La Russie et ses Juifs

Juifs sovietiques.jpgPresque préhistoire…

Pendant les IXe-Xe siècles à l’Est de l’Europe, apparurent des marchands juifs qui nous laissèrent d’ailleurs quelques témoignages écrits, fort intéressants. De plus, des foyers sédentaires de Juifs se trouvaient dans le Sud, sur les rives de la Mer Noire et en Crimée, lieux de la colonisation grecque. En tout cas au Xe siècle, Kiev[1] est mentionné dans une lettre déposée dans la Gueniza du Caire[2]. Au XIIe siècle il existait déjà un quartier juif avec une synagogue.

En revanche, on interdisait aux Juifs de résider dans la principauté de Moscou ; ils y étaient seulement tolérés comme voyageurs ou marchands, et ceci pendant plusieurs siècles. Encore à l’époque de Pierre le Grand (1672-1725), il était presqu’impossible pour eux d’y habiter, sauf à ceux qui s’étaient convertis à l’orthodoxie. À cette condition, certains purent atteindre des postes éminents au sommet de l’État, tel était le cas du vice-chancelier Piotr Pavlovitch Chafirov[3] (1669-1739) qui dirigea la politique étrangère de Pierre le Grand pendant plusieurs années.

La zone de résidence

Mais leur installation massive viendra seulement à la fin du XVIIIe siècle, lorsque sous Catherine II, l’Empire russe annexa à l’ouest et au sud de vastes régions[4] qui auparavant dépendaient des souverains polono-lituaniens, suédois ou ottomans et où la population juive était nombreuse[5]. En général il s’agissait d’ashkénazes, bien qu’au sud il y eût aussi des séfarades. À cette époque, la moitié de la population mondiale des israélites habitait dans l’Empire russe.

Ces territoires conquis seront transformés en zone de résidence où les juifs seront cantonnés jusqu’à la révolution de février 1917. Pour compliquer les choses, certaines villes qui se trouvaient dans la zone comme Kiev, Sébastopol ou Yalta, leur étaient interdites. En revanche, Odessa ou Kichinev étaient accessibles. En principe, les personnes instruites et fortunées pouvaient obtenir des dérogations afin de s’installer en dehors de la zone, surtout dans les grandes villes, y compris dans les capitales, Moscou et Saint Pétersbourg[6]. Mais ces autorisations étaient arbitraires et du jour au lendemain les gens pouvaient être obligés de quitter leurs foyers et de revenir vers la zone de résidence. Pour toutes ces raisons, la population juive restait surtout groupée dans de petites villes de la partie occidentale de l’Empire, appelées des shtetlekh. La vie y était très difficile et ses habitants, généralement pauvres, survivaient tant bien que mal.

Dans la seconde partie du XIXe siècle, après la mort du tsar Nicolas I[7] et malgré d’importantes réformes, entamées par son successeur Alexandre II[8], une très forte opposition antigouvernementale apparaît au sein de la jeunesse. Le grand écrivain russe Ivan Tourgueniev[9] a très bien présenté ce conflit dans son roman Pères et fils.

Des jeunes Juifs du shtetlekh suivirent ce mouvement général, certains se retrouvant même dans l’organisation terroriste Narodnaïa Volia (Volonté du peuple), sans toutefois y jouer des rôles déterminants. Le programme du parti stipulait que l’autocratie connaitrait une crise irréversible sous les coups de la terreur permanente, conduisant alors le gouvernement à des concessions réelles, bien différentes des « réformettes » d’Alexandre II, et tous les peuples de l’Empire russe obtiendront des droits dont ils étaient privés durant des siècles.

Or, la présence, même minime, de quelques Juifs dans le mouvement de Narodnaïa Volia à l’origine de l’assassinat d’Alexandre II, exacerbera l’antisémitisme des élites russes. Le gouvernement tsariste ne conduisait jamais une politique favorable aux Juifs. Mais sous les règnes des deux derniers tsars, Alexandre III et Nicolas II, nous constatons une pression continue sur cette minorité qui connaît alors les pogromes les plus violents de son histoire. Cette terreur politique provoquera une émigration massive en direction des États-Unis et de l’Europe de l’Ouest, voire de la Palestine où des jeunes sionistes rêvaient déjà de reconstruire un État juif[10].

