Qu’y a-t-il de commun entre le Venezuela et le Zimbabwe ?
Les deux sont parmi les pays les plus riches du monde, le premier en or noir et le second en diamants, or, argent, tungstène, cobalt, lithium, platine, palladium, (dont le cours est plus élevé que celui de l’or)… Dans les deux pays, la population meurt de faim, des épidémies de maladies autrefois éradiquées sévissent… et les dirigeants sont trèèèès riches et trèèès autoritaires.
Un autre point commun est que les Français se voient épargner la description de ces drames. Le Venezuela a fini par avoir quand même sa place dans les médias hexagonaux, une fois que l’ONU eut inondé la planète de ses inquiétudes vis-à-vis des millions de Vénézuéliens fuyant dans les pays limitrophes et eut envoyé à tire-larigot des SOS pour leur venir en aide.
Et le Zimbabwe ? Un seul titre français fait le point sur leur situation au 1er novembre 2019, c’est Causeur : « Les pénuries de carburant, de médicaments et de devises étrangères pourrissent la vie quotidienne des habitants et réduisent considérablement l’activité du pays. L’électricité est désormais coupée dix-huit heures sur vingt-quatre. Afin d’alimenter les groupes électrogènes, les habitants patientent pendant huit ou neuf heures au sein d’interminables files d’attente aux abords des stations-service. Sans carburant, l’irrigation des terres et l’utilisation des machines agricoles sont impossibles. Les paysans ont donc été contraints de moissonner prématurément leur blé de 2019 sur des milliers d’hectares. Dans les grandes propriétés agricoles, les travailleurs ne touchent souvent plus leur salaire. Le choléra a refait son apparition. L’accès restreint à l’eau et sa piètre qualité posent de nombreux problèmes sanitaires. Le spectre de la famine se profile à nouveau et concernerait entre 2 et 5 millions de personnes, en raison notamment d’épisodes de sécheresse récurrents. Cette situation n’émeut pas l’élite au pouvoir. Des manifestations contre les pénuries et la politique gouvernementale ont été sévèrement réprimées par l’armée, qui a tiré à bout portant sur des civils en août 2018 et en janvier 2019 ».
Coupures d’électricité et coupures de presse
Quand on pense à la couverture presse pléthorique des coupures d’électricité de quelques heures par jour à Gaza, en attendant que le financier cisjordanien paie les factures, on se demande pourquoi la situation dramatique du Zimbabwe, au bord de la famine et du génocide par pandémies, n’occupe pas plus d’espace dans nos médias.
Non, c’est une question rhétorique : personne ne se le demande, car tout le monde connaît la réponse.
Au Zimbabwe, ce sont des Africains qui souffrent et la doxa repentante hexagonale veut que les Blacks-et-Beurs ne soient coupables ni même responsables de rien, surtout pas des maux qui les accablent par la faute de leurs dirigeants.
Or le Zimbabwe s’est débarrassé, à partir de l’an 2000 de ses fermiers blancs (environ 4000), une mesure qui a constitué l’essentiel de la « réforme agraire » promise par le dictateur Mugabe. Les terres récupérées ont été données à ses séides et les Blancs sont partis, comme en 1962, les Français d’Algérie, une main devant une main derrière. La petite centaine de ceux qui sont restés sur place crève de faim dans des hospices religieux catholiques.
Il est donc impossible d’incriminer la colonisation, encore que, puisqu’elle est toujours responsable de la corruption qui règne en Algérie, près de soixante ans après le départ des Français, on ne voit pas ce qui empêcherait les Blancs de trinquer pour Mugabe. Ah oui, ils ne sont plus là… Bon.
Comment sauver les Zimbabwéens ?
L’autre solution, si l’on veut sauver les Zimbabwéens, c’est de susciter un large mouvement de solidarité dans le monde. Pour cela, il suffit de prouver qu’Israël est responsable de la situation. Mugabe n’était pas Juif ? Vous en êtes absolument sûr ? Pas le moindre petit trisaïeul qui aurait reçu un pourboire d’un touriste juif dans les années 1900 ? Et ses ancêtres, vraiment Judenrein ? On pourrait remonter à Adam et Ève ! Ah… non, c’est vrai, puisqu’il n’existe pas de peuple juif, Adam et Ève étaient musulmans, comme Souleiman (Salomon), Issa (Jésus) ou Mahmoud Abbas (le Père Noël)…
Et Lucy ? Vous savez, l’australopithèque âgée de 3,18 millions d’années, découverte en Éthiopie en 1974. Elle a révolutionné notre perception des origines humaines, en démontrant que l’acquisition de la bipédie datait d’au moins 3,2 millions d’années et avait largement précédé l’accroissement du volume endocrânien. Quand on ajoute une femme précurseur et des découvertes archéologiques, ça sonne très Start-up nation !
