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Le dernier long séjour en Russie
Il prévoyait un séjour assez long, mais il ne pensait pas qu’il durerait 6 ans. Pendant ses premiers mois en Russie, Ivan Serguïevitch fut surtout accaparé par les affaires familiales qui étaient en fort mauvais état. Pendant son absence, son frère Nicolas avait épousé une ancienne dame de compagnie de sa mère. Après que le cadet tomba amoureux de Pauline Viardot, Varvara Petrovna devait alors avoir l’impression de perdre son aîné. Sentant venir sa fin et ne voulant pas accepter les choix de ses fils, elle fit tout son possible pour réduire leur héritage, pour n’en laisser que de pauvres miettes. Elle décéda à Moscou en novembre 1850 et cette mort fut douloureusement ressentie par Ivan. Il écrivit alors à Pauline Viardot : « Ses derniers jours ont été bien tristes. – Dieu nous garde d’une pareille mort. »
Après la disparition de leur mère, les deux frères mirent une bonne année pour liquider la succession. Il fallait procéder au partage, payer les dettes, effectuer des démarches administratives et surtout régler le sort de la nombreuse domesticité qu’ils ne pouvaient pas garder, mais dont ils se sentaient responsables. Quant aux serfs ils furent affranchis et lotis en terre. Le frère de l’écrivain eut une part un peu plus grande, car il était marié et avait des enfants. En revanche, Ivan hérita du domaine de Spasskoïé qu’il aimait depuis son enfance.
Tourgueniev était aussi confronté à un autre problème qui le touchait personnellement : il devait s’occuper de sa fille illégitime, âgée alors de 8 ans et qui vivait jusqu’à présent dans la maison de sa mère. Il se sentait responsable de son enfance triste et solitaire, se rendant compte que cette situation équivoque ne faisait que s’aggraver au fil des ans. Il écrivit alors une lettre aux Viardot leur demandant conseil en affirmant qu’il était prêt à assumer ses responsabilités de père envers la petite. Pauline lui proposa alors d’accueillir immédiatement la fillette dans sa famille, en attendant son retour en France. Effectivement en septembre 1850, Pélagie, sous le nom de Pauline Tourguénieva, fut envoyée dans la famille Viardot où elle vécut pendant quelques années.
Fin 1851 Tourgueniev se préparait déjà à retourner en France pour retrouver ses amis et sa fille, surnommée par des proches Paulinette. Il ne devait pas être mécontent de sa nouvelle situation de noble fortuné, doublé d’un homme de lettres, déjà reconnu non seulement dans sa patrie, mais dans plusieurs pays européens.
Mais en février 1852, sans le vouloir aucunement, il provoqua le courroux de plusieurs hauts fonctionnaires, Nicolas Ier en tête. Cette mésaventure, qui retarda de plusieurs années son départ, eut pour origine la mort de Nicolas Gogol qui décéda le 21 février (4 mars) 18521. Ce tragique événement fut vécu par Tourgueniev comme un drame personnel, d’autant plus qu’il se sentit révolté par la réaction des autorités qui ignoraient la mort de l’écrivain. Ce mépris des officiels s’explique tout aussi bien par les modestes origines de l’auteur du Révizor que par sa manière directe et satirique de présenter les défaillances du régime impérial. Dans ces circonstances, Ivan Tourgueniev souhaita lui rendre l’hommage. À Saint-Pétersbourg, son article fut interdit, mais grâce à ses relations il put le faire paraître dans les Nouvelles de Moscou. La désobéissance de Tourgueniev parvint jusqu’à l’empereur Nicolas Ier qui décida qu’elle devait être sanctionnée par l’emprisonnement d’un mois, suivi par une relégation pour un temps indéterminé dans le domaine de Spasskoïe. En prison il écrira la nouvelle Moumou, un éloquent réquisitoire contre le servage dans lequel figurent, à peine déguisés, sa propre mère et ses nombreux serfs, y compris Guérassime, portier sourd-muet qui servit pendant de longues années chez Varvara Petrovna.
