Combien de roquettes par jour pour mériter l’aide internationale ?

Gaza roquette.jpgPar Liliane Messika

Un site d’information titrait hier (12 juin 2018) « Changement de ton inédit de l’ONU » pour citer les déclarations faites par le coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, à l’occasion du forum mondial de l’AJC (American Jewish Committee), à Jérusalem.

Comme il s’agit du site du Monde… juif et non du Monde tout court, le ton sur lequel est annoncé ce ton plus positif vis-à-vis d’Israël est enthousiaste et non consterné.

Enthousiasmer Billancourt et désespérer Saint-Denis
Pour la première fois depuis 1967, en effet, un officiel de l’ONU, le Bulgare Nickolay Mladenov, a dit à haute voix que la paix se faisait à deux et non par un seul des protagonistes, aussi fallait-il demander également aux Palestiniens un effort.

Certes, pas à la mesure de celui que « la communauté internationale » exige d’Israël à grands cris, chaque fois qu’il est attaqué : on n’espère par du Hamas un suicide collectif, on n’attend pas de lui qu’il fasse le dos rond sous les bombardements sans livrer de représailles et il peut continuer à administrer un territoire Judenrein, on ne lui demandera jamais d’accueillir l’équivalent numérique de sa population, sous la forme de 5,4 millions d’ennemis conditionnés dès le jardin d’enfants à vouloir son extermination.

Petit rappel pour les Martiens de passage : il y a en Israël 1,5 million d’Arabes israéliens (20% de la population) qui jouissent de tous les droits afférents à la citoyenneté. Il y a zéro Juif à Gaza et en Cisjordanie et, quand un malheureux s’y égare, il finit déchiqueté à mains nues[1]. Pourtant c’est contre Israël que se célèbre la seule semaine mondiale de l’apartheid.

Faut pas exagérer !
Ce qu’on demande aux Gazaouis pour leur fournir eau et électricité gratuites et créer des emplois chez eux, c’est juste « un engagement de maintenir une situation calme, la sécurité et de réduire la quantité de roquettes et d’attaques contre Israël ».

Pas CESSER les attaques, non, RÉDUIRE LEUR QUANTITÉ. En version originale, “reduce the amount of rockets and attacks against Israel.”

Alors, combien de roquettes par jour Monsieur Mladenov trouverait-il acceptable de se prendre sur la tête, s’il vivait à Sderot ou à Ashdod ? Cela ferait de lui un altruiste consommé, puisque ce déluge de bombes, réduit à de simples averses, permettrait à ses voisins de bénéficier de tout ce dont ils le privent : sécurité, sérénité, électricité et gaz à tous les étages.

Notons que si les Gazaouis sont dans le noir 21 heures sur 24, ce n’est pas dû à la méchanceté des Israéliens : ils en sont tout aussi dépourvus qu’eux. Sachez, Martiens, qu’aucun lecteur de médias français ne pourrait le deviner. La raison de cette pénurie est que la centrale qui dessert cette région a été en grande partie détruite par une « roquette artisanale » venue de Gaza.

Il est inquiet, Monsieur Mladenov. Pas pour les Israéliens dont la frontière est attaquée de toutes les façons possibles, avec une ingéniosité perpétuellement renouvelée.

S’il se démène, c’est pour « éviter une autre escalade, qui autrement semble presque inévitable parce que la situation est désespérée. » La situation de Gazaouis, s’entend : Il faut « aider les habitants de Gaza à survivre et à vivre dans de meilleures conditions. »

Aide internationale Dollars.jpgMoins de roquettes, plus de sous
Ce n’est pas que la communauté internationale ait été pingre avec Gaza : depuis des décennies, les milliards annuellement dépensés par l’UE, l’ONU, les États-Unis et d’innombrables autres partenaires de la « reconstruction », qu’ils soient pays, individus ou ONG, ont permis de constituer des milices parfaitement entraînées, d’investir dans l’ingénierie des tunnels pour aller perpétrer des attentats dans l’État juif, d’acheter des armes et des munitions et d’organiser des tournées de propagande pour les idiots utiles occidentaux.

Cela, c’est la face publique. Côté cour (dans le sens « Roi Soleil »), cette manne a servi à salarier les milices privées des différentes factions islamistes, à construire des datchas somptueuses pour leurs apparatchiks et à remplacer leurs Mercedes blindées tous les six mois, standing oblige.

Trump a cassé cette belle harmonie en mettant les pieds dans le plat : trouvant stupide que les contribuables américains financent un État voyou qui déclare tous les jours vouloir les tuer, il a réduit significativement la contribution américaine, suscitant l’ire des fous d’Allah et celle des palestinolâtres. Mais comme il était déjà haï par tous ces gens-là avant même d’être intronisé, cela n’a pas dû l’empêcher de dormir.

En revanche, on peut imaginer que c’est cet enchaînement des causes et des effets qui a réveillé la « communauté internationale », ou du moins qui l’a motivée à cesser de faire semblant d’être aveugle et sourde.

L’ONU fait du Trumpisme comme M. Jourdain de la prose
Ce qui l’a convaincue, et qui a dû provoquer une jaunisse de rage chez Antisémix et Antisionix, c’est que Nickolay Mladenov emboîte le pas à Donald Picsou en décrétant que « Le monde (ne) devrait aider Gaza (que) si le Hamas arrête la violence. »

En France, particulièrement, nous sommes fâchés avec cette notion de relation entre cause et effet : il nous paraît parfaitement normal qu’un quotidien national fasse sa Une en insultant un de ses annonceurs, puis nous tombons de notre chaise en apprenant que ledit annonceur a porté son budget publicitaire ailleurs. Non seulement c’est un sale riche, mais c’est aussi un sale con et il n’a aucun sens de l’humour.

