De quoi Yann Moix est-il le nom ?

Yann Moix.jpegIl n’est pas un magazine, un talkshow ou un salon de coiffure, de quelque orientation qu’ils soient et à quelque public qu’ils s’adressent qui, ces derniers temps, ne chante pas en chœur l’écœurement pour l’aveu d’un écrivain sur ses préférences sexuelles.

– Ah bon, il est homo ? Pas de quoi en fouetter une chatte !

– Évidemment non ! Ce serait valorisant.

– Il a avoué battre sa femme ?

– Non, ce n’est pas dans ce registre que la détestation se décline.

– Un pédophile ?

– Non, ce qu’il a avoué n’est malheureusement pas encore sanctionné pénalement, mais moralement c’est impardonnable. Il n’est pas exclu, d’ailleurs que des âmes courageuses se lancent dans une grève de la faim pour obtenir son embastillement…

– Ah ! J’ai deviné : il est zoophile !

– Non, ça c’est sanctionné par l’amendement végane à la loi sur la moralité digestive.

– Bon, alors je donne ma langue aux chats : entre véganes…

– Mmmmmm blbl mmmm jeunes femmes mmm blbl quagénaires.

– Il a quoi ? Parlez plus fort !

– Il a bzbzbz préférer bzbzbz femmes bzbzbzbzbz.

– Comment ?

– Il a avoué préférer les jeunes femmes aux quinquagénaires ! Là, voilà, c’est dit.

Yann Moix est le nom qui révèle notre néant

La première révolutionnette post guerres mondiales de notre pays a démarré sur une revendication d’étudiants (au masculin) qui voulaient pouvoir rendre visite aux étudiantes (au féminin) sur le campus de Nanterre Université.

Oui, jeunes de moins de douze ans et demi, il fut un temps (qui a duré, à la louche, 200.000 ans) où les humains étaient divisés en seulement deux catégories : les hommes et les femmes, qui souhaitaient le plus souvent se rejoindre pour faire l’amour plutôt que la guerre.

Puis est intervenue la révolution LGBTI & Co et l’écriture inclusive, qui ont banni de la sphère publique (et privée ?) toute discordance, fût-elle microscopique, avec la doxa ambiante : black is beautiful, beur is beautiful, LGBT is beautiful, mais mâle de 50 ans is moche et, depuis LA phrase historique du XXIe siècle prononcée par Yann Moix, mâle-de-50 -ans is encore plus moche dedans que dehors.

Les phrases historiques suivent des phases qui ne se ressemblent pas

Oui, phrase historique : on se souvient du vase de Soissons (fin Ve, début VIe siècle), probablement moins du « Qui m’aime me suive » de Philippe le Hardi (XIVe siècle), parce que l’amour et le combat sont devenus des valeurs corrélées à la valeur en bourse du Tweet quotidien. On communie encore tous les jours avec le « Paris vaut bien une messe » du roi Henri IV (XVIe siècle), mais dans la version contemporaine : « Mon poste vaut bien une mosquée ». Sans rien en changer, on voit que « L’État, c’est moi ! » de Louis XIV et « Après nous le déluge » de Mme de Pompadour (XVIIIe siècle) sont toujours pertinents. Le XIXe siècle aura fourni aux Juifs du XXIe une stratégie, par la bouche de Nicolas Changarnier : « Soldats, ils sont six mille, vous êtes trois cents. La partie est donc égale. Regardez-les en face et tirez juste ! » (OK, les chiffres réels sont respectivement 1,4 milliard et 13 millions, mais le message est le même). Le XXe siècle est celui de l’inoubliable « La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre » du Général de Gaulle, oublié par tous nos hommes politiques.

Le XXIe, le nôtre, se rappellera aux générations futures grâce à la preuve de notre néant : « A 50 ans, je suis incapable d’aimer une femme de 50 ans. » Ou pour le dire autrement, « Parlez-moi de Moix, y a que ça qui m’intéresse. (Guy Béart) »

Un homme dit ce qui déclenche sa libido

Cela déclenche un scandale, dont les milliers de Palestiniens persécutés et exécutés dans les camps de réfugiés libanais et syriens aimeraient bien récupérer quelques miettes…

Marlène Schiappa, erreur de casting faite ministre, a estimé que l’aveu de Moix traduisait « l’invisibilisation des femmes de plus de 50 ans », partout, y compris dans le septième art.

