Suite de l’article : Le Yiddish quel avenir ? (1) Chernowitz ou l’éphémère capitale du Yiddishland
…/… Nous retrouvons cette effervescence politique dans des discussions acharnées entre les yiddishistes et les hébraïstes, ce qui devient évident pendant la conférence de Czernowitz qui s’est tenue donc du 30 août au 3 septembre 1908. Le but de cette rencontre devait être le choix de la langue nationale du peuple juif. Le lieu s’explique par sa commodité car la ville est à proximité de l’Ukraine et de la Pologne où des communautés juives étaient bien nombreuses. Les villes comme Varsovie et surtout Odessa auraient peut-être mieux convenu, car elles étaient des centres bien plus importants de la vie juive, mais il était exclu d’organiser une telle manifestation en Russie où, après la révolution 1905, la situation restait tendue et où plusieurs mesures antijuives venaient d’être prises. Le pouvoir tsariste et l’empereur Nicolas II en personne considérant que les Juifs étaient en grande partie responsables des désordres dans les grandes villes de l’Empire.
Le comité d’organisation était composé de Nathan Birnbaum, Chaïm Zhitlovsky, David Pinski, Yakov Gordin, Alexandre Evalenko, personnalités connues et respectées. Signalons que la décision de convoquer une telle conférence fut prise lors d’une rencontre à … New-York, ce qui confirme l’importance de la ville pour la communauté juive dès le début du XXème siècle.
Il serait intéressant de s’arrêter sur certains parcours de ces organisateurs qui jouaient alors un rôle important dans la communauté juive en Europe et aux États-Unis.
Les pro yiddish…
Nathan Birnbaum[1] un juif autrichien, né à Vienne, était le premier à utiliser le terme de « sionisme » dans un article écrit en 1884.Tout logiquement il avait rejoint Théodor Herzl et avait participé au premier congrès sioniste à Bâle en 1897. À l’issue du congrès, il fut élu au poste du secrétaire du mouvement. Or contrairement à Théodor Herzl qui s’intéressait surtout aux questions politiques, Nathan Birnbaum valorisait les questions culturelles et sociales, d’où son attachement pour le yiddish. Suite aux désaccords avec Herzl, il s’éloigne du mouvement sioniste pour se consacrer aux problèmes de la diaspora. Il voyait alors dans le yiddish le lien indispensable pour les Juifs ashkénazes. Avec le temps, il se tournera vers la religion, en suivant le courant orthodoxe.
Le journaliste Chaïm Zhitlowski[2] considérait que le yiddish était le meilleur moyen de propagande socialiste pour le prolétariat juif. Il voyait la langue comme le substitut de l’État, d’où sa mission historique d’assurer la pérennité pour le judaïsme séculier et une culture progressiste.
David Pinski[3] , écrivain et dramaturge vivait à cette époque aux États-Unis. Dans sa prose et ses pièces, écrits en yiddish, il montrait les changements culturels et sociaux dans la communauté, tant en Europe qu’aux États-Unis.
Yakov Gordin[4], dramaturge très connu, était l’auteur de plus de 70 pièces, dont Mirele Efros qui était une position incontournable dans le répertoire des théâtres juifs. Plusieurs de ses pièces étaient traduites en russe, en polonais et portés à l’écran dans la période entre les deux guerres.
Alexandre Evalenko[5], était un éditeur prospère. Ses activités principales se trouvaient aux États-Unis, mais il avait des contacts professionnels aussi en Europe. Il était connu pour sa générosité et …son carnet d’adresses. Ces deux « qualités » sont devenues très appréciables pour mettre le projet au point, quand il fallait envoyer des invitations aux futurs participants!
Au bout d’un an de préparatifs, assurés surtout par Nathan Birnbaum, soixante-dix participants confirmèrent leur présence, dont Itzhok Leybush Peretz et le jeune écrivain Sholem Ash[6]. Malheureusement Mendele Moykher Seforim et Sholem Aleikhem qui étaient très intéressés par ce projet, n’ont pas pu venir à cause de problèmes de santé. Le rôle d’Itzhok Leybush Peretz en fut d’autant plus important, et effectivement sa participation s’avéra être essentielle durant la semaine des débats. Grâce à sa formation d’avocat, il aida à établir un cadre de discussions et la conférence aboutit à un accord, qu’on pourrait définir de compromis entre les points de vue souvent opposés, voire contradictoires.