Pendant la Première Guerre mondiale, les Juifs devaient quitter massivement la zone pour échapper aux troupes allemandes et autrichiennes. De plus, les autorités russes, voyant en eux des espions ou des traîtres potentiels, car ils parlaient le yiddish, une langue proche de l’allemand, ont organisé leurs déplacements massifs et forcés, parfois en convois entiers. Ce mouvement a touché 1,5 millions de personnes qui, de plus, subissaient pogroms et pillages.

Juifs – citoyens comme les autres ?

La situation change totalement en 1917 quand la Russie doit affronter deux révolutions, celle de février, puis celle d’octobre. Le 20 mars 1917, la zone de résidence est enfin supprimée, provoquant une joie immense de la population juive, d’autant plus que le gouvernement provisoire leur accorde tous les droits civiques dont ils avaient été privés jusqu’alors par le pouvoir tsariste.

Mais au moment de la révolution d’Octobre ou plutôt du coup d’État, organisé par des bolchéviques, les réactions sont moins homogènes, des critiques apparaissent, même si dans l’ensemble l’accueil reste assez favorable, d’autant plus que dans le groupe de dirigeants qui avait pris alors le pouvoir, les Juifs étaient nombreux et jouaient souvent des rôles de premier plan.

Malheureusement, en 1918 débute une longue guerre civile[11] pendant laquelle des pogromes et des exactions aboutiront à de lourdes destructions matérielles et se solderont par des milliers de blessés et de morts.

Une fois la paix retrouvée, la situation des Juifs est paradoxale : ils sont enfin considérés comme des citoyens à part entière, mais ils sont ruinés, leurs biens étant souvent réquisitionnés, la grande majorité d’entre eux étant réduite à la misère. Cette guerre provoqua aussi une nouvelle et ultime vague d’émigration, car à partir de la fin des années 1920, le nouvel État qui avait pris en 1922 le nom de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) était devenu un pays aux frontières sévèrement contrôlées que ses citoyens n’avaient plus le droit de quitter.

Dans ces années, la communauté juive de l’Union soviétique comptait 2,6 millions de personnes[12] qui habitaient en majorité dans l’Ouest du pays, c’est-à-dire dans les républiques d’Ukraine et de Biélorussie, mais un nombre non négligeable avait quitté la région, en s’installant surtout dans des grandes villes et des centres industriels que le pouvoir soviétique était en train de créer.

Les promesses non tenues de la nouvelle Russie

Le régime soviétique durera 74 ans. C’était un régime dur et répressif pour tous les citoyens ; aux Juifs il apportera souffrances et immenses déceptions, d’autant plus qu’ils en avaient espéré des changements bénéfiques.

Dans ce tableau noir, il y eut pourtant quelques périodes moins négatives, disons grises, plus ou moins foncées. Dans les années 1920, quand le parti communiste était en train de renforcer son pouvoir, il combattait ses ennemis sociaux et idéologiques, en l’occurrence des représentants du culte, des personnes aisées, des artisans, des organisations et des mouvements non communistes comme les sionistes et le Bund[13]. Au sein du parti bolchévique existait alors une « section juive » qui devait précisément concurrencer et détruire les rivaux potentiels et mobiliser les masses juives en faveur du régime soviétique.

Pourtant, pour la plupart des Juifs de l’Union Soviétique, les années 20 ne furent pas les pires. Ils avaient pu encore pendant quelques années rester fidèles à leur culture traditionnelle et à leur foi, parler le yiddish et le transmettre à leurs descendants. En même temps, l’hébreu était totalement proscrit car il était considéré comme « la langue de la réaction et de la contre-révolution » tandis que le yiddish était au contraire valorisé en tant que la langue des opprimés, des prolétaires. Pour cette raison, la première génération des Juifs soviétiques était souvent yiddishophone ou plutôt bilingue, car le russe devenait pratiquement obligatoire pour s’intégrer dans la société.

