Les tendances de la mode automne-hiver 2019
Cette année, on verra de l’imprimé léopard, du satin, de la fausse fourrure et des féminicides. Beaucoup de féminicides : « Féminicides : le gouvernement ne peut plus ignorer les violences faites aux femmes (France 24) ». « La liste glaçante des victimes de féminicides (Ouest France) ». « Le nombre de féminicides augmente-t-il vraiment ? (Libération) ». « Féminicides : la France est-elle plus touchée que ses voisins européens ? (BFMTV) »
On va encore passer pour une pisse-vinaigre, mais la vérité est un sacerdoce, sacrifions-nous, donc, et remettons les pendules à l’heure. Non, un homme qui tue sa femme ne commet pas un féminicide, mais un homicide, du latin homicida ou homicidium (homo = être humain et caedere = tuer). Un homicide est l’action de tuer un être humain. C’est aussi la personne qui a fait cette action. Synonymes : assassin, tueur, meurtrier. Selon sa nature, l’homicide peut être un parricide (meurtre du père ou des parents), un matricide (de la mère), un fratricide (du frère ou de la sœur), un infanticide (d’un enfant), un régicide (d’un roi), un génocide (d’un groupe ethnique) (Larousse).
On remarquera que le fratricide n’est pas un sœuricide, même quand LE tué est UNE morte, que le régicide peut avoir une reine comme victime et que l’infanticide ne distingue pas entre les enfants morts dans les choux et ceux nés dans les roses.
Message pour les intrusifs
Les intrusifs ? Oui, les acharnés à transformer le français en un sabir incompréhensible, au moyen de l’écriture inclusive. Celui.elle.eux qui refuse.nt absolument que « homo » soit employé génériquement pour l’espèce humaine devront donc désormais substituer « homo.mulier sapiens » à l’homo du même stade. D’autant que, histoire de compliquer les choses, « homo » en grec signifie « identique », comme dans homosexuel.le.s.
Refuser aux femmes la qualification de « victime d’un homicide » et inventer à la place un féminicide, dont la définition ne saurait être que « l’élimination de toute la population féminine de la terre », est une imbécillité doublée d’incompétence. En effet, cette acception rendrait une cour pénale incompétente pour juger le criminel, qui serait renvoyé devant la CPI, laquelle l’acquitterait aussitôt, car un individu (même de genre féminin) ne correspond pas, juridiquement, à la définition d’un peuple.
La stratégie des inventeur.euse.s de la marque féminicide©
Cette stratégie commerciale n’a pas pour but de distinguer entre le meurtre d’une femme par son mari et celui d’un mari par sa femme, pas plus que de prouver que toute femme tuée par son mari l’a été au hasard, du fait de son appartenance au peuple des femmes (qui serait, donc, distinct du peuple des hommes).
Il s’agissait d’inventer un nom qui soit vendeur, à l’instar par exemple, d’Amazon, que Jeff Bezos a choisi lorsqu’il cherchait pour sa société un nom commençant par A, à une époque où l’on utilisait encore des annuaires papier. Amazon évoque l’Amazonie, donc la découverte, l’exploration, et illustre une librairie aux rayons infinis, par opposition à une librairie classique. Son logo contient une flèche qui va de A à Z pour montrer l’étendue de sa gamme[1].
Howard Schultz a eu une démarche voisine, lorsqu’il a donné à son concept de café-bar italien ou français, inédit aux États-Unis, un nom évoquant la tradition des négociants en café, à travers le personnage de Starbucks, un courageux officier dans Moby Dick, le plus célèbre roman d’aventure marine américain. D’où la sirène figurant sur son logo[2].
La marque « Féminicide » n’a pas été choisie au hasard. Ceux qui l’ont créée ont suivi, peut-être à leur insu et par un heureux hasard, les étapes indispensables à la création d’un nom de marque :
- Étape 0 : Clarifiez votre client-type et ses attentes / besoins / peurs / …
- Étape 1 : Définissez l’univers de votre marque et les concepts associés.
- Étape 2 : Recentrez vos recherches autour de votre USP, unique selling proposition, c’est-à-dire ce qui caractérise votre produit par rapport à tous les autres de la même catégorie.
Une bonne marque doit être simple à comprendre, inclure le principal bénéfice dans son nom (ou au minimum une partie du mot) et être courte et dynamique pour être facilement mémorisable (Conseils Marketing).
