
L’histoire du Christianisme dans période qui va de la Renaissance à nos jours montre qu’après la chute de l’empire chrétien unifié au XVe siècle, la décomposition a continué dans le cadre de la Renaissance, du temps des lumières, avec respectivement la réforme et la Révolution française qui a exporté ses idées, puis sous les coups de boutoir du libéralisme, du communisme, des guerres mondiales… Finalement, cette période marque la fin de l’emprise chrétienne sur les sociétés, même si la globalisation ou la construction de l’Union européenne sont marquées d’une influence de la culture chrétienne, la domination chrétienne est en train de mondialement prendre fin.
Le saut qualitatif de la Renaissance
La Renaissance qui se caractérise par des évolutions majeures : techniques (poudre à canon, imprimerie, canaux à écluse…) ; intellectuelles (traduction d’Archimède, livre de Vésale en médecine, Copernic…) ; religieuses (grands débats sur les écritures, réforme…) ; géopolitique (découverte de l’Amérique, route des Indes…)… crée un contexte de contestation de la théologie comme forme suprême du savoir au profit des sciences, voit l’éclosion du protestantisme et partout où il s’implante les institutions politiques ont pris en main les aspects religieux.
En Europe, les guerres de religion ont été meurtrières, et en France par exemple elles ont participé avec les famines, la peste, et les mauvaises conditions climatiques comme l’hiver rigoureux de 1594/1595 à la mort de presque 2 millions de personnes. Cependant, en parallèle, le christianisme s’est répandu dans le monde (Amérique du Sud, du Nord dans une moindre mesure, Sibérie, Asie) alors que les Ottomans refluent d’Europe.
L’indépendance des nations en matière religieuse
En 1648 le traité de Westphalie, qui met fin à la guerre de Trente Ans, a acté que les États sont seuls responsables des religions de leur pays (pas d’interférence extérieure tolérée), cela favorisera les évolutions locales des pratiques religieuses et des mentalités. On passe d’un soupçon que les nouveaux riches ont dû pécher pour arriver, d’une hostilité que l’argent puisse faire de l’argent (intérêts), de la considération que le travail est une pénitence du péché originel, à une acceptation graduelle des nouveaux comportements économiques.
Au temps des Lumières on argumente que les textes sacrés n’ont pas été écrits aux moments des faits qu’ils rapportent ni avant pour ceux qui annoncent des prophéties, les auteurs ne sont pas ceux auxquels la tradition les attribue, ils ont fait l’objet de nombreux remaniements. Il y a alors des discussions sans fin sur les différences constatées entre le livre de la nature et la bible (deux œuvres de Dieu), des débats entre foi et raison (diffusion du rationalisme scientifique) entre cœur et raison (la religion non soluble dans le rationalisme).
L’Église et les clercs sont très malmenés pendant la Révolution française (les religieux, 1 % de la population, comptent pour 6 % des victimes), mais le concordat de Bonaparte les remet en selle (les conquérants habiles ne sont jamais brouillés avec les religieux). Le concordat a inspiré beaucoup de pays et dans le courant du XIXe siècle, une séparation de l’Église et de l’État s’impose dans de nombreux pays dans le monde sous des formes différentes (plus ou moins pure ou hostile).
Le concept de liberté a façonné le monde d’aujourd’hui
La progression du libéralisme (liberté de pensée, d’expression, de presse, d’enseignement, de chaire, d’association…) profite : aux confessions qui accentuent leur prosélytisme ; au positivisme et au scientisme qui rejettent les religions. Finalement, on note mondialement une certaine déchristianisation qui est particulièrement forte dans les pays vivant sous emprise communiste où ont lieu des persécutions, en URSS jusqu’en 1988 (par exemple la terreur rouge, conduite par Lénine jusqu’en 1921, a vu l’assassinat de 28 évêques, plusieurs milliers de prêtres, diacres, moines et 12 000 laïcs).
Pour les catholiques, Vatican II amène une ouverture sur le monde, la recherche biblique récente, l’œcuménisme, la possibilité des églises locales, la liberté pour toutes les religions, l’abandon de l’accusation de déicide contre les juifs, mais si on s’interroge sur l’infaillibilité du pape on ne la remet pas en cause. L’œcuménisme entre protestants, orthodoxes et catholiques génère de nombreuses conférences, cela ne débouche sur rien de concret et les différences de fond restent entières.
La fin de la domination chrétienne
Si en 1900 l’Europe dominait le monde et que 83 % des chrétiens étaient européens, le reste du monde ne représentant que 17 %, en 2000 les Européens ne dominent plus, représentent 40 % des chrétiens, alors que le reste du monde 60 %. Les chrétiens qui sont 1,85 milliard sur une population mondiale de ~8 milliards soit environ 23 %, ne gouvernent plus le monde, le gouverneront d’autant moins dans le futur, car l’Asie qui représente 62 % de la population mondiale et deviendra le premier pôle économique, est à 93 % non chrétienne. MB♦
Michel Bruley, MABATIM.INFO