Les pro hébreu…
Parmi les présents il y avait aussi les hébraïstes, venus pour affirmer la prédominance de l’hébreu. Il s’agissait surtout de Nahman Syrkine[7], Nahum Sokolov[8] et le plus véhément parmi eux Ahad ha-Am[9]). Pour eux l’hébreu devait devenir l’unique langue nationale des Juifs.
Les discussions étaient d’autant plus âpres, qu’en face ils avaient comme adversaires les bundistes, représentés par Esther Frumkin[10], de l’aile gauche du Bund. Or avec elle aucun compromis n’était possible. En occurrence elle exigeait que le yiddish soit déclaré comme « unique langue nationale du peuple juif».
Pendant la conférence, les débats se tenaient en yiddish, même si en dehors, les délégués utilisaient souvent l’allemand que certains, comme Nathan Birnbaum, préféraient visiblement.
La teneur de la déclaration finale pouvait être pressentie en écoutant le discours d’ouverture d’Itzhok Leybush Peretz qui a bien insisté sur la dualité linguistique des Juifs :
Le peuple juif possède deux langues. Une langue pour les savants dans la maison d’étude et de prières. Et une deuxième langue pour le « peuple » et pour les femmes juives. Actuellement il y a aussi le travailleur juif, et il crée un instrument de combat pour sa vie : sa culture en yiddish. Il veut et désire vivre pleinement dans et par le yiddish. Il veut avoir le livre yiddish dans la langue yiddish ».
De son côté Ahad-ha-Am proclama que le yiddish cesserait bientôt d’être une langue vivante et que les processus de son déclin était inéluctable. L’hébreu devait devenir l’unique langue nationale du peuple juif.
… la synthèse
Dans de telles conditions les participants sont arrivés à un accord mitigé et la déclaration finale définissait le yiddish comme l’une des langues nationales du peuple juif et non pas la langue nationale. (« a shpakh et non di shprach »). Ainsi la rupture avec les hébraïstes était évitée, car la formule qui a obtenu la majorité des voix était la suivante :
La première conférence pour la langue yiddish reconnait le yiddish comme une langue nationale du peuple juif et réclame pour celui-ci une égalité politique, communautaire et culturelle. En rapport à cela, la conférence tient à déclarer que chaque participant à la conférence, garde la liberté de se référer à l’hébreu selon ses convictions personnelles.
La conférence de Czernowitz fut un point important dans l’histoire du yiddish. Elle reste un symbole de son développement depuis la deuxième moitié du XIXème siècle dans les domaines social, politique et culturel.
Une Académie de langue juive ?
En 1908, on envisageait déjà la création d’un institut de langue juive, qui aurait une fonction régulatrice et normative, mais à l’époque il n’y avait ni les moyens financiers, ni humains pour lancer une telle démarche. Un tel institut (Institut Scientifique Juif) sera fondé seulement en 1925, à Wilno/Vilnius qui était alors une ville polonaise. (Yidisher Visnshaftlekher Institut /ייִדישער װיסנשאַפֿטלעכער אינסטיטוט) connu sous l’acronyme YIVO (translittération des initiales yiddish : ייווא). Après la 2e guerre, il a été transféré aux États-Unis, à New-York où il continue des activités de recherches dans le domaine des études juives.
En principe, les organisateurs de la première conférence prévoyaient d’autres rencontres, sans préciser leur périodicité. En 1928, bien après la chute des Habsbourg, s’est tenue la seconde conférence pour commémorer la première, devenue une sorte de mythe, mais elle n’eut pas le même retentissement, même si quelques délégués de 1908 étaient présents comme Sholem Ash et Yakov Sotek.
Valse des frontières, avant-garde culturelle et situation des juifs
Après la période tragique 1914-18, qui dans cette partie de l’Europe se prolongea par la révolution d’octobre 1917 et la guerre civile russe (1918-1921), le continent européen va connaître une vraie valse des frontières. En 1918 ce phénomène résulte principalement de la décomposition de trois Empires : la Prusse, la Russie et l’Autriche-Hongrie. De nouveaux États vont alors apparaître ou réapparaître sur la carte : la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie… D’autres restent, mais amoindris, comme l’Autriche ou la Hongrie.
Les communautés juives se retrouvent dans ces nouveaux états où leurs droits ne sont pas toujours respectés, loin de là ! Or dans la période entre-deux-guerres, la vie culturelle juive va atteindre son apogée. En étudiant cette époque nous ne pouvons qu’être surpris par la mobilisation des énergies créatrices. Les artistes juifs sont dans tous les mouvements d’avant-garde, sur tous les continents, dans tous les domaines. Même aujourd’hui leurs œuvres étonnent par leur qualité et leur originalité. Certains s’exprimaient en yiddish, d’autres adoptaient les langues du pays où ils habitaient, mais ils étaient tous unis par la même inventivité.
