Une manif’ à Gaza, manifestement de trop

gazaTous les morts palestiniens ne sont pas égaux devant les médias

Qu’est-ce qui différencie Anan Abou Jameh, feu-citoyen de Khan Younès, mort à 28 ans, de son compatriote gazaoui Ahmed al-Shahri, âgé de 27 ans au moment de son décès dans la même ville ?

Anan était étudiant, Ahmed était militant. Ouiii, c’est une des différences.

Personne ne parle d’Anan dans les médias français, alors qu’Ahmed est mentionné dans tous sans exception, avec ou sans précision de son nom (Courrier Picard et France24). Ah, on se rapproche…

Ahmed a été tué par balles, Anan a été défenestré. Oui, on se rapproche plus en plus.

Ahmed a été tué en représailles par l’armée israélienne lors des attaques lancées par le Hamas à la frontière entre Gaza et Israël. Anan a été défenestré de son appartement à Khan Younés par le Hamas, pour des raisons inconnues. Bonne réponse ! Vous avez gagné… notre considération, mais vous avez perdu tout espoir d’être un jour embauché dans un média français mainstream.

Lundi c’est ravioli, vendredi c’est shahid

Depuis mars 2018, le Hamas organise chaque vendredi des manifestations violentes à sa frontière avec Israël, officiellement pour protester contre le transfert de l’ambassade US à Jérusalem, en même temps que pour « reconquérir toute la Palestine du fleuve (Jourdain) à la mer (Méditerranée) », c’est-à-dire éliminer l’État juif qui se trouve précisément à cet emplacement. Et surtout, officieusement, c’est pour obtenir des victimes civiles (dont la valeur médiatique est irremplaçable) et puis, uniquement dans la presse occidentale et spécialement française, on fait semblant de croire qu’il s’agit de faire cesser le blocus israélien.

– Et le blocus égyptien ?

– J’t’en pose des questions ?

Le bilan est très décevant à tous égards, notamment en ce qui concerne les martyrs, malgré l’emploi massif de boucliers humains, dont la proportion de femmes et d’enfants augmente avec chaque édition hebdomadaire. Illustration : « Dans un communiqué, le ministère palestinien de la Santé a fait savoir que deux Palestiniens sont tombés en martyrs et 66 autres ont été blessés par l’armée israélienne dans l’Est de la Bande de Gaza, lors de la Marche pacifique du Retour. Les deux martyrs palestiniens sont Ali Samer Al Ashqar (17 ans) et Khaled Abu Bakar Al Rebei (14 ans), note le communiqué. Cette initiative pacifique vise à briser le blocus imposé à la Bande de Gaza depuis plus de 10 ans. Les manifestants réclament également le droit des Palestiniens au retour. Ces manifestations sont violemment réprimées par l’armée israélienne.[1] »

Croiser les sources ? C’est quoi ce truc ?

Au risque de paraître cynique, mais à la certitude de tenir compte des précédents, on précisera que le nombre des shahids n’est jamais vérifié par quiconque, leurs noms et leur âge non plus. Il y a à cela deux raisons. La première est pragmatique : le Hamas « informe » de ses diktats et éléments de langage et nul n’a accès aux sources. Pire : ceux qui ne reprennent pas le texte in extenso sont interdits de séjour à Gaza s’ils sont étrangers, ou emprisonnés s’ils sont gazaouis. La deuxième raison est idéologique : le casting des bons et des méchants a été validé une fois pour toutes en 1967, lorsque les survivants des camps nazis en pyjamas rayés ont battu à plate couture les armées coalisées d’Égypte, de Syrie, du Liban et de Jordanie. Nasser avait poliment demandé à l’ONU d’évacuer ses casques bleus afin de libérer le champ de bataille : il ne fallait pas d’obstacles au der des ders des génocides et le bénéfice secondaire des victimes collatérales n’avait pas encore été théorisé. L’ONU avait obtempéré fébrilement, aussi cette victoire inattendue avait-elle pris de court les éditorialistes occidentaux, qui peaufinaient déjà leurs condoléances affligées. Ce fut, pour l’Occident, l’occasion de redécouvrir une jouissance oubliée : pouvoir haïr les Juifs ouvertement et, cette fois-ci, avec la bénédiction morale de toutes les dictatures islamo-pétrolières du Moyen-Orient et de leurs innombrables idiots utiles européens.

