Débattre, c’est paraitre
Dans le débat en général, et le débat politique tout particulièrement, le discours de chacun des orateurs ne s’adresse qu’en second à l’adversaire : il vise avant tout le public.
Règle numéro un : apparaître aux yeux des spectateurs, téléspectateurs, voire des journalistes qui retranscriront le débat à leurs lecteurs, comme celui qui maîtrise le mieux ses réactions : calme devant la contradiction, offensif mais mesuré devant l’injustice.
Si de surcroît, on connaît ses dossiers, c’est un plus, mais pas indispensable. D’ailleurs les dossiers de fond sont habituellement évacués d’une formule de part et d’autre, le journaliste qui a posé la question étant le seul qu’elle met en valeur. L’objectif est donc moins de convaincre l’adversaire de la justesse de son approche, que de le pousser à la faute, c’est-à-dire à une attitude qui lui aliènera la sympathie du public. Si en plus, on peut faire passer un ou deux messages qui serviront la cause, c’est tout bénéfice.
Être conseiller en image, c’est presque aussi valorisant que migrant
Dans notre civilisation de l’image, pas un homme politique n’oserait énoncer un message avant qu’il ait été formaté par son conseil en communication. Il est encore plus inconcevable qu’il paraisse en public sans avoir d’abord été longuement préparé par son coach.
Le meilleur moyen de gagner des points est de pousser l’adversaire à une attitude anti-télégénique. Pour cela, une technique a largement montré son efficacité. Il s’agit de le provoquer en touchant à ce qu’il a de plus précieux. C’est valable pour le pékin moyen comme pour le président, pour un joueur de belote comme pour un champion olympique. Un modèle du genre, l’inoubliable « coup de boule » de Zidane à un joueur italien doit être, maintenant, enseigné dans les écoles de formation des coachs.
La meilleure agression est celle qui n’est perçue que par l’agressé
Si tout le monde entend « ta sœur tapine sur les quais », le coup de boule n’est plus une surprise et Zidane devient un héros qui défend l’honneur de sa sœur, au détriment de la victoire de son équipe. En revanche, si l’insulte est passée inaperçue, le capitaine de l’équipe de France est le mauvais joueur, qui agresse un adversaire innocent.
Il fait, du coup, l’unanimité contre lui. Son équipe lui reproche – à juste titre – sa défaite, le public prend fait et cause pour sa « victime », ses supporters le couvrent d’opprobre et le monde entier le déclare infréquentable. Heureusement pour Zizou, son capital de sympathie a empêché qu’on se retourne unanimement contre lui avant d’écouter le son de cloche des sourds qui savent lire sur les lèvres (YouTube). Il y avait eu provocation ! Zidane n’était pas un mauvais joueur hargneux, mais la malheureuse victime d’une provocation préméditée.
Pour réussir une bonne agression
Ingrédients :
- Un sujet à présenter de façon simpliste et manichéenne.
- Un adversaire. Choisissez-le bien tendre, de préférence hypersensible. Il sera plus à point s’il a déjà subi une ou plusieurs campagnes de délégitimation.
- Plusieurs tonnes de militants actifs, de préférence ignorants et motivés par la haine (c’est le carburant le plus efficace actuellement sur le marché).
- Quelques années de propagande.
- Quelques kilos d’idiots utiles. Vous pouvez prendre du concentré : par exemple sous la forme de journalistes, quelques grammes suffiront.
- Une cible : le public auquel vous destinez la « réponse disproportionnée » de votre adversaire.
Recette
- Prenez les valeurs fondamentales de l’adversaire et faites-en une bouillie inintelligible pour un non spécialiste (ou pour un non concerné).
- Malaxez jusqu’à former une crêpe bien lourde, mais si fine qu’elle en devient invisible.
- Laissez reposer.
- Pendant ce temps, préparez votre farce : attirez l’attention du public sur autre chose, grâce aux manœuvres de vos militants, que vous aurez pris soin de faire répéter avant le spectacle.
- Préchauffez votre four en faisant monter la tension. (Conseil du spécialiste : les « chauffeurs de salle » vous feront gagner un temps considérable, n’hésitez pas à faire appel à eux.)
- Lorsque le public est bien chaud, balancez votre projectile sur l’adversaire en prenant garde à ce que le coup ne soit pas vu de votre cible (c’est-à-dire le public, se reporter à la rubrique « Ingrédients »).