Pour en revenir à Czernowitz, la ville s’est retrouvée en 1918 sous l’autorité de la Roumanie. À l’époque l’Ukraine et la Roumanie revendiquaient la Bucovine, peuplée en majorité par des Moldaves[11] et des Ukrainiens ; la Roumanie va emporter le morceau, car les Moldaves étaient plus nombreux dans la campagne environnante. Dans la période 1918-1944 apparaît la Grande Roumanie, un pays au nationalisme croissant et virulent.
La situation des Juifs va rapidement empirer. Le gouvernement vise à « roumaniser » la population et à détruire l’influence économique des Juifs, qui se retrouvent sur les marges de la société et subissent un antisémitisme croissant. Les Juifs regrettaient le temps de l’Empire des Habsbourg, estimant qu’il leur accordait une plus grande protection. Coupés des sources de la culture allemande à laquelle les Juifs de Czernowitz étaient très attachés, ils se consacrent beaucoup plus à la vie culturelle juive qui atteint alors son apogée. Les yiddishissants et les hébraïsants de Bessarabie (qui fait aussi partie de la Roumanie) s’installent alors à Czernowitz où des nouvelles parutions dans les deux langues abondent. Il y a aussi un hebdomadaire littéraire Czernowitzer Bläter et une revue Kulture, très réputés dans les autres communautés yiddishisantes de l’Europe. L’association Yiddisher Shul-Verein organisait des cours du soir, des séminaires, des camps d’été pour jeunes. Dans la ville, il y avait deux théâtres et les troupes de Vilnius ou de Varsovie y venaient en tournée. En 1921, cette association a réussi à organiser la première conférence de culture juive de Roumanie. Cette fois-ci les conférences se tenaient tous les ans jusqu’à l’arrivée des Soviétiques en 1940. Bref dans des années 1920-1930 il y a un vrai foisonnement des activités sociales et culturelles. On peut même signaler toute une pléiade de poètes et d’écrivains juifs, originaires de Czernowitz qui écrivaient alors aussi bien en allemand (Rose Ausländer, Klara Blum, David Goldfeld et surtout Paul Celan…) qu’en yiddish comme Itzik Manger ou Eliezer Steinbarg.
Malheureusement nous sommes obligés de constater que ce temps si brillant s’achèvera d’une manière tragique, par l’anéantissement de la majeure partie du yiddishland dans les années 1939-45.
La Bucovine et sa capitale vont connaître une période tout particulièrement troublée dans les années 1940-1944 après la signature du pacte de non-agression par Viatcheslav Molotov, le ministre des affaires étrangères soviétique et son homologue allemand Joachim von Ribbentrop. Parmi les clauses secrètes, entre autres, figurait le rattachement de la Bucovine à l’Union Soviétique. Après l’effondrement de la Pologne et de la France, la Roumanie conclura une alliance avec l’Allemagne. Malgré ce geste, « l’allié » allemand obligea la Roumanie à céder la Bucovine à l’Union Soviétique. Dans les derniers jours du juin 1940, les soldats soviétiques entrent à Czernowitz. Les Juifs de la Bucovine, qui étaient fortement persécutés par le pouvoir roumain depuis 1918, considérèrent au début cette annexion comme une sorte de libération. Leurs espoirs furent vains, très rapidement les arrestations et les déportations commencèrent. Au début elles touchaient surtout les fonctionnaires roumains, mais les Juifs se retrouvèrent aussi dans les convois vers la Sibérie. Par exemple à la mi-juin 1941, environ 5000 personnes dont 3500 Juifs sont entassées dans des wagons à bestiaux et déportées en Sibérie et au Kazakhstan.
Le 22 juin 1941 l’Allemagne attaque l’Union Soviétique. Le même jour, la Roumanie déclare aussi la guerre, elle sera du côté des nazis. Une semaine plus tard Czernowitz sera occupée par des troupes roumaines, suivies deux jours plus tard par une compagnie de SS et une unité de police allemande. Les premiers massacres, commencés aussitôt, feront 5000 morts. Les Juifs épargnés seront privés de tous leurs droits, et obligés de porter l’étoile jaune, signe de leur mise à l’écart et de persécutions à venir …
Les troupes roumaines à la manœuvre
Il faut savoir que les persécutions de la population juive de la Bucovine seront organisées surtout par des troupes roumaines qui sont aussi responsables des massacres de Juifs dans le sud de l’URSS, par exemple à Odessa et sa région. Or après la guerre, la Roumanie qui a rejoint les Alliés, à la dernière minute, en été 1944, a préféré s’enfoncer dans la négation quasi totale de ces crimes[12].