Étude de cas : la marque « Féminicide »
- Étape 0 : Les « clients » sont les médias et le grand public. Ils veulent un dérivatif à leurs peurs rationnelles devant le terrorisme islamiste, un danger avéré, mais impossible à combattre par manque de volonté des politiques. Ils veulent pouvoir nommer un mauvais objet alternatif, qui fasse consensus et ne provoque pas de fracture supplémentaire au sein de la population. Ce dérivatif pourrait prendre la forme d’un autre danger, mais avec des coupables bien identifiés et faciles à circonscrire, car ne visant pas la société en général.
- Étape 1 : L’univers de cette nouvelle marque est une France soumise à une menace permanente contre son mode de vie, au moyen d’attentats islamistes, inévitables, mais imprévisibles. S’y ajoute l’interdiction, par le politiquement correct, d’en nommer les perpétrateurs impitoyables et donc de les combattre. Dans notre pays, les médias estiment de leur devoir de minimiser les dangers et de perfuser le public avec une propagande ininterrompue sur notre infériorité morale et sur l’innocence ontologique de l’islam, d’où proviennent 99% des terroristes. Hélas, Internet fournit des informations que le chœur de nos journalistes ne veut pas connaître.
Un exemple ? Malmö, une ville suédoise qui a fait quelques titres de la presse juive, ces dernières années, en raison de l’antisémitisme des immigrants musulmans, qui en a chassé tous les Juifs. Les 320.000 habitants de Malmö ont été, en 2019, ciblés par 29 explosions. Si l’on extrapole ce chiffre aux 67 millions de Français, cela ferait 6061 explosions cette année, soit 18 par jour. « Pendant des années, les médias et les milieux politiques suédois ont fait de leur mieux pour minimiser cette tendance, rejetant {les préoccupations des habitants}, comme des réactions excessives alarmistes. Malmö a été saluée comme un succès multiculturel, malgré les preuves croissantes du contraire. … Les auteurs sont, comme l’a dit un responsable de la police, ‘’issus de groupes socioéconomiquement faibles, de zones socioéconomiquement faibles, et beaucoup sont peut-être des immigrants de deuxième ou de troisième génération’’ Quillette.com)». - Étape 2 : « féminicide » coche toutes les cases : le nom est simple et facile à retenir, il contient le phonème « femme », qui est très tendance depuis la campagne #MeToo. Il répond aux attentes des clients en transformant tous les hommes blancs hétérosexuels en potentiels assassins.
Son USP est : « une nouvelle vogue rassembleuse », par opposition à la plupart des propositions politiques ou religieuses concurrentes. Cela permet de plaindre TOUTES les femmes, avec pour bénéfice le sentiment d’appartenance à la large communauté des gens généreux et soucieux du bien de la société. Bénéfice secondaire : les assassins potentiels peuvent être accusés et diffamés sans danger, car le danger qu’ils représentent est près de 24 fois inférieur à celui de mourir dans un accident de la route : 137 femmes tuées par leur conjoint en 2019, mais 3250 personnes tuées sur les routes de France métropolitaine en 2018 (Sécurité Routière)[3].
Alternativement, choisir les chauffards comme danger dérivatif ne présenterait pas une USP intéressante : 1) il y a autant de conductrices que de conducteurs et 2) même parmi ces derniers, il est difficile d’identifier a priori ceux qui seront susceptibles d’occasionner un accident mortel. Enfin 3) les incessantes campagnes néo-féministes, ou plutôt anti-hommes, ont habitué la population à se défier des êtres masculins, mais pas à distinguer entre des « bons » et des « mauvais ». Conséquence : une grande partie du public féminin est prête à haïr les hommes sans distinction et une non moins importante part des coupables sélectionnés a le cerveau suffisamment lavé pour consentir à admettre une culpabilité imaginaire.
La France post-réalité
À force d’infantiliser le public en sélectionnant les informations en fonction d’une idéologie jugée moralement supérieure, les médias ont obtenu l’inverse de ce qu’ils espéraient : une frange de plus en plus importante de la population ne croit plus un mot prononcé ou écrit dans les médias officiels. Cette même catégorie de population adhère à une, voire plusieurs thèses complotistes dont les invraisemblances les plus criantes ne rebutent pas ses membres.
