personnes d’autres religions ou athées (4,5%). Ces chiffres proviennent du Bureau Central des Statistiques israélien.
Dans les Territoires palestiniens vivent 5,4 millions de personnes. 5,4 millions sont musulmanes (100%). Les Juifs, chrétiens, autres religions et athées se montent à 0 (0%). Ces chiffres proviennent de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine).
Ils sont malheureux comment, en Israël, les non Juifs ?
Israël est à l’origine de nombreuses découvertes dans le domaine de la santé et tous les citoyens de l’État en bénéficient, à travers la sécurité sociale. Du coup, la population ARABE israélienne a l’espérance de vie la plus élevée et la mortalité infantile la plus basse de tout le monde arabe et musulman.
Le taux de mortalité infantile est de 7,9 décès pour 1000 naissances. C’est le 4ème du monde arabo-musulman. Il est moins favorable que celui des États Arabes Unis, du Qatar ou de Bahrein, qui s’élève à 5,3 décès pour 1000, mais il est très loin du Pakistan (65,8 pour 1000). Au-delà du Moyen-Orient, 7,9 décès pour 1000 naissances, c’est le taux de mortalité infantile des États-Unis.
La semaine de l’apartheid anti-israélien pour se remonter le moral
L’apartheid a existé. C’était une politique de séparation (apartheid signifie « séparation » en afrikaans), où le groupe le plus fort exerçait son pouvoir sur le plus faible, qui était aussi le plus nombreux. Il a régné en Afrique du sud de 1948 à 1989 et portait sur tous les aspects de l’existence : privée, professionnelle et civique.
Le mariage « mixte » était interdit entre les Blancs, les Noirs et les métis, le couvre-feu était instauré exclusivement pour les Noirs, la ségrégation était observée dans tous les lieux et les services publics, l’éducation était limitée pour les Noirs, qui ne bénéficiaient d’aucun des droits destinés aux seuls blancs : liberté de parole, d’opinion, de réunion, de vote, de syndicat…
Qui de l’apartheid israélien, le seul au XXIe siècle qui suscite l’opprobre ?
Le fantasme des antisémites, euh pardon, antisionistes, est que les Arabes israéliens sont l’équivalent des Noirs sud-africains et que les Juifs jouent le rôle des oppresseurs blancs.
Cela demande une sacrée dose d’imagination, mais quand on hait, on ne compte pas.
La ségrégation dans les lieux publics ? Deux photos prises par Jean-Paul Lilienfeld dans des bus (un à Jérusalem et un à Tel Aviv) montrent une femme musulmane voilée assise devant un religieux juif debout…
Et dans l’autre, un mélange de juifs en kippa, de musulmanes voilées, d’appelé.e.s en uniformes…
Horreur ! Cette mixité est partout !
Elle trahit honteusement l’apartheid qu’on adoooooore reprocher à l’État juif.
Ainsi, c’est une étudiante arabe du Technion de Haïfa, un des plus prestigieux établissements universitaires du monde, qui a, de surcroît, remporté le concours télévisé « The Voice ».
Inutile de dire qu’en Afrique du sud, les Noirs n’avaient pas accès à l’université. Au Technion (créé par Einstein en 1924), les Arabes israéliens représentent 22% des étudiants, dont la moitié d’étudiantes. Sans compter que, réduits en quasi esclavage du temps de l’apartheid, les noirs sud-africains ne se présentaient pas aux concours télévisés !
Après le son, l’image. On compte déjà deux Miss Israël noires, la première en 1999 et la seconde en 2013 : la voici ,Yityish Aynaw, avec ses dauphines.
Il n’y a pas que l’art, il y a aussi la manière :
Le juge Georges Karra (arabe) a condamné pour viol l’ancien Président de l’État d’Israël, Moshé Katsav (juif) à sept ans de prison. Combien de juges noirs pouvaient condamner le chef de l’État sud-africain blanc ?
Il y a, en Israël, des Arabes israéliens qui sont ambassadeurs, juges à la Cour suprême, députés, directeurs d’hôpitaux, commandants de l’armée…
Il y en a même un, originaire de Nazareth, Youssef Haddad, qui était soldat dans la plus prestigieuse unité de Tsahal, Golani, et qui, démobilisé parce que blessé et amputé d’un pied, s’est engagé dans une association de réservistes qui lutte contre BDS, l’association des bienfaiteurs d’une humanité Judenrein.
Israël ne connaît pratiquement pas de chômage
En 2015, l’OCDE a félicité Israël de sa politique économique et sociale en matière d’emploi, et en particulier de ses initiatives en faveur de ses citoyens arabes : elle a trouvé très positifs « les efforts déployés pour intégrer la population arabe au sein du marché du travail ». Israël avait su affronter la crise économique de 2008 avec un succès relatif et son taux de chômage était assez bas, contrairement à ce qui se passait dans d’autres pays. En France, par exemple…
Aaaargh ! Enfin un apartheid, miam miam !
En 2016, un autre rapport de la même institution concluait que « si Israël obtient de bons résultats et figure parmi les pays les mieux classés de l’OCDE, ses résultats sont inférieurs à la moyenne s’agissant de la pauvreté, du logement et de la qualité de l’air. Par ailleurs, les inégalités y sont très marquées, les taux de pauvreté des Arabes israéliens et des Haredim (Juifs religieux) étant supérieurs à la moyenne et leurs taux d’activité et niveaux d’instruction inférieurs à ceux des Juifs laïcs. »
Les Israéliens arabes et les juifs religieux sont plus pauvres et moins instruits que la moyenne ! Pour les juifs religieux, cela doit réjouir les miliciens de BDS, mais les Arabes ?
Mais non, qu’on est bêtes ! C’est le contraire ! Leur fonds de commerce, c’est l’apartheid : l’Arabe malheureux et le Juif puissant et méprisant. Un juif pratiquant aussi malheureux qu’un Arabe, ça va dans le sens de l’Histoire, mais pas dans le sens de celle qu’ils aiment raconter !
Une journaliste a cru ce qu’elle a vu, au lieu de ne voir que ce qu’elle croyait !
Une journaliste canadienne, Faith Goldy, partie en Israël en 2017 pour y plaindre les Palestiniens victimes d’apartheid, s’est cognée à la réalité. C’est fréquent, mais ce qui est quasi inédit, c’est qu’elle a admis publiquement qu’elle s’était trompée ! Elle a déclaré (ici) avoir vu des Arabes israéliens et palestiniens circuler librement en Israël, « alors qu’il y a des zones où les Juifs n’ont pas le droit de se rendre pour leur propre sécurité. »
Papa, où l’est l’apartheid ?
En novembre 2017, le petit-fils de Nelson Mandela a qualifié Israël d’État d’apartheid pire que l’Afrique du sud… sans y avoir mis les pieds. Cela a énervé un député israélien né en Éthiopie (donc noir), Avraham Neguise, Président du Comité de la Knesset pour l’immigration, l’intégration et les affaires de la diaspora et Président de la commission pour les relations entre Israël et les pays africains.
Il a écrit à Mandela junior :
« Israël est en réalité le contraire de l’apartheid, c’est une histoire de libération, d’émancipation et d’anti-colonisation. (…). Le peuple juif était le colonisé, pas le colonisateur. Les Juifs sont les indigènes, pas les occupants, les libérateurs, pas les conquérants. Comparer Israël, une nation qui a accueilli plus de réfugiés par habitant que n’importe quelle autre dans l’histoire, et où les gens de toutes les religions, ethnies et antécédents peuvent aspirer aux postes les plus élevés, déshonore l’héritage de votre grand-père. »
Success stories snobées par les apartheideurs
Ahmed Eid, arabe comme son nom l’indique, est chef du service de chirurgie générale à l’hôpital Hadassah de Jérusalem. Il a effectué la première greffe de foie israélienne réussie. « C’est l’État d’Israël qui m’a fait ce que je suis. Point. Sans la bourse, que j’ai obtenue au lycée et au collège, je n’y serais pas arrivé. (…) j’ai été accueilli à chaque poste que je voulais (…) et je n’ai jamais subi des manifestations de racisme » a déclaré cet homme, né dans une famille de dix enfants dans le village arabe de Daburiya, quand il a été pressenti pour allumer une des torches de la fête de l’Indépendance d’Israël en mai 2017.
Extraits de son discours lors de la cérémonie :
« Je suis ici en l’honneur des médecins, des infirmières et de tout le personnel de santé de Jérusalem qui se consacre à sauver des vies. En l’honneur d’Israël, la terre d’opportunité. En l’honneur de la fraternité, en l’honneur du sacrifice, en honneur de notre avenir commun, Juifs et Arabes, ensemble. »
Les Israéliens arabes ne font leur service militaire que s’ils sont volontaires
Ala Wahib, de père syrien et de mère israélienne arabe, vit à Reineh, un village dont 80% des habitants sont musulmans. A 32 ans, c’est l’officier musulman le plus gradé de Tsahal. « Enfant, on m’enseignait que les Juifs ont volé la terre de Palestine et qu’ils sont cruels », explique-t-il. Il a pris conscience de la réalité et n’a pas essayé de la nier. Même si certains, dans son village, l’appellent « le Juif » et « le traître », il sait que d’autres, nombreux, aimeraient faire comme lui, mais qu’ils n’osent pas affronter l’opprobre de leur entourage.
Haïr ce qu’on est pour promouvoir ce qui nous haïssent ?
Parmi ceux dont la disparition d’Israël est le but dans l’existence, il se trouve des Juifs. Ce n’est pas un hasard si autant de psychanalystes, à commencer par Freud, l’étaient également et si l’ouvrage qui a, le premier, en 1930, décrit la haine de soi avait pour sous-titre « le refus d’être juif ». Son auteur, Théodor Lessing a été assassiné trois ans plus tard par la Gestapo. La pathologie qu’il a décrite lui a survécu et elle perdure particulièrement chez les Juifs, aujourd’hui encore.
Certains Juifs ne comprennent pas leur propre haine d’eux-mêmes
Fred Maroun, un Canadien d’origine arabe, a écrit une lettre ouverte très pertinente à l’un d’entre eux : « Je suis en quelque sorte à la fois votre pendant et votre contraire. Je suis pareil dans la mesure où, moi aussi, je me positionne à contre-courant de ma propre communauté, mais je suis votre contraire de par mon origine ethnique et mes allégeances dans le conflit israélo-arabe. Je suis un Arabe qui soutient le nationalisme juif.
Votre position est beaucoup moins égoïste que la mienne, je dois l’admettre. Moi je soutiens Israël parce que mes compatriotes arabes bénéficieraient d’énormes avantages à se rapprocher d’Israël, alors que vous soutenez les Arabes en sachant pertinemment que vous et votre communauté avez tout à y perdre. (…) Pourtant, j’ai du mal à me réjouir avec vous parce que, si vous vous êtes prêt à sacrifier votre propre peuple, moi, je ne suis pas prêt à sacrifier le mien. »
L’Arabe sioniste explique le réel au Juif antisémite
« Votre combat contre Israël, s’il venait à aboutir, aiderait certains Arabes, je l’avoue. Ce serait un bien pour les groupes terroristes comme le Hamas et le Hezbollah. Cela conforterait les despotes arabes qui comptent sur la rhétorique antisioniste pour rester au pouvoir. Ce serait utile, et en fait, votre combat contribue déjà à ce que le leadership palestinien fasse tout pour éviter de conclure des accords de paix avec Israël, ce qui maintient les Palestiniens apatrides et entièrement dépendants d’Israël et de la charité occidentale. Votre action est indéniablement bénéfique aux forces ultra-conservatrices et réactionnaires arabes. »
Oups ! Les combattants contre l’apartheid imaginaire se croient de gauche !
De même que les Inquisiteurs d’Isabelle la Catholique torturaient les Juifs au nom de l’amour de Jésus, la haine conduit les antisémites du XXIe siècle (y compris quand ils sont Juifs) à soutenir le véritable apartheid au nom de la lutte contre un apartheid fantasmatique. Ils accusent l’autre de leurs propres désirs, en l’occurrence celui d’annihiler le peuple juif. Freud a mis au jour ce processus et lui a donné le nom de « projection ».
Aucun argument rationnel ne convaincra jamais les antisémites : ils ont un besoin pathologique des Juifs et d’Israël, comme « mauvais objets », alors que les Juifs, d’Israël ou de diaspora, se passeraient volontiers des haineux.
C’est pourquoi cet article s’adresse aux BIMIs, les Bien intentionnés Mal Informés, et non aux passionnés dont la haine alimente le moteur quotidien. LM♦
28 avril 2018
Excellent, comme toujours.
J’aimeJ’aime
https://polldaddy.com/js/rating/rating.jsC’est toujours bien écrit, intelligent et documenté. Sans compter la note d’humour finale !😊👏
J’aimeJ’aime