Durant les années 1920 il faut aussi noter quelques tentatives de créer des territoires autonomes juifs. Différents projets furent envisagés qui concernaient soit l’Ukraine, soit la Biélorussie, voire la Crimée, considérée comme une région favorable à l’agriculture. Pour cette raison, en Crimée le peuplement juif fut lancé en 1927, et à l’époque on y recensera 35.000 Juifs dans 48 villages déjà assez prospères grâce à l’aide des communautés juives étrangères, représentées par le « Joint Distribution Commitee »[14]. Mais la venue des Juifs n’était pas toujours bien acceptée par des populations locales, surtout les Tatars, d’où l’idée, apparue en 1927, d’organiser une région autonome juive en Extrême-Orient dans la Mandchourie soviétique. Ces terres, rattachées à la Russie seulement en 1858, furent peu peuplées[15] par des Cosaques, des Coréens et des Toungouses, et donc purent accepter plus facilement des nouveaux venus. Cependant, lorsqu’on essaie de comprendre les raisons du choix de l’Extrême-Orient pour y créer une unité autonome juive, on arrive à la conclusion que cette innovation sur la carte de l’URSS devait surtout confirmer la présence soviétique sur un territoire susceptible d’être réclamé par la Chine, voire le Japon alors en pleine expansion et militarisation. Dans ces conditions, la venue des colons juifs aura surtout servi à renforcer la frontière d’un territoire où la densité de population était très basse du côté soviétique et bien plus élevée du côté chinois.

Naissance du Birobidjan

Du point de vue de la rentabilité, la Mandchourie, avec ses sols à la limite du permafrost, une période de végétation très courte, des marécages, des insectes voraces, des inondations, des températures hivernales pouvant descendre jusqu’à −40°C et l’éloignement culturel, s’avéra un choix désastreux. Pourtant, le 28 mars 1928, le Présidium du Comité exécutif central de l’URSS décida d’attribuer des terres entre les rivières Bira et Bidjan en vue de la colonisation agricole juive. La principale bourgade de la région Tikhonkaïa était transformée en Birobidjan, n devenant la capitale de la Région autonome juive. Dans la presse on incitait alors les habitants des petites villes d’Ukraine et de Biélorussie à s’installer en Extrême-Orient, surtout pour y créer des exploitations agricoles…

Officiellement, aujourd’hui, la Région Autonome Juive existe toujours, faisant partie intégrante de la Fédération de Russie. Mais elle n’est juive que de nom. Après l’implosion de l’URSS et l’ouverture des frontières, la plupart des Juifs sont partis en Israël, où certains gardent curieusement la nostalgie de leur région natale.

L’idée de créer « une république juive » était sûrement une utopie, un rêve fou, qui, au bout de toutes ces années, a laissé un goût de cendre…

Mais contrairement aux années 1920, la décennie suivante marquera l’accroissement de la terreur institutionnalisée en Union soviétique. Ce sera la période des grandes purges, de la Terreur de masse, organisée par Staline et son acolyte Yejov, avec son pic pendant l’année 1937, quand les peines capitales se comptaient par milliers, sans parler des peines d’emprisonnement de 25 ans dans le Goulag.

Évidemment de nombreux Juifs furent aussi parmi les victimes de cette période, moins en raison de leur nationalité, que par l’appartenance à un groupe social reprouvé, une profession ou à cause d’une délation.

Le 21 juin 1941 marque pour tous les citoyens soviétiques le début de la Seconde guerre mondiale. Près de 500.000 Juifs combattront au sein de l’Armée rouge et contribueront à la défaite de l’Allemagne nazie.