Après la guerre, entre 1944 et 1991 la ville Czernowitz est annexée par l’URSS et rattachée à la République Soviétique Socialiste d’Ukraine. Les survivants de la communauté qui ont gardé leur nationalité roumaine ont quitté la ville immédiatement après la guerre pour s’installer surtout à Bucarest d’où, par étapes successives, ils arriveront à émigrer en Occident ou en Israël. Pourtant à Czernowitz la communauté juive, bien qu’amoindrie, a survécu. Quelques écrivains de langue yiddish y vivaient, et il y avait encore 6 synagogues et un théâtre juif. Mais en 1948 comme partout en URSS, débuta une vague d’antisémitisme officiel. Pendant la période 1948-1953 les synagogues et le théâtre furent fermés, les écrivains yiddish arrêtés et emprisonnés dans des camps de concentration. La vie juive devient alors pratiquement inexistante.
De la Roumanie à l’Ukraine
Le 24 août 1991 l’Ukraine déclare son indépendance. Or déjà pendant la période de la perestroïka (1987-1991) et surtout depuis cette déclaration d’indépendance, on peut signaler un très timide renouveau de la vie juive. On observe d’ailleurs le même phénomène dans plusieurs villes ukrainiennes. A Czernowitz est apparue une maison nationale juive, devenue le siège de plusieurs associations, les unes tournées vers l’hébreu, les autres vers le yiddish. Il y a un club sportif Makhabi. Il existe un Conseil des Juifs de la Bucovine. A la radio il y a une émission mensuelle en yiddish « Dos yiddish vort ». Le patrimoine juif, malheureusement bien abîmé pendant la période soviétique, est peu à peu mis en valeur comme l’ancienne Grande Synagogue (Temple) que les Allemands n’ont pas réussi à dynamiter, le musée d’histoire et de la culture des Juifs de Bucovine, dont les étoiles de David sur l’escalier monumental furent sciées pendant la période soviétique, les plaques sur les maisons natales de Paul Celan et Eliezer Steinbarg. Dans la ville, il reste une synagogue, petite mais très belle. L’emplacement du ghetto est aussi marqué par une plaque.
Ce travail d’entretien du passé englobe aussi plusieurs commémorations de la conférence de 1908, organisées par le Conseil mondial de la culture yiddish et l’Association de la culture juive de Czernovitsi : en 1993 (85ème anniversaire), en 1998 (90ème anniversaire), en 2008 (100ème anniversaire). En 2018, dans le cadre des Journées de la culture juive de la Bucovine on a commémoré le 110 anniversaire. À cette occasion, dans la ville, sont venus d’Europe de l’Est, des États-Unis, d’Israël, de France, des enseignants et des apprenants de yiddish ou tout simplement les amoureux de cette langue. Le programme était très large, on étudiait tout particulièrement les changements intervenus depuis la première conférence et surtout depuis la fin de la Seconde guerre mondiale quand les Juifs rescapés de l’Holocauste ont eu l’impression d’être les derniers survivants d’une civilisation qui devait être sciemment rayée de la surface de la terre. Pendant leurs débats, les participants ont souvent évoqué la situation du yiddish dans le monde moderne.
Renouveau du yiddish ?
