Israël et le sport en 70 ans : quelques repères

Israel sport foot.jpgIl faut, d’abord et avant tout, souligner les limites de cet exercice, soit de tracer toutes les réalisations sportives des 70 dernières années en Israël en quelques pages. Il s’agit donc d’un bref survol, nécessairement subjectif, voire personnel de quelques sports, principalement ceux les plus populaires au pays, soit le football le basketball. Le football est le sport le plus populaire grâce au nombre de clubs disséminés partout dans le pays, d‘adhérents et représente une activité commune d’appartenance aux divers citoyens qui ont côtoyé ce sport dans leur pays d’origine. Si le sport de raquettes (matkot) est une activité qui a pris son envol depuis 1920 sur les plages israéliennes on ne peut passer sous silence les grands progrès pour les jeux olympiques d’hiver, par exemple, avec l’apport de l’immigration en provenance de la Russie et de l’Ukraine.

Football

Fondé en 1913, le Maccabi Haïfa est le premier club composé d’un groupe d’ouvriers qui a dû interrompre ses activités durant la guerre 1914-1918, idem entre 1935 et 1942 avec la 2ème guerre mondiale. Dix ans plus tard, Hapoel Tel Aviv est fondé en 1923 par la fédération des travailleurs (Histadrout). Ce n’est qu’en 1928 que l’Association israélienne de football est créée à Ramat Gan, avec le basketball c’est le sport plus populaire au pays. La création de l’État en 1948 a vu l’équipe nationale disputer officiellement son premier match international contre les États Unis avec une victoire américaine de 3 buts à 1. Le premier buteur israélien est Avraham Nudelmann.

Pour des raisons politiques, les pays arabes et l’Iran refusent de jouer avec Israël qui se retrouve exclue en 1974 de la confédération asiatique des Nations. Plus exactement, alors qu’Israël participe à la Confédération Asiatique depuis 1954, les pressions politiques des pays arabes et musulmans réussissent, 20 ans après, à l’exclure principalement à cause du conflit au Moyen-Orient de l’époque. Auparavant, Israël participait en Asie avant d’être admise comme membre associé en 1992 et comme membre à part entière en 1994 à l’Association européenne de Football (UEFA). En Asie, et après 2 défaites en finale contre la Corée du Sud en 1956 et 1960, Israël remporte en 1964 à domicile sa première Coupe d’Asie des Nations.

Depuis, Israël participe pleinement en Europe (UEFA) ainsi aux éliminatoires pour la grande Coupe du monde (FIFA). C’est en 1970, au Mexique, qu‘Israël participe à sa première coupe du monde avec ses fameux joueurs Spiegel, Spiegler, etc. Cette expérience se solde par deux matchs nuls contre l’Italie et la Suède et une défaite contre l’Uruguay. Faut-il rappeler que ces 3 nations ont été soit championnes du monde ou finalistes. Ce résultat est et reste, jusqu’à présent, le meilleur au plan international. Il faut attendre 1990 pour voir Israël terminer en première position dans la zone Océanie et perdre un match de barrage en Colombie 1 à 0. L’ambiance au stade est explosive et l’équipe israélienne est fortement protégée par des centaines de militaires à cause des violences prévues en cas de défaite de la Colombie.

Un match mémorable est celui d’Israël contre la France au Parc des Princes à Paris pour les qualifications de la coupe du monde aux Etats-Unis en 1994. N’étant pas qualifiée et n’ayant plus rien à perdre, Israël élimine la France 3 à 2 avec une merveilleuse équipe composée de Ronny Rosenthal (fameux joueur de Liverpool), Reouven Atar du Maccabi Haïfa, etc. Les joueurs français ont été alors éliminés pour une rare fois à la coupe du monde. Fortement frustrés de leur élimination, plusieurs joueurs refusent même de saluer les joueurs israéliens à la fin du match. Israël a bloqué concrètement leur participation à la coupe du monde, ce n’est pas rien.