Si l’on peut prouver que Mugabe descend directement de Lucy et que le nom de famille de l’australopithèque était Cohen, on est sûrs de voir se hisser l’étendard des ONG et s’armer la flottille des bienfaiteurs, apportant des médicaments périmés et des invendus de supermarchés halal. Le tout sera stocké dans des containers cachant les caisses de munitions et les armes blanches destinées aux marins israéliens. Ah, il n’y a pas d’Israéliens au Zimbabwe. Zut ! Même pas des Noirs ? Ben non, les Israéliens noirs, ils se plaignent déjà d’être discriminés chez eux, c’est pas pour venir se faire poignarder au milieu d’autres Noirs parce qu’ils sont Juifs !
Il n’est de racisme que blanc-anti-noir
À l’inverse du Zimbabwe, une photo d’enfants sud-africains a fait scandale dans nos médias, en janvier 2019. Le racisme avait frappé ! Le Monde et le Nouvel Obs avaient aussitôt dégainé leur « touche pas à mon pote », car les victimes étaient noires. Évidemment : le racisme antiblanc, ça n’existe pas, demandez à leur millimétresse à penser, Rokhaya Diallo, elle vous expliquera (Mabatim.info).
Cela se passait dans une ville à majorité blanche, où les 4 enfants noirs d’une classe de maternelle s’étaient assis ensemble à une table séparée des blancs. L’institutrice pensait si peu à mal, qu’elle a envoyé elle-même la photo sur le groupe WhatsApp des parents d’élèves, pour montrer qu’en ce jour de rentrée, les enfants étaient heureux et ne pleuraient pas. Mais on ne doit pas laisser des enfants de 5 ans s’asseoir avec leurs copains, surtout si cela rassure les petits minoritaires. Il vaut mieux qu’ils pleurent à chaudes larmes et qu’on les mélange à des gamins qu’ils ne connaissent pas. Cela dit, si c’est pour empêcher Le Monde et le Nouvel Obs de s’indigner, c’est probablement inutile. Ils fonctionnent au réflexe conditionné :
- 4000 fermiers blancs expropriés au Zimbabwe, silence satisfait.
- 4 gamins noirs pleurant au milieu des petits blancs majoritaires dans une école maternelle, c’est branle-bas de combat, car ils ont certainement subi des insultes racistes, sinon, pourquoi pleureraient-ils ?
Tout en commun entre les Blacks et les Palestiniens fantasmés
Quand les Palestiniens de Gaza violent leurs femmes, c’est-la-faute-aux-Juifs. Quand les soldats israéliens ne violent pas les femmes palestiniennes, c’est-la-faute-aux-Juifs : s’ils n’étaient pas racistes, ils les sauteraient de force, comme toute armée qui se respecte.
Quand le Président-palestinien-élu-à-vie-pour-4-ans-en-2005 refuse de payer les factures d’électricité des Gazaouis, bien qu’il ait, pour cela, reçu l’argent de l’Union européenne, c’est-la-faute-aux-Juifs.
Quand le même président décide de faire la grève des importations israéliennes pour punir les Juifs de vouloir l’empêcher de salarier leurs assassins, c’est-encore-plus-la-faute-aux-Juifs.
Quand Tel Aviv est élue la ville au monde la plus « gay friendly », c’est-la-faute-aux-Juifs-qui-font-du-pink-washing.
Quand une femme sourde est élue au Parlement israélien[1], c’est… c’est silence radio, parce que la première règle du journalisme en France est de ne diffuser des informations sur l’État juif que si elles sont négatives.
Quand la mortalité due au cancer est l’une des plus basses au monde (les citoyens arabes encore mieux lotis que les juifs), on n’en entend pas parler non plus, pour les mêmes raisons : « Les chiffres montrent que les Juifs sont plus susceptibles de mourir du cancer que les Arabes, avec 25,4 % des décès juifs en 2017 dus à la maladie, contre 21,4 % des décès arabes – un écart dû en partie au fait que la population arabe est légèrement plus jeune en moyenne que la population juive (Times of Israel). » Ce qui n’est pas précisé, parce que le Times of Israel s’adresse à des Israéliens, donc à des gens qui le savent, c’est qu’il n’est fait aucune différence entre les citoyens juifs et arabes, qui bénéficient tous des mêmes soins.
