Agadou, dou, dou, compte l’ananas et fais-toi baffer !*

5Ananas1(* Voir YouTube)

Salade de fruits, pas jolie, jolie, avec des ananas

Les ananas provoquent souvent des aphtes chez ceux qui ont les gencives délicates. La variété que Mélenchon a utilisée comme pomme de discorde devrait donner de l’urticaire à tous ceux qui ont autre chose que du saindoux entre les oreilles.

De quoi s’est-il agité, cette fois-ci ?

D’une affiche sur les mesures barrière à maintenir après le déconfinement, publiée par la Préfecture de Martinique, illustrée avec le dessin de deux personnages séparés par le mètre réglementaire, symbolisé par cinq ananas.

Et alors ? Bonne question.

Les racialistes, des racistes professionnels qui ne considèrent les individus qu’en fonction de leur couleur ou de leur religion, ont enflammé la toile, jugeant l’affiche, ou le dessin, ou les ananas, raciste(s).

Pourquoi un ananas serait-il raciste ? Pourquoi un club de cinq ananas s’agrègerait-il en insulte ?

La Préfecture s’est excusée et a retiré l’affiche, sans expliquer en quoi elle était infâmante : « Nous présentons nos excuses si elle a pu heurter certains d’entre vous. L’unique objectif était de montrer l’importance de la distanciation face à l’épidémie (Huffington). »

Il y a gros à parier que nul n’a deviné où était l’insulte, mais il était important de battre sa coulpe pendant qu’elle était chaude.

Certains pensent que la comparaison entre cinq ananas et un mètre favorise les ananas. D’autres jugent, au contraire, que s’il faut cinq ananas pour égaler un seul mètre, c’est qu’on estime l’ananas à une valeur inférieure au mètre. Les troisièmes observent avec sagesse qu’on ne doit pas comparer des choux et des carottes.

Recette de cuisine et de basses œuvres

Découpez un ananas, faites revenir les morceaux dans le saindoux, ajoutez beaucoup de piment, enlevez tout ce qui pourrait évoquer de la matière grise et arrosez d’harissa. Vous obtiendrez… un délicieux dessert ? Que nenni ! Un prétexte tiré par les cheveux pour retirer du feu les marrons de la victimitude outrée.

En réalité, la recette exécutée était un peu différente : les préfets ont eu pour mission de rappeler à la population que déconfinement ne signifiait pas relâchement et que les gestes barrière étaient toujours de mise.

Les services de communication à qui cette tâche a été confiée se sont tous trouvés devant le même cahier des charges : rappeler aux citoyens ce que leur serinent quotidiennement tous les médias. Il fallait donc répéter un message lu/vu/entendu mille fois par jour, sans susciter ni lassitude ni agacement, en le rendant quand même audible/visible/compréhensible, voire mémorable.

Nombre d’entre eux ont réagi de la même façon, en personnalisant. Le plus simple aurait été de faire figurer des personnages en costumes traditionnels, mais les Bretonnes en dentelle de Bigoudène ou les Alsaciennes en coiffe noire sont devenues trop rares pour susciter une identification immédiate des spectateurs. Alors on a symbolisé la distance avec des produits locaux : une douzaine d’huîtres dans le Bassin d’Arcachon, 25 pommes de pin dans les Landes et… cinq ananas en Martinique.

L’ananas est fruit né de diamètre inconnu

90% des ananas que nous mangeons en France proviennent de Côte d’Ivoire. Le reste vient du Cameroun, du Costa Rica et de Martinique.

Leur apport énergétique, 52 kilocalories pour 100 grammes (soit 217 kilojoules), les place à égalité avec les pommes, les poires, mais pas les scoubidous-bidous, yeah.

Rien ne prédispose l’ananas à devenir objet de polémique ou outil de narcissisme. Et pourtant… Polémique il y a eu, qui semble avoir pour origine un chiffre jamais donné sur les sites listant vitamines, minéraux, composés antioxydants et autres enzymes dont ce fruit est riche et généreux. En effet, si son poids moyen est estimé à 1,8 kilo, son tour de taille, lui, figure rarement dans les statistiques des concours de beauté fruitière.

On devrait donc d’autant plus admirer l’équipe de communication de la préfecture de Martinique, qui a dû mesurer elle-même les fruits, afin d’arriver à la conclusion qu’un mètre de distanciation sociale était égal à cinq ananas.

Les rugbymen savent qu’ « à Caracas, au marché de la place, les ananas de la belle nana sont aussi beaux, de profil que de face, et croyez-moi on vient de loin les voir ! Avec un seul, vous avez les mains pleines, avec les deux vous êtes z’amoureux, avec les trois vous ne savez que faire, des ananas de la belle nana ! (YouTube) »

OK, avec trois vous ne savez que faire, mais avec cinq vous avez un mètre de distanciation et un clin d’œil grivois, si vous êtes amateurs de ballon ovale.