maccabi haifa.jpgDepuis, plusieurs joueurs israéliens ont brillé avec leur club respectif dans le monde. On peut penser au gardien de but Dudu Aouate, à Mordechai Spiegler (plus grand buteur avec l’équipe nationale avec 33 buts), Giyora Spiegel, Yossi Benayoun (102 participations avec l’équipe nationale), Eyal Bercovic, Haim Revivo, Éli Ohana, Tal Ben Haim, Tomer Hemed, Elyaniv Barda, Nir Bitton, Eran Zahavi, etc. Parmi les autres clubs, le Beitar de Jérusalem est un des clubs les plus populaires au pays, mais aussi le plus controversé d’Israël. Fondé en 1936, il est réputé pour n’avoir jamais intégré dans son équipe de joueur arabe sauf durant la saison 2012/2013 où l’oligarque et propriétaire russo-israélien du Beitar engage pour la saison deux Tchétchènes musulmans. Ce contexte crée un tollé chez les fans purs et durs et un film documentaire de cet épisode intitulé Forever pure (Tehora Laad) dénote d’ailleurs le caractère raciste et le rapport paradoxal entre identité sport et politique. Pour avoir dépeint le problème de manière constructive, ce film disponible sur Netflix a reçu un prix Emmy qui a été remis dernièrement à la jeune réalisatrice israélienne Maya Zinshtein (Zurich Film Festival). Aujourd’hui, le nouveau propriétaire conçoit tout à fait normalement l’inclusion de joueurs arabes et musulmans si l’occasion se présentait. En dernière instance, les citoyens israéliens, arabes, druzes ou juifs sont et restent des citoyens à part entière, démocratie oblige. À part ces clubs plus connus, on peut penser à des clubs issus plus des régions comme Hapoel Beer Sheva et Kiriat Shmona qui ont, non seulement remporté le championnat national, ils ont représenté Israël dans les tournois européens.

Ceci étant, on s’explique mal le manque de stabilité de l’équipe nationale qui n’arrive pas à briller alors qu’elle possède un bassin de joueurs de bonne qualité. Ces dernières semaines, Israël a embauché l’ex capitaine de l’équipe Autrichienne comme entraîneur de l’équipe nationale après avoir essayé plusieurs entraineurs israéliens et même français (Fernandez) avec des résultats bien mitigés. Récemment encore, Israël perdu par un score de 3 à 0 contre un pays considéré faible l’Albanie. Peut-être faudrait-il, comme toute bonne équipe gagnante avoir les 2 ingrédients suivants pour la victoire : une plus grande chimie et cohésion entre les joueurs en les combinant à un entraineur qui installe un système de jeu et des objectifs plus précis, moins approximatifs. En s’inspirant des grandes nations du football, une philosophie de gagnant n’est pas juste la somme de ses joueurs, c’est la dynamique et la force mentale qui rejoignent le même objectif, la victoire à tout prix.

Aujourd’hui le défi est la participation de l’équipe nationale à la prochaine coupe du monde en 2022 au Qatar et à la coupe d’Europe des Nations en 2020. Enfin, mentionnons la belle performance des jeunes espoirs en 2013 au championnat d’Europe des moins de 21 ans où la compétition a eu lieu en Israël. Après une défaite à la phase finale contre l’Italie, Israël bat l’Angleterre, et finit en troisième place, ce qui laisse présager, espérons-le, un futur prometteur.

Basketball

Extrêmement populaire en Israël, l’équipe nationale des moins de 20 ans vient de remporter pour la première fois de son histoire le championnat d’Europe l’été 2018. Des victoires imposantes contre la France en demi-finale 83 à 57 et la finale pour la médaille d’or contre la Croatie avec le score de 80 à 66. Derrière ce grand succès, il y a le joueur vedette de 17 ans, Deni Avidja avec son 2 mètres 05 et ses habiletés hors du commun. Refusant des propositions de grandes équipes universitaires américaines comme Duke et Michigan, il préfère jouer pour le plus grand club du pays, le Maccabi Tel-Aviv. Selon les grands experts de la NBA (Association Nationale de Basketball), Deni est non seulement candidat pour joindre la crème de la crème mondiale, il est actuellement le meilleur joueur de toute l’Europe. Quant à l’équipe nationale, c’est aux jeux olympiques de 1952 qu’Israël participe pour la première fois et se classe 20ème sur 23 nations. C’est en 1953 à Moscou, qu’Israël fait ses débuts de manière respectable avec 7 victoires et 4 défaites. En 1979, Israël obtient sa première médaille d’argent suivi du championnat mondial (FIBA) en 1986 où elle termine 7ème sur 24 pays. Pour les jeux asiatiques, Israël brille avec des performances en terminant premier en 1966 et en 1974, deuxième en 1970 et est en compétition avec l’Iran qu’elle bat 97 à 55 en 1966. Refusant de jouer contre Israël, le Liban et l’Égypte déclarent alors forfait. En 2017, Israël termine 21ème sur 24 pays européens (Eurobasket). Quand on inclut l’équipe des moins de 20 ans avec sa merveilleuse performance en 2018, on ne peut que se projeter vers un monde plein d’espoir pour le futur de ce grand sport national. En ce qui a trait aux clubs israéliens et leur représentation dans le monde, les performances sont plus solides, voire exceptionnelles pour ce petit pays. Pour les ligues féminines de Basketball, et bien qu’elles participent au championnat européen, les résultats sont respectables, sans plus.