Dans la famille Bravitude, donnez-moi l’invisibilisation et dans la famille Casting Réussi, c’est Schiappa qui nous donne le point commun entre Catherine Deneuve (75 ans), Agnès Jaoui (54 ans), Sophie Marceau (52 ans), Julia Roberts (51 ans), Julianne Moore (57 ans), Monica Bellucci (54 ans), Juliette Binoche, (54 ans), Isabelle Huppert (65 ans), Emmanuelle Béart (55 ans), Catherine Frot (62 ans), Nathalie Baye (70 ans), Meryl Streep (65 ans), Sharon Stone (56 ans) et Karin Viard (52 ans) : Elles sont toutes in-vi-sibles !

Enfin, dans la famille Scoop, on vous dévoile la première remarque pleine de bon sens que l’on peut attribuer à Madame Schiappa : « l’amour ça ne se contrôle pas et ça ne se décide pas. »

Quid quand une lesbienne dit la même chose que Moix ?

Moix, pas moi : car moi, je n’ai rien dit, mais j’ai entendu prononcer exactement cette phrase par une amie lesbienne, qui aime à faire savoir, de surcroît, qu’elle a « couché avec toutes les équipes de handball féminines de la Côte d’Azur ». Les handballeuses sont jeunes, musclées et ma copine Corine[1] « préfère le corps des femmes jeunes, c’est tout. »

Certes, Corine n’a pas été interviewée par Marie-Claire, aussi n’a-t-elle pas à répondre devant le tribunal médiatique de ses opinions, libidinales ou autres. Mais si cela avait été le cas, eût-elle eu droit à une aussi vaste couverture d’orties, surmontée d’un édredon médiatique aussi rembourré de clous ?

Sûrement pas : les opinions de Pierre, Paul.e ou Jeannette quant à ce qui les fait vibrer restent des sentiments qui n’engagent qu’elles et eux, mais en aucune façon l’objet de leur convoitise. Certains les aiment squelettiques, d’autres enrobées, certaines les aiment chauves et épilés, d’autres chevelus et poilus… La gamme des détails qui déclenchent le désir chez l’humain sexué est illimitée, couvrant les âges, le physique, le poids, l’intellect, les couleurs, les odeurs et tutti quanti. La preuve, c’est que les cougars trouvent toujours à prendre leur pied, et pas nécessairement chez les chausseurs sachant chausser.

Yann Moix et ma copine Corine les aiment fraîches, tant mieux pour eux s’ils trouvent des partenaires qui les aiment quinqua. Mon mari les aime nature, tant mieux pour moi.

À l’œuvre : une misanthropie borgne ou une androphobie aveugle

Nous sommes en paix depuis trop longtemps pour évacuer au quotidien ce qui reste d’agressivité dans nos cerveaux reptiliens, alors nous nous inventons des causes et des ennemis.

Tout ce qui vient de l’homme est mauvais, sauf s’il est homo, bien entendu, et tout ce qui vient de la femme est admirable, sauf si elle est hétéro, cela va de soi. À cela s’ajoutent, en lieu et place de réflexion, les réflexes conditionnés acquis en soldes dans les rayons SPP (Sublimation-de-Préjugés-Paternalistes) et OH (Occidentalisme Honteux) des grandes surfaces de prêt-à-penser.

À preuve, le temps passé à condamner Yann Moix pour sa phrase anodine et les satisfactions égotistes qu’en tirent ses contemptrices : l’ex Première concubine du Président normal en profite pour ressortir un dessin jeune de 5 ans, la représentant seins nus (pas très ragoûtant, le dessin… LE DESSIN, aucune référence à ce qui a servi de modèle), Colombe Schneck nous régale les yeux de son très joli postérieur, les indignées hystérisent à qui mieux mieux, croyant compenser, par la profondeur de leur investissement, la superficialité du sujet lui-même et enfin, les hommes non protégés par un badge LGBT se sentent obligés de participer à la curée, de crainte de se retrouver du mauvais côté de la porte de l’abattoir.