Travaux pratiques pour débutants
Si l’on débute dans la provocation, prendre un sujet qui fait déjà l’unanimité grâce à la simplicité de sa présentation et un adversaire déjà délégitimé par un long travail préalable. Cela vous permettra, de surcroît, de bénéficier de l’apport de militants et d’idiots utiles déjà rôdés.
Dans cette catégorie, nous ne saurions trop conseiller les ingrédients suivants :
- Sujet : Israël
- Adversaire(s) : un ou plusieurs Juifs. S’assurer au préalable qu’ils ne sont pas antisionistes, qu’ils le soient devenus par syndrome de Stockholm ou par intérêt, peu importe : ceux-là sont à utiliser dans une autre recette (Voir : Tarte à la crème parfumée à la délégitimation).
- Militants : c’est dans cette catégorie que vous avez le plus large choix. Vous pouvez prendre des antisémites de droite, mais ils sont devenus aussi rares que les truffes, vous serez obligé de compléter avec une autre espèce. Vous pouvez les remplacer par (ou les additionner avec) des palestinolâtres, dont il existe une infinie variété : antisémites islamistes, excellents pour la violence, mais trop premier degré, donc contre-productifs vis-à-vis du politiquement correct. Préférez les antisémites d’extrême-gauche, très épicés, mais attention : difficiles à freiner. Écolo-antisémites, un peu flous et parfois trop goûteux. En provocation comme en tout, le mieux est parfois l’ennemi du bien !
- Idiots utiles : quelques pincées de journalistes du service public. Très efficaces, bons réseaux, soutien inconditionnel de l’appareil d’Etat, nous les recommandons sans restriction.
- Cible : les BIMI (Bien Intentionnés Mal Informés). Ils constituent un groupe extrêmement nombreux. On peut facilement les motiver avec des granulés de toutes les couleurs parfumés à « A bas la guerre », « Interdire la maladie », « Halte au malheur », « Vive les pauvres » ou « Indignez-vous ! ». En vente au rayon prêt-à-penser.
La provocation et l’agression, ça rapporte
La seule existence de 25% d’électeurs se revendiquant communistes ou trotskystes, quand le XXIème siècle arrive au bel âge de 20 ans, témoigne de ce que l’exception française doit au surréalisme.
Trente-et-un ans après la chute du mur de Berlin, qui a vu la population allemande de l’est déferler vers l’ouest, un parti français continue de vouloir installer dans l’Hexagone la société qu’ont fuie les peuples dès leur libération de 70 ans du joug communiste.
Deux ans après que l’ONU a commencé à mendier des rutabagas pour nourrir les millions de Vénézuéliens affamés réfugiés dans les pays voisins du leur (qui est le plus riche de la planète en or noir), notre Nazin (Nazional Insoumis au bon sens) national continue de vouloir instituer un régime bolivarien dans l’Hexagone.
La crise du Covid n’est pas encore terminée que déjà, la contagion du meurtre de George Floyd outre-Atlantique a pris le relais et la cohorte des minorités vagissantes organise de vastes manifestations pour convaincre les Français qu’ils sont racistes et qu’ils doivent réparation à tous, de tout, surtout de ce dont ils n’ont pas connaissance.
Ce n’est pas avec une génuflexion de 8 minutes qu’ils emporteront la mise, aussi se rabattent-il sur une valeur sûre : l’antijudaïsme avec sa vitrine officielle, la palestinolâtrie.
Mais quelle est sa valeur ajoutée sur ce segment marketing où déjà tous les partis tiennent un stand depuis des décennies ?
Un conseiller en communication a dû leur suggérer le meilleur rapport qualité/prix : faire faire le travail par l’ennemi. Une bonne provocation, une « réponse disproportionnée » et hop, le buzz qui permet d’embrayer sur un déferlement d’antisémitisme, cette fois-ci justifié par le « communautarisme » des agressés, qui « suscitent eux-mêmes l’antisémitisme » dont ils accusent la malheureuse extrême-gauche nazislamiste innocente.
Exemple à suivre : une provocation réussie
L’agence de pub des Anti-tout-et-le-reste a donc préparé une provocation qui obéit aux règles énoncées plus haut. Elle piétine bien les valeurs de l’adversaire, et l’agression n’est perceptible que par lui.