Ce long séjour dans le domaine ancestral permit à Tourgueniev de bien réfléchir aux objectifs de son travail littéraire ; il sentait qu’il ne devait plus se disperser, qu’il était temps de choisir sa voie et ses moyens d’expression. Pour commencer, il décida de faire publier les Récits d’un chasseur en volume unique ; ainsi, il arrivait de tourner la page et d’en débuter une nouvelle. Ce souhait se concrétisa avec l’apparition dans son œuvre d’une nouvelle forme littéraire : le roman. Ainsi durant son séjour à la campagne, en 1855, il écrivit son premier roman Roudine dans lequel il avait peint un personnage très important pour la littérature russe du XIXᵉ siècle de l’« homme de trop ».

En tout, Tourgueniev allait écrire sept romans qui possèdent plusieurs points communs, on peut même parler d’une forme particulière qui lui était propre. Ils sont courts, surtout si on les compare à ceux de Tolstoï ou de Dostoïevski. Le plus long, Terres vierges, compte un peu plus de 300 pages. Souvent il puisait ses sujets dans l’actualité comme dans les Pères et fils. Il décrivait les faits avec un certain détachement, sans imposer son point de vue, les lecteurs devaient tirer leurs propres conclusions.
Après la mort de Nicolas I en 1855 et l’avènement d’Alexandre II, qui avait lu les Récits d’un chasseur qui l’ont impressionné, Tourgueniev avait retrouvé sa liberté de voyager. Mais lorsqu’il reçut l’autorisation de quitter la Russie en juillet 1856, il fut submergé par une certaine appréhension. Il sentait bien que ce son long séjour dans sa patrie lui avait permis d’affermir sa réputation. Il était content de son indépendance financière qui lui permettait de travailler dans des conditions que ses confrères lui enviaient. En 1850, à son retour en Russie, il eut beaucoup de mal à retrouver ses repères, il se demandait s’il allait devoir fournir les mêmes efforts en se dirigeant vers l’Occident, alors que la Russie était vue comme un pays déclinant et affaibli à cause de sa défaite dans la guerre de Crimée qui venait de prendre fin.
Il savait qu’il partait pour longtemps, car il devait enfin s’occuper de sa fille, âgée de 14 ans. Il savait qu’elle ne s’était pas plu chez les Viardot, en voyant probablement en Pauline une sorte de rivale. Il se demandait aussi quels allaient être ses sentiments envers Pauline ; il lui était reconnaissant de sa rapide décision de recueillir sa fille, mais il se doutait bien que leurs liens étaient devenus bien moins forts que jadis ; d’ailleurs, depuis quelque temps, leurs échanges épistolaires avaient diminué. Pourtant ,il gardait des souvenirs émus de la période heureuse en France et souhaitait faire revivre cette relation. Il était tiraillé entre l’appréhension et l’espoir. Avant son départ, dans une lettre à son amie et confidente la comtesse Élisabeth Lambert2,Tourgueniev écrivait :
« L’autorisation d’aller à l’étranger me réjouit… et en même temps je ne peux nier qu’il vaudrait mieux pour moi que je ne parte pas. À mon âge, partir à l’étranger signifie : opter définitivement pour une vie de nomade et abandonner tous projets de vie de famille. Que faire ! C’est mon destin apparemment. »
Tourgueniev à la recherche de sa place
Parti plein d’appréhension, il fut touché par l’accueil chaleureux des Viardot qui vivaient toujours à Courtavenel. Il retrouvait les lieux qu’il connaissait et qu’il aimait, il sentait la joie des retrouvailles. Il chassait avec Louis et participait avec plaisir aux soirées musicales organisées par la cantatrice.
Mais comme sa fille ne s’entendait nullement avec ses amis, Tourgueniev finit par louer un appartement à Paris où Paulinette avait son père pour elle toute seule. Cette cohabitation n’était pas facile, d’autant plus que sa fille, qui avait grandi loin de lui, ne partageait pas ses intérêts. Dans une autre lettre à Élisabeth Lambert il écrivait :
« Je voudrais vous expliquer pourquoi ma fille et moi avons justement si peu en commun : elle n’aime ni la musique, ni la poésie, ni la nature, ni les chiens, et moi c’est tout ce que j’aime. »
Mais en père prévenant et attentif, ils voyageront ensemble, il surveillera son éducation, il lui fera découvrir beaucoup de choses… À cause de Paulinette, il retournait plus rarement en Russie, car il sentait qu’elle n’y serait pas bien vue et pourtant il était tenaillé par un fort sentiment de nostalgie et avait le mal du pays. Pendant quelques années il n’arrêtait pas de voyager, comme s’il voulait s’étourdir par ce constant changement de lieux. Il écrivait peu, mais des projets, des personnages nouveaux mûrissaient et nous les retrouverons dans ses romans, qui présentaient les défis nouveaux que la Russie abordait depuis l’arrivée au pouvoir d’Alexandre II.