Pour une fois on pouvait voir un certain avantage à l’existence de la Région autonome juive, située en Extrême-Orient, car ses habitats se retrouvaient loin des régions occupées par l’armée allemande, et purent ainsi survivre à la Shoah. Heureusement que l’Union soviétique était le plus vaste État du monde et ainsi, sans parler de la Région autonome juive, mais aussi en Sibérie et dans des républiques d’Asie Centrale comme l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, les Juifs furent sauvés d’une mort certaine[16]. Les soldats, comme les personnes évacuées, espéraient que la victoire apporterait non seulement la paix mais aussi une nette amélioration de la situation des Juifs, si éprouvés à la fin des années 30 par les grandes purges staliniennes puis par l’hécatombe de la guerre.

L’antisémitisme d’État

Or, trois ans seulement après la fin de la guerre, les années 1948-1953 deviendront, peut-être, la pire période dans l’histoire des Juifs soviétiques, même si sur l’arène internationale, l’Union Soviétique apparaissait comme un pays favorable aux Juifs, car elle a soutenu la création d’Israël, quand les États-Unis hésitaient et la Grande-Bretagne était hostile. Le 17 mai 1948, trois jours après la proclamation de la création d’Israël, l’URSS était parmi les premiers pays à le reconnaître. Après l’attaque des armées arabes et le début de la guerre pour l’indépendance, la Tchécoslovaquie vend à ce nouvel État des armes malgré l’embargo décidé par l’ONU, et l’URSS tacitement acceptera ces achats, ces livraisons ainsi que l’entrainement des pilotes. De nombreux Juifs soviétiques espéraient alors d’émigrer tout à fait officiellement en Israël, des anciens soldats se proposant de rejoindre la Haganah.

Mais la même année 1948 a vu en Union soviétique l’apparition d’une forte vague antisémite qui portait le nom de la « lutte contre le cosmopolitisme ». Cette répression, avait commencé en janvier 1948 par l’assassinat de Solomon Mikhoels, le président du Comité Antifasciste Juif qui durant la guerre représentait la communauté juive en Union soviétique et à l’extérieur du pays. Peu de temps après, 15 membres du Comité furent arrêtés et accusés de haute trahison et d’espionnage ; 13 parmi eux seront fusillés le 12 août 1952. Parallèlement, débuta une vague d’arrestations parmi des intellectuels. Le monde intellectuel juif fut donc partiellement décapité. Comment se relever d’un tel désastre ? Et quelle duplicité des autorités soviétiques ! Car ces persécutions eurent lieu quand le premier ambassadeur d’Israël en Union soviétique présentait ses lettres de créance. Il s’agissait de Golda Meyerson, qui bientôt changera de nom en Golda Meir. Quand elle vint à la Grande synagogue de Moscou pour la fête de Rosh HaShana, elle fut accueillie par des milliers de personnes. Au Kremlin, pendant une réception officielle, elle bavarda très amicalement en yiddish avec Paulina Jemtchoujina[17], la femme de Viatcheslav Molotov, le ministre des Affaires Étrangères et le bras droit de Staline. Quelques semaines plus tard celle-ci sera d’ailleurs arrêtée et condamnée à cinq ans de relégation au Kazakhstan à cause de ses liens avec plusieurs membres du Comité Antifasciste Juif.

L’affaire des blouses blanches 

La seconde vague des persécutions a commencé le 13 janvier 1953, avec la parution dans la Pravda de l’article, intitulé « Sous le masque des médecins universitaires, des espions tueurs et vicieux ». Il dénonçait un soi-disant « complot d’un groupe de neuf médecins », dont six étaient juifs et qui s’apprêtaient à assassiner d’importantes personnalités soviétiques. Parmi les médecins inculpés il y avait le médecin personnel de Staline, Vladimir Vinogradov ainsi que le général Miron Vovsi, le médecin-chef de l’Armée rouge, tous les deux très respectés par la profession (Miron Vovsi était un cousin de Solomon Mikhoels, le président du Comité juif antifasciste, assassiné en 1948. Cette mort, comme on le sait, marqua le début d’une vaste campagne antisémite, dirigée surtout contre les intellectuels juifs). De nombreux Juifs, médecins, pharmaciens, infirmières furent accusés d’avoir participé au complot et furent arrêtés. Au début il y eut 37 personnes arrêtées, mais le chiffre s’éleva rapidement à plusieurs centaines. Dans les hôpitaux et les dispensaires, des patients hystériques refusaient d’être soignés par des Juifs. Simultanément, une violente campagne antisémite se mit en place non seulement en Union soviétique, mais aussi dans l’ensemble des pays du bloc de l’Est. C’est alors que les bruits se répandirent dans la communauté juive que le pouvoir s’apprêtait à exiler tous les Juifs d’URSS au Birobidjan par convois entiers.

