2 décembre 2019

J’accuse

Au-delà de la polémique qui touche Roman Polanski, je me permets de vous livrer ici mes impressions sur ce film.

Comme toujours chez Polanski, la technique est sans faille, on peut admirer la qualité des décors, la reconstitution historique est visuellement parfaite, le Paris de la fin du 19e siècle est fort bien ressuscité et les images sont vraiment somptueuses.

J’ai aussi aimé le casting qui donne la vedette a un Dujardin/Picquart très crédible ainsi qu’à des seconds rôles très bien incarnés par d’excellents comédiens bien dirigés.

Le scenario, confié à l’historien Harris ne s’éloigne pas des faits qu’il décrit de manière chirurgicale.

Mes regrets sont ailleurs :

D’abord la part réduite donnée à l’action de Zola, ainsi que la quasi-occultation des actions décisives d’autres défenseurs médiatiques du capitaine Dreyfus tels que Bernard Lazare m’a dérangé ; puis l’absence de la communauté juive fut aussi, à mon avis, un oubli de taille.

Enfin, et surtout, le raz de marée que cette affaire a provoqué sur l’opinion française durant des années en occasionnant une incroyable scission entre « dreyfusards » et anti dreyfusards » est totalement absent de ce film ; or, il s’agit bien ici, et, a plus d’un titre, d’un élément majeur de cette histoire ; avec la montée en puissance phénoménale du pouvoir nouveau de la presse et de sa capacité à mobiliser et à bousculer l’establishment ; et aussi, du point de vue strictement juif, avec une première qui mérite d’être soulignée :

Pour la première fois dans le monde chrétien, une accusation rituelle émeut une partie du peuple et le pousse à se ranger aux côtés du juif Dreyfus contre les institutions du pays !

Voilà donc des points suffisamment révolutionnaires pour justifier, peut-être, une suite à ce film passionnant mais finalement un peu trop didactique.

L’Iran et la presse française

Attention : Ce chapitre ne comportera que des remerciements :

Tout d’abord ; merci à la presse française de sa touchante et précieuse unanimité ; cette marque précieuse de liberté et de pluralité que tous nous envient.

• Merci de nous avoir épargné tous les détails des manifestations du peuple iranien face au pouvoir sanguinaire des mollahs
• Merci de nous avoir évité les images des gardiens de la révolution tirant sur les étudiants dans les rues de Téhéran
• Merci de n’avoir pas essayé de savoir quel sort tragique était réservé aux civils emprisonnés dans les geôles des mollahs
• Merci de n’avoir pas donné jour après jour le bilan des centaines de morts et des milliers d’estropiés, comme il est de coutume avec nos amis du Hamas.
• Merci, donc d’avoir suivi servilement la doxa imposée à travers l’AFP, l’agence d’état qui contrôle l’information des citoyens/moutons et que même Bachar et Poutine nous envient.
• Merci de défendre avec autant d’opiniâtreté les intérêts financiers de nos grands patrons en république islamique d’Iran tout en luttant, avec l’acharnement que l’on vous connait contre le terrrrible réchauffement climatique ; et d’une manière générale pour la liberté dans le monde, enfin surtout les parties de ce monde où il n’y a rien à fourguer.

Merci de nous épargner les horreurs de ce triste monde, surtout quand elles se déroulent chez nos chers amis…… TA♦

Thierry Amouyal, MABATIM.INFO