Comme l’humour est une forme d’intelligence, on ne devrait pas être surpris que la dimension ludique de l’affiche martiniquaise ait totalement échappé aux acharnés, qui y ont trouvé une source d’orgasme victimaire.

L’érotisme victimaire n’est pas un masochisme

Cette histoire d’ananas est aussi ridicule que la polémique soulevée, il y a quelques mois, par des illuminés qui avaient reconnu le nom d’Allah calligraphié en arabe dans une feuille d’aloe vera, stylisée sur du papier toilette (Mabatim.info). Certes, pour réussir l’identification, il fallait tenir la feuille de PQ à contrejour et l’examiner la tête en bas, après avoir consommé une certaine quantité de psychotropes. Mais le syndrome était très contagieux et volatile : le premier à développer la pathologie habitait Londres et la seconde patiente identifiée le fut en banlieue parisienne à peine une semaine plus tard.

Le non-événement ananastique démontre, s’il en était encore besoin, que le nouvel érotisme n’est ni celui de l’abominable mâle blanc de 50 ans reluquant, la bave aux lèvres, une jeunette en décolleté, ni celui des LGBT atterrés d’être confondus avec des WXYZ.

L’érotisme à la mode est victimaire. Il se rapproche de celui de ce non-binaire barbu-moustachu qui éjacula d’horreur quand Daniel Schneidermann le confondit avec un homme (YouTube). De même que l’obsédé sexuel voit des viols dans toutes les planches du Rorschach, de même les érotomanes victimaires découvrent avec ravissement des discriminations et des humiliations dans les choses les plus innocentes et même dans leur absence.

Le victimaire n’est pas masochiste, il est sadique-agressif : se définissant comme « racisé », il tire sa jouissance de l’humiliation qu’il inflige à celui qu’il convainc d’être coupable, envers lui, de racisme, même inconscient. Mais si le raciste en question s’ignore, par manque de préjugés, il n’en va pas de même du « racisé », qui sépare l’humanité entre les racistes et les racisés.

Dans la victimisation tout est bon

La nature a horreur du vide. La preuve : elle le remplit même avec les déclarations dérisoires du Merluchon. Par exemple, l’affiche aux ananas a indigné l’insoumis bwana : « Une honte ! », l’a-t-il qualifiée.

Une opinion aussi argumentée ne pouvait que susciter des émules : Éric Coquerel (LFI) et Karima Delli (EELV Europe) ont renchéri après leur (centi)mètre à penser. On aurait aimé que celui-ci explicite son indignation, enfin pas son indignation : elle est consubstantielle du personnage, mais au moins les raisons qui faisaient de cette affiche une honte. Personne ne lui a posé la question, les spectateurs avaient trop peur de découvrir que le Merluche était nu ! C’est pourquoi les perroquets de l’indignation victimaire se sont contentés de répéter. Après Mélençon : « La Macronie, c’est cette honte aussi », Karima Delli : un « message honteux avec des images insultantes et racistes (la Dépêche) ».

À l’insu de son plein gré, la Delli a dévoilé son ignorance du délit : une seule image montre deux personnages et cinq ananas. Insultant ? Raciste ? En poussant la déraison le plus loin possible, on peut imaginer que les auteurs de l’affiche croient les Arcachonnais, les Landais ou les Martiniquais incapables de compter jusqu’à cent centimètres. Ils font comment, eux ? L’auteur de ces lignes, qui a de grandes mains, en compte cinq par mètre, avec la paume grande ouverte.

Il n’est apparu à aucun des archéologues fouillant à la recherche de racisme que ces affiches seraient également vues par des enfants. Même aux plus blancs d’entre eux, il manque une notion précise de ce que représente un mètre. En plus, ils ont de petites mains, dont la taille augmente régulièrement !

Vocabulaire

5AnanasQuand on attribue à un animal des pensées et/ou des sentiments humains, cela s’appelle de l’anthropomorphisme.

Quand on accuse les autres de ses propres pensées inavouables, cela s’appelle de la projection.

Quand on fait semblant de croire aux imbécillités qu’on répand, c’est du clientélisme.

Quand on répète ce que dit le chef sans comprendre ce qu’il dit, c’est de la flagornerie.

Comment nomme-t-on le fait de projeter sur les ananas son propre racisme ? CA♦

stylo-plume attcCécile Attal, MABATIM.INFO

2 commentaires

  1. Les référés de monsieur Mélenchon semblent limités au monde végétal, et ceux de son entourage au monde des psittacidés😂

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