Mais peu à peu il se réconcilia avec lui-même, se remit à écrire et à partir de 1857 publiera plusieurs romans. Ainsi en 1857 paraît Assia, suivi en 1858 du Nid de gentilhomme, qu’on pourrait définir comme un adieu à l’ancienne Russie. Entre juin et novembre 1859 fut écrit le roman À la veille où il peint une jeune femme, Hélène, qui est indéniablement le prototype de ces jeunes femmes, très nombreuses en Russie de la fin du XIXᵉ siècle et au début du XXᵉ qui vont rejoindre les différents mouvements révolutionnaires. Le roman Pères et fils vit le jour entre novembre 1860 et juillet 1861, l’élaboration de cette dernière œuvre ayant été plus longue et plus laborieuse que les précédentes. Les romans de Tourgueniev ne laissaient jamais indifférents ni les critiques, ni les lecteurs ; la discussion engendrée par Pères et fils reste mémorable à tous égards et elle divisa l’opinion publique russe en deux camps « les occidentalistes » et « les slavophiles ». Parmi tous les écrivains russes, Tourgueniev était considéré comme le plus occidentalisé et libéral et il était littéralement haï par les tenants du mouvement opposé. Dostoïevski le détestait tout particulièrement et le présenta d’une manière caricaturale dans le roman Les Possédés, sousle nom de Karmazinov.
Un long séjour dans une ville d’eau…
Or en 1863 Tourgueniev, qui semblait être un voyageur infatigable, posera ses malles à Baden-Baden, une ville thermale allemande, située assez près de la frontière française. Elle était tout particulièrement prisée par l’aristocratie européenne dont plusieurs membres de la famille impériale russe.
Les Viardot l’avaient précédé dans ce déménagement, car le couple et surtout Louis, un républicain convaincu, supportait de plus en plus difficilement le régime du Second Empire. Il était un opposant farouche au régime impérial et à plusieurs reprises cacha dans la demeure familiale des conspirateurs italiens. Après une perquisition effectuée par la police, Pauline et Louis décidèrent d’émigrer tout en restant assez près de la France. Baden-Baden semblait être un choix parfait car Strasbourg est seulement à une cinquantaine kilomètres ! Pauline voulait quitter Paris pour des raisons personnelles, car elle sentait que sa carrière de cantatrice était en train de décliner et souhaitait entamer une autre activité, celle de professeur de chant et de compositeur. Il faut dire qu’elle atteindra son but avec succès. De toute façon, elle réussissait tout ce qu’elle entreprenait ! En 1863 le couple et leurs quatre enfants s’établirent à Baden-Baden où ils furent rejoints par Tourgueniev, accompagné de Paulinette et de sa gouvernante. Tout d’abord, il vivra dans une location, jusqu’à la construction de sa propre maison en 1867. Il était ravi de ce changement, et avant son départ, lançait déjà des invitations comme dans ce billet à Gustave Flaubert, devenu pour lui un ami très cher :
« Je quitte Paris dans huit jours pour aller m’établir à Bade. N’y viendriez-vous pas ? Il y a là des arbres comme je n’en ai vus nulle part – et tout en haut des montagnes. C’est vigoureux, jeune – et c’est poétique et gracieux en même temps. Cela fait beaucoup de bien aux yeux et à l’âme. Quand vous êtes assis au pied de l’un de ces géants, il vous semble que vous lui prenez un peu de sa sève – et c’est bon et bien utile. »
À cette époque les relations de l’écrivain avec le couple franco-espagnol se resserraient fortement et l’écrivain a l’impression que sa période de solitude est bien révolue, qu’il retrouvait sa place dans cette famille adoptive et il n’envisageait plus sa vie sans eux. Sa demeure se trouvant à proximité de la maison des Viardot, il passait la majeure partie de sa journée chez eux, peut-être même au détriment de son travail. Il avait toujours du temps pour leurs enfants, d’autant plus qu’ils partageaient ses propres intérêts, plus que sa propre fille. D’ailleurs, après le mariage de Paulinette en février 1865, il consacrait tout son temps libre aux jeunes Viardot. Louise, la fille aînée sera, comme sa mère, une cantatrice et une pianiste, et pendant plusieurs années elle enseignera au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Marianne et Claudie seront peintres, tandis que Paul, né en 1857, le seul garçon du « quatuor » sera un violoniste bien connu.