À ce sujet, il est intéressant de voir les variations mondiales : « Plus de maladies cardiovasculaires que de cancers dans les pays moins favorisés. Afin d’obtenir ces résultats et de les comparer avec ceux des pays moins favorisés, les auteurs ont examiné plus de 155.000 personnes dans 21 pays : quatre pays à haut revenu (Suède, Arabie Saoudite, Canada, Émirats Arabes Unis), 12 pays à revenus moyens (Argentine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Iran, Malaisie, Palestine, Philippines, Pologne, Afrique du Sud, Turquie) et 5 pays à revenus faibles (Zimbabwe, Tanzanie, Pakistan, Bangladesh, Inde) (Sciences et Avenir). »
Scandale ! la Palestine figure dans les pays à revenus moyens ! Il y a encore pire : en 2019, la population israélienne s’élève à 9,092 millions d’habitants, dont 6,744 millions (74,2%) de juifs, 1,907 million (21%) d’Arabes et 441 000 (4,8%) padamalgamés comme « autres ». 88,9% des citoyens israéliens se disent satisfaits de leur vie: 91,1% des Juifs et 80,9% des Arabes. Heureusement que les palestinolâtres ne lisent ni Sciences et Avenir, ni les statistiques (Rakbeisrael.buzz) sinon ils seraient aussi indignés que par le racisme ontologique des Israéliens : La-Pa-les-tine-est-une-pri-son-à-ciel-ou-vert-dont-les-ha-bi-tants-meurent-de-faim-à-cause-du-gé-no-cide-lent-pra-ti-qué-par-les-Juifs. Vous me réciterez cette poésie par cœur demain matin, sans faute !
Et les Blacks ? Fantasmés par qui ?
En l’occurrence, par Kemi Seba, qui aime bien venir menacer de mort les Juifs du Marais parisien, mais en ce qui concerne l’Afrique et le racisme, il fait cause commune avec les Diallotes de ce bas monde. C’est encore Causeur qui liste, sous la plume d’Alexis Brunet : « Les guerres ethniques en Afrique ? La faute à l’Occident. Les famines récurrentes ? La faute à l’Occident. Les politicards corrompus ? La faute à l’Occident. Et les bourgeoisies qui s’enrichissent sur le dos des petites gens, les bidonvilles, le racisme au Maghreb, les exactions sur les migrants en Lybie, l’esclavage en Mauritanie, les élections truquées, Boko Haram, les Pygmées humiliés, le statut des femmes, les droits bafoués des homosexuels, la situation des Noirs au Soudan, la précarité de l’agriculture, le sida, Ebola pendant qu’on y est, la faute à l’Occident également ? Il est plus commode de se complaire dans une paresse intellectuelle en désignant comme responsable des maux de tout un continent un fauve occidental… que de chercher des solutions localement (Causeur). »
Bon, rien de nouveau sous le soleil élito-médiatique
Il y a toujours un grand Satan, l’Occident et un petit Satan, Israël. Et sinon, elle avance, votre collection de citations utiles et agréables ?
Un peu, j’en suis à 2015 : « L’islam est une religion de paix et de lumière » (Jack Lang, le Figaro), « c’est une chance pour la France d’être le premier pays musulman d’Europe » (Edwy Plenel, 20 Minutes), « la place de la langue arabe, de la culture musulmane, dans notre société, est très insuffisante » (Barbara Pompili, députée EELV, le Point).
À bientôt, chers petits amis, pour un nouvel épisode de « Le jour où la connerie se vendra en tubes, il y en a qui seront les premiers à s’offrir une brosse à dents.[2] » LM♦
Liliane Messika, MABATIM.INFO
[1] Shirley Pinto, 30 ans, née d’un père sourd et d’une mère aveugle et sourde, sourde elle-même, a été élue à la Knesset en avril 2018, sur la liste « Nouvelle droite. » Cofondatrice du Centre israélien d’études sur la surdité, elle a aussi été conseillère du maire de Ramat Gan, une ville de la banlieue de Tel Aviv, sur les questions relatives aux personnes handicapées, après avoir servi dans l’armée de l’air comme responsable de projet et de logistique (Benillouche blogspot).
[2] Michel Audiard, dans « La nuit, le jour et toutes les autres nuits ».