
Effondrement de l’Empire chrétien unifié
La période qui va du Vᵉ au XVᵉ siècle a vu l’effondrement de l’Empire romain d’Occident en 476, l’effondrement de l’Empire romain d’Orient en 1453 avec la prise de Constantinople par les Ottomans et l’effondrement de l’Empire chrétien unifié avec les Grecs qui rejettent l’union avec Rome et l’église moscovite qui se déclare autocéphale, Ivan le Terrible se faisant couronner empereur de la troisième Rome.
Pendant ces neuf siècles, Rome s’est affirmée, a pris sa totale indépendance vis-à-vis des empereurs, a cherché à imposer ses inventions liturgiques, a développé une théocratie pontificale, a mené des croisades pour en partie répondre à l’Islam qui a impacté particulièrement l’Orient. La fin de la théocratie papale a marqué l’effondrement de l’empire chrétien unifié et le centre de gravité du christianisme, qui était en Orient, où se trouvaient au Vᵉ siècle 4 des 5 sièges patriarcaux, 49 des 75 sièges métropolitains, a basculé en Occident au XVᵉ.
Théocratie pontificale
La théocratie pontificale a été promue en particulier par Grégoire VII (1015/1085) qui a revendiqué l’héritage impérial, imposé le légalisme médiéval :
« l’Église est la maîtresse du droit romain par donation de Constantin »
et a succombé à la tentation du dominium mundi (la domination du monde, en matière de suprématie politique et spirituelle). Il faudra attendre 1440 et le travail de l’humaniste Laurent Valla pour démontrer que la donation de Constantin était une tromperie.
Les chrétiens ont commencé à se diviser dès le IVᵉ quand ils sont sortis de la clandestinité, et la revendication de la primauté de Rome, l’invention de la liturgie ont entretenu les conflits entre l’Orient et l’Occident. Par exemple au VIIᵉ il n’existait pas de liste des sacrements, il faudra attendre le XIIᵉ pour avoir la liste des 7 sacrements. Entre Rome et Constantinople, il y a eu de nombreux schismes, notamment en 867, 1054, 1204, et au XIIIᵉ le problème du purgatoire, le mot lui-même étant apparu en 1170. Il y eut de nombreux conciles pour recréer une unité, mais en vain.
Les croisades
Du VIIᵉ au Xᵉ, les chrétiens ont subi des déconfitures face aux musulmans sur terre comme sur mer, mais cela a changé du fait de la rivalité des trois califats et de la décomposition du royaume d’Espagne en petits royaumes. En 1089, le pape Urbain II appelle à délivrer Jérusalem. Antioche fut prise en 1095 (tous les musulmans et les juifs sont massacrés), Jérusalem en 1099. Quatre états latins sont créés, comptant 140 000 Occidentaux qui représentaient 20 % de la population locale, ils vivaient sous perfusions militaires, financières de l’occident et sous la pression des musulmans (djihad). Le coût d’une croisade représentait pour un paysan environ 1 an de revenu, 5 ans pour un chevalier, plus pour un seigneur, mais les vassaux finançaient le seigneur. Les rois ont créé des impôts (10 %), les papes ont imposé les clercs (10 %), tout cela a participé à la création du premier système fiscal général en occident.
Finalement, il y eut 8 croisades et si l’on excepte Chypre, à la fin du XIIIᵉ tous les territoires antérieurement gagnés étaient perdus et l’Occident chrétien vivait le grand schisme avec de multiples papes concurrents. Les croisades furent un moyen pour les papes d’unifier la Chrétienté, de construire une Europe chrétienne. Il a même existé des croisades contre des chrétiens, notamment lorsqu’il y a eu plusieurs papes concurrents, des croisades contre les hérétiques (divergences doctrinales) albigeois, hussites…
De la guerre licite à la guerre sanctifiée
Les premiers chrétiens étaient d’un pacifisme radical, mais devenue religion d’État avec Constantin, il y a eu une réflexion sur la violence légitime et plus tard un parallèle avec le djihad musulman. Ainsi Saint-Augustin avait prôné la défense de l’empire chrétien, et ceci a été réactualisé par les Carolingiens qui se sont voulus le bras armé de l’Église. Cette violence licite demandait une pénitence au soldat meurtrier. L’Église a assuré la vie éternelle à ceux qui mouraient pour la vérité de la foi (les soldats craignaient de mourir avant d’avoir fait pénitence), cela a aussi abouti aux ordres militaires (concile de Troyes en 1129), ces derniers attiraient des fonds, ont conquis des territoires et des guerriers ont été canonisés, des combattants des hérétiques sont devenus saints et martyrs.
Enfin, on notera que les croisés, censés avoir une vie ascétique, les croisades devant apporter la rémission des péchés, des indulgences, des pardons…, étaient accompagnés de bordels itinérants pendant que leurs épouses portaient des ceintures de chasteté. MB♦

Michel Bruley, MABATIM.INFO
[…] Au moyen âge, pour asseoir sa suprématie la théocratie pontificale a sanctifié la guerre […]
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