Plusieurs de ses amis russes reprochaient à Tourgueniev son établissement en Europe. Dans ses lettres, il était souvent obligé de se justifier auprès de ses correspondants. Dans ses lettres de l’époque on trouve souvent les phrases comme :
« Je suis d’accord avec vous : il est vraiment nuisible à un écrivain de ne pas voir sa patrie pendant longtemps. (Lettre à Paul Annenkov, 1865) »
ou bien :
« Et maintenant deux mots à mon sujet. Il ne fait aucun doute que l’écrivain russe qui a pris ses quartiers à Bade condamne son activité littéraire à une fin prochaine ; je ne me voile pas la face à ce sujet mais, comme les choses sont irrémédiables, il ne sert à rien d’en discourir (Lettre à Mikhaïl Avdeïev) »
Lors de son séjour à Baden-Baden, Tourgueniev ajoute une nouvelle tonalité à ses œuvres qui appartiennent au courant réaliste. On trouve alors chez lui des nouvelles mystiques, fantastiques comme Apparitions (1863) ou Chien (1864). Ce goût pour l’étrange restera un trait sensible de la dernière période de son œuvre que nous trouvons dans des récits comme « Un rêve » (1876), « Le Récit du père Alexis » (1877) « Clara Militch » (1882), « Le Chant de l’amour triomphant » (1881), « Une Montre » (1875).
En 1865 il fait un rapide voyage en Russie et il est très déçu par les différents aspects de la vie dans sa patrie. Il résume ses impressions dans une lettre à Valentine Delessert3 :
« J’ai traversé la Russie trop vite pour pouvoir vous dire quelque chose de positif sur les changements qui s’y sont produits depuis trois ans et qui sont grands en effet : cela se voit moins à la surface. Ce n’est pas un éboulement… cela ne l’est pas encore : c’est un effondrement – un déplacement quelquefois imperceptible mais général des mœurs, des fortunes, de toutes les classes de la société. »

Les traces de ce court séjour se retrouvent sûrement dans le roman Fumée, (1867) au style réaliste. Tourgueniev y peint un tableau hautement satirique des riches Russes, comme ceux qu’il pouvait voir dans le casino et les restaurants huppés de Baden-Baden. Et de nouveau il a à subir des critiques acerbes.
La guerre rebat les cartes !
À cause de la guerre franco-prussienne de 1870-71, des changements radicaux vont intervenir dans la vie de l’écrivain. Il passa le début de l’été 1870 à Spasskoïe et à son retour en juillet se retrouva à Berlin. Or la mobilisation étant déclarée le 19 juillet 1870 ; il se dépêcha de rentrer à Bade pour rejoindre les siens. Les Viardot et Tourgueniev se retrouvent dans une situation très précaire. Leurs comptes sont bloqués, ils sont pratiquement sans revenus et obligés de vivre à crédit grâce à leur bonne réputation. Mais rapidement ils comprennent qu’il serait impossible de continuer une telle vie. Pendant ces quelques mois, Tourgueniev qui, depuis sa jeunesse berlinoise, avait un faible pour les Allemands, était surpris par leur attitude belliqueuse, leur patriotisme outrancier frisant le chauvinisme, leur avidité accablante.
En octobre 1870 Pauline et les filles arrivent à quitter Baden-Baden pour rejoindre Londres où elle retrouve rapidement quelques engagements. Les hommes, Louis, Tourgueniev et le jeune Paul, restent un mois supplémentaire pour vendre ou plutôt brader leurs maisons et ensuite prennent aussi la direction de l’Angleterre. En ce moment, il était impossible de se rendre en France où même après le renversement en septembre 1870 de Napoléon III, la situation restait confuse : la guerre durait toujours, Paris était assiégé, puis le 18 mars 1871 éclata la commune de Paris qui durera 2 mois et 10 jours. Elle sera suivie par la répression sanglante des insurgés.