Une polémique de bobos pour un bobo à l’ego

Une analyse très pertinente a été faite, probablement à l’insu de son plein gré, par la députée LREM de l’Essonne, Marie-Pierre Rixain. Elle a déclaré qu’à lire Yann Moix, « on pourrait croire que la révolution féministe n’a pas eu lieu. Yann Moix ne comprend pas l’unicité de nos corps de femmes de 16, 25, 50 ou plus. »

La révolution dont elle parle n’est pas le combat féministe des années 1960-70, qui a donné aux femmes la liberté de leur corps et l’égalité en droit avec les hommes. Non, ce qu’elle évoque en est un surgeon tardif, un Organisme Génétiquement Modifié par l’ajout d’une pincée d’ADN fascisant, qui a confisqué aux hommes la parole pour la donner aux femmes, puis aux homos au détriment des hétéros et dernièrement aux racisés contre les blancs et les juifs[2].

Quant à l’approche holistique, faut-il comprendre que Mme Rixain conseille à celles qui ont abusé des réveillons de fin d’année de ne jamais faire de régime, mais plutôt de comprendre l’unicité de nos corps de femmes, de 50, 75, 100 kilos ou plus ?

Dans quinze jours, on aura complètement oublié le buzz Yann Moix de janvier.

Moix croyait que le sujet était l’amour, il a découvert qu’il était, lui-même, devenu un objet haine très gratifiant pour les amateurs de boucs émissaires.

Comme on se sera régalées à le haïr !

Cela nous a donné des forces pour aborder 2019 en pleine forme. Les hommes ont intérêt à filer droit à gauche !

Cécile Attal, mabatim.info

[1] Évidemment que j’ai changé le prénom ! Vous me prenez pour qui ? Une balance ou une condamnée pour diffamation en sursis ?
stylo-plume attal[2] « Les blancs, les Juifs et nous » est le titre d’un livre de Houria Boutedja, qui a fait regretter à Libération que : « Sur la question légitime du legs colonial, la figure de proue du Mouvement des indigènes de la République signe un brûlot déterministe : Blancs, juifs et arabo-musulmans sont présentés de façon si caricaturale que la thèse du livre s’en trouve invalidée, éclipsant de justes indignations. » Priver Libé de ses indignations légitimes, c’est vraiment dégueulasse !

3 commentaires

  1. Excellent texte de Cécile Attal.
    Même si les élucubrations de Moix ne valent pas forcément le ramdam ambiant.

    Sachant que la caisse de résonance médiatique aime la provoc et qu’il a des bouquins à vendre et une image à conserver et un chiffre d’affaires à faire.

    Sans oublier que le goût des hommes « mûrs » pour des femmes plus jeunes n’est rien d’autre que la conséquence de nos biologies respectives.

    Le sexe ayant pour finalité la survie de l’espèce (évidemment personne n’ignore que le plaisir et le désir ne sont que les appâts pour nous inciter à procréer, c’est dans notre ADN fondamental depuis toujours).

    Et les hommes pouvant procréer souvent 25 ans plus tard (dans la vie…) que les femmes, la mécanique est en place pour qu’il en soit ainsi.

    Merci donc, Cécile, pour ce moment.

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  2. Formidable, … Cécile, comme toujours.
    Mais vous prenez des risques. Quand les  » féministes  » victimaires mais vindicatives viendront vous demander des comptes, nouzautres hommes viendrons vous protéger. Si cela vous convient, à moins que vous ne trouviez cela trop machiste.
    Quant à Moix… On se fout des déclarations de Moix. Les adultes consentants font de leur corps ce qui leur convient.
    En revanche les enfants allemands — en attendant les autres ? — ont du souci à se faire : la Cour fédérale de justice, la plus haute juridiction allemande en matière civile et pénale, a statué que tous les mariages, y compris ceux institués sous le régime de la charia, sont protégés par la loi fondamentale allemande.
    Cette décision qui tend à légaliser en Allemagne les mariages d’enfants tels qu’ils sont autorisés par la charia, est un cas d’école. Les tribunaux allemands — sciemment ou non –- promeuvent, de plus en plus nombreux, l’émergence d’un système juridique islamique parallèle.
    Bientôt en France ? https://fr.gatestoneinstitute.org/13527/allemagne-mariage-enfants

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