2018 champions europe moins de 20 ans
2018 champions d’Europe moins de 20 ans

Fondé en 1932, le club Maccabi Tel-Aviv est le club le plus décoré du pays comme en Europe. Champion d’Israël à 51 reprises et de la coupe d’Israël 43 fois, il gagne la ligue européenne à 6 reprises, ce qui fait de ce club, le plus grand ambassadeur du sport professionnel d’Israël à travers le monde. Sous la direction de leur meilleur joueur Tal Brody, et malgré les tensions politiques avec l’ex URSS dans les années 70, Maccabi réussit, envers et contre tout, à battre en finale le club et favori de la compétition, le CSKA de Moscou. Je me rappelle encore aujourd’hui d’avoir suivi personnellement les grandes victoires lors des finales contre le Réal Madrid et le club italien Mobilgirgi Varese. Aujourd’hui encore, Maccabi Tel Aviv est et reste le club à battre autant en Israël qu’en Europe.

Quelques réalisations mondiales

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Le judoka Or Sasson

En août 2018, la jeune israélienne Linoy Ashram récolte 2 médailles d’or et une de bronze lors de la coupe du monde de gymnastique rythmique à Minsk. Âgée de 19 ans, Linoy a battu le record mondial en gagnant autant de médailles d’or durant la même saison après avoir remporté une première en mai 2018, en Espagne. Au Judo, c’est aux jeux olympiques de Barcelone en 1992, qu’Israël obtient sa première médaille d’argent avec Yael Arad suivi d’une médaille de bronze pour Oren Smadja. Aux jeux olympiques de 2004 à Athènes, Ariel Zeevi remporte la médaille de bronze et Gal Fridman obtient la seule et unique médaille d’or dans la discipline de la voile. Dernièrement, pour des raisons financières, cet athlète a mis en vente sa médaille pour rétablir ses finances en déclin. Aux jeux olympiques en 2016 à Rio de Janeiro, Or Sasson décroche la médaille de bronze contre un Égyptien qui refuse de lui serrer la main. Auparavant, Or est classé deuxième aux championnats d’Europe en 2015 et en 2016. En 2018, le judoka israélien Sagi Muki a battu le Belge Matthias Casse dans la catégorie des moins de 81 kg et remporté la médaille d’or lors du Grand Chelem d’Abou Dhabi, permettant ainsi à l’hymne national « Hatikva » d’être joué pour la première fois aux Émirats arabes unis.

Trois athlètes israéliens ont également remporté une médaille de bronze. Gili Cohen, Baruch Shmailov et Timna Nelson Levy sont tous trois arrivés troisième dans leurs catégories de poids respectives.

Sur une note plus triste, rappelons qu’au plan historique, les athlètes juifs ont boycotté les jeux olympiques de 1936 à Berlin, nazisme exige. On ne peut passer sous silence le massacre de onze athlètes israéliens à Munich par des terroristes palestiniens en 1972. Durant ces mêmes jeux, Mark Spitz un juif américain fracasse les records mondiaux de natation avec 7 médailles d’or. Plus jeune, à l’âge de 15 ans, il avait participé aux jeux des Maccabiades en Israël en 1965 où il remporte 4 médailles d’or. Rappelons que la première édition des Maccabiades a été inaugurée en 1932 avec 390 athlètes juifs de par le monde. Aujourd’hui, ces jeux olympiques regroupant les juifs à travers le monde en Israël mobilisent plus de 7500 athlètes juifs, une aventure exemplaire de sport et de solidarité. Toute proportion gardée, Israël étant plus préoccupé par sa survie dans un environnement hostile, a réalisé de merveilleuses performances sportives, le meilleur est encore à venir. AS♦

Amnon Jacob Suissa, PhD, mabatim.info

amnon-suissaPassionné du ballon rond, Amnon J Suissa est professeur associé à l’Université du Québec à Montréal. Formé en thérapie familiale et docteur en sociologie, il est expert dans le phénomène des addictions et de l’intervention auprès des familles. Pour plus d’informations, voir site web www.amonsuissa.com

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