Tourgueniev et toute la famille Viardot revinrent dans la capitale française seulement en novembre 1871. Leur situation financière n’était guère brillante et le redressement demandera beaucoup d’efforts : Pauline donnait surtout des cours de chant, Tourgueniev partit en Russie où il réussit à vendre quelques-unes de ses propriétés. Au début, ils s’installèrent à Paris où des nouvelles possibilités s’offraient tant à Pauline, qu’à Tourgueniev qui, durant les années 1870, avait une activité littéraire assez soutenue. Il supervisait ses traductions qui avaient de plus en plus de succès. Il consacrait aussi beaucoup de temps à la promotion des œuvres de ses confrères, tant russes que français. Il devint un membre actif de la communauté russe de Paris et fut même l’un des fondateurs de la bibliothèque russe qui porte son nom et qui existe toujours.
En été, ils partaient en villégiature à Bougival, qui à l’époque était un endroit bien calme et verdoyant, au bord de la Seine. Ce choix fut suggéré par Tourgueniev qui connaissait ce village depuis des années 1860 car y habitait son homonyme et cousin éloigné de son père Nikolaï Tourgueniev4, le décembriste exilé en Occident depuis les années 1820 et qui possédait près de Bougival une propriété, « Le Vert Bois », où l’écrivain était venu à plusieurs reprises.
Pour finir, en 1874 Tourgueniev et les Viardot décidèrent de s’y installer et achetèrent un domaine de plus de 8 hectares. Au moment de l’achat, dans la propriété appelée Les Frênes, il y avait seulement une grande villa où s’installèrent les Viardot. Quant à Tourgueniev, il fit construire à cinquante mètres de la villa un chalet, bien spacieux, avec un bureau où furent écrits, entièrement ou partiellement, le roman Terres vierges etla majeure partie des Poèmes en prose.
Tourgueniev y vécut ses dernières années qui furent très heureuses. Il y rendit son dernier souffle le 3 septembre 1883 entouré de sa famille de cœur.
Les cérémonies funéraires eurent lieu à Paris et à Saint-Pétersbourg. Une grande messe fut organisée à la cathédrale orthodoxe Alexandre Nevski de la rue Daru où plusieurs centaines d’admirateurs se réunirent ; ensuite par convoi spécial le corps fut transporté en Russie ; le long des voies ferrées il y avait des foules en pleurs. Tourgueniev fut enterré le 9 octobre 1883 au cimetière Volkovo de Saint-Pétersbourg. AS♦

Ada Shlaen, MABATIM.INFO
1 Le 21 février correspond au calendrier julien utilisé en Russie avant la révolution d’Octobre 1917 et le 4 mars au calendrier grégorien que nous utilisons en Occident.
2 Le mari de la comtesse était l’aide de camp d’Alexandre II et Tourgueniev reçut l’autorisation de quitter la Russie grâce à son intervention.
3 Valentine Dellessert (1806-1894) Cette femme du monde était proche de Prosper Mérimée et tint un salon littéraire prestigieux sous la monarchie de Juillet et le Second Empire.
4 Nikolaï Tourgueniev (1789-1871) Cet éminent économiste et partisan du libéralisme était un cousin de Sergueï Tourgueniev, le père de l’écrivain. Il participa activement à la création des sociétés secrètes en Russie, après 1815, qui envisageaient la possibilité d’un Coup d’État. D’ailleurs le 14 décembre 1825 (d’où leur nom de décembristes), profitant de la mort d’Alexandre I les membres de ce mouvement tentèrent de passer à l’action et de renverser la monarchie. La répression fut très dure et les cinq personnalités les plus importantes furent pendues. (P. Pestel, K. Ryleïev, P. Kakhovski, C. Mouraviev-Apostol, M. Bestoujev-Rumin). À l’époque Nikolaï Tourgueniev se trouvait en Angleterre et il refusa de rentrer en Russie. Il fut alors déchu de tous ses droits civiques et condamné à mort par contumace. Il préféra rester en Occident et fut gracié seulement dans les années 1860 par Alexandre II. Il est mort à Bougival et Ivan Tourgueniev lui rendit alors un hommage très touchant.
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