On dit que l’amour est aveugle, mais en réalité, il est borgne aux défauts de la personne aimée et c’est le haineux qui est aveugle aux qualités de l’ennemi qu’il s’est choisi.
Insultes justifiées par l’existence des insultés
Il n’est pas de jour où une insulte antisémite contre un Juif français ne prend pour prétexte les sévices que les Israéliens sont supposés faire subir aux Palestiniens, voire aux Arabes israéliens. Ces insultes sont « justifiées » par l’enthousiasme des « jeunes » qui les profèrent, quel que soit leur âge, et par la noblesse de la cause qu’ils défendent.
C’est ainsi qu’en juillet 2014, quand Israël a lancé une opération destinée à faire cesser les bombardements en provenance de Gaza contre sa population civile, des groupes de « jeunes » « pro-palestiniens » (deux séries de guillemets car chaque terme est usurpé) ont attaqué des synagogues parisiennes et se sont vus féliciter par le chantre de l’antisionitude parisienne, l’humaniste bolivarien Melenchonn y Insoumissionn, qui a vu en eux une « jeunesse digne qui incarne mieux que personne les valeurs de la République (Libération). »
Oxymore génocidaire
On ne reviendra pas sur les sempiternelles accusations de « génocide à bas bruit », joli slogan supposé rendre compte de la façon dont « l’occupation sioniste » a, en 38 ans pour Gaza (1967-2005) et en 52 ans pour la Cisjordanie (1967-2019), multiplié par 7 la population génocidée[1].
On ne détaillera pas non plus les innombrables occasions où des fanatisés français accusent leurs compatriotes juifs d’un apartheid qu’ils SAVENT pratiqué en Israël contre les citoyens musulmans de l’État juif. Il se trouve que dans l’État juif, qui a hérité son système législatif de l’occupation britannique, le seul pouvoir supérieur à celui du Président est la Cour Suprême. Elle est présidée par un Israélien arabe, qui a, justement, condamné l’ancien Président du pays, un Juif, à sept ans de prison pour délit sexuel. Cela n’empêchera jamais un seul antisioniste français de crier à l’apartheid : il n’est nul besoin de savoir pour croire et nul besoin de cesser de croire quand on sait. Marcel Proust l’avait déjà constaté : « Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir…[2] »
L’honnêteté à géographie variable des antisionistes
Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est aux peuples ce que la Déclaration universelle des droits de l’homme est aux individus : au choix, une avancée de la démocratie, une évidence irréfragable, une antiquité de la préhistoire du multiculturalisme, voire les trois à la fois.
Cette unanimité ne souffre qu’une exception : le peuple juif. Il existe, dans le monde, des associations qui se consacrent aux droits du peuple tibétain, à celui des Ouïgours, à l’indépendance de la Corse ou de la Catalogne. Elles sont ridiculement peu nombreuses comparées, dans notre seul pays, aux centaines d’associations, organisations, mouvements et groupuscules, dont l’unique préoccupation est de combattre le droit du peuple juif à disposer de lui-même sur sa terre ancestrale.
Certes, ces collectifs prétendent n’être mus que par la détresse du pauvre peuple palestinien, dont ils luttent pour soutenir les droits indéfectibles. On pourrait, on voudrait les croire. Mais comment se fait-il que tous ces gens de bonne volonté ne bougent pas un cil quand leurs protégés sont battus, affamés, emprisonnés, torturés par leurs propres dirigeants ou par d’autres que les Juifs (les Jordaniens, les Irakiens, les Iraniens, les Syriens…)
Par ailleurs, a-t-on déjà vu un groupe de militants pour la libération du Tibet ou pour l’indépendance des Ouïgours attaquer les fidèles dans un temple bouddhiste du Chinatown parisien, dans le XIIIe arrondissement ? Non. Jamais. A-t-on déjà entendu des Français pro-Ukrainiens s’en prendre violemment aux fidèles d’une église russe dans notre pays ? Non. Jamais.
Mariages contre-nature
Certains se retrouvent dans des manifs à scander en chœur et de bon cœur « Mort aux Juifs ! » avec leurs ennemis idéologiques, alors qu’en toutes autres occasions, ils seraient face à face et se lanceraient des injures : barbus misogynes et militantes féministes, LGBT et islamistes adeptes du jeter de gays des toits, fascistes antifas de droite et fascistes antifas de gauche, militants du califat et altermondialistes…
Bizarre singularité, ou bien ? On serait tenté d’y voir de l’antisémitisme, mais c’est interdit par la doxa qui prescrit que
- l’antisémitisme ne peut être que d’extrême-droite et que
- ce n’est rien d’autre que l’arme de ceux qui veulent faire taire les courageux antisionistes argumentant contre la politique israélienne.