Ainsi débuta la fameuse « l’affaire des blouses blanches » qui s’arrêta le 5 mars 1953 dès la mort de Staline. Ensuite on ne pouvait qu’être stupéfait par la rapidité des événements. A peine un mois après, la presse soviétique publia des articles, expliquant que « le complot des blouses blanches » n’eut jamais lieu et les médecins arrêtés furent libérés (Remarquons que deux parmi les neufs accusés étaient morts en prison, probablement sous la torture.)

Et vint le « dégel »

Sur le moment, la mort de Staline provoqua une stupéfaction générale, car il semblait être immortel. On était au début mars, les températures étaient encore glaciales. L’incertitude, la peur, la crainte faisaient trembler de froid et de peur tout le monde. Partout on entendait les mots : « Qu’allons-nous devenir ? »

Qui aurait pu penser que le pays était à l’aube de changements importants, que bientôt le mot « dégel » sera le plus populaire et qu’il ne désignera pas seulement des changements climatiques ? AS

Ada ShlaenAda Shlaen, MABATIM.INFO

Prochain article : La dissidence juive au moment du dégel.

[1]Il est important de rappeler que Kiev est une ville bien plus ancienne que Moscou. Au IXe siècle Kiev était la capitale du premier État réunissant des Slaves, d’où son surnom de « la mère de toutes les Russies ». Cet État était christianisé par intermédiaire de Byzance avec le rite orthodoxe au Xe siècle. Par comparaison, Moscou est mentionné dans les chroniques seulement à partir du XIIe siècle.
[2]La Gueniza du Caire : il s’agit d’un ensemble d’environ 200.000 manuscrits écrits entre les IXe et XIXe siècles, réunis à la synagogue Ben Ezra du Caire. La valeur de ce dépôt est inestimable.
[3]Le baron Piotr Pavlovitch Chafirov (1670-1739) était issu d’une famille juive, baptisée pour pouvoir s’installer à Moscou. Grâce à la connaissance de plusieurs langues étrangères, il obtint le poste de traducteur auprès de Pierre le Grand. Ensuite il a fait une belle carrière dans la diplomatie russe. Tombé en disgrâce en 1723, il est revenu à la cour après la mort de Pierre (1725), mais sans atteindre des postes équivalents obtenus par des concurrents plus jeunes.
[4]Ces régions représentaient 20 % de la surface de la Russie européenne.
[5]Le premier recensement général sur le territoire de la Pologne a été réalisé en 1789. La population du pays comptait alors 8,8 millions de personnes, dont 10,5 % de juifs, ce qui correspondait à 880.000 personnes (d’après Arthur Eisenbach et Barbara Grochulska dans La population de la Pologne aux confins des XVIIIe et XIXe siècles). Cette population se retrouvera dans la zone de résidence à partir de 1795, après le troisième partage de la Pologne.
[6]En 1703, après le transfert de la capitale de Moscou à Saint-Pétersbourg, décidé par Pierre le Grand, la Russie avait deux capitales : l’ancienne et la nouvelle. Saint-Pétersbourg était surtout la capitale administrative, et à Moscou avaient lieu des cérémonies, comme le couronnement de l’empereur.
[7]Nicolas I (1796-1855) était surnommé « le gendarme de l’Europe » à cause de son extrême conservatisme aussi bien dans sa politique intérieure qu’en politique étrangère.
[8] Alexandre II (1818-1981) : contrairement à son père, il était appelé « Le Libérateur » à cause de ses importantes réformes, et en particulier l’abolition du servage (1861). Pourtant, sous son règne, les mouvements d’opposition radicale se développent ; le tsar devient alors leur cible principale et il est assassiné le 13 mars 1881. Son fils et successeur, Alexandre III, désapprouvant les réformes du règne précédent, mènera une politique réactionnaire et son antisémitisme virulent motivera plusieurs lois dirigées contre la population juive.