De la même manière, à force d’inverser les valeurs, les causes et les conséquence, les bourreaux et les victimes, on est arrivé à un stade où les mots changent de sens en fonction de l’émetteur et émiettent la langue en différents patois au vocabulaire réduit à quelques centaines de vocables, compris par des microgroupes, dans des périmètres, eux aussi, de plus en plus réduits.
Ainsi, le Top 5 du vocabulaire fait apparaître qu’après « islamophobie » et « féminicide », « laïcité » arrive en troisième position, mais toujours employé dans un contexte conflictuel, avec de nombreuses propositions d’adjectifs, comme autant d’amendements visant à en dénaturer le principe. En réponse, certains souhaitent sanctuariser le mot en l’ajoutant à la Constitution, qui en garantit le principe sans la citer nommément. Mais cela résoudra-t-il le problème ? Ceux pour qui elle est synonyme d’athéisme pourront-ils se mettre d’accord avec les tenants de la laïcité pour tous à condition qu’elle se double d’une UNWRA-laïcité[4] pour l’islam ?
La solution serait peut-être de prendre une décision révolutionnaire : sanctifier le dictionnaire de l’Académie française. Ainsi, les mots porteraient un sens vérifiable et tous ceux qui seraient créés au fur et à mesure de l’évolution de la société devraient avoir l’imprimatur des immortels.
Ainsi, islamophobie signifierait « une crainte irraisonnée de l’islam », ce qui ne relèverait pas plus des tribunaux que la cancérophobie, qui est la crainte irrationnelle du cancer (PasseportSanté). Pourquoi est-il irrationnel de craindre le cancer, une maladie suffisamment mortelle pour qu’on en ait la phobie ? Et pourquoi devrait-on se retrouver au tribunal si l’on éprouve une crainte de même intensité vis-à-vis de la religion dont se réclament pratiquement tous les terroristes du monde ?
Sanctuariser la langue française
La réponse est aisée, mais l’art de remettre les choses dans l’ordre est difficile. Les sociétés de naming[5], qui ont étudié la perception des phonèmes par le public, ont constaté qu’en France, les noms « techniques », c’est-à-dire porteurs de lettres rares (PH, ZS, TH, etc.) rebutent les clients (Succès Marketing). C’est d’ailleurs une des raisons du désamour des Français pour la chimie, avec ses polyéthylène téréphtalate, polyoxyméthylènes et autres acrylonitrile butadiène styrène…
Les Français ont la phobie des mots en « ph », à commencer par « phobie » lui-même. Islamophobie sonne comme une maladie et si le ramage du concept se rapportait à son plumage, c’est exactement ce que le mot décrirait. Mais l’art des stratèges idéologiques a été d’utiliser le mot islamophobie en transformant le signifié du signifiant « islam » pour lui faire épouser celui de « musulmans » et celui du signifiant « phobie » pour lui substituer le signifié de « haine ». Résultat, on vous accuse de peur de l’islam et on vous poursuit pour haine des musulmans.
C’est la langue française qu’il faut sanctuariser, pas tel mot ou tel autre, mais bien le respect du sens.
Wesh ! j’comprends whallou à c’est quoi qu’y dit lui ! Ho ! Qui t’y es, toi ? CA♦
Cécile Attal, MABATIM.INFO
[1] Amazon, les secrets de la réussite de Jeff Bezos par Richard L. Brandt (Auteur), Stéphane Distinguin (Préface), Liliane Messika (Traduction), Éditions Télémaque, Paris 2012.
[2] Comment Starbucks a sauvé sa peau sans perdre son âme, de Howard L. Schultz et Joanne Gordon, traduction de Liliane Messika, Éditions Télémaque, Paris 2011.
[3] Les chiffres de 2019 ne sont évidemment pas encore disponibles puisque nous sommes en novembre.
[4] L’UNWRA est l’organisation de l’ONU créée en doublon du Haut-Commissariat aux Réfugiés afin de s’occuper exclusivement des réfugiés palestiniens, dont la définition est différente de celle de tous les autres réfugiés de la planète et infiniment plus avantageuse. Tous les réfugiés sont égaux devant la communauté internationale, sauf ceux dont un ancêtre a passé du temps en Palestine mandataire, entre juin 1946 et mai 1948.
[5] Les sociétés chargées d’élaborer des noms de marques.