Experts en géostratégie
Le sujet central qui préoccupe le monde entier, avant le repas du soir, le découvert de fin du mois et la prochaine épreuve du Bac, c’est l’occupation de la Palestine. Une préoccupation qui ne sévit pas seulement en France, car c’est un souci international.
Dans certaines universités françaises, on apprend dans quel tiroir du local d’Euro-Palestine se procurer les affiches « Libérez Gaza », avant de connaître l’emplacement des amphis. Aux États-Unis, c’est pareil. La haine de l’occupation israélienne est, elle-même, une occupation à plein temps : il faut apprendre à scander les slogans en rythme, s’entraîner à rebondir de l’un à l’autre si jamais un contradicteur se permettait d’introduire un argument, un fait ou un chiffre… En la matière, raisonner, donc introduire du réel dans l’affectif, c’est tricher. Mais c’est rarissime, car les Juifs, les sionistes et tous ceux qui pourraient l’être ou en être des sympathisants sont harcelés, violentés et expulsés des « débats ».
Le militantisme est un sacerdoce, qui fait chanter en canon « juif ! sioniste ! Et tueur d’enfants » sur le rythme syndical, en attendant d’avoir les moyens d’envoyer des roquettes artisanales sur leurs sales gueules.
Militantisme de passion ou de raison
À Berkeley, un professeur, Ron Hassner, a voulu tester les connaissances des étudiants jongleurs de slogans. Il a interrogé 230 étudiants de premier cycle, à qui il a demandé de noter de 1 à 5 leur intérêt pour les relations américano-iraniennes, la guerre civile au Yémen, la guerre des drones, le conflit israélo-palestinien, etc.
43% d’entre les étudiants interrogés (100 sur 230) se sont déclarés prioritairement préoccupés par le conflit israélo-palestinien et quasiment indifférents à toutes les autres thématiques de la région : lutte kurde pour l’indépendance, occupation du Sahara occidental ou du nord de Chypre. Parmi eux, 10 ont également manifesté le même intérêt pour le mouvement indépendantiste sahraoui au Sahara occidental et six ont noté à égalité avec la Palestine tous les mouvements indépendantistes du Moyen-Orient. Tous les autres (84%) n’avaient d’intérêt passionné que pour le conflit israélo-palestinien, à l’exclusion de tout autre sujet, au Moyen-Orient ou ailleurs.
Quand on aime on ne compte pas. Quand on hait, encore moins
Sur les 100 passionnés par l’occupation de la Palestine, 75 se sont montrés incapables de la situer sur une carte et 80 ne savaient pas, à dix ans près, de quand datait la fameuse occupation. Quant à la question sur la population d’Israël, les réponses ont échelonné le nombre d’habitants de 100.000 à 150 millions.
Le professeur Hassner a fait aussi une constatation inattendue : les connaissances des étudiants étaient inversement proportionnelles à leur passion pour le sujet. En effet, les plus préoccupés par la question palestinienne étaient « moins informés que les plus modérés, qui sont plus susceptibles d’admettre des lacunes dans leurs connaissances et, par conséquent, qui ont une moindre propension aux convictions erronées. (Algemeiner) » Plus ils étaient croyants dans le palestinisme et moins ils laissaient de questions sans réponse, préférant les deviner ou les inventer, sans jamais laisser place au moindre doute.
Corrélation entre connaissances et équilibre
Tout en reconnaissant que son enquête ne pouvait pas expliquer pourquoi les étudiants exprimaient des opinions si fermement arrêtées sur des sujets auxquels ils ne connaissaient pas grand’ chose, le professeur a estimé que « cela indiquait clairement une corrélation entre connaissances et modération. Les questions auxquelles les étudiants ont répondu avec le plus de précision concernaient la Turquie, l’Arabie saoudite et le Maroc, tous pays pour lesquels leur intérêt était modéré. Si la désinformation est à la fois une cause et une conséquence de la passion politique, alors l’éducation est l’antidote à la désinformation. »
On attend avec impatience un sondage équivalent dans nos universités, où le mot « sioniste » déclenche des émeutes, et on admire l’optimisme du professeur américain, qui croit que les faits peuvent déjouer les préjugés, alors que dans notre pays, c’est l’inverse.
Il faut dire que les Américains croient que les universités sont des endroits où les professeurs enseignent et les étudiants apprennent. Quel conformisme ! LM♦
Liliane Messika, MABATIM.INFO
[1] 500.000 réfugiés ont été pris en charge, en 1949, par l’UNWRA, qui en revendique 5,5 millions en 2019.
[2] Du côté de chez Swann.
[…] N’oublions pas le médecin-militant ingambe, dont les deux genoux avaient été détruits la veille de son interview debout (mars 2019), par une seule balle de sniper israélien (Mabatim.info) et versons des larmes diluviennes sur le sempiternel génocide à bas bruit, par l’État juif, d’une population palestinienne dont le taux de croissance est l’un des plus élevés au monde (Mabatim.info). […]
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