Un mort le mercredi, ça compte double

En mars 2019, Courrier International fit preuve d’une audace inédite en reprenant un article de la presse israélienne pour faire le bilan de la Marche du retour : « Un an après la “grande marche du retour”, les choix douloureux du Hamas. L’organisation islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, préfère provoquer Israël et subir une cuisante défaite plutôt que d’être rejetée par sa population pour sa mauvaise gestion. Et l’idée de donner une leçon au Hamas ne déplaît pas au gouvernement israélien, écrit le quotidien israélien Yediot Aharonot. (Courrier International) »

Dans ce contexte, Ahmed al-Shahri est une divine surprise pour le Hamas, un bonus : il est mort de représailles en dehors des heures ouvrées de la Marche du retour, dont les derniers épisodes n’avaient offert aucun martyr aux organisateurs. Le dernier dont avaient pu se vanter les palestinolâtres français datait de début octobre : « Plus de 11.000 palestiniens de toute la bande de Gaza se sont ressemblés en masse ce vendredi 4 octobre 2019 pour la 77ème semaine de la grande « Marche du retour » sur les frontières-le vendredi de « La réconciliation est le choix de notre peuple » – dans une initiative non-violente afin de montrer l’attachement des Palestiniens à leur terre, que le droit au retour est sacré pour tout le peuple palestinien, et pour exiger la levée du blocus israélien inhumain sur la bande de Gaza. Les soldats israéliens qui se trouvaient sur les frontières ont ouvert le feu en tuant une personne et en blessant cinquante-quatre. Les manifestants et malgré la brutalité des forces de l’occupation israélienne, les balles réelles, les gaz lacrymogène de l’occupant, sont plus que jamais déterminés à poursuivre ce type d’actions. Ils développent des stratégies non-violentes face à cette occupation aveugle (sic) (Agence Media Palestine). »

Pfff ! Qu’est-ce qu’ils sont nuls, ces Juifs ! Leur peloton d’exécution est face à onze mille poitrines dénudées et ils ne réussissent qu’à faire une seule victime innocente ? Comme brutalité de force d’occupation, s’cusez du peu ! Parcourez une vingtaine de kilomètres vers le nord et vous rencontrerez les armées d’Assad. Là, ça chiffre ! Et même en ne comptant que les Palestiniens. En janvier 2019, il y a presque un an, le Action Group for Palestinians of Syria (AGPS) avait calculé que le nombre de tués palestiniens s’y montait à 3.911 et ceux emprisonnés et torturés dans les prisons syriennes à 1711 (Gatestone Institute).

Barème des points

Au jeu du 10.000, le 1 vaut 100 points, un 5 vaut 50 points. Un brelan d’as (3 dés avec le 1) vaut 1000 points. Oups, ce n’est pas le bon barème. Celui des morts palestiniens se calcule en retombées de presse et en agressions antisémites dans les pays couverts par lesdites retombées.

Ainsi, un militant de 28 ans vaut moins qu’un enfant, l’as de cœur correspondant au bébé. D’ailleurs, « un bébé » fait souvent partie des premiers bilans copiés-collés des communiqués de presse du Hamas, avant de disparaître, sans explication, des mises à jour ultérieures. Ce sera toujours ça de pris, dont les Juifs ne pourront se défaire.

Cette méthode avait été employée en mai 2019 : « D’après le ministère de la Santé gazaoui, un homme, une fillette âgée de 14 mois et sa mère, tous trois palestiniens, ont été tués dans des raids israéliens. (…) les frappes aériennes israéliennes de samedi ont (blessé) trois ‘’combattants de la résistance’’. En fin de matinée, un communiqué du ministère de la Santé révélait le nom d’un homme décédé après ces tirs de représailles : Imad Nasser, âgé de 22 ans, a été tué lors d’une frappe dans le nord de l’enclave palestinienne. Une petite-fille palestinienne est également morte. ‘’Saba Abou Arar, âgée d’un an et deux mois, est décédée dans un raid dans l’est de la ville de Gaza’’. La mère du bébé, Falastine Abou Arar, qui était enceinte, a été grièvement blessée dans l’attaque et a succombé à ses blessures, a déclaré le ministère plus tard dans la soirée. La sœur de l’enfant a également été blessée.  (l’Express Un seul média français a diffusé le démenti : « La mère et la fille dont ils affirment qu’elles sont mortes dans une attaque israélienne ont été tuées du fait d’armes utilisées par le Hamas. » (…) « Leur mort, malheureuse, n’a pas été causée par des armes (israéliennes) mais par une roquette tirée par le Hamas et qui a explosé là où elle n’aurait pas dû  (La Voix du Nord)». On n’a plus jamais entendu parler des martyres Abou Arar dans la presse française, preuve, s’il en était besoin, de l’inconsistance de l’accusation contre Tsahal. Quant au démenti, il n’a vécu que ce que vivent les choses en matière de communication : le temps de convaincre les convaincus qu’ils avaient raison de l’être.