[9] Ivan Sergueïevitch Tourgueniev (1818-1883), nédans une riche famille noble, reçut une excellente éducation, en Russie et dans les universités allemandes et anglaises. En 1843 il fait la connaissance de la célèbre cantatrice Pauline Viardot qui sera le grand amour de sa vie et pour être plus près d’elle, il s’installa en France, à Bougival où il mourra le 3 septembre 1883. Il est l’auteur de plusieurs romans, nouvelles, poésies ; il faut surtout signaler deux œuvres : Mémoires d’un chasseur et Pères et fils. La première a joué un rôle certain dans l’abolition du servage et la seconde a montré la crise de la société russe dans la seconde moitié du XIXe siècle.
[10] À titre d’exemple, la population juive des États-Unis est passée entre 1890 et 1910 de 450.000 à 2 millions, (grâce surtout aux nouveaux arrivants) ; en Amérique latine l’accroissement était de 27.000 à 100.000 ; en Palestine, pendant cette période, l’immigration de Russie a atteint 70.000 personnes.
[11]Cette guerre s’achèvera seulement en 1921, période pendant laquelle la population juive subira plus de 1500 pogromes. Rien qu’en Ukraine, plus de 200.000 Juifs seront massacrés, environ 300.000 enfants deviendront orphelins et près de 700.000 personnes perdront tous leurs biens
[12] En 1930 dans le monde il y avait 15 millions Juifs ; les communautés les plus importantes : 4 millions aux États-Unis, 3,5 millions en Pologne, 2,6 millions en Union soviétique et près d’un million en Roumanie.
[13] Le Bund : on appelle ainsi l’Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie. Il s’agissait du mouvement socialiste créé à la fin du XIXe siècle dans l’Empire russe.
[14] Joint Distribution Commitee est la plus grande organisation juive existante. Fondée en 1914, elle soutient toujours les communautés juives dans le monde.
[15] On comptait sur ce territoire, d’une surface comparable à la Belgique et aux Pays-Bas réunis, une population de 30.000 habitants environ.
[16] Voir : https://mabatim.info/2020/01/03/tachkent-la-juste-capitale-de-louzbekistan/
[17] Polina Jemchujina, née Perl Karpovskaïa, le 11 mars 1897, morte le 1 avril 1970, était originaire d’un shtetl et était devenue membre du parti communiste en 1918. Pendant la guerre civile elle était « commissaire à la propagande » au sein de l’Armée rouge. En 1921, elle épousa Viatcheslav Molotov qui était déjà membre du Comité Central du PCUS. Elle occupa plusieurs postes importants, en s’intéressant aux industries légères, comme l’industrie alimentaire ou cosmétique. Pendant la guerre elle était proche du Comité Antifasciste Juif et surtout de son président Solomon Mikhoels. Tout cela déplaisait profondément à Staline qui souhaitait le développement d’industries lourdes et de d’armement ! D’autre part, elle avait une sœur en Palestine et un riche frère aux États-Unis, et last but not least elle était une proche amie de Nadejda Allelouïeva, la femme de Staline qui s’était suicidée en 1932 après une dispute publique avec son mari. Pour toutes ces raisons, Staline la haïssait et poussait Molotov au divorce. Le couple se sépara en 1948, mais se remaria après la mort de Staline et ils vécurent encore plusieurs années ensemble.

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2 commentaires

  1. Merci pour ce très bon rappel historique de cette période. Moi aussi je suis impliquée sur un plan personnel.

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