Photo d’entête : Les policiers qui ont tué Floyd ont été formés en Israël
Décryptons cette image : Arborant un keffieh (métaphore du héros Arafat, symbole qui a démodé le béret de Che Guevara), une femme vêtue d’un gilet jaune (Bing ! Encore un symbole !) et portant un masque (re-Bing ! Symbole n° 3), arbore un panneau liant Israël au meurtre du Noir américain.
Inutile d’aborder le réel, ce fantasme suffira à convaincre les antisémites qu’ils ont bien raison de haïr un État formant des meurtriers et qui a peut-être, même, commandité le meurtre. Ce qui va sans dire va encore mieux en le subliminant : on n’a pas besoin, ainsi, d’exprimer en mots ce que l’on compte faire des habitants juifs du pays dont les policiers enseignent à tuer les Noirs.
On y ajoute une pincée de drapeaux palestiniens. Quel rapport avec la manif de soutien d’un multirécidiviste français décédé pendant sa garde à vue il y a quatre ans ? Excellente question, vous avez bien fait de la poser.

Comment faire pour remplacer un pays par un autre ? Fastoche ! Il suffit de se débarrasser des habitants du premier et d’installer le second à sa place.
La technique n’est ni nouvelle (voyez la Chine au Tibet, la Turquie en Arménie et à Chypre, etc.) ni originale : en psychanalyse, cela s’appelle « projection » – le fait d’accuser l’autre de ses propres désirs – et en politique, inversion. En l’espèce, puisque « Israël est le laboratoire des violences policières », il est urgent d’en exterminer les habitants et de les remplacer par des pacifistes qui, justement, défilent pour soutenir la famille Traoré, passant sous silence son record de crimes, délits et peines de prison (Mabatim.info).
Seuls ceux qui sont visés par la menace de mort la perçoivent
Bien entendu, le BIMI moyen ne sait pas où est situé Israël et il survole cette séquence avec indifférence. Mais les Juifs, eux, sont visés par cette déclaration d’intention.
Les pro-palestiniens français n’ont pas les moyens de pratiquer le génocide dont ils expriment régulièrement le souhait. On peut être nain et se rêver champion de lutte poids lourd. Ils disent clairement, par cette affiche et ces drapeaux, qu’ils considèrent les habitants d’Israël comme des criminels et qu’ils souhaitent que ce pays soit un jour représenté par le drapeau palestinien.
Mais ils le disent par symboles et sous-entendus interposés.
Les victimes de l’agression réagiront certainement en exigeant des explications.
Gagné ! Cela fera parler de la propagandicule et la polémique donnera aux palestinolâtres la visibilité qu’ils recherchent. Quant aux agressés, on trouvera encore qu’ils sont d’une susceptibilité maladive et que s’ils rencontrent l’antisémitisme, ils l’auront bien cherché !
Ce n’est pas comme si des associations racisantes et fascisantes déboulonnaient les statues des héros qui ont combattu l’esclavage, en se déclarant blessées par leur présence… Leur mettre sous le nez des représentations de gens que leurs militants haïssent par contresens, c’est une provocation insupportable. Cela justifierait que l’on s’agenouille avec componction… et avec ceux que Driss Ghali appelle des gosses de riches : « S’agenouiller comme ils font alors que personne ne leur demande représente la quintessence du snobisme. L’ultime frontière du luxe. (Causeur) » LM♦
Liliane Messika, MABATIM.INFO
Quelle belle recette, il ne manque rien. A ajouter au livre de recettes de Modeste Sonmari au chapitre « recettes universelles »
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Recette délicieuse mais qui demande doigté et savoir faire.
Et surtout oubliez la sincérité. Cet ingrédient ne se trouve plus nulle part et ne convient d’ailleurs plus au goût actuel.
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Un peu désabusée devant le spectacle navrant de nos actualités?
Alors c’est le dernier article de Mme Liliane Messika qu’il faut lire ! Un regard vif, sans concession, libre, courageux servi avec un humour grinçant qui réveille. C’est comme prendre une bonne douche fraîche, indispensable pour les personnes qui, comme moi, finiraient par s’habituer à la dictature de l’imbécilité. Grrrr. ! Merci
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Dans ces conditions ,les Juifs ,sionistes ,les Juifs Israéliens Sionistes ,sont piégés d avance .
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