Certes, les Israéliens font passer en cour martiale les rares soldats coupables de bavures, mais leur morale, c’est comme le pink washing : Tel Aviv est classée ville la plus « gay friendly » au monde par les journaux spécialisés, pour dissimuler qu’en réalité, Israël est antigays. Militairement, ces salauds de Juifs s’astreignent à une éthique qu’aucune autre armée au monde ne respecte, mais c’est juste pour cacher qu’ils n’ont aucune morale et qu’ils tuent des petits-enfants pour le plaisir. Pour NOTRE plaisir, devraient préciser les palestinolâtres, s’ils connaissaient le sens du mot éthique. Mais dans ce cas, ils ne seraient pas inconditionnellement antisionistes. Retour à la case départ.

Il y a des morts qui comptent pour du beurre

Ahmed al-Shahri sera honoré comme martyr et sa famille largement rétribuée grâce à la manne qatarie, car s’il a succombé en dehors des heures officielles de travail, il est quand même une victime de représailles israéliennes et, à ce titre, il améliore un peu un score très insatisfaisant.

En voit bien que la Direction de la communication du Hamas avait tablé sur des nombres de martyrs largement supérieurs et qu’elle en espérait une croissance exponentielle pendant toute la campagne. Des têtes ont dû tomber, et pas seulement celles des homosexuels du haut des immeubles…

En revanche, Anan Abou Jameh a été passé par pertes et profits par notre presse hexagonale. C’est d’autant plus révélateur, que sa mort a donné lieu à un événement rarissime : « Une manifestation publique anti-Hamas plutôt rare a eu lieu à Gaza – La mort d’un jeune palestinien de 28 ans, jeté par la fenêtre de sa propre chambre par les services de sécurité du Hamas, a poussé des centaines de personnes à manifester avec des pancartes et des banderoles lors de l’enterrement du jeune diplômé d’université. Tous accusent les dirigeants de Gaza d’être des ‘’meurtriers de sang-froid’’. (Desinfos.com) » L’événement connexe et normalissime est le fait que seule la presse sioniste a rendu compte de la mort de l’étudiant et de la manifestation qu’elle a suscitée.

Les lecteurs de cette presse sont informés de la situation régionale, aussi leurs commentaires sont-ils quelque peu cyniques : « Il faudrait que les soutiens du Hamas en France aillent travailler quelques mois là-bas. Voile pour les femmes et attention de pas trop s’approcher des fenêtres ! Lors de la prise du pouvoir du Hamas à Gaza ils ont jeté par les fenêtres les membres de l’Autorité palestinienne par dizaines. Ça leur rappelle le bon vieux temps et leur jeunesse » a remarqué l’un. « Il est bizarre que l’AFP n’ait pas accusé la victime d’être un espion israélien, pour dédouaner le Hamas », a renchéri un autre.

BDS qui fait l’impasse sur le mort, veille à la morale

Pendant que le Hamas jette les opposant par la fenêtre, BDS s’occupe des enjeux importants pour la planète : nuire à Israël partout, toujours, inlassablement. Empêcher le match de foot prévu le 18 novembre 2019, c’est à la hauteur des ambitions de ses militants pour un monde meilleur et paisible. Et d’expliquer laborieusement que : « Israël utilise le prestige d’équipes de championnat comme l’Argentine et l’Uruguay et les joueurs vedettes Lionel Messi et Luis Suárez pour blanchir son régime d’oppression, d’apartheid et d’occupation, par le sport. Dites à l’Argentine et à l’Uruguay : Il n’y a rien d’amical dans l’apartheid israélien. » Et de proposer des « modèles de tweets sur les réseaux sociaux et de posts avec l’image en haut de la page : ‘’Israël a détenu, mutilé, tué des footballeurs palestiniens et a bombardé des stades palestiniens.’’ (BDS France) »

L’avantage, quand on est une officine de propagande antisémite, bénéficiant de la bienveillance médiatique, c’est qu’on peut se permettre d’inventer n’importe quelle horreur pour en accuser son ennemi, personne n’accordera à celui-ci un droit de réponse. Israël a détenu, mutilé, tué des footballeurs palestiniens et a bombardé des stades palestiniens ? Des noms ! Des noms ! Ben non. Ce qui est dit est dit, mauvaise réputation donnée est donnée et la reprendre c’est voler.