Car depuis des années quatre-vingt, nous assistons, tout d’abord en Occident, ensuite dans l’Europe de l’Est, à un certain renouveau de la culture ashkénaze qui retrouve une partie de sa vitalité et prend des formes sociales, culturelles inédites. Déjà l’attribution du prix Nobel de littérature à Bashevis Zinger en 1978 a joué un rôle important dans le réveil du yiddish. Évidemment la langue est surtout parlée par des personnes âgées qui l’ont apprise autrefois dans leur milieu familial. Mais parallèlement nous voyons beaucoup d’intérêt pour le yiddish de la part de personnes plus jeunes, voire tout simplement jeunes, qui suivent des cours (dans différents cadres) ou qui l’inscrivent dans leur cursus de formation. De nos jours, le yiddish est enseigné comme langue vivante dans un grand nombre de campus à travers le monde. Il faut souligner dans ce domaine l’importance de New-York, avec la Columbia University et le Yivo (Institut scientifique juif). En Europe on peut citer Oxford, Bâle, Amsterdam, des facultés allemandes et aussi Paris où il existe plusieurs structures (Inalco, bibliothèque Medem…). Depuis la chute du communiste les centres de recherche et d’enseignement sont apparus dans plusieurs pays : la Pologne, la Russie, la Lituanie, l’Ukraine… L’hebdomadaire Forverts de New-York voit même son tirage légèrement augmenter depuis quelque temps[13]. Par ailleurs, les nouvelles technologies sont mises au service du yiddish : journaux en ligne, le serveur Mendele, et toute une myriade de sites informatiques, dévolus à la connaissance et aux recherches en yiddish se développent. Internet a permis de construire les réseaux qui relient des yiddishistes de Moscou, Varsovie, Vilnius, New-York, Anvers, Paris … . En été il suffit de regarder la multitude de festivals, de séminaires, de cours, pour être presqu’optimiste
De plus il ne faut pas oublier l’importance du yiddish dans les communautés ashkénazes orthodoxes qui continuent de l’utiliser dans l’enseignement et dans la vie courante. Et là, il s’agit de plusieurs milliers de personnes ! (On parle de cinq cent cinquante mille, dont la moitié en Israël)
Depuis le premier congrès de 1908 le yiddish a beaucoup changé. Il aurait dû devenir une langue morte, pourtant il a survécu. Il est difficile de prévoir son avenir, mais il faut lui laisser sa chance. AS♦
FIN
Ada Shlaen, mabatim.info
[1] Nathan Birnbaum, né en 1864 à Vienne, est mort en 1937 aux Pays-Bas. Il a vécu longtemps à Berlin et fut témoin de l’arrivée au pouvoir de Hitler d’où son exil peu de temps avant sa mort.
[2] Chaïm Zhitlovski, né en 1865 en Biélorussie est mort en 1943 aux États-Unis.
[3] David Pinski, né en 1872 à Mogilev, mort en 1959 à Haïfa. Il avait des liens familiaux avec Sholem Aleikhem, son beau-frère a épousé une fille du grand écrivain.
[4] Yakov Gordin, né en 1853 à Mirgorod, mort en 1909 à New-York. Il a commencé en écrivant en russe, ensuite adopta le yiddish, en le modernisant pour le rendre plus vivant.
[5] Alexandre Evalenko, né en1859 en Ukraine, mort en 1934 à Berlin.
[6] Sholem Ash, né en 1880 en Pologne, mort en 1957 à Londres. Il a vécu les dernières années de sa vie en Israël. On peut signaler que sa grande trilogie Varsovie-Pétersbourg- Moscou est traduite en français.
[7] Nahman Syrkine, né en 1868 en Russie, mort en 1924 à New-York. Il représentait le parti Poalei Tsion aux États-Unis.
[8] Nahum Sokolov, né en 1859 en Ukraine, mort en 1936 à Londres. Comme il connaissait au moins 12 langues, cette conférence devait l’intéresser au plus haut point! Nahum Sokolov était un membre très actif du mouvement sioniste.
[9] Ahad ha-Am de son vrai nom Asher Hirsch Ginsberg né en1856 en Ukraine, mort en1927 à Tel-Aviv.
[10] Esther Frumkin , née en 1880 à Minsk, morte en 1943 dans un camp de concentration soviétique à Karaganda. Après la révolution d’octobre1917 elle va rejoindre les bolchéviques, mais comme de très nombreux communistes juifs, elle sera arrêtée lors des purges de 1937.
[11] Les Moldaves sont très proches des Roumains, du point de vue historique et linguistique.
[12] Je tiens à signaler un film courageux de Radu Jude qui vient de sortir et qui traite de ce déni. Il s’appelle « Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares.» D’autre part en 2003 une commission présidée par Elie Wiesel fut formée pour étudier la situation des Juifs pendant la guerre et on peut citer cette conclusion : « De tous les Alliées de l’Allemagne nazie, la Roumanie avait la plus forte communauté juive et porte donc la responsabilité de la mort de plus de Juifs que n’importe quel pays autre que l’Allemagne elle-même… La Roumanie a commis un génocide contre les Juifs. Le fait que des Juifs aient survécu dans certaines parties de la Roumanie ne doit pas masquer cette réalité. »
[13]Le tirage avoisine 3000 exemplaires.
Mon grand pere, mon arrière grand pere, et ainsi de suite pendant 400 ans, qui vivaient au Maroc, auraient tous dit que l’hébreu est la langue des juifs. Jamais il ne leur serait venu à l’idée de proposer le judeo arabe, le judeo espagnol ou l’araméen. Mais je crois qu’à cette époque, on demandait pas l’avis des sépharades.
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Les juifs ne mourront JAMAIS!
ils ressusciterons toujours comme leurs langues…
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