De la même façon, nous ne voyons aucun rapport entre financer à milliards perdus une population-qui-subit-un-génocide-lent-dans-une-prison-à-ciel-ouvert-du-fait-de-l’occupation et diminuer cette contribution en prenant acte du fait que la population génocidée s’est multipliée par 7, que l’occupation a cessé depuis 13 ans et que les milliards servent à une entreprise obsessionnellement génocidaire contre les Juifs et jamais au moindre projet civil pour les Palestiniens.

Nickolay_Mladenov.jpg
Nickolay_Mladenov

Mr Mladenov had a dream[2]
Tombant les œillères comme d’autres ont tombé la chemise, il a prononcé des propos de bon sens, qui étaient jusqu’alors réservés aux conversations privées entre doux rêveurs : « Les factions palestiniennes elles-mêmes n’ont pas réussi à répondre à leurs propres attentes, à réparer cette division et à ramener un gouvernement légitime au contrôle de Gaza. »

Ouh là, ce n’est plus un rêve, c’est un fantasme ! Il espère réconcilier le Hamas et le Fatah, qui ne cessent de s’entretuer que pour aller essayer de massacrer des Juifs ? Cette réconciliation est déjà une gageure, mais imaginer en plus un gouvernement légitime unique relève de la science-fiction : à Gaza, le Hamas a pris le pouvoir par un coup d’état en 2007 (11 ans, déjà…) et, en Cisjordanie, Mahmoud Abbas a été « élu démocratiquement pour cinq ans » Président de l’Autorité palestinienne en janvier 2005. 13 ans après, il l’est toujours. Aujourd’hui âgé de 83 ans, il souffre de différents problèmes de santé et si l’on en juge par les conflits qui se multiplient depuis des mois autour de sa succession, celle-ci se réglera plus probablement par les armes que par un processus démocratique.

Pendant les belles paroles de Mladenov, les attaques continuent
L’ingéniosité des Gazaouis, qui pourrait être employée à l’amélioration de leur niveau de vie et au développement de leur territoire, se concentre sur les attaques contre Israël. Après les roquettes, les cerfs-volants enflammés et/ou porteurs de bombes ont déjà provoqué un désastre écologique, notamment l’incendie de plusieurs forêts et de milliers de km2 de champs cultivés.

On rappelle aux Martiens étourdis, s’ils sont toujours là, que l’objectif de cette « Marche du retour », Pacifique de son prénom, vise à faire remplacer la population juive par celle des Palestiniens de la troisième ou quatrième génération post-réfugiés.

D’après les pompiers israéliens, 741 acres de forêt ont été carbonisés au cours des deux derniers mois, suite à 285 incidents distincts. Cela a détruit une grande partie de la faune et de la flore locales, dont le renouvellement prendra plusieurs années.

On aurait pu imaginer que les Gazaouis auraient à cœur de protéger la terre qu’ils veulent conquérir, afin de la cultiver quand ils auront réalisé leur rêve.

Mais c’est oublier que, statutairement, ils dépendront de la charité internationale ad vitam æternam, aussi ne devraient-ils jamais avoir besoin de subvenir à leurs besoins.

Politique de la terre brûlée : pas une image, un constat quotidien
On pourrait s’indigner du soutien indéfectible que leur portent les Verts français, mais il faudrait alors aussi s’affliger aussi de l’appui fidèle que leur témoignent les organisations LGBT : cette semaine, la Gay Pride de Tel Aviv a réuni un quart de million de fêtards, pendant qu’à Gaza, on jetait du toit des jeunes soupçonnés d’homosexualité.

Pour faire rire les Martiens qui ont de l’humour et transformer en ulcère l’ictère d’Antisémix et d’Antisionix, une anecdote : en janvier 2010, un Palestinien homosexuel a demandé le droit d’asile en Israël suite aux persécutions qu’il subissait dans les Territoires palestiniens. Bien qu’il ait été en situation irrégulière et qu’il eût donc dû être reconduit à la frontière, la Cour Suprême israélienne a accepté sa demande au motif que « sa vie risque d’être en danger en Palestine du fait de son homosexualité. » (Lire ici)

Amis Martiens, bienvenue sur la planète d’Ubu ! LM♦

13 février 2018

[1] Le 12 octobre 2000, deux réservistes israéliens, Yosef Avrahami et Vadim Nurzhich, se sont trompé de route et se sont retrouvés à Ramallah. Ils ont été arrêtés, lynchés et jetés par la fenêtre du commissariat, livrés à une foule ivre de rage qui s’est déchainée contre leurs cadavres. En décembre 2013, certains témoignages du procès ont été publiés. L’un des assassins, Aziz Salha, avait déclaré : « Nous étions assoiffés de sang ! » (Lire ICI)

Logo Liliane Messika[2] « J’ai fait un rêve » est la première phrase du discours prononcé en août 1963 par Martin Luther King devant 250000 manifestants pendant la Marche sur Washington pour l’Emploi et la Liberté, une manifestation VRAIMENT pacifique qui visait à obtenir l’égalité des droits entre tous les citoyens américains, quelle que soit leur couleur. Rien à voir, donc avec la « marche du retour » dont l’objectif avoué est de tuer tous les juifs et remplacer leur État par une Palestine islamique.

Un commentaire

  1. L’effet Trump, sans aucun doute.
    Il aura fallu un président responsable, lucide et courageux — i.e. tout le contraire du précédent, pourtant prix Nobel de la paix ! — pour que les écailles commencent à tomber des yeux des serviles laquais de la pensée convenue.

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