Tu ne seras jamais un homme, petit BDS !

BDS avait déjà réussi à faire annuler un match et il est tout fier de son haut fait : « Nous l’avons déjà empêché. Nous pouvons l’empêcher de nouveau. » Oui, ils l’ont déjà fait et, deux mois plus tard, en août 2018, la FIFA a banni des stades, pour un an, le président de la Fédération palestinienne, Jibril Rajoub, en lui infligeant une amende de 20.000$ pour « incitation à la haine et à la violence » : il avait appelé les supporters à brûler les affiches et les maillots de Messi, s’il jouait contre Israël, à Jérusalem, en juin.

BDS a aussi essayé d’empêcher l’Eurovision 2019 de se tenir à Tel Aviv et, comme cela n’avait pas réussi, a tenté de convaincre Bilal Hassani de renoncer à concourir. Échec : chantage zéro, chanson 14ème au classement.

Les militants israélophobes ne se glorifient pas non plus d’avoir participé à priver de leur emploi les salariés de Sodastream. Ils pourraient, car avec son tropisme anti-israélien, Libé accuse l’État juif et les innocente : « SodaStream, multinationale israélienne fabriquant des appareils de gazéification de boissons, s’est séparée lundi de ses derniers employés palestiniens travaillant dans son usine de Lehavim (sud). Les autorités auraient refusé de prolonger au-delà du 29 février leurs permis de travail en Israël, où la compagnie s’est relocalisée à la suite d’une campagne internationale de boycott, son ancienne usine étant située dans une colonie de Cisjordanie occupée. (Libération) »

Pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.

La haine est un moteur à explosion beaucoup plus puissant que l’amour ou la simple décence. C’est pourquoi les militants antisémites sont plus nombreux que les personnes reconnaissantes à l’État juif pour tout ce qu’il a apporté à la communauté internationale.

Ils sont pourtant nombreux, ceux qui devraient le faire savoir : les 20 et quelque pays qui bénéficient déjà des centrales géothermiques d’Ormat Technology et donc d’une énergie propre, renouvelable et peu coûteuse, savent ce qu’ils lui doivent. Les conducteurs dont le véhicule est équipé de Mobileye, cette minuscule caméra numérique munie d’algorithmes et liée au système de direction aussi : ils sont avertis, quand ils changent de voie par inadvertance, quand ils risquent une collision ou quand ils n’ont pas détecté un piéton. Mobileye équipera bientôt des bus autonomes de la RATP dans les rues de Paris (Mobileye). Les Parisiens pourront donc continuer à snober les banlieusards accro à leur auto grâce à Israël. Et puisqu’on parle de bobos à vélo, un clin d’œil à ceux que les pompiers appellent les « futurs donneurs d’organes » : les insuffisants respiratoires n’auront bientôt plus à attendre le décès d’un motard pour se voir transplanter des poumons bio-imprimés en 3D grâce à CollPlant, une société israélienne de médecine régénérative, spécialisée dans la bio-impression 3D de tissus et d’organes (3D Printing Industry). Quant aux écolos qui détestent l’État juif, on n’espère pas qu’ils vont se cogner au principe de réalité, mais ils devront trouver de nouveaux prétextes. Cette recherche sera épargnée aux 2,1 milliards de terriens qui n’ont pas accès à l’eau potable, car la société israélienne Watergen a mis au point une technologie révolutionnaire pour transformer l’eau de l’atmosphère en eau potable renouvelable et accessible partout, grâce à l’énergie solaire (Rakbeisrael). Salauds de Juifs ! Ils font tout ce qu’ils peuvent pour améliorer la vie et les pauvres boycotteurs en sont réduits à lutter contre des matchs de foot !

BDS combien de divisions ? Euh, plutôt des soustractions.

Les Juifs combien de Prix Nobel ? Euh, clairement une multiplication ! LM♦

Logo Liliane MessikaLiliane Messika, MABATIM.INFO

[1] Bilan Marche du retour du 07/09/2019 au 29/10/